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UN CYCLONE AU COUVENT...
 

ou le courage de la RAI qui a "censuré" un épisode d'une série allemande très populaire en Italie, dans lequel deux hommes se "marient" dans un couvent catholique. Mise au point de Massimo Introvigne. (9/9/2011)




 
 

Information relayée en France par Europe 1, Libé, Têtu, etc... (et en Italie par La Repubblica!)
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La première chaîne de télévision publique italienne, la Rai Uno, a été accusée jeudi dans la presse d'avoir censuré un épisode de la série allemande Un cyclone dans le couvent, dans lequel deux hommes convolent en justes noces dans un couvent catholique.

"Cette série allemande est très longue, nous devions enlever un épisode avant le début des programmes de la rentrée", s'est justifié Mauro Mazza, le directeur de la chaîne. A propos de l'épisode intitulé "Roméo et Roméo", qui aurait dû être diffusé mercredi matin, il a expliqué que la chaîne avait "choisi de sacrifier celui-ci dans la mesure où le mariage homosexuel se déroulait devant l'autel d'une église catholique, en présence d'une religieuse et du maire".

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Tout en saluant le courage (ou le bon sens!) de la chaîne publique italienne, Massimo Introvigne remet les choses à leur place, rend hommage à une série de qualité, diffusée en Italie et en Allemagne (qu'il suit avec plaisir!) qui donne une image positive de la religion catholique, et dénonce les ravages du politiquement correct et la mainmise d'un certain lobby sur la programmation télévisuelle.

Article en italien: http://www.labussolaquotidiana.it..
Ma traduction.




 

Sœurs et gays, un cyclone à la RAI
Massimo Introvigne
09/09/2011
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L'habituel quotidien La Repubblica, suivie par la presse italienne et une grande partie des politiques de centre-gauche, a lancé une campagne contre la RAI, coupable d'avoir omis de transmettre - dans la programmation, en cours, le matin du téléfilm "Un cyclone au couvent" - l'épisode "Roméo et Roméo" , qui montrait un mariage entre deux homosexuels célébré par le maire du village bavarois imaginaire de Kaltental dans la chapelle du couvent local.

Une prémisse: je suis depuis de nombreuses années la série "Un cyclone au couvent", parvenu avec l'épisode incriminé à la dixième saison, tandis qu'en Allemagne il en est déjà à la onzième. Produit par la télévision d'Etat allemande, dans le pays d'origine, c'est un phénomène-culte qui rassemble à chaque épisode 5 à 10.000.000 téléspectateurs. (ndt: il serait peut-être utile aux medias de chercher une explication???)
C'est l'une des rares séries télévisées - avec "Don Matteo" en Italie et "Les récits du Père Dowling" aux Etats-Unis - qui mette en scène des prêtres et des religieuses . Comment les traite-t-elle? En général, très respectueusement. La très longue série vit de confrontations directes entre les sœurs et le maire de Kaltental, le politicien combinard typique qui veut s'emparer du couvent historique pour ses affaires. Alcoolique et coureur de jupons, le maire a toutefois un fond d'humanité et de bonté, et quand il est sur le point d'accomplir une action vraiment mauvaise, il finit toujours par se laisser convaincre par les sœurs et à faire, plus ou moins à contrecœur, le bien.

Dans la série alternent deux supérieures du couvent: d'abord, la plus âgée, sœur Lotta - mais elle aspire à retourner à ses missions en Afrique - et ensuite la jeune sœur Johanna, très belle ex-danseuse classique berlinoise, dont le maire tombe amoureux, sans être payé de retour, donnant lieu à de nombreuses scènes comiques. Depuis Munich, la supérieure générale supervise - elle apparaît pour la dernière fois justement dans l'épisode coupé par la RAI, parce que l'actrice qui joue son rôle est mort - en apparence froide et sévère, mais en réalité tourmentée, et attirée par un ancien champion de football - sa grande passion - un personnage inspiré par le champions du Bayern de Munich Franz Beckenbauer.

Mais cette histoire - et d'autres, de religieuses qui quittent l'habit - est traitée avec délicatesse, respect et en laissant de la place à des éléments qui soulignent la profonde vérité de la vocation religieuse. Et tandis que la politique est corrompue ou ridicule, ce sont les sœurs qui portent les misères et les problèmes du village. Tout au plus, dans les premières saisons, sœur Lotta fait quelques plaisanteries de trop, un peu "New Age" sur la beauté des modes de méditation africains, et la compréhension envers divorcés remariés risque de dégénérer en "buonisme", mais sans pour autant contester la doctrine de l'Eglise. Avec le temps et les programmes qui courent, il s'agissait encore de défauts acceptables.

La chute s'est produite justement avec les homosexuels. Pour éviter d'être accusées de bigoterie, il semble que toutes les émissions de télévision doivent mettre en scène des couples de même sexe. Déjà, dans la septième saison, Kaltental s'était doté de son obligatoire policère lesbienne avec à la clé le baiser déjà censuré par la RAI en son temps. Maintenant, le mariage de deux hommes est même célébré dans la chapelle des sœurs.

Les auteurs allemands ont fait remarquer que le mariage homosexuel célébré par le maire est légal et coutumier en Allemagne. Et ils ont objecté aux critiques italiens que leur série n'est pas anti-catholique, au contraire. C'est vrai. Les Sœurs de Kaltental représentent la Miséricorde qui rencontre la personne dans ses situations même les plus ambiguës et les plus discutables. A d'autres - la hiérarchie de l'Église, toutefois jamais décrite en termes hostiles -, revient de représenter les exigences de la vérité et la justice.

Mais l'épisode "Roméo et Romeo" est différent. Les sœurs ne se contentent pas d'offrir écoute et miséricorde à chacun, mais elles ouvrent leur chapelle pour un mariage de même sexe, et elles participent à la fête. Il ne s'agit plus que de miséricorde pour le pécheur, mais de tolérance, voire de promotion institutionnelle de quelque chose que l'Eglise appelle le péché. Et s'il est vrai que les maires célèbrent régulièrement des mariages homosexuels en Allemagne, il est aussi vrai qu'ils ne le font pas dans les couvents avec un parterre de religieuses catholiques en fête. Comme le mariage est présidé par le maire et non par un prêtre, il se crée ici une ambiguïté qui est inacceptable et même offensante pour les catholiques.

D'autant plus qu'en Italie, heureusement, le mariage de même sexe n'existe pas encore. Et qu' "Un cyclone dans le couvent" a un public d'enfants, certes désormais exposés quotidiennement à leur dose d'homosexuels à la télévision, mais pas encore habitués à associer les couples homosexuels aux religieuses et aux couvents.

Maintenant, la RAI ne devrait pas avoir peur d'avoir eu du courage, se réfugiant derrière des explications dérisoires qui mentionnent les exigences de la programmation et la nécessité de couper un épisode - qui sait pourquoi justement celui-là - pour faire place à d'autres programmes. Que la télévision d'Etat dise franchement qu'un mariage gay dans un couvent de religieuses catholiques offense ceux qui payent la redevance. Et qu'en plus du droit des minorités, un service public doit respecter les droits des majorités. Peut-être même en rendant justice à Un cyclone au couvent, qui a eu des épisodes d'excellente télévision et même une réflexion sérieuse sur la vie religieuse. C'est une série qui ne mérite pas d'être dégradée à une icône du politiquement correct ou tout simplement une énième matraque à utiliser pour les campagnes anti-cléricales de la Repubblica.




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