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INDIGNADOS À CAUSE DU PAPE
 

Un article sur la Bussola, d'une plume espagnole, aide à y voir un peu plus clair. Etrange: les indignados n'ont jamais "tiré" sur Zapatero. Les habituels opposants du cirque anti-pape manoeuvrent en coulisses. Le gouvernement espagnol doit résoudre la quadrature du cercle: ne pas se laisser déborder à gauche, mais donner au monde une image de sérieux dans l'organisation d'un grand évènement. (12/8/2011)

Voir aussi: Des indignés pas hostiles au Pape, vraiment?




 

«Indignados» per il Papa
Inma Alvarez
Article ici: http://www.labussolaquotidiana.it/...
12/08/2011
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Les "indignados" espagnols ne veulent pas des JMJ chez eux, parce qu'un tel gaspillage des fonds publics pour un festival de la jeunesse qui concerne seulement les chrétiens, dans un pays au bord de la faillite économique, apparaît scandaleux. Ainsi, il a été annoncé une grande manifestation au centre de Madrid à la veille de la rencontre du pape avec les jeunes, la semaine prochaine. De toute évidence, l'initiative aura un grand écho médiatique dans le monde entier. Il n'y a pas lieu de s'en étonner: désormais, partout où Benoît XVI met les pieds, il y a les groupes habituels qui profitent de l'occasion pour servir la polémique: un coup d'œil rapide aux kiosques à journaux suffit. Peu importe la cause ou l'excuse: un voyage de ce pape sera précédé, comme dans les grands films, par une grande opération de marketing mais en sens inverse.

Ceci explique l'importance de l'écho de l'initiative anti-pape, en réalité petite et marginale, qui n'aurait jamais eu l'attention des médias sinon justement en raison de la présence du Pape.

Mais qui sont ces "indignados"?
Ce mouvement est né sept jours avant les élections locales du 23 mai dernier en Espagne, élections dont Zapatero savait dès le début qu'il allait les perdre, même s'il ne s'attendait pas à être submergé comme il l'a été. Dans leurs tranchées du Sol, la place légendaire dans le centre de Madrid, ces "indignados", dans le sillage du printemps arabe (selon eux, et selon les médias, toujours prêts à des rapprochements simplificateurs), exigeaient un renouveau de la vie démocratique, pour une société plus juste et pour un changement profond des structures qui ont conduit à la crise économique.

Comme l'ont justement souligné plusieurs experts, leurs manifestes semblaient copiés sur les proclamations des dictateurs sud-américains socialistes Hugo Chavez et Evo Morales; quelques "indignados" ont été signalés comme des "anti-système" notoires, connus par la police.
Mais la première chose qui étonne, chez ces "indignados", c'est leur délicate attention à mettre à l'abri le même Zapatero, qui n'a jamais - vraiment jamais - été la cible de leurs manifestes. Non! Les "indignados" ne plantent pas leurs tentes - comme cela semblerait naturel - en face de la Moncloa, le Palais du gouvernement, refuge de l'homme aujourd'hui le plus détesté des espagnols, mais plutôt en face de Sol, curieusement siège du gouvernement de la région, du Parti populaire, le principal parti d'opposition, de droite. Et aussi, les actions violentes du 15 Juin à Barcelone, où le parti CiU (de droite) était sur le point d'arracher aux socialistes, après des décennies, le gouvernement de la ville.

Les déclarations du successeur de Zapatero, Rubalcaba, d'être prêt à répondre à la demande du "peuple" - des "indignados" - et la plus bizarre des propositions, celle de donner à ces "indignados" un siège dans Calle Ferraz - où se trouve le siège de la direction nationale du Parti socialiste - montrent la peur des socialistes d'être rattrapés sur leur gauche. En effet, bon nombre d'électeurs ont renoncé à Zapatero pour des partis plus radicaux, qui avait presque disparu de la scène, parmi lesquels beaucoup des partisans - et même, des membres - des "indignados".

La question qui vient naturellement à l'esprit est: mais contre qui sont indignés ces "indignados"?
A coup sûr, ils ont indigné, par exemple, les pauvres patrons de bars et commerçants de Sol, qui, après 80 jours de manifestations - la place a même eu une invasion de rats, puisque les "indignados" ne laissaient même pas entrer les services urbains - ont réussi à faire déplacer les tentes dans un autre endroit, illégal lui aussi.
Finalement, le 4 août, la police a reçu l'ordre de faire appliquer la loi, malgré les hurlement des députés ultra-radicaux.
Dans le même temps, le mouvement s'est affaibli au fur et à mesure que l'été arrivait - vivre dans une tente lorsque la température à Madrid atteint les 40 -45º suppose trop d'héroïsme. Mais aujourd'hui, une grande opportunité s'est présentée: certains lui ont fait la proposition d'adhérer à un marche contre le pape, qui - le pauvre! - passait justement par là.

Parce qu'en fait, les organisateurs de la marche contre les Journées Mondiales de la Jeunesse ne sont pas les "indignados", chose qui pourrait surprendre. Ceux qui ont convoqué la Marche, ce sont Redes Cristianas (mouvement philo-marxiste dirigée par un prêtre, Evaristo Villar, qui a été expulsé des Clarétains en 1993), Europa laica (association très engagée à faire disparaître les crucifix dans les lieux publics et à organiser des processions athées blasphématoires dans la capitale ) et Asociacion Madrilena de Ateos y Librepensadores; et, parmi les membres, associations gays et lesbiennes, et autres. Villar a même demandé à la police d'enquêter sur de possibles délits contre les lois de l'Espagne dans les paroles du Pape, par exemple, parler contre l'avortement, contre le mariage gay et ainsi de suite. Mais ce n'est pas la première fois qu'ils en ont après le pape Benoît: ce sont les mêmes qui ont organisé les campagnes "Yo no te espero" en 2006 à Valence et en 2010 Barcelone. Les résultats ont été plutôt décevants pour eux.

Réussiront-ils cette fois? Leur premier mouvement, celui de critiquer le coût de la visite papale, est déjà un flop parce que le comité organisateur des Journées Mondiales de la Jeunesse a démontré, chiffres en main, non seulement que la rencontre de Madrid est auto-financée, mais même qu'elle apportera des avantages économiques à la ville. Le succès du second mouvement, l'accord avec les "indignados", dépendra de l'écho médiatique, et aussi de la politique locale.

Le gouvernement Zapatero-Rubalcaba reste, de toutes façons dans une position inconfortable. Avec un pays en période pré-électorale et le grand besoin d'attirer les votes de la gauche ultramontaine, Benoît XVI arrive au moment le moins opportun. Pourtant, sa présence doit être l'occasion de transmettre au monde une image de sérieux et de stabilité, dont l'Espagne a un très grand besoin en ce moment. Un résultat de cette schizophrénie est l'annonce, il y a quelques heures, par le syndicat UGT - liée au Parti socialiste - d'une grève des transports urbains à Madrid, juste pendant les Journées Mondiales de la Jeunesse.

Et pourtant, si l'expérience enseigne quelque chose, il est prévisible qu'un grand événement mondial comme les JMJ, réussira en fin de compte à éclipser toutes les misères locales pour donner à Madrid une semaine d'air frais.




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