S'adressant après l'Angelus aux pélerins francophones, il a probablement pensé aux mesures (inutilement) fracassantes d'expulsion des roms par le gouvernement Sarkozy (22/8/2010)
J'ai bien sûr entendu en direct les propos tenus par un Saint-Père en pleine forme devant un public de Castelgandolfo ravi, après la prière d'Angelus.
Les textes liturgiques de ce jour nous redisent que tous les hommes sont appelés au salut. C'est aussi une invitation à savoir accueillir les légitimes diversités humaines, à la suite de Jésus venu rassembler les hommes de toute nation et de toute langue....
Chers parents, puissiez-vous éduquer vos enfants à la fraternité universelle.
Inutile d'être grand clerc pour deviner que les medias allait se ruer sur ces propos (en réalité apaisants et modérés) comme des merles sur un cerisier chargé de fruits mûrs - j'ai cherché une métaphore neutre et élégante, même si ce n'est pas la première qui m'est venue à l'esprit.
Mes attentes ont été dépassées - et comment!
Benoît XVI, haï, villipendé, insulté par les medias et les cathos de gauche du monde entier pour ses positions sur la "morale", cette fois cité et encensé par l'Express, par Europe 1, Libération, Rue 89.... stop!!!!!!!!!
Ou plutôt, cherchez l'erreur. Cette unanimité indécente donne la nausée.
La "communication du Vatican" aurait-elle enfin rejoint les attentes des medias?
Ou ceux-ci voudraient-ils définitivement lui dicter son "agenda", en distribuant les bons points, après les mauvais?
Or, les propos tenus par le Saint-Père ne sont pas du tout une première.
Par exemple, lors du post-angelus du 10 janvier 2010, il a fait allusion aux récentes tensions raciales en Italie, et est revenu sur le thème du "visage de l'autre" (thème développé dans l'homélie du 1er janvier) pour parler de l'immigration.
Et Salvatore Izzo écrivait en juillet 2009:
(...) au sujet de l'évidente tentative de quelques-uns de « tirer par la soutane » le Vatican (et la CEI) pour les enrôler dans l'opposition (à Berlusconi) ... l'Église réaffirme des principes mais n'évalue pas nécessairement les solutions législatives adoptées par les Gouvernements, pour les absoudre ou les condamner.
A nous, donc, d'écouter. Mais surtout pas de "récupérer", comme l'AFP, reprise par l'ensemble des sites français, qui ose titrer:
"Expulsions de Roms: la France rappelée à l'ordre par le Pape et des religieux".
Quand le Pape "rappelle à l'ordre" la France sur l'avortement, les mêmes l'ignorent, ou le tournent en dérision.
Je pense sincèrement qu'il a voulu attirer notre attention sur des circonstances humaines dramatiques, comme c'est son rôle. Nous l'avons écouté.
Doit-on pour autant dire, comme je l'ai entendu, qu'il nous demande d'accueillir tout le monde, quelle que soit sa couleur ou sa religion?
Je sais gré à La Croix, d'offrir ce commentaire prudent et équilibré de Guillaume Goubert:
Paroles d'humanité
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Le fait mérite d’être noté. S’adressant aux pèlerins de langue française, après la prière de l’Angélus à Castel Gandolfo, Benoît XVI a formulé une « invitation à savoir accueillir les légitimes diversités humaines à la suite de Jésus venu rassembler les hommes de toute nation et de toute langue », affirmant aussi : « Chers parents, puissiez-vous éduquer vos enfants à la fraternité universelle. » Or, le pape n’a pas tenu de tels propos dans les saluts exprimés en italien, en anglais, en espagnol ou en polonais. On peut donc se demander s’il ne s’agissait pas d’une allusion aux débats suscités en France par le durcissement de la politique gouvernementale à l’égard des étrangers et des gens du voyage.
Benoît XVI n’ayant pas fait de lien explicite, gardons-nous de trancher. En revanche, on peut souligner que son appel se joint à celui de plusieurs personnalités de l’Église de France. Ainsi, lors des célébrations de l’Assomption au Puy-en-Velay, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, président de la Conférence des évêques de France, et Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont. Ou Mgr Christophe Dufour, archevêque d’Aix-en-Provence, témoin jeudi de l’expulsion de Roms de leur campement : « Les discours sécuritaires qui peuvent laisser entendre qu’il y a des populations inférieures sont inacceptables. »