Grande leçon de rationalisme, de tolérance, et de droit, à Westminster. L'éditorial de Giuliano Ferrara, dans Il Foglio (18/9/2010)

Ma traduction:
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Grande leçon de rationalisme, de tolérance, et de droit, à Westminster.
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Le Pape de la raison n'a pas manqué son coup, dans son voyage le plus spectaculaire et le plus significatif.
À Westminster, après avoir rappelé Thomas More, et la conscience indisponible au commandement du souverain, il a parlé de manière savoureuse, concise et élégante des limites du pouvoir et du fondement éthique du discours civil. Une leçon de libéralisme exceptionnellement brillante et aussi audacieuse, spécialement quand Benoît a répété avec une clarté jamais atteinte avant, et dans un cadre politique aussi solennel, que les règles morales sont accessibles à la raison humaine "même indépendamment de la révélation divine". Il y a aussi des religions, ou des moments dans la vie des religions, où l'on ignore "le rôle purificateur et structurant" de la raison, dans la foi: c'est là que naissent sectarismes et fondamentalisme, dangereux pour la communauté civile, et pour la convivialité.
Voilà ce qu'a dit le Pontife Romain, heureusement et scandaleusement, parlant à un pays-phare du sécularisme, et qui a pourtant le goût inné de la tradition.
Rassurant, le Pape a confirmé que l'Eglise "n'impose pas de normes", ni "n'offre de solutions", elle revendique seulement un rôle correctif, elle se considère seulement en mesure d'aider, en éclairant l'usage de la raison dans le domaine moral. Ceci n'est possible, et décisif pour la vie publique, pour la liberté de religion, de conscience et d'association, que si on est capable de surmonter les intolérances laïcistes, les stratégies de marginalisation du christianisme qui ont des effets anti-libéraux, et tendancieusement totalitaires.
En conclusion, il a cité les anges du plafond de Westminster Hall, témoins des racines chrétiennes de la vieille démocratie angalise, modèle d'un sécularisme compatible avec la vitalité de la foi, et avec le respect des principes non négociables, comme le démontre l'abolition de l'esclavage.
Un "coup haut".

Il Foglio, Giuliano Ferrara