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Chère Raffaella...

Le vaticaniste de l'agence AGI, Salvatore Izzo, écrit à mon amie, et passe en revue divers faits de l'actualité papale. En particulier, la sortie du film-dérision de Nanni Moretti "Habemus Papam", et l'inexplicable indulgence des milieux catholiques. Pour ne pas aller le voir, il a un argument imparable: économique! (17/4/2011)

Salvatore Izzo a écrit une belle lettre à Raffaella, qui la publie sur son site, et je l'ai traduite.
Plusieurs sujets d'actualité y sont abordés: l'anniversaire de Benoît XVI (et "le sixième anniversaire de l'extraordinaire pontificat que nous vivons - l'occasion de rendre grâce à Dieu pour le don du Pape tout aussi grand et lumineux" [que JP II]), la Sainteté (dont il témoigne en quelque sorte à la première personne) de Jean-Paul II, les polémiques autour de la sortie de Youcat (il est de ceux qui auraient voulu qu'on n'en parle pas...), et enfin (je dirais surtout) la sortie en Italie, curieusement très bien accueilli dans certains milieux catholiques, y compris ecclésiastiques, du film-dérision sur la papauté de Nanni Moretti.
Son argument-choc sera à retenir, lorsque le film sortira en septembre chez nous (il est précédé d'une flatteuse publicité, en France (1)): Il est tout simplement... économique:

Ce seraient nous, les catholiques, qui assurerions la réussite de ce triste film, si nous nous laissions convaincre d'aller le voir... C'est sur nous que l'on compte pour récupérer l'investissement substantiel qui a été fait pour reconstruire la chapelle Sixtine en studio... Pourquoi devrions-nous financer ceux qui offensent notre religion?

Salvatore Izzo: je n'irai pas voir "Habemus papam" , parce que le Pape, nous l'avons pour de vrai
(Source)
Chère Raffaella,

Joseph Ratzinger vient d'avoir 84 ans, et c'est une grande joie pour moi de penser que ce sera précisément lui qui dans deux semaines, proclamera bienheureux son grand prédécesseur, Jean-Paul II, qui, peu avant sa mort - dans son dernier livre, "Alzatevi, andiamo" - le désigne comme "l'ami le plus fidèle". Je peux imaginer avec quelle émotion il prononcera la formule, sur la place Saint-Pierre.
Une grande émotion, je l'éprouverai, moi aussi, qui, ayant suivi de près le pape Wojtyla pendant 19 ans, suis absolument certain de l'héroïcité de ses vertus (ce qui bien sûr n'implique pas un jugement sur tous les choix individuels de gouvernement), de même que je suis certain aussi des miracles qui lui sont attribués avant et après la mort (j'ai pu personnellement recueillir pour certains des preuves directes en temps réel).
Ceci, juste pour expliquer que rien ou presque, en ces jours, ne risque de perturber l'atmosphère sereine dans laquelle nous nous préparons à vivre les fêtes qui s'approchent: le sixième anniversaire de l'extraordinaire pontificat que nous vivons (l'occasion de rendre grâce à Dieu pour le don du Pape tout aussi grand et lumineux), Pâques et, enfin, la béatification qui coïncidera avec la Fête de la Divine Miséricorde.

J'ai donc patiemment enduré mardi dernier la lecture des journaux, qui entretenaient la confusion sur le décret courageux permettant le culte du nouveau bienheureux, à Rome, en Pologne et partout où elle est demandée par la Conférence des évêques (ou par les évêques à titre individuel dans les pays, s'il y en a , où la Conférence n'en ferait pas la demande).
Et tout aussi patiemment, j'ai évité toute controverse sur les erreurs de traduction de Youcat, utilisées - par des défenseurs improvisés de l'orthodoxie catholique, lancés tête baissée contre de présumés innovateurs dans le domaine de la paternité responsable et de la défense de la vie jusqu'à la mort naturelle - comme prétexte pour avilir la belle initiative d'un nouveau catéchisme pour les jeunes (et Dieu sait qu'il était nécessaire). Je dois dire que trouver sur la première page des principaux journaux la nouvelle infondée du retrait du livre par La Città Nuova (l'éditeur), m'avait quelque peu irrité, mais peu après j'ai été rassuré en voyant Benoît XVI accepter avec une totale sérénité, à l'issue de l'audience, le don du livre par les jeunes des JMJ, avant de descendre se faire photographier avec eux: il ne pouvait y avoir imprimatur plus autorisée (encore une fois, évidemment, pas sur chaque mot traduit du texte original, parce que des termes comme contraception et euthanasie, s'ils sont utilisés dans leur sens littéral et isolés du contexte peuvent être trompeurs; mais l'opération d'extrapolation a été faite par des prélats soucieux de placer sous un mauvais jour quelque cardinal, et par les médias qui ont marché avec eux, sûrement pas par les jeunes).

Rien de nouveau, du reste: à la désinvolture avec laquelle les médias traitent de thèmes religieux, nous sommes désormais tous habitués. La nouveauté de ces jours-ci est par contre le film de Moretti, «Habemus Papam». Je voudrais ici lancer un appel calme: ne nous fions pas aux critiques catholiques, même de prêtres, qui l'absolvent (avec une justification très curieuse: Moretti aurait pu être beaucoup plus méchant).
Recalons-le au guichet. Ce seraient nous, les catholiques, qui assurerions la réussite de ce triste film, si nous nous laissions convaincre d'aller le voir, parce que le public profane s'ennuiera à mourir et désertera les salles. C'est sur nous que l'on compte pour récupérer l'investissement substantiel qui a été fait pour reconstruire la chapelle Sixtine en studio. Si nous voulons respirer l'atmosphère du Conclave, allons directement à la Chapelle Sixtine ( à l'occasion de la béatification les Musées du Vatican ont étendu les heures d'ouverture et réduit de moitié le coût des billets). Pourquoi devrions-nous financer ceux qui offensent notre religion? Je ne pense pas que vaille ici l'argument habituel selon lequel il faut connaître pour juger: je n'ai pas besoin de sauter du sixième étage pour voir que je pourrais me faire mal.

Pour nous, les catholiques, des motifs pour ne pas voir le film de Moretti , il y en a au moins un, un très fort, celui que nos mamans nous ont enseigné: "joue avec les soldats (fanti) et laisse les saints (santi) tranquilles" (ndt: jeu de mots en italien). Ce n'est pas un beau spectacle, que de voir singer le chef de l'Eglise catholique avec la farce (pour convenable qu'elle soit) de l'élection impossible d'un candidat fragile et qui a besoin d'aide. On ne touche pas au Pape: il est le Vicaire du Christ, le Rocher sur lequel Jésus a fondé l'Eglise. Il est la "Sainteté de notre Seigneur Jésus-Christ", comme l'appelait il n'y a que quelques années, l'Osservatore Romano. A l'âge de six ans, Catherine de Sienne (de retour à la maison au coucher du soleil) resta en extase devant une vision, et lorsqu'on lui demanda ce qu'elle avait vu, elle répondit: "J'ai vu Jésus habillé comme un pape (Jésus lui est apparu vêtu en Pape et de là, elle comprit que sa mission était de ramener le Pape d'Avignon à Rome). A la suite à cette vision, Sainte-Catherine nomma le Pape "le doux Christ sur la terre".
«Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle », a dit Jésus dans l'Evangile et ainsi, Pierre et ses successeurs sont devenus la pierre sur laquelle est construite l'Église: "A toi, je donne les clés du royaume des cieux et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux".
De "Habemus Papam" nous n'avons pas besoin, nous, le Pape, nous l'avons pour de vrai.

(*) Note

Bravo, pour cette position courageuse, et que je partage.
Elle n'est pas inutile, si l'on en juge par ce commentaire.

Habemus "le monde"

Hasard du calendrier?

Tiens donc! Et qu'est-ce que c'est que cette histoire de "procès en béatification"???


Présenté en Italie, l'"Habemus Papam" de Nanni Moretti rassure les vaticanistes
(Source)
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Au lendemain de la première projection à la presse, jeudi 14 avril, de Habemus Papam, le nouveau film de Nanni Moretti, on pouvait "entendre", en feuilletant les pages des principaux quotidiens italiens comme un "ouf" de soulagement discrètement soufflé. L'histoire de ce pape (Michel Piccoli) qui, à peine élu, renonce à sa charge sous le poids du doute et malgré l'aide d'un psychanalyste (interprété par Nanni Moretti) n'est pas, selon les vaticanistes et les critiques, un film anticlérical.
Dans la salle de projection du cinéma Quattro Fontane, à Rome, où s'est tenue l'avant-première, quelques prêtres avaient discrètement pris place, comme le père Virgilio Fantuzzi, éditorialiste de la revue des jésuites Civilta cattolica : "Le film m'a beaucoup plu, a-t-il confié à un journaliste du quotidien La Repubblica (ndlr:!!!). J'ai même fait mes compliments à l'auteur."
Comme si l'Eglise redoutait de sortir de la vision morettienne aussi malmenée que Silvio Berlusconi, cinq ans plus tôt, dans Le Caïman, elle a aussitôt donné son "nulla osta" (feu vert) officieux au film, sorti dans 500 salles italiennes vendredi. Mais, bien que salué comme un "regard ironiquement laïc sur fond religieux", le film, qui représentera l'Italie en compétition officielle lors du Festival de Cannes, suscite ici ou là quelques réserves de principe.
Ainsi le renoncement du cardinal Melville à la charge à laquelle ses pairs viennent de l'élire symbolise pour le quotidien des évêques L'Avvenire, "la fin de l'Eglise". L'éditorialiste Marina Corradi s'insurge à la vision des prélats jouant aux cartes ou au volley-ball pour tromper leur attente durant le conclave. "Le réalisateur n'imagine pas un instant que quelqu'un puisse prier. Dans le regard de Moretti, l'Eglise est faite seulement d'hommes. Dieu est un fugitif." Mais elle prévient : "Attention cependant à ne pas oublier l'essentiel ! Merci pour ces sympathiques condoléances, mais cette vieille Eglise et les croyants sont toujours vivants."

"Ce n'est sûrement pas l'annonce d'une conversion de la part de Moretti, se réjouit Vittorio Messori, auteur d'un livre d'entretien avec Benoît XVI, dans le Corriere della Sera (ndlr: m'étonnerait que l'auteur de l'article ait saisi l'humour messorien!!!). Mais ce n'est pas non plus une claque de la part d'un héritier d'une gauche bouffeuse de curés. Ce film ne contribuera pas à l'édification des catholiques, mais il ne réjouira pas les athées non plus."
Marco Politi, vaticaniste au quotidien Il Fatto Quotidiano (ndlr: il a "baissé", il était à Repubblica!!), encourage Georg Gaenswein, le secrétaire particulier du souverain pontife, "à offrir une belle soirée au pape" en lui faisant projeter Habemus Papam à la place des vieux Don Camillo dont Benoît XVI se régale. Pour lui, ce film est d'abord la dénonciation de la "solitude dramatique" des hommes d'Eglise, d'un "désert affectif" qui conduit à "l'aridité et aux vices". "Le pape, écrit-il, trouvera beaucoup d'intérêt à voir un pape qui se présente au balcon du Vatican pour dire : "L'Eglise a besoin de changement", puis préfère se démettre."

Nanni Moretti continue, quant à lui, de se tenir prudemment éloigné des querelles autour de l'Eglise. Il a toujours prétendu que son film ne se référait à aucune situation contemporaine et ne participait à aucun débat sur la foi. Et s'il a fait lire son scénario au cardinal Ravasi, considéré comme le ministre de la culture de la Curie, c'est seulement en vue d'obtenir une autorisation de tournage au Vatican, qui lui a été refusée.

Son pape qui prend l'autobus, mange des glaces pour tromper son angoisse, est un homme dont les modèles peuvent se trouver aussi bien chez Jean XXIII, qui ne dédaignait pas une balade dans les ruelles du Borgo Pio, chez Paul VI et Jean-Paul Ier, conscients des écrasants défis qui les attendaient, Jean-Paul II, ex-acteur amateur, ou Célestin V, qui renonça à sa charge six mois après avoir été élu, en 1294. "Souhaitez-vous montrer le film à Benoît XVI ?", lui a-t-il été demandé lors de la conférence de presse de l'avant-première. "S'il le souhaite...", a répondu, laconique, le réalisateur. Une manière d'inviter son pape de fiction et le vrai à rester chacun chez soi.

Philippe Ridet

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