Une interviewe de l'ambassadeur du Royaume Uni auprès du Saint-Siège, Francis Campbell, à lire sur Zenit (15/9/2010)

Une belle interviewe, pour se remonter le moral, après toutes les prévisions catastrophistes de ces derniers jours, à lire ici: http://www.zenit.org/article-25358?l=french

Extraits...


(...) je distinguerais entre les gens qui critiquent la religion et la minorité qui fait preuve d'une grande intolérance, refusant à l'autre - en l'occurrence la personne de foi - une voix égale. Nous avons une tradition de protestation - une tradition démocratique de gens qui ont le droit de protester et d'exprimer leur opinion -, mais nous avons aussi une tradition de respect, permettant à l'autre d'être entendu.

Je pense qu'il y a, entre autres, le risque que des journalistes étrangers puissent penser que ceux qui crient le plus fort sont ceux qu'ils doivent écouter. Ce serait une erreur d'extrapoler les voix qui crient le plus fort à l'ensemble de la population.

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La visite de Benoît XVI se déroule dans un contexte différent [ de celle de Jean-Paul II]. Les « cordes raides » diplomatiques ne sont plus là, mais la société est différente, et les deux peuples sont différents. Jean-Paul II attirait et communiquait à travers des actes. Benoît XVI à travers des paroles. A bien des égards(..) Benoît XVI est peut-être plus proche de l'expérience britannique en raison de ce rapport entre foi et raison, de l'engagement intellectuel, qu'incarnait le cardinal Newman. De même, la physionomie de l'Eglise catholique en Grande-Bretagne a changé depuis les 28 ans de la visite de Jean-Paul II.. Le pays compte un million de catholiques de plus. L'Eglise présente une diversité raciale plus grande. Des immigrants sont arrivés d'Asie, de l'Afrique sub-saharienne, d'Amérique latine, de l'Europe continentale, y compris d'Europe de l'Est. L'Eglise est très différente de ce qu'elle était il y a 28 ans. Cela devrait avoir, selon moi, des conséquences. Il y a 28 ans, dit-on, il n'y avait pas de protestations. Or, il y en avait, sans doute d'un type différent, mais il y en avait. Mais, cette fois, les protestations viennent pour la plupart de groupes laïcs qui contestent des points particuliers des enseignements de l'Eglise. Il y a un autre aspect : nous vivons dans une culture médiatique de 24 heures. Et la visite sera très différente. Mais les visites du pape aux Etats-Unis étaient aussi très différentes. Les gens se demandaient aux Etats-unis comment il allait s'en sortir. Et sa visite a véritablement fait sensation.

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Je pense que la surprise sera qu'ils [les britanniques] verront le pape par eux-mêmes, qu'ils l'entendront de leurs propres oreilles, sans intermédiaire. Certaines choses que le pape aurait dites - il ne les a pas dites. Des idées reçues circulent sur les enseignements du pape. Il aurait attaqué nos lois sur l'égalité qui allaient être adoptées au Parlement. Il ne l'a pas fait. Dans son discours aux évêques d'Angleterre, il a exprimé son regret de certaines choses qui se sont produites en période de tension. Il répondait à certains points soulevés par les évêques. Il ne s'est pas référé au passage de la législation en cours. Il n'a pas interféré dans le processus parlementaire. De même, quelques personnes ont manipulé certains de ses discours passés, pour dire qu'il se référait à X, Y et Z, alors qu'il ne l'a pas fait.

Et je crois que les gens se trouveront face à un personnage chaleureux et intelligent, fort de nombreux exemples de rapprochement.
Pour moi personnellement, le moment le plus émouvant sera le vendredi après-midi, à 17 heures, quand il prononcera son discours au Westminster Hall, à l'endroit même où Thomas More a été condamné à mort. Ce qui montre à quel point nous avons progressé en tant que pays ; en effet, je ne pense pas que cela aurait été possible il y a 28 ans. Ce sera, je crois, encore difficile. Mais quand le peuple britannique entendra le pape... il verra, je pense, quelqu'un qui leur parlera sans complaisance de leur avenir. Le pape n'a pas renoncé à son engagement. Il est hautement engagé. Et cela vient de son enfance. ... C'est un pape qui, dans son enfance, a été personnellement témoin des dangers d'un régime totalitaire, et pour qui, religion, catholicisme et christianisme constituent un frein contre le totalitarisme. A bien des égards, sa vie est une illustration concrète du rapport entre foi et raison, car la raison sans contrôle est vouée à sombrer dans le totalitarisme. Mais, de la même façon, une foi qui n'est pas contrôlée par la raison risque de finir dans l'irrationalité et l'extrémisme. Et c'est cette interaction entre les deux... je pense, qu'il connectera, qu'il engagera et entraînera les gens avec lui parce qu'il s'agit de la parole, d'entendre cette parole et de vraiment l'assimiler. Il rencontrera, je pense, une forte adhésion.


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Sa visite me comble de joie. Je me réjouis sincèrement de cette visite. Elle est importante à de nombreux égards. Mais il y a, je crois, une raison principale. C'est qu'il s'agit de nos plus anciennes relations diplomatiques. (...) Le plus haut rang protocolaire que la reine peut réserver au pape est de donner à cette visite le statut de visite d'Etat, et concernant notre vieil ami, notre plus ancienne amitié diplomatique, certains disent qu'« elle n'a que trop tardé ». J'éprouve une grande joie que Benoît XVI ait accepté l'invitation, car la diplomatie implique l'amitié, et les liens entre la Couronne et la Papauté ne doivent pas être sous-estimés. Les membres de la famille Stuart sont enterrés dans la crypte de Saint-Pierre : les derniers Stuart sont enterrés ici. Les liens entre la Couronne et la Papauté réapparaissent constamment. Quand la reine a su que le pape venait au Royaume-Uni, qu'il avait accepté l'invitation, elle a écrit une lettre, pour l'inviter officiellement à venir, et il a aimablement accepté l'invitation. Et jeudi prochain il sera à Edimbourg - c'est très rare que nous commencions une visite à Edimbourg - et il verra la reine. Il a 83 ans, elle en a 84. Ils ont la même durée de vie et beaucoup d'expériences semblables. Je crois que cette rencontre sera unique.