L'Etoile de Béthléem
Homélie du Saint-Père pour la messe de l'Epiphanie. Un texte très riche, qui brasse de nombreux sujets, en parcourant avec les Mages la route qui, il y a deux millénaires, les a menés d'Orient à la grotte de Béthléem, et en la mettant en parallèle avec notre propre chemin, aujourd'hui. (7/1/2011)
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Je la traduis, parce que, au moment où je me mets au travail, je n'ai pas encore lu la traduction en français.
Texte en italien: http://www.vatican.va/holy_father/...
Mes sous-titres...
Chers frères et sœurs ,
En la solennité de l'Epiphanie, l'Eglise continue à contempler et à célébrer le mystère de la naissance de Jésus le Sauveur. En particulier, la célébration d'aujourd'hui souligne la destination et l'importance universelle de cette naissance.
En se faisant homme dans le sein de Marie, le Fils de Dieu n'est pas venu seulement pour le peuple d'Israël, représenté par les bergers de Bethléem, mais aussi pour toute l'humanité, représentée par les Mages. Et c'est justement sur les Mages et leur voyage à la recherche du Messie (cf. Mt 2,1-12) que l'Eglise nous invite à méditer et à prier aujourd'hui.
1. Qui sont les rois Mages?
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Dans l'Evangile, nous avons entendu que, venus d'Orient, arrivés à Jérusalem ils demandent: " Où est celui qui est né, le roi des Juifs? Nous avons vu pointer son étoile et nous sommes venus l'adorer "(v. 2).
Quel genre de personnes étaient-ils, et quelle sorte d'étoile était-ce?
Il s'agissait probablement de savants qui scrutaient le ciel, non pas pour essayer de "lire" l'avenir dans les étoiles, éventuellement pour en tirer un gain; c'étaient plutôt des hommes "à la recherche" de quelque chose de plus, à la recherche de la vraie lumière, qui soit en mesure de montrer la voie à suivre dans la vie. C'étaient des gens certains qu'il existe dans la création de ce qu'on pourrait appeler la «signature» de Dieu, une signature que l'homme peut et doit tenter de découvrir et de déchiffrer.
Peut-être la meilleure façon de connaître ces mages et de saisir leur désir de se laisser guider par les signes de Dieu est de s'arrêter pour considérer ce qu'ils ont trouvé, en chemin, dans la grande cité de Jérusalem.
2. Actualité d'Hérode, l'homme de pouvoir, qui voit en Dieu un rival
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D'abord, ils rencontreront le roi Hérode. Certainement, il s'intéressait à l'enfant dont parlaient les Mages, non pas dans le but de l'adorer, comme il veut leur faire croire mensongèrement, mais de le supprimer. Hérode est un homme de pouvoir, qui dans l'autre ne peut voir qu'un rival à combattre. Au fond, si on y réfléchit bien, Dieu aussi lui semble être un rival, et même un rival particulièrement dangereux, qui voudrait priver les hommes de leur espace vital, de leur autonomie, de leur pouvoir; un rival qui montre la voie à suivre dans la vie et empêche ainsi de faire tout ce qu'on veut. Hérode entend de la bouche de ses experts de l'Ecriture Sainte les paroles du prophète Michée (5:1), mais sa seule pensée est le trône. Alors Dieu lui-même doit être éclipsé, et les gens réduits à de simples pions à déplacer dans le grand échiquier du pouvoir.
Hérode est un personnage qui ne nous est pas sympathique et que, d'instinct, nous jugeons de façon négative pour sa brutalité.
Mais nous devrions nous demander: n'y a-t-il quelque chose d'Hérode en nous? Ne voyons-nous pas nous aussi, parfois, Dieu comme une sorte de rival? Ne sommes-nous pas nous aussi aveugles devant ses signes, sourds à ses paroles, parce que nous pensons qu'il met des limites à nos vies et ne nous permet pas de disposer de notre existence à notre gré ?
Chers frères et sœurs, quand nous voyons Dieu de cette façon, nous finissons par nous sentir insatisfaits et malheureux, parce que nous ne nous laissons pas guider par Celui qui est le fondement de toutes choses. Nous devons ôter de nos esprits et de nos cœurs l'idée de rivalité, l'idée que faire de la place pour Dieu est une limite pour nous-mêmes; nous devons nous ouvrir à la certitude que Dieu est l'amour tout-puissant qui n'enlève rien, qui ne menace pas, au contraire, Il est le seul capable de nous offrir la possibilité de vivre pleinement, d'éprouver la véritable joie.
3. Experts et théologiens, qui ont perdu le sens vrai de l'Ecriture Sainte
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Les Mages rencontrent ensuite les savants, les théologiens, les experts, qui savent tout sur les Saintes Écritures, qui en connaissent les interprétations possibles, qui sont capables d'en citer de mémoire chaque passage et sont donc une aide précieuse pour ceux qui veulent parcourir la voie de Dieu . Mais, affirme saint Augustin, ils aiment être des guides pour les autres, montrer la voie, mais ils ne marchent pas, ils restent immobiles. Pour eux, l'écriture devient une sorte d'atlas à lire avec curiosité, un ensemble de mots et de concepts à examiner, objets de discussions savantes.
Mais encore une fois nous pouvons nous demander: n'y a t-il pas aussi en nous la tentation de considérer les Saintes Écritures, ce trésor tellement riche et essentiel pour la foi de l'Église, davantage comme un objet d'étude et de discussion de spécialistes, que comme le Livre qui nous montre la voie pour atteindre la vie?
Je pense, comme je l'ai indiqué dans l'exhortation Apostolique Verbum Domini , qu'en nous doit toujours naître la disposition profonde à voir la Parole de la Bible, lue dans la Tradition vivante de l'Église (n°18 ), comme la vérité qui nous dit ce que l'homme est, et comment il peut se réaliser pleinement, la vérité qui est le chemin à parcourir chaque jour, avec les autres, si nous voulons construire notre existence sur le roc et non sur le sable.
4. L'Etoile: réalité et métaphore
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Et venons-en maintenant à l'étoile. Quel type d'étoile était celle que les Mages ont vue et suivie? Tout au long des siècles, cette question a fait l'objet de débat parmi les astronomes. Kepler, par exemple, pensait qu'il s'agissait d'une "nova" ou d'une "supernova" (ndt: cf Wikipedia), c'est-à-dire une de ces étoiles qui, normalement, dégagent une lumière faible, mais qui peuvent avoir à l'improviste une violente explosion interne qui produit une lumière exceptionnelle.
Choses certes intéressantes, mais qui ne nous mènent pas à ce qui est essentiel pour comprendre cette étoile.
Nous devons revenir au fait que ces hommes étaient à la recherche de traces de Dieu; ils cherchaient à lire sa «signature» dans la création; ils savaient que "les cieux racontent la gloire de Dieu" ( Ps 19:2); autrement dit, ils étaient certains que Dieu peut être entrevu dans la création. Mais, en hommes sages, ils savaient bien que ce n'est pas avec un quelconque télescope, mais avec les yeux profonds de la raison à la recherche du sens ultime de la réalité et avec le désir de Dieu conduit par la foi, qu'il est possible de le rencontrer, et même il est possible que Dieu vienne à nous.
L'univers n'est pas le résultat du hasard, comme certains voudraient nous le faire croire. En le contemplant, nous sommes invités à lire quelque chose de profond: la sagesse du Créateur, l'imagination inépuisable de Dieu, son amour infini pour nous. Nous ne devrions pas laisser limiter notre esprit par des théories qui n'arrivent que jusqu'à un certain point et qui - si on regarde bien - ne sont pas en concurrence avec la foi, mais ne peuvent pas expliquer le sens ultime de la réalité. Dans la beauté du monde, dans son mystère, dans sa grandeur et dans sa rationalité, nous ne pouvons pas ne pas lire la rationalité éternelle, et nous ne pouvons manquer de nous laisser guider par elle jusqu'au Dieu unique, Créateur du ciel et la terre. Si nous avons ce regard, nous verrons que Celui qui a créé le monde et Celui qui est né dans une grotte à Bethléem et continué d'habiter parmi nous dans l'Eucharistie, sont le même Dieu vivant qui nous interpelle, nous aime, et veut nous mener à la vie éternelle.
5. Dieu ne se trouve pas dans les lieux de pouvoir
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Hérode, les experts de l'Écriture, l'étoile. Mais suivons le voyage des Mages qui arrivent à Jérusalem. Au-dessus de la grande cité, l'étoile disparaît,on ne la voit plus. Qu'est-ce que cela signifie?
Encore une fois, nous devons lire le signe en profondeur. Pour ces hommes, il était logique de chercher le nouveau roi dans le palais royal, où se trouvaient les sages conseillers de la cour. Mais, sans doute à leur grand étonnement, ils ont dû constater que ce nouveau-né n'était pas dans les lieux de pouvoir et de la culture, même si en ces lieux leur avaient été offertes des informations précieuses sur lui. Ils se sont rendus compte, au contraire, que, parfois, le pouvoir, y compris celui de la connaissance, barre la route de la rencontre avec cet enfant. L'étoile, les conduisit alors à Bethléem, une petite ville; elle les conduisit chez les pauvres, les humbles, pour trouver le roi du monde.
Les critères de Dieu sont différents de ceux des hommes, Dieu ne se manifeste pas dans le pouvoir de ce monde, mais dans l'humilité de son amour, cet amour qui demande à notre liberté d'être accueilli pour nous transformer et nous rendre capables d'arriver à celui qui est l'Amour.
Mais pour nous aussi, les choses ne sont pas si différentes de ce qu'elles étaient pour les Mages.
Si on nous demandait notre avis sur la façon dont Dieu aurait dû sauver le monde, nous répondrions peut-être qu'il aurait dû manifester toute sa puissance pour donner au monde un système économique plus juste, dans lequel chacun pourrait avoir tout ce qu'il veut. En réalité, ce serait une sorte de violence sur l'homme, puisque cela le priverait des éléments fondamentaux qui le caractérisent. En effet, cela ne mettrait en cause ni notre liberté, ni notre amour. La puissance de Dieu se manifeste d'une manière totalement différente: à Bethléem, où nous rencontrons l'apparente impuissance de son amour. Et c'est là que nous devons aller, et c'est là que se trouve l'étoile de Dieu
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Ainsi, un dernier élément de l'histoire des Mages nous apparait très clairement: le langage de la création nous permet de parcourir une bonne partie de la route vers Dieu, mais il ne nous donne pas la lumière définitive. En fin de compte, pour les Mages, il a été indispensable d'écouter la voix de la Sainte Ecriture: elle seule peut nous indiquer la voix. C'est la Parole de Dieu la vraie étoile, qui, dans l'incertitude des discours humains, nous offre l'immense splendeur de la dérivée.
Chers frères et soeurs, laissons-nous guider par l'étoile, qui est la Parole de Dieu, suivons-là dans notre vie, en marchant avec l'Eglise, où la Parole a planté sa tente. Notre route sera toujours illuminée d'une lumière qu'aucun autre signe ne peut donner. Et nous pourrons nous aussi devenir des étoiles pour les autres, reflet de cette lumière que le Christ a fait resplendir sur nous
