"Chers jeunes, soyez ma joie comme vous avez été celle de Jean-Paul II". Rencontre avec les jeunes, esplanade de la Basilique Sainte-Marie-des-Anges, dimanche 17 juin 2007. Discours, et video. (29/7/2011)
Les improvisations de Benoît. ---------------- Le discours du Saint-Père est très long. Il s'interrompt au milieu. C'était sans doute prévu. La traduction simultanée, sur KTO, couvre sa voix, et en plus, ne correspond pas exactement aux mots prononcés sur le ton très familier d'un échange informel. Comme souvent, Benoît XVI s'est écarté du texte préparé, se livrant spontanément à l'improvisation. Tendant l'oreille, au début du clip, on entend donc en-dessous de la voix du 'traducteur', les confidences du Saint-Père: ---------------------------------------- Andando dalla basilica al sacro convento ho pensato "parlare quasi un'ora da solo, forse non è bene, percio penso che sarebbe adesso il momento per una pausa con un canto, so che avete fatto tanti canti"
"Allant de la basilique au couvent sacré, j'ai pensé "peut-être que parler presque une heure seul, ce n'est pas bien, donc je pense qu'il serait temps maintenant de faire une pause avec un chant, je sais que vous avez préparé beaucoup de chants...."
* * * Les images de la conclusion de la rencontre sont parmi les plus belles du Pontificat.
Le texte du discours est à lire sur le site du Vatican. Extraits:
Merci de votre accueil si chaleureux, je sens en vous la foi, je sens la joie d'être chrétiens catholiques. Merci de vos paroles affectueuses et des questions importantes que vos deux représentants m'ont adressées. J'espère pouvoir dire quelque chose au cours de cette rencontre sur ces interrogations qui sont des questions de la vie; je ne peux donc donner une réponse complète à présent, mais je m'efforcerai de dire quelque chose, et surtout, je vous salue tous...
Chers jeunes, vous savez que le motif qui m'a conduit à Assise a été le désir de revivre le chemin intérieur de François, à l'occasion du VIII centenaire de sa conversion. Ce moment de mon pèlerinage revêt une signification particulière. J'ai voulu ce moment comme le point culminant de ma journée. Saint François parle à tous, mais je sais qu'il exerce précisément sur vous, chers jeunes, une attraction particulière. C'est ce que me confirme votre présence si nombreuse, ainsi que les questions que vous m'avez posées. Sa conversion eut lieu lorsqu'il était au plus fort de sa vitalité, de ses expériences, de ses rêves. Il avait passé vingt-cinq ans sans venir à bout du sens de la vie. Peu de mois avant de mourir, il se rappellera de cette période comme du temps où "il était dans le péché" .
A quoi pensait François, en parlant de péchés? D'après les biographies, dont chacune possède un point de vue personnel, cela n'est pas facile à déterminer. L'on trouve un portrait évocateur de sa façon de vivre dans la Légende des trois compagnons, où l'on lit: "François était très gai et généreux, se consacrant aux jeux et aux chants, il errait dans les rues d'Assise jour et nuit, avec des amis de son espèce, si généreux à la dépense qu'il dissipa en repas et autres choses tout ce qu'il pouvait avoir ou gagner" . De combien de jeunes pourrait-on dire la même chose de nos jours également? De plus, aujourd'hui, il y a la possibilité d'aller se divertir bien au-delà de sa propre ville. Les initiatives de divertissement au cours des week-ends rassemblent de nombreux jeunes. On peut "errer" également virtuellement en "naviguant" sur Internet, en recherchant des informations ou des contacts en tout genre. Malheureusement, ne manquent pas - et ils sont même hélas trop nombreux! -, les jeunes qui cherchent des paysages mentaux aussi vides que destructeurs dans les paradis artificiels de la drogue. Comment nier qu'il y a tant de jeunes et de moins jeunes qui sont tentés de suivre de près la vie du jeune François, avant sa conversion? Derrière cette façon de vivre, il y avait le désir de bonheur qui habite tout cœur humain. Mais cette vie pouvait-elle apporter la joie véritable? François ne la trouva certainement pas. Vous-mêmes, chers jeunes, vous pouvez vérifier cela à partir de votre propre expérience. La vérité est que les choses finies peuvent apporter des lueurs de joie, mais seul l'Infini peut remplir le cœur.
Le même texte biographique nous rapporte que François était assez vaniteux. Il aimait se faire confectionner des habits somptueux et il recherchait l'originalité . Dans la vanité, dans la recherche de l'originalité, il y a quelque chose qui nous touche tous d'une certaine façon. Aujourd'hui, on a l'habitude de parler de "soin de l'image" ou de "recherche de l'image". Pour avoir un minimum de succès, il faut nous faire valoir aux yeux des autres avec quelque chose d'inédit, d'original. Dans une certaine mesure, cela peut exprimer un désir innocent d'être bien accueillis. Mais souvent s'insinuent l'orgueil, la recherche effrénée de nous-mêmes, l'égoïsme et le désir de domination. En réalité, concentrer sa vie sur soi-même est un piège mortel: nous ne pouvons être nous-mêmes que si nous nous ouvrons à l'amour, en aimant Dieu et nos frères. ...
Chers jeunes, vous m'avez rappelé certains problèmes de la condition de jeunes, de votre difficulté à vous construire un avenir, et surtout, des difficultés à discerner la vérité. Dans le récit de la passion du Christ, nous trouvons la question de Ponce Pilate: "Qu'est-ce que la vérité?"). C'est la question d'un sceptique qui dit: "Mais toi, tu dis être la vérité, mais qu'est-ce que la vérité?" Et ainsi, la vérité ne pouvant être reconnue, Pilate laisse entendre: faisons ce qui est le plus pratique, ce qui a le plus de succès sans chercher la vérité. Puis, il condamne Jésus à mort, car il suit le pragmatisme, le succès, son propre bonheur. Aujourd'hui aussi, de nombreuses personnes disent: "Mais qu'est-ce que la vérité? Nous pouvons en trouver des fragments, mais comment pourrions-nous trouver la vérité?". Il est réellement difficile de penser que cela est la vérité: Jésus Christ, la vraie Vie, la boussole de notre vie. Et toutefois, si nous commençons, comme nous en serions tentés, à vivre uniquement en fonction des possibilités du moment, sans vérité, nous perdons véritablement le critère et nous perdons également le fondement de la paix commune qui ne peut être que la vérité. Et cette vérité est le Christ. La vérité du Christ s'est vérifiée dans la vie des saints de tous les siècles. Les saints sont la grande trace de lumière dans l'histoire qui témoigne: voilà la vie, voilà le chemin, voilà la vérité. C'est pourquoi nous avons le courage de dire "oui" à Jésus Christ: "Ta vérité s'est vérifiée dans la vie de tous les saints! Nous te suivons!".
Chers jeunes, en venant ici de la Basilique du Saint Couvent, j'ai pensé que parler presque une heure tout seul n'est peut-être pas une bonne chose. C'est pourquoi, je pense que le moment est venu de faire une pause, pour un chant. Je sais que vous avez composé de nombreux chants, peut-être pouvez-vous m'interpréter un chant à présent. ....
Oui, chers jeunes: laissons le Christ venir à notre rencontre! Ayons confiance en Lui, écoutons sa Parole. En Lui, il n'y a pas seulement un être humain fascinant. Certes, il est pleinement homme, et en tout semblable à nous, à l'exception du péché. Mais il est également bien davantage: Dieu s'est fait homme en Lui et il est donc l'unique Sauveur, comme le dit son nom lui-même: Jésus, c'est-à-dire "Dieu sauve". ... Chers jeunes, votre présence nombreuse ici montre combien la figure de François parle à votre cœur. Je vous confie volontiers son message, mais surtout sa vie et son témoignage. Il y a besoin de jeunes qui, comme François, s'engagent sérieusement et sachent instaurer un rapport personnel avec Jésus. Il est temps de regarder l'histoire de ce troisième millénaire qui vient de commencer comme une histoire qui a plus que jamais besoin du levain de l'Evangile.
Je fais mienne, une fois de plus, l'invitation que mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II aimait toujours adresser, en particulier aux jeunes: "Ouvrez les portes au Christ". Ouvrez-les comme le fit saint François, sans peur, sans calculs, sans mesure. Chers jeunes, soyez ma joie comme vous avez été celle de Jean-Paul II. De cette Basilique, consacrée à Sainte-Marie-des-Anges, je vous donne rendez-vous à la Sainte Maison de Lorette, au début du mois de septembre, pour le Forum des jeunes italiens.
Je vous donne à tous ma Bénédiction. Merci pour tout, pour votre présence, pour votre prière.