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Pas de conflit en vue entre science et théologie

Le message de Benoît XVI pour le Colloque "De la lunette de Galilée à la cosmologie évolutive" qui se déroule à l'Université Pontificale du Latran (2/12/2009)

Le message a été publié sur l'Osservatore Romano du 1er décembre.

C'est l'humaniste, l'homme de grande culture, qui s'exprime ici:
"La matière possède une intelligibilité en mesure de parler à l'intelligence de l'homme. C'est la leçon de Galilée .."
Il rend évident une fois de plus que la réputation d'obscurantisme qui lui a été faite par certains, est aux antipodes de sa vraie personnalité. Et lui, il sait de quoi il parle!

Il se cite lui-même, modestement, répétant les propos qu'il avait tenus lors d'une mémorable séance de questions-réponses "a braccio", avec des jeunes du diocèse de Rome, le 6 avril 2006, et dont on reverra avec grand plaisir les images sublimes sur le site de Spaziani: http://www.webalice.it/stefanospaziani/PapaQ1.htm


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Texte en italien ici: Raffaella.
Ma traduction
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A l'occasion du colloque «De la lunette de Galilée à la cosmologie évolutive. Science, philosophie et théologie en dialogue» qui s'est déroulé du 30 Novembre au 2 Décembre, le pape a envoyé un message à Mgr Rino Fisichella, recteur de l'Université pontificale du Latran.


A mon vénéré Frère
Mgr Rino Fisichella
Recteur magnifique de l'Université Pontificale du Latran

Je suis heureux de saluer tous les participants au Congrès international sur «De la lunette de Galilée à la cosmologie évolutive. Science, philosophie et théologie en dialogue. Je les adresse en particulier à vous, vénéré frère, qui vous êtes fait le promoteur de ce moment important de réflexion dans le cadre de "l'Année internationale de l'astronomie", afin de célébrer le quatrième centenaire de la découverte de la lunette astronomique. Mes pensées vont également au Professeur Nicola Cabibbo, Président de l'Académie pontificale des Sciences, qui a collaboré à la préparation de ces assises. Je salue cordialement les personnalités venues de différents pays du monde, qui, par leur présence, qualifient ces journées d'étude.

Lorsqu'on ouvre le Sidereus nuncius (*) et qu'on lit les premiers mots de Galilée, l'émerveillement du savant pisan devant ce qu'il avait accompli tranparaît immédiatement : "dans ce court ouvrage - écrit-il - je propose de grandes choses à l'observation et à la contemplation de ceux qui étudient la nature. Grandes, dis-je, tant par l'excellence de la matière elle-même, que par la nouveauté jamais entendue au cours des siècles, et aussi par le moyen à travers lequel ces mêmes choses se sont manifestées à notre sens "(Galileo Galilei, Sidereus nuncius, 1610).
C'est en 1609 que Galilée pointa pour la première fois vers le ciel un outil "inventé par moi - comment il l'écrira - par illumination de la grâce de Dieu ": le télescope. Ce qui se présenta à son regard, il est facile de l'imaginer: l'émerveillement se transforma en émotion, et celle-ci en enthousiasme, qui l'amena à écrire:

"C'est une grande tâche que de montrer l'existence d'un très grand nombre d'étoiles fixes qui jusqu'alors n'ont pas pu être observées par nos sens et d'en augmenter le nombre de plus de dix fois celles qui sont déjà connues".

Le scientifique pouvait observer de ses propres yeux ce qui, jusque-là, était simplement le résultat d'hypothèses controversées. Ceux qui pensent que, devant cette vision, l'esprit profondément religieux de Galilée s'ouvrit presque naturellement à la prière de louange, faisant siens les sentiments exprimés par le Psalmiste, ne se trompent pas: "O Seigneur, notre Seigneur, combien est admirable ton nom sur toute la terre! ... Quand je vois tes cieux, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu as créés, qu'est-ce que l'homme pour que tu te souvienness de lui. Et le fils de l'homme pour que tu prennes garde à lui? Vraiment ... tu lui as donné pouvoir sur les œuvres de tes mains, tu as tout mis sous ses pieds »(Ps 8, 1.4-5.7) .

Avec cette découverte, la prise de conscience d'être face à un point crucial de l'histoire humaine grandit dans la culture. La science devenait quelque chose de différent de ce que les anciens avaient toujours pensé. Aristote avait permis d'atteindre la connaissance certaine des phénomènes à partir de principes évidents et universels; à présent, Galilée montrait concrètement comment approcher et observer les phénomènes eux-mêmes, pour en comprendre les causes cachées.

La méthode déductive a fait place à celle inductive, et ouvert la voie à l'expérimentation. Le concept de la science qui avait duré pendant des siècles, était en train de se modifier, prenant le chemin vers une conception moderne du monde et l'homme. Galileo avait emprunté des voies inconnues de l'univers; il ouvrit la porte pour observer des espaces toujours plus immenses.

Probablement au-delà de ses intentions, la découverte du savant pisan permettait également de remonter dans le temps, conduisant à s'interroger sur l'origine du cosmos et faisant émerger l'idée que l'univers sorti des mains du Créateur, a sa propre histoire; il "gémit et souffre les douleurs de l'enfantement"- pour reprendre l'expression de l'apôtre Paul - dans l'espoir d'être libéré "de l'esclavage de la corruption pour entrer dans la glorieuse liberté des fils de Dieu » (Romains 8: 21-22) .
Aujourd'hui encore, l'univers continue de soulever des questions auxquelles cependant la simple observation ne parvient pas à donner une réponse satisfaisante: les seules sciences naturelles et physiques ne suffisent pas.

L'analyse des phénomènes, en effet, si elle reste refermée sur elle-même, risque de faire apparaître le cosmos comme une énigme insoluble: la matière a une intelligibilité capable de parler à l'intelligence de l'homme, et d'indiquer un chemin qui va au-delà du phénomène simple. C'est la leçon de Galilée qui mène à ce constat.

N'est-ce pas le savant pisan qui a prétendu que Dieu a écrit le livre de la nature sous la forme du langage mathématique? Pourtant, les mathématiques sont une invention de l'esprit humain pour comprendre la création. Mais si la nature est réellement structurée dans un langage mathématique et les mathématiques inventées par l'homme peuvent arriver à le comprendre, cela signifie que quelque chose d'extraordinaire se produit: la structure objective de l'univers et la structure intellectuelle du sujet humain sont les mêmes, la raison subjective et la raison objective de la nature sont identiques. Finalement, c'est "une" raison qui les relie ensemble et qui nous invite à regarder vers une intelligence créatrice unique (cf. Benoît XVI, Discours à la jeunesse du Diocèse de Rome) .

Les questions su l'immensité de l'univers, son origine et sa fin, ainsi que sur sa compréhension, n'admettent pas seulement une réponse à caractère scientifique.
Celui qui observe le cosmos, suivant la leçon de Galilée, ne pourra pas se contenter de ce qu'il a observé avec le télescope, il devra aller plus loin pour s'interroger sur la signification et la finalité qui ordonnent toute la création. La philosophie et la théologie, à ce stade, jouent un rôle important pour ouvrir la voie vers des apprentissages ultérieurs. La philosophie, devant les phénomènese et la beauté de la création tente, avec son raisonnement, de comprendre la nature et le but ultime du cosmos. La théologie fondée sur la Parole révélée, scrute la beauté et la sagesse de l'amour de Dieu, qui a laissé sa marque dans la nature créée (cf. Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique). Dans ce mouvement gnoséologique (?) sont impliqués à la fois la raison et la foi: toutes deux offrent leur lumière.
Plus la connaissance de la complexité de l'univers augmente, plus on a besoin d'outils pour être en mesure de la satisfaire: il n'y a nul conflit à l'horizon entre les diverses disciplines scientifiques, philosophiques et théologiques: au contraire, ce n'est que dans la mesure où elles réussiront à entrer le dialogue et à échanger leur savoir-faire qu'elles pourront présenter aux hommes d'aujourd'hui des résultats réellement efficaces.

La découverte de Galilée a été un moment décisif pour l'histoire de l'humanité. De là, ont commencé d'autres grandes conquêtes, avec l'invention d'outils rendant précieux le progrès technologique qui a été atteint.
Depuis les satellites qui observent les différentes phases de l'univers, paradoxalement devenu toujours plus petit, jusqu'aux machines plus sophistiquées utilisées dans l'ingénierie biomédicale, tout montre la grandeur de l'intelligence humaine, qui, selon le commandement biblique est appelé à «dominer» l'ensemble de la création (cf. Gn 1, 28), à la «cultiver» et la «garder»(cf. Gn 2, 15).

Il y a toujours un risque infime, toutefois, qui sous-tend toutes ces conquêtes: que l'homme, se fiant seulement en la science et oubliant de porter ses regards au-delà de lui-même vers cet Etre transcendant, Créateur de tout, qui en Jésus-Christ a révélé son visage d'Amour. Je suis sûr que l'interdisciplinarité dans laquelle se déroule ce colloque permet de saisir l'importance d'une vision unifiée, fruit d'un travail commun pour le vrai progrès de la science dans la contemplation du cosmos.

J'accompagne volontiers, Vénérable Frère, votre engagement académique, demandant au Seigneur de bénir ces journées, ainsi que la recherche de chacun de vous.
Du Vatican, le 26 Novembre 2009

© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana

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Notes

(*) Sidereus Nuncius (wikipedia)

Sidereus Nuncius (que l'on peut traduire en français par " annonce sur les astres" est un court traité d'astronomie, écrit en Latin par Galilée en mars 1610 et publié en avril suivant. C'est le premier ouvrage scientifique reposant sur des observations faites grâce à une lunette astronomique. Il contient les résultats des premières observations de Galilée sur la Lune, les étoiles et les lunes de Jupiter. Seulement six semaines séparent le début de la rédaction de la publication de l'ouvrage.

Traduction en français ici: Université Lyon-I .

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Rencontre avec les jeunes de Rome, 6 avril 2006

(source)
DIALOGUE DU PAPE BENOÎT XVI AVEC LES JEUNES

Place Saint-Pierre
Jeudi 6 avril 2006

5.
Q: Saint-Père, je m'appelle Giovanni, j'ai 17 ans, j'étudie au Lycée scientifique technique "Giovanni Giorgi" à Rome et j'appartiens à la paroisse "Santa Maria Madre della Misericordia".

Je vous demande de nous aider à mieux comprendre comment la révélation biblique et les théories scientifiques peuvent converger dans la recherche de la vérité. Nous sommes souvent conduits à croire que la science et la foi sont ennemies entre elles; que la science et la technique sont la même chose; que la logique mathématique a tout découvert; que le monde est le fruit du hasard, et que si les mathématiques n'ont pas découvert le théorème-Dieu c'est tout simplement parce que Dieu n'existe pas. En somme, surtout lorsque nous étudions, il n'est pas toujours facile de tout ramener à un projet divin, sous-jacent à la nature et à l'histoire de l'Homme. Ainsi, parfois, la foi vacille ou se réduit à un simple acte sentimental. Moi aussi, Saint-Père, comme tous les jeunes, j'ai soif de Vérité: mais comment puis-je faire pour harmoniser science et foi?

R: Le grand Galilée a dit que Dieu a écrit le livre de la nature sous la forme du langage mathématique. Il était convaincu que Dieu nous a donné deux livres: celui de l'Ecriture Sainte et celui de la nature. Et le langage de la nature - telle était sa conviction - sont les mathématiques, celles-ci sont donc un langage de Dieu, du Créateur. Réfléchissons à présent sur ce que sont les mathématiques: en soi, il s'agit d'un système abstrait, d'une invention de l'esprit humain, qui comme tel, dans sa pureté, n'existe pas. Il est toujours réalisé de manière approximative, mais - comme tel - c'est un système intellectuel, c'est une grande, géniale invention de l'esprit humain. La chose surprenante est que cette invention de notre esprit humain, est vraiment la clef pour comprendre la nature, que la nature est réellement structurée de façon mathématique et que nos mathématiques, inventées par notre esprit, sont réellement l'instrument pour pouvoir travailler avec la nature, pour la mettre à notre service, pour l'instrumentaliser à travers la technique.

Cela me semble une chose presque incroyable qu'une invention de l'esprit humain et la structure de l'univers coïncident: les mathématiques, que nous avons inventées, nous donnent réellement accès à la nature de l'univers et nous le rendent utilisable. La structure intellectuelle du sujet humain et la structure objective de la réalité coïncident donc: la raison subjective et la raison objective dans la nature sont identiques. Je pense que cette coïncidence entre ce que nous avons pensé et la façon dont se réalise et se comporte la nature est une énigme et un grand défi, car nous voyons que, à la fin, c'est "une" raison qui les relie toutes les deux: notre raison ne pourrait pas découvrir cette autre, s'il n'existait pas une raison identique à la source de toutes les deux.

Dans ce sens, il me semble précisément que les mathématiques - dans lesquelles, en tant que telles, Dieu ne peut apparaître -, nous montrent la structure intelligente de l'univers. Certes, il existe également les théories du chaos, mais elles sont limitées car si le chaos prenait le dessus, toute la technique deviendrait impossible. Ce n'est que parce que notre mathématique est fiable que la technique est fiable. Notre science, qui permet finalement de travailler avec les énergies de la nature, suppose une structure fiable, intelligente, de la matière. Et ainsi, nous voyons qu'il y a une rationalité subjective et une rationalité objective de la matière, qui coïncident. Naturellement, personne ne peut prouver - comme on le prouve par l'expérience, dans les lois techniques - que les deux soient réellement le fruit d'une unique intelligence, mais il me semble que cette unité de l'intelligence, derrière les deux intelligences, apparaisse réellement dans notre monde. Et plus nous pouvons instrumentaliser le monde avec notre intelligence, plus apparaît le dessein de la Création.

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L'Avent, un temps d'attente et d'espérance Le Pape s'adresse aux théologiens