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Plaidoyer pour la vie, contre la décroissance (4)

Conférence d'Antonio Gaspari: un prix Nobel d'économie défend la famille, la cellule qui produit le "capital humain" nécessaire au développement - Le scandale de l'Afrique - Dans l'encyclique, passage de la solidarité à la fraternité. (13/11/2009)

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Plaidoyer pour la vie, contre la décroissance
Plaidoyer pour la vie, contre la décroissance (I)
Plaidoyer pour la vie contre la décroissance (2)
Plaidoyer pour la vie contre la décroissance (3)

Ces trois principes de l'écologie dhumaine sont les trois mêmes priorités que Benoît XVI a indiquées parmi les valeurs non négociables, non pas parce que l'Eglise le dit, mais parce que chaque civilisation se fonde sur ces trois points.
Mais laissons un moment l'Eglise de côté et prenons le débat actuel entre les prix Nobel d'économie de ces vingt dernières années: depuis 1992, quand Gary S. Becker, Juif de l'École de Chicago et membre de l'Académie pontificale des Sciences sociales, a remporté le prix Nobel avec sa thèse sur le capital humain.
L'analyse de Becker est que la richesse et le développement de la planète ne dépendent pas du fait qu'il y a plus d'argent, plus de contrôle des matières premières, plus de propriété, mais du capital humain, autrement dit la capacité d'une société ou d'un groupe social de se mesurer avec l'économie, avec la science, avec la réalité, et par le travail, de multiplier les ressources et les technologies, parce que, ce que l'homme fait depuis qu'il a commencé l'agriculture, c'est précisément de multiplier les ressources.

Aujourd'hui, nous sommes six milliards et demi, avec des problèmes d'alimentation et des problèmes politiques, mais en fait la faim dans le monde, nous l'avons vaincue parce qu'un seul agriculteur de chez nous est désormais capable de produire da la nourriture pour cent dix personnes en moyenne, grâce aux semences sélectionnées et à l'irrigation. En somme, nous avons toutes les capacités pour nourrir le monde au niveau du consommateur américain; le vrai scandale, c'est qu'il y a encore des gens qui n'ont pas ces niveaux technologiques et scientifiques et sont incapables de produire de la nourriture pour eux-mêmes.
Au-dessus de ce scandale, il y a l'Afrique, le continent le plus riche en matières premières de la planète, qui a les déserts les plus grands, mais aussi les fleuves les plus longs, et qui a également les pays les plus pauvres.
Pourquoi?
Parce que l'Afrique est le continent qui a la plus faible densité de population de la planète; elle a peu de personnes et ces quelques personnes sont peu socialisées et n'ont pas une technologie avancée.
Un paysan africain ne parvient même pas à produire de la nourriture pour sa famille, et la distance entre lui et un fermier américain ou européen est celle qui existe entre le Néolithique et le troisième millénaire. Pour développer l'Afrique il n'y a pas seulement besoin des aides alimentaires - qui doivent quand même être apportées, car les gens ne peuvent pas mourir de faim - mais il faut aussi leur permettre de développer leurs connaissances et les assister durant ce processus d'éducation; alors, ils produiront plus que nous.

Becker se demande aussi: qui produit le capital humain? La famille naturelle, traditionnelle, parce que c'est dans la famille que les enfants sont éduqués à la relation avec la réalité, mais surtout à un processus moral par lequel les gens accomplissent des actes gratuits pour l'autre, sans rien demander en retour. Il existe toute une série d'actions qui se font en famille et que personne ne ferait seul: travailler plus dur, trouver de l'argent, investir; et tout cela parce qu'on est engagé dans un acte d'amour pour sa femme, son mari, ses enfants.

La famille est le plus grand défi à l'égoïsme qui existe sur cette planète, elle rend l'individu meilleur, et les économistes l'appellent aujourd'hui le "capital civil" parce qu'elle est une condition du processus d'amélioration. Les personnes qui vivent en famille s'améliorent mutuellement. Gary Becker nous dit de regarder ce que nous coûte en termes de souffrance et de coûts sociaux la destruction des familles. Aujourd'hui, nous vivons dans un monde plutôt paradoxal. Nous sommes technologiquement avancés, mais humainement nous vivons un moment très triste.

Notre force en tant qu'êtres humains est la relation: si vous voulez tuer quelqu'un, faites-lui peur, isolez-le, mais si au contraire vous accueillez une personne, même la plus faible, si vous la mettez en relation avec les autres et lui donnez confiance, elle est en mesure d'effectuer des actions incroyables.
L'homme n'est une île. Nous sommes beaucoup plus faibles que les autres espèces, mais ce que nous pouvons faire, c'est beaucoup plus, parce que nous sommes ensemble, nous nous aidons les uns les autres, nous transmettons des connaissances. Si nous prenons les discours des lauréats des prix Nobel d'économie et les textes de sociologie de la moitié du monde, tous discutent de cela, et c'est un enseignement que l'Eglise a toujours donné. Dans cette dernière encyclique, tout est expliqué.

Nous voulons un monde qui se développe? Un monde meilleur? Repartons de l'homme et de la famille. En Europe, aujourd'hui il y a un divorce toutes les 27 secondes, un avortement toutes les 25 secondes, en Italie il y a deux cent divorces par jour. Une fois éclatée, la famille n'échange plus que la douleur et la haine; pour cette raison, l'Église dit "ce que Dieu a lié, que l'homme ne le divise pas. Je crois que le principe de l'écologie humaine est le suivant: si nous voulons améliorer la planète, nous devons repartir de la sollicitude pour l'homme et la famille; repartons de là, et nous verrons que nous améliorerons aussi l'environnement.

L'encyclique Caritas in veritate contient également un autre passage fondamental, selon moi: de la solidarité à la fraternité. L'encyclique suggère une révolution sociale, en disant que la solidarité, c'est bien, mais c'est trop peu; un chrétien ne peut pas se contenter de la solidarité, parce qu'elle n'engage pas; un chrétien doit prendre soin de l'autre et devenir son frère, ce qui signifie que la solidarité, ce n'est pas seulement lui donner de l'argent, mais en quelque sorte d'aider à se développer, à améliorer sa condition, à avoir un avenir.
L'encyclique repart de ce que fut la révolution franciscaine, qui était aussi une révolution économique.

Aujourd'hui, on pense que saint François était une sorte d'altermondialiste (no global), mais le changement social qu'il a déclenché a donné naissance à des banques, à des activités productives, au travail juste, parce qu'il partait du soin de la personne et de son intégrité.
Après avoir dit cela, vous comprenez que nous entrons dans un monde où ce qui jusqu'à présent était la peur et le désespoir devient espoir et développement. Nous pouvons inverser la situation, puisque désormais les erreurs commises au cours du temps sont évidentes pour beaucoup et nous pouvons sortir de notre déclin en nous améliorant nous-mêmes, la société et aussi l'environnement à travers cette révolution sociale que l'Eglise appelle simplement l'écologie humaine, et qui se meut selon les directives de l'humanisme chrétien, ce qui veut dire emprunter le chemin de la recherche de la vérité, la justice et la beauté.

Parce que l'autre aspect fondamental de la question environnementale est la beauté de la vie. Est-il rien de plus beau que notre planète? Est-il rien de plus beau que humanité?
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Ici se termine la conférence vraiment magnifique, et de grand souffle, d'Antonio Gaspari.
D'une certaine façon, à partir d'une lecture inédite de l'encyclique Caritas in Veritate, c'est un concentré d'espoir et d'optimisme, qui tord le cou (pour une fois j'utilise cette expression que je n'aime pas beaucoup en général) non pas aux idées reçues, mais aux arguments fallacieux et souvent sommaires, aux mensonges, en fait, de l'écologie politique.
Je ne les connaissais, ou soupçonnais, pas tous....
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La séance se poursuit avec des questions des spectateurs et des réponses du conférencier.
Elles sont pour nous français d'intérêt inégal, car certaines se réfèrent à des personnalités italiennes.
Mais d'autres précisent et éclairent les passages les plus intéressants de la Conférence.

A suivre...

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