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DANS L'AVION VERS BERLIN (SUITE)
 

Le Saint-Père a en réalité répondu à 4 - et non 3 - questions. La première était en allemand, et n'avait pas été transcrite par les italiens. Il s'exprime sur ses racines allemandes et son appartenance au Peuple de Dieu (23/9/2011)

Voir aussi: En avion vers Berlin




 
 

Comme d'habitude depuis les dérapages inacceptables de la conférence dans l'avion vers Yaoundé, c'est le Père Lombardi qui pose les questions.

Il ouvre l'échange par ces quelques mots:

* * *

Votre Sainteté, bienvenue parmi nous. Nous sommes le groupe habituel de ses accompagnateurs journalistes qui se préparent à donner à Votre voyage un écho dans la presse du monde entier, et je suis très reconnaissant que dès le début, Vous preniez du temps pour nous aider à comprendre le sens de ce voyage, qui est un voyage particulier parce qu'il est dans Votre patrie et que Vous allez parler Votre langue. Il y a environ 4000 journalistes accrédités en Allemagne dans les différentes étapes du voyage. Ici nous sommes 68 dans l'avion, avec un peu plus de 20 allemands (ndt: la composition de la suite papale est détaillée sur ce site: http://www.korazym.org/). Alors, je vous propose quelques questions, et je vous en propose d'abord une en allemand, afin que vous puissiez parler à nos collègues allemands dans votre et leur langue. J'explique aux Italiens que c'est une question sur dans quel mesure le Pape se sent encore allemand.




 



 

Père Lombardi: «Vielen Dank, Heiliger Vater. Jetzt und wir fahren fort en französisch». [Votre Sainteté, permettez-nous - au début - une question très personnelle. A quel point le pape Benoît XVI se sent-il toujours allemand? Et quels sont les aspects à partir desquels vous réalisez combien encore - ou combien de moins en moins - votre origine allemande vous influence.

Saint-Père: Hölderlin a dit: «plus que tout fait la naissance», et cela bien sûr, je le ressens aussi. Je suis né en Allemagne et la racine ne peut être, ni ne doit être coupée. J'ai reçu ma formation culturelle en Allemagne, ma langue est l'allemand et la langue est la manière dont l'esprit vit et travaille. Toute ma formation culturelle a eu lieu là-bas! Quand je m'occupe de théologie, je le fais à partir de la forme intérieure que j'ai apprise dans les universités allemandes et, malheureusement, je dois admettre que je continue encore à lire plus de livres en langue allemande que dans d'autres langues, de sorte que, dans la structure culturelle de ma vie, cet "être allemand" est très fort. L'appartenance à son histoire, avec ses grandeurs et ses faiblesses, ne peut pas et ne doit pas être effacée. Pour un chrétien, cependant, s'ajoute quelque chose d'autre. Dans le Baptême, il naît de nouveau, il naît dans un peuple nouveau qui est de tous les peuples, un peuple qui inclut tous les peuples et toutes les cultures et dans lequel il se sent maintenant chez lui, sans perdre son origine naturelle. Quand on assume ensuite une grande responsabilité - comme moi, qui assume la responsabilité suprême - dans ce nouveau peuple, il est évident que l'on s'identifie toujours plus profondèment. La racine devient un arbre qui s'étend de diverses manières, et le fait d'être chez soi dans cette grande communauté d'un peuple de tous les peuples, de l'Eglise catholique, devient toujours plus vivace et plus profonde, il forge cette existence sans effacer ce qui précède. Je dirais donc que l'origine reste, la structure culturelle reste, reste bien sûr aussi l'amour spécial et une responsabilité particulière, mais tout cela inséré et amplifié dans la plus grande appartenance, dans la «Civitas Dei», comme dirait Augustin, le peuple de tous les peuples dans lequel nous sommes tous frères et sœurs.




Encore des photos des JMJ | 11/9/2001 - 11/9/2011: Alain Besançon dans l'OR