C'était le 19 juin dernier. Le reporter du "Resto di Carlino" est resté sans voix! (24/7/2011)
-> Tous les articles (et les images) de mon site sur cette importante visite à un diocèse italien (et à son évêque, Mgr Luigi Negri) ici: http://benoit-et-moi.fr/2011-II/..
C'est très récent, cela remonte au 19 juin dernier. Benoît XVI était à Saint-Marin. Dans la partie italienne de la visite, il a rencontré le jeunes à Pennabili. L'envoyé spécial du quotidien local, Il Resto del Carlino, a témoigné de son expérience (ici). Lui aussi, presque à son corps défendant, il est devenu "papaboy".
Reportage de Il Resto di Carlino
Le "Carlino" a lui aussi rencontré et salué le pape ------------------- Je pars d'une expérience personnelle et je dois faire un aveu: j'ai été ému. Aujourd'hui, à 16h20, j'ai rencontré le pape. J'ai baisé son anneau, j'ai parlé avec lui pendant quelques minutes, je lui ai remis au nom du directeur Pierluigi Visci le supplément spécial de 32 pages que nous avons offert à nos lecteurs samedi, dans toutes les éditions de Rimini et San Marino. La première page de ce supplément est devenue un cadre élégant, et en en faisant cadeau au pape, j'ai eu l'honneur de lui parler de notre travail, de notre Carlino, de nos 126 années d'existence, lui faisant également l'hommage du premier numéro, daté de 1885, dans un plateau d'argent. Dans ces deux minutes, on peut s'émouvoir, remercier, être surpris de trouver un Pape, ce Pape, si attentif, si intéressé par les détails. Avec son accent allemand, à répéter plusieurs fois: «Oh, Il Resto del Carlino» qui, l'espace de deux minutes est devenu un peu "teuton". On peut avoir été journaliste toute sa vie, on en voit tellement, mais il y a toujours quelque chose de grand, d'inattendu et de beau qu'on peut croiser sur sa route, et il me plaît de partager mon enthousiasme avec le directeur, qui m'a passé ce témoin fascinant aujourd'hui à Saint-Marin, et avec tous les collègues qui travaillent quotidiennement avec engagement et passion pour apporter au kiosque notre-votre Carlino.
Ce fut un jour spécial. Pour moi, c'est sûr. Je suppose aussi pour les milliers de personnes qui voulaient saluer et embrasser le Pape symboliquement dans ces 11 heures de full immersion, d'abord à Saint-Marin, puis dans la soirée à Pennabilli, au milieu de quatre mille jeunes en fête.
Et c'est précisément sur cette rencontre avec les jeunes que je voudrais m'attarder, parce qu'avant, le Pape, évidemment, a parlé difficiles de choses difficiles, importantes, mais au fond de choses qu'un Pape doit nécessairement dire, autrement, il ne "ferait pas le Pape". Ces aspects (le respect de la famille, de la vie, l'inquiètude pour la crise économique, l'instabilité de l'emploi) peuvent être trouvés dans d'autres articles sur notre site. Les jeunes, les quatre mille jeunes de 20 ans, avec le monde devant eux, un avenir encore à lire, un avenir qui fascine, même s'il semble parfois confus, demandent des réponses grandes, plus grandes que les discours officiels très importants, bien sûr,adressés aux capitaines régents. Grand comme le désir de leur cœur, le désir de bonheur. Et je ne pense pas que le Pape ait déçu les attentes de ces jeunes, de même qu'il n'a pas déçu les miennes. Lisez ce qu'il a dit, et relisez-le, cela en vaut la peine (1).
Moi, encore une fois , aujourd'hui, je suis ému et remué. Je pense que quelque chose du même genre est arrivé aussi à ces quatre milles jeunes demandeurs de bonheur qui, pendant des heures, sur cette chaude place de Pennabilli, attendaient des mots de confirmation, de réconfort, d'espoir, de bonheur, d'un vieux Pape qui peut être si humain.
Le discours du Pape aux jeunes de Pennabili
(1) Chers jeunes!
Je suis très heureux d'être parmi vous et avec vous! Je me sens toute votre joie et l'enthousiasme qui caractérisent votre âge. Je salue et je remercie votre Evêque, Mgr Luigi Negri, pour ses paroles cordiales de bienvenue, et votre ami qui a exprimé les pensées et les sentiments de tous, et a formulé quelques questions très sérieuses et importantes. J'espère que dans le cours de mon exposé se trouveront aussi les éléments pour trouver les réponses à ces questions. Je salue avec affection les prêtres, les sœurs, les animateurs qui partagent avec vous le chemin de foi et de l'amitié, et bien sûr vos parents, qui se réjouissent de vous voir devenir fort dans le bien.
Notre rencontre ici à Pennabilli, en face de cette cathédrale, coeur du diocèse, et sur cette Place, nous renvoie avec la pensée aux nombreuses et diverses rencontres de Jésus que nous racontent les Évangiles. Aujourd'hui, je voudrais rappeler le célèbre épisode dans lequel le Seigneur était en chemin et que quelqu'un - un jeune homme - accourut et s'agenouilla et lui posa cette question: "Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?" ( Mc 10:17). Aujourd'hui, nous ne le formulerions peut-être pas ainsi, mais le sens la question est précisément: que dois-je faire, comment dois-je vivre pour vivre réellement, pour trouver la vie. Ainsi, dans cette question, nous pouvons voir l'expérience humaine, dans toute son ampleur et sa variété, qui s'ouvre à la recherche du sens, le sens profond de la vie: comment vivre, pour quoi vivre. La "vie éternelle" en effet, à laquelle ce jeune homme renvoie, indique non seulement la vie après la mort, il ne veut pas seulement savoir comment aller au ciel. Il veut savoir: comment dois-je vivre maintenant pour avoir déjà la vie qui pourra ensuite devenir éternelle? Ainsi, dans cette question, ce jeune homme exprime l'exigence que l'existence quotidienne trouve un sens, trouve la plénitude, trouver la vérité. L'homme ne peut vivre sans cette recherche de la vérité sur lui-même - que suis-je, pour quoi dois-je vivre - vérité qui pousse à ouvrir l'horizon et à aller au-delà de ce qui est matériel, non pas pour échapper à la réalité, mais pour la vivre de manière encore plus vraie, plus riche de sens et d'espoir, et pas seulement dans la superficialité. Et je pense que cela - et je l'ai vu et entendu dans les paroles de votre ami - est aussi votre expérience. Les grandes questions que nous portons en nous restent toujours, renaissent toujours: qui nous sommes, d'où nous venons, pour qui nous vivons. Et ces questions sont le signe le plus haut de la transcendance de l'être humain et de la capacité que nous avons de ne pas nous arrêter à la surface des choses. Et c'est précisément en regardant en nous avec vérité, avec sincérité et courage que nous percevons la beauté, mais aussi la précarité de la vie et nous sentons une insatisfaction, une inquiètude que rien de concret ne peut combler. Finalement toutes les promesses se révèlent souvent insuffisantes.
Chers amis, je vous invite à prendre conscience de cette inquiètude saine et positive, à ne pas avoir peur de vous poser les questions fondamentales sur le sens et la valeur de la vie. Ne vous arrêtez pas aux réponses partielles, immédiates, certainement plus facile sur le moment, et plus commodes, qui peuvent vous donner quelque moment de bonheur, d'exaltation, d'ivresse, mais qui ne vous conduisent pas à la vraie joie de vivre, celle qui appartient à ceux qui construisent - comme Jésus le dit - non pas sur le sable, mais sur le roc solide. Apprenez donc à réfléchir, à lire de manière non-superficielle, mais en profondeur, votre expérience humaine: découvrez, avec étonnement et avec joie, que votre cœur est une fenêtre ouverte sur l'infini! Là est la grandeur de l'homme, et aussi sa difficulté. Une des illusions produites à travers l'histoire a été de penser que le progrès scientifique et technique, de manière absolue, pourrait donner des réponses et des solutions à tous les problèmes de l'humanité. Et nous voyons que ce n'est pas le cas. En réalité, même si cela était possible, rien ni personne ne pourrait supprimer les questions les plus profondes sur le sens de la vie et de la mort, sur le sens de la souffrance, de tout, parce que ces questions sont écrites dans l'âme humaine, dans nos cœurs, au-delà de la sphère des besoins. L'homme, même à l'ère du progrès scientifique et technologique - qui nous a donné tellement - reste un être qui désire plus, plus que le confort et le bien-être, il reste un être ouvert à la vérité entière de son existence, qui ne peut arrêter aux choses matérielles, mais est ouvert à un horizon beaucoup plus large. Tout cela, vous en faites constamment l'expérience, à chaque fois que vous vous demandez: mais pourquoi? Quand vous contemplez un coucher de soleil, ou qu'une musique remue en vous le cœur et l'esprit; quand vous éprouvez ce que signifie aimer vraiment; quand vous ressentez un fort sentiment de justice et de vérité, et quand vous vous ressentez le manque de justice, de vérité et de bonheur.
Chers jeunes, l'expérience humaine est une réalité qui nous unit tous, mais on peut lui donner différents niveaux de signification. Et c'est là qu'on décide comment diriger sa vie, et que l'on choisit à qui la confier, à qui se confier. Le risque est toujours celui de rester emprisonné dans le monde des choses, de l'immédiat, du relatif, de l'utile, perdant la sensibilité pour ce qui renvoie à notre dimension spirituelle. Il ne s'agit nullement de déprécier l'usage de la raison, de mépriser ou de rejeter le progrès scientifique, tout au contraire: il s'agit plutôt de comprendre que chacun de nous n'est pas fait seulement d'une dimension "horizontale", mais comprend également celle "verticale". Les faits scientifiques et les outils technologiques ne peuvent pas remplacer le monde de la vie, les horizons de sens et de liberté, la richesse des relations d'amitié et d'amour.
Chers jeunes, c'est justement dans l'ouverture à l'entière la vérité sur nous, sur nous-mêmes et sur le monde que nous découvrons l'initiative de Dieu envers nous. Il vient au devant de chaque homme et lui fait connaître le mystère de son amour. Dans le Seigneur Jésus qui est mort et ressuscité pour nous et qui nous a donné l'Esprit Saint, nous prenons part à la la vie de Dieu, nous appartenons à la famille de Dieu. En Lui, dans le Christ, vous pouvez trouver les réponses aux questions qui accompagnent votre chemin, non pas d'une manière superficielle, facile, mais en marchant avec Jésus, en vivant avec Jésus. La rencontre avec le Christ ne se réduit pas à l'adhésion à une doctrine, une philosophie, mais ce qu'Il vous propose, c'est de partager sa propre vie et ainsi apprendre à vivre, apprendre ce qu'est l'homme, ce que moi je suis. A ce jeune homme, qui lui avait demandé quoi faire pour entrer dans la vie éternelle, c'est-à-dire pour vivre vraiment, Jésus répondu, l'invitant à se détacher de tous les biens et ajoute: "Viens!Suivez-moi!"( Mc 10:21). La parole du Christ montre que votre vie trouve son sens dans le mystère de Dieu qui est amour: un amour exigeant, profond, au-delà de la superficialité! Que serait votre vie sans amour? Dieu prend soin de l'homme depuis la création jusqu'à la fin des temps, quand il portera son plan de salut à son accomplissement. Dans le Seigneur ressuscité, nous avons la certitude de notre espérance! Le Christ lui-même, qui est allé dans les profondeurs de la mort et est ressuscité, est l'espérance en personne, il est la Parole définitive proncée sur notre histoire, c'est une parole positive.
N'ayez pas peur d'affronter les situations difficiles, les moments de crise, les épreuves de la vie, parce que le Seigneur vous accompagne, il est avec vous! Je vous encourage à grandir dans l'amitié avec lui par la lecture fréquente de l'Évangile et de toute l'Ecriture Sainte, la participation fidèle à l'Eucharistie comme une rencontre personnelle avec le Christ, l'engagement au sein de la communauté ecclésiale, le chemin avec un guide spirituel valide. Transformé par l'Esprit Saint vous ferez l'expérience de la vraie liberté, qui est telle quand elle est orientée vers le bien. De cette façon, votre vie, animée par une recherche continue du visage du Seigneur et par la volonté sincère de vous donner vous-même, sera pour beaucoup de jeunes de votre âge un signe, un rappel éloquent que le désir de plénitude qui est en chacun de nous se réalise finalement dans la rencontre avec le Seigneur Jésus. Laissez le mystère du Christ éclairer toute votre personne! Alors, vous pourrez apporter dans les différents environnements cette nouveauté qui peuvent changer les relations, les institutions, les structures, pour construire un monde plus juste et plus solidaire, motivé par la recherche du bien commun. Ne cédez pas à des logiques individualistes et égoïstes! Que le témoignage de nombreux jeunes qui ont atteint l'objectif de la sainteté vous conforte: pensez Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, Saint Dominique Savio, Sainte Maria Goretti, le bienheureux Pier Giorgio, le bienheureux Alberto Marvelli - qui est de cette terre!- Et bien d'autres, inconnus de nous, mais qui ont vécu leur temps à la lumière et dans la force de l'Evangile, et ont trouvé la réponse: comment vivre, que dois-je faire pour vivre.
A l'issue de cette rencontre, je veux confie chacun de vous à la Vierge Marie, Mère de l'Eglise. Comme Elle, vous pouvez prononcer et renouveler votre "oui" et magnifier toujours le Seigneur avec votre vie, parce qu'Il vous donne les paroles de vie éternelle! Courage, donc, chers jeunes gaçons et chères jeunes filles, dans votre chemin de foi et de vie chrétienne, moi aussi, je suis toujours proche de vous et vous accompagne de ma bénédiction. Merci pour votre attention!