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PAPST BENEDIKT - ALIAS CHEF RATZINGER (II)
 

Suite de l’interviewe du Père Hermann Gessler, qui fut un collaborateur du Cardinal Ratzinger à la Congrégation pour la doctrine de la foi. (14/7/2011)




 
 

Un entretien de la station de radio Horeb avec le Père Hermann Geissler, de la Congrégation pour la doctrine de la foi (12/9/2006)
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Après les détails sur le fonctionnement de la CDF, abordés dans les 9 premières questions, le Père Gessler raconte ses souvenirs de l’élection, puis aborde les premières années du Pontificat, et les problèmes auxquels le Pape doit faire face.

-> La première partie est à lire ici :http://benoit-et-moi.fr/2011-II/
-> Voir aussi l'interviewe du Père Gessler dans l'OR: Témoin et communicateur de la joie du Christ. (ici )




 

Source: http://www.daswerk-fso.org/deutsch/?p=64 (traduction VB)

Q10. Le Cardinal Meisner, après l'élection du Pape Benoît XVI, a qualifié ce dernier de "Mozart de la théologie". Que pensez-vous de cette comparaison?
R. Cette comparaison frappante du Cardinal Meisner exprime que le nouveau pape n'est pas seulement un grand théologien professionnel. Il sait aussi comment expliquer la doctrine de Dieu dans sa beauté intérieure et son harmonie. Et ainsi il nous rend un peu conscients de quelque qui est largement oublié: à savoir, qu'il est beau de croire, et que la doctrine catholique n'est pas une chose ennuyeuse, mais une merveilleuse symphonie qui veut nous entraîner et peut donner à nos vies une nouvelle profondeur et un nouveau rayonnement.

Q11. Vous avez à présent un nouveau patron à la CDF. Le cardinal Levada est le successeur que le pape Benoît XVI a nommé à ce poste. Avez-vous été surpris par la décision?
R. Un petit peu, même s'il y a de bons arguments pour la nomination du cardinal Levada. En tant que prêtre, le nouveau patron a plusieurs années d'expérience à la CDF et connaît donc le travail par expérience personnelle. Comme archevêque de San Francisco, il a su combiner une véritable charité pastorale et une orientation claire vers l'autre. Durant plusieurs années, il a géré avec compétence la Commission doctrinale de la conférence des évêques américains. C'est certainement un atout pour le CDF, d'avoir un préfet issu d'un pays anglophone, qui connaît très bien le monde moderne, connaît bien les problèmes des gens, et est aussi enraciné dans la foi et l'amour pour l'Eglise.

Q12. Est-ce un gros changement pour vous?
R. Non, le travail est essentiellement resté le même, même si bien sûr le cardinal Ratzinger nous manque. Mais en tant que pape, il suit avec grand intérêt la congrégation qu'il a dirigée pendant plus de 20 ans, et continue à en tracer la ligne directrice.

L'élection du Pape
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Q1. Le 19 Avril, il y a eu un grand moment, quand on a annoncé que le cardinal Ratzinger était le nouveau pape. Comme avez-vous vécu le moment de l'élection du Pape, et comment avez-vous réagi?
R. Je me tenais - avec quelques collègues - Place Saint-Pierre. Je voulais prier, mais j'en étais à peine capable, car de plus en plus de gens arrivaient et la tension intérieure ne cessait d'augmenter. Quand le nom du nouveau pape a été proclamé, nous avions tous les larmes aux yeux, des larmes de joie. Ce qui m'a énormément impressionné alors, c'est qu'il y avait une telle foule sur la place Saint-Pierre, il y avait plus de cent mille personnes, ils ont immédiatement acclamé le nouveau pape comme ils avaient acclamé son prédécesseur. J'en étais certain: les fidèles l'ont tout de suite accepté comme le nouveau Pierre, le rocher qui les soutient, eux et l'Église.

Q2. Aviez-vous envisagé que le cardinal Ratzinger serait élu pape?
R. Oui, j'étais presque sûr qu'il serait élu. À la congrégation de la foi, j'ai souvent pu voir combien il était apprécié par les cardinaux et les évêques, avec quel respect et quel amour ils s'adressaient à lui et lui demandaient des orientations. Nous avons tous été impressionnés par la manière dont il a dirigé les funérailles du pape Jean-Paul II et les réunions des cardinaux avant le conclave. Un cardinal italien a déclaré récemment: "Quand le cardinal Ratzinger prenait la parole lors du pré-conclave, les cardinaux se regardaient, et se concertaient du regard comme pour dire: "Oui, c'est bien lui qu'il faut".
L'après-midi du 19 Avril, j'ai eu une séance de travail avec mes frères et sœurs de la famille spirituelle, "L'Œuvre". Et j'ai soudain eu la certitude intérieure qu'il serait le nouveau pape. De nombreuses autres personnes m'ont dit avoir eu des expériences similaires.

Q3. Pensez-vous que le cardinal Ratzinger lui-même avait envisagé cette possibilité?
R. Non, il ne s'y attendait pas. Deux jours avant le début du conclave, nous avons célébré avec lui son 78e Anniversaire à la CDF. A cette occasion, il nous a invités à prier pour les cardinaux, afin qu'ils trouvent vite un bon nouveau pape. Il reviendrait - a-t-il dit - à la Congrégation pour quelques semaines, puis, après la nomination d'un nouveau préfet, il prendrait la retraite souhaitée

Q4. La plupart des gens vont à la retraite à 65 ans. Le pape Benoît aura 80 ans l'année prochaine. Où trouve-t-il la force pour accomplir son ministère?
R. Le pape sait que le Seigneur l'a choisi pour ce poste, et il a la ferme conviction que Dieu dans sa bonté, ne distribue pas seulement des tâches, mais donne aussi la force de supporter les charges liées à sa fonction. En outre, il est conscient que beaucoup de gens prient pour lui, et la prière des fidèles le porte et le soutient. Enfin, c'est un homme qui vit entièrement de la liturgie, surtout dans l'Eucharistie; ici est sans doute la véritable source de sa force.

Q5. L'avez-vous rencontré personnellement après l'élection papale, ou bien n'est-ce plus possible?
R. Bien sûr, les rencontres avec le Pape ne sont plus aussi fréquentes qu'avec le cardinal Ratzinger. Le pape a la lourde tâche de s'occuper de la Curie et de prendre soin des fidèles du monde entier. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus de rencontres. Le lendemain même de l'élection papale, il est venu à la congrégation doctrinale et a passé environ deux heures avec sa "famille" comme il nous appelait à l'époque. Une fois, nous avons célébré en petit comité une messe avec lui. Une autre fois, les membres et le personnel de la CDF ont été invités à une audience privée. Et occasionnellement, il y a d'autres occasions de le rencontrer.

Pontificat
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Q1 Certaines personnes prétendent que Benoît XVI est différent du cardinal Ratzinger. Votre ancien chef a-t-il changé depuis l'élection papale?
R. Bien entendu, il a en tant que pape d'autres responsabilités qu'avant et cela rend plus apparents certains traits de son caractère qu'on ne percevait pas aussi nettement avant. Mais, pour l'essentiel, son comportement et ses orientations n'ont pas changé. Il se donne entièrement à son rôle de successeur de Pierre et en même temps, il reste totalement lui-même.

Q2. Vous connaissez très bien le Saint-Père à travers la CDF. Pensez-vous qu'il rencontre des difficultés particulières dans son pontificat, qu'il ait des préoccupations particulières? Si oui, lesquelles?
R. Il me semble que le Saint Père veut apporter aux hommes, en particulier aux catholiques, l'assurance que la foi est solidement fixée. Après le Concile Vatican II, ils avaient parfois l'impression que tout devait changer maintenant, même la foi. Cela a perturbé beaucoup de gens. Bien sûr, il faut un renouveau, mais la véritable réforme, celle que voulait le Concile, ne peut finalement naître que dans l'approfondissement et la renaissance de la foi.
Ensuite, l'une des préoccupations du Pape, est certainement de révéler à nouveau les fondements du christianisme. Assez souvent, durant ces dernières années, nous avons gaspillé notre énergie dans des débats longs et stériles portant sur des questions secondaires, et nous avons perdu de vue les vraies questions: que signifie être chrétien? Qui est Dieu et qu'est-ce que l'homme? Qu'est-ce qui va changer pour ma vie si je dis oui au Christ et à l'Eglise? Qu'est-ce qui distingue le chrétien du musulman ou de l'incroyant? Ces questions, nous devons aujourd'hui y faire face, et le Saint-Père nous en parle dans sa première encyclique, où nous pouvons trouver les réponses.
En plus, le pape Benoît veut également poursuivre plus loin le dessein œcuménique, particulièrement en direction des églises orthodoxes, dont nous sommes en effet très proches dans la foi. Il ne s'agit pas pour lui d'aboutir à une unité externe, que finalement seul Dieu peut donner. Avant tout, il a à cœur d'atteindre une profonde unité intérieure par une plus grande fidélité de tous à l'Evangile et le témoignage commun rendu au Christ dans un monde qui s'organise sans Dieu, et même contre Dieu.

Enfin, le Pape désire défendre les grands principes éthiques de la société, en dialogue avec les fidèles des autres religions et toutes les personnes de bonne volonté, et donc de servir l'humanité tout entière. Pensons aux questions de protection de la vie, du mariage et de la famille, de la biotechnologie, de la justice sociale, de la paix, de la réconciliation entre les peuples et les nations, de l'égalité entre les riches et les pauvres, pour n'en nommer que quelques-unes.

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A suivre....




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