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60 ANS DE SACERDOCE AVEC SON FRÈRE JOSEPH
 

Une très belle interviewe de Mgr Georg, dans le n° de juillet dernier du magazine 30 Giorni. (6/9/2011)




 
 

Le frère du pape y apparaît comme un homme plein de sensibilité (ce que nous savons depuis longtemps), et aussi d'une grande sagesse et d'une grande spiritualité, que les interviewes (voir aussi Mon frère le pape ) lui permettent moins souvent de montrer.
Article en italien: http://www.30giorni.it/... .
Ma traduction.




 

Benoît XVI.
Soixante ans de sacerdoce
«Une reconnaissance qui croît d'année en année»

Entretien avec Mgr Georg Ratzinger, qui il y a soixante ans, a été ordonné prêtre en compagnie de son frère Joseph
Roberto Rotondo et Silvia Kritzenberger
Source: http://www.30giorni.it/...
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«Le jour le plus important de ma vie»: c'est ainsi que Joseph Ratzinger a toujours défini le jour de son ordination le 29 Juin 1951. Et, comme chacun sait, ce jour-là avec lui, dans la cathédrale de Freising en Bavière, son frère Georg fut aussi ordonné. Ainsi, à l'occasion du soixantième année de sacerdoce du Pape, nous avons demandé à Mgr Georg Ratzinger,témoin d'exception, de revenir par le souvenir à ce matin de l'été 1951.
En parlant du jubilée qui vient d'être célébré.

- Monseigneur Ratzinger, que vous reste-t-il dans le cœur de ces célébrations pour votre soixantième anniversaire de sacerdoce?
- Georg Ratzinger: Je ne vous cache pas qu'au départ, je voulais le célébrer seulement en privé, sans participer à des cérémonies, parce que je n'ai pas retrouvé toutes mes forces après l'opération du genou et les cérémonies, au contraire, exigent une certaine fraîcheur mentale et physique. Mais je suis content que les choses aient tourné différemment, parce qu'il y a eu des moments très touchants, comme la très belle fête organisée dans la cathédrale de Freising par l'Institut Benoît XVI, qui s'occupe de la publication du « œuvres complètes» du Saint-Père. La cathédrale de Freising est l'endroit où mon frère et moi avons été ordonnés prêtres et on y respirait une atmosphère qui m'est très familière. Dans la matinée, il y avait la récitation des prières, et puis, après le discours de bienvenue, et quelques interventions, il y eu le repas avec les hauts prélats, quelques cardinaux, les évêques auxiliaires et bien sûr, les vieux amis. Un deuxième moment important a été la messe dans mon église collégiale de Saint-Jean-Baptiste, l'église était bondée et il y avait une atmosphère solennelle. Enfin, le troisième événement a été la messe à Saint-Pierre à Rome: c'était émouvant de penser que notre s'insérait dans la Solennité du souvenir des Saints Pierre et Paul, si importants pour Rome et l'Église universelle.

- Pour votre frère, cela a dû être une joie de vous avoir à ses côtés en ces jours...
- Quand nous nous voyons, c'est toujours une grande joie. Tout au long de notre vie, nous nous sommes toujours retrouvés, et bien sûr nous ne voulons pas y renoncer maintenant, dans la vieillesse, où nous expérimentons de façon particulère ce sentiment d'appartenir l'un à l'autre.

- Et vous, qu'avez-vous pensé ce 29 Juin 1951? Le Pape, rappelant le jour de son ordination, a dit: « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis. A soixante ans de mon ordination, résonnent encore dans mon cœur ces paroles de Jésus, quand notre grand archevêque, le cardinal Faulhaber, s'est adressé à nous , nouveaux prêtres, le jour de notre ordination »...
- J'ai pensé que c'était un tournant dans ma vie, comme dans celle de tout homme qui devient un prêtre, parce que l'ordination sacerdotale confère à l'homme une nouvelle qualité de vie et le fait devenir «chargé» du Christ, qui doit apporter le mystère et la parole de Jésus-Christ au monde. Au fil des années, j'ai pu réaliser combien étaient vraies les paroles de l'Evangile de Jean que le cardinal Faulhaber nous a adressées: parce que l'ordination sacerdotale comporte une amitié particulière avec le Christ en ce qu'il confère un mandat particulier. Et il donne la surprise et la prise de conscience de voir comment le Seigneur «met la main», en quelque sorte, dans notre vie humaine.

- Et en famille, comment fut ce jour-là?
- Ce fut une expérience de joie unique. Dans notre vie de famille, qui jusque-là avait été la vie d'une famille normale, il y avait un événement qui à cette époque était considéré comme un don: le sacerdoce, quelque chose qui renvoie à l'éternité, dans une sphère différente. J'avais trois ans de plus que mon frère mais ce fut beau de vivre ensemble l'ordination et la première messe, même si c'était seulement une conséquence de la guerre qui avait bouleversé les plans de chacun de nous. Dans ces années au séminaire de Freising, en effet, les différences d'âge des aspirants à la prêtrise étaient grandes.

- Dans les années de séminaire, quelles furent les personnes qui ont le plus influencé votre maturation de prêtres et de chrétiens?
- Un personnage clé de «Domberg» (ndt: emplacement du séminaire) de Freising était notre recteur Michel Hock, qui avait passé cinq ans dans le camp de concentration de Dachau. Son parcours avait été celui d'un prêtre pieux, dévoué et engagé. Il avait quelque chose de paternel, bon, compréhensif, et ont le considérait plus comme un père que comme un supérieur. Ce qui lui tenait à cœur, c'était d'aider chacun de nous à trouver, dans ces temps difficiles, la route qui mène à un but bon.

- Le Pape, durant le repas avec vous et les cardinaux (ndt: voir ici Un repas de fête - ), remontant par la pensée à 1951, a souligné qu'alors, le monde était totalement différent d'aujourd'hui et que l'Allemagne était à reconstruire matériellement et moralement. Vous semblait-il participer vous aussi à cette reconstruction en devenant prêtres?
- Nous sommes tous conditionnés par l'époque à laquelle nous vivons, nous partageons avec les hommes de notre époque les difficultés, les préoccupations, mais aussi les joies. En ce sens, nous avons nous aussi contribué à ce travail de renouveau. Mais il est aussi vrai que ce n'était pas un processus univoque, car, au fur et à mesure que l'économie croissait, et avec elle la richesse et le bien-être, il s'est également introduit une certaine décadence morale, et sans que nous n'ayions pu l'imaginer, d'autres éléments négatifs ont accompagné le processus de reconstruction.

- Déjà dans les années du séminaire, vous saviez que vous alliez prendre des chemins différents. Vous la musique, votre frère l'enseignement théologique ...
- Oui, le Bon Dieu nous a fait suivre des chemins différents. J'ai toujours demandé au Seigneur, si possible, de pouvoir travailler dans la musique sacrée, de pouvoir chanter Ses louanges à travers la musique. Et maintenant, quand je regarde ma vie, je dois dire qu'il a répondu à mes prières de façon vraiment magnifique. Il m'a permis de travailler dans le chœur de la cathédrale de Saint-Pierre à Ratisbonne, les Regensburger Domspatzen , que j'apprécie beaucoup et qui a des qualités peut-être unique dans le monde catholique.

- Comment jugez-vous la situation actuelle de la musique sacrée dans l'Église?
- La situation varie d'un endroit à l'autre, et d'un pays à l'autre. En ce qui concerne mon expérience, je peux dire que la cathédrale de Ratisbonne a une longue tradition dans le soin tout particulier du chant grégorien et la polyphonie chorale classique, qui ont été bien conservés après le Concile, mais qui, en quelque sorte, sont allés encore plus loin . La musique a toujours eu une importance vitale pour la vie religieuse, parce que la parole parlée n'atteint que la ratio, alors que la musique implique toute la personne dans la louange à Dieu. Et même si les modalités peuvent varier, la musique sacrée aura toujours une grande importance . Nous devons nous assurer que la musique est soignée dans le but d'atteindre pleinement l'effet qui lui est propre: celui de conduire les hommes à Dieu

- Une dernière question: vous rappelant du 29 Juin d'il y a soixante ans, que reste-t-il chez votre frère de ce jeune prêtre de 24 ans?
- Beaucoup, parce que la gratitude est restée d'avoir reçu la grâce d'être prêtre. Qui est ma gratitude aussi, et j'espère toujours que reste en moi la joie que nous avons eu ce jour-là, la gratitude d'avoir reçu cet appel. Et même, j'espère que cette gratitude va croître d'année en année.




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