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La famille, école de solidarité et de gratuité

Discours prononcé devant les participants au Congrès annuel de la Fondation Centesimus Annus - Pro Pontifice, sur le thème de la relation entre famille et entreprise (16/10/2011)



Samedi matin, le pape recevait les participants au Congrès international promu par la Fondation Centesimus annus (*)- pro pontifice. Il a abordé les relations entre l'entreprise et la famille.

Il a rappelé que la famille, selon l'expression de Jean-Paul II, est une "Eglise domestique". Alerté sur la crise qu'elle traverse; et souhaité que la dimension de gratuité et de solidarité qui lui est propre serve de modèle aussi au monde de l'entreprise, comme l'indiquait déjà l'encyclique Caritas in Veritate.

(*) Centesimus annus (1991) a été publiée pour le centenaire de l'encyclique Rerum Novarum (1891), par Jean-Paul II.

(Source. Ma traduction)

Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,
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Je suis très heureux de vous accueillir à l'occasion du Congrès annuel de la Fondation Centesimus Annus - Pro Pontifice, qui vous a vu réunis pendant deux jours d'études sur le thème de la relation entre famille et entreprise. Je remercie le président, le Dr Domingo Sugranyes Bickel, pour les aimables paroles qu'il m'a adressées, et je salue cordialement chacun de vous.
Nous célébrons cette année - comme cela a été rappelé - le 20e anniversaire de l'encyclique Centesimus Annus, du bienheureux Jean-Paul II, publiée 100 ans après Rerum Novarum, mais aussi le 30e de l'Exhortation apostolique Familiaris consortio. Cette double célébration rend votre thème encore plus actuel et opportun.
En ces 120 années de développement de la doctrine sociale de l'Eglise dans le monde, de grands changements se sont produits qui n'étaient même pas imaginables à l'époque de l'encyclique historique du pape Léon XIII. Cependant, au changement des conditions extérieures, est demeuré inchangé le patrimoine interne de l'enseignement social, qui promeut toujours la personne humaine et la famille dans leur milieu de vie, et aussi dans l'entreprise.

Le Concile Vatican II a parlé de la famille en termes d'Église domestique , de «sanctuaire intouchable» où une personne mûrit dans ses affections, dans la solidarité, dans la spiritualité. L'économie aussi, avec ses lois, doit toujours considérer l'intérêt et la préservation de cette cellule primordiale de la société: le mot «économie» dans son origine étymologique contient une référence à l'importance de la famille: oikia et nomos, la loi de la maison.

Dans l'Exhortation apostolique Familiaris consortio, le Bienheureux Jean Paul II a indiqué pour l'institution de la famille quatre tâches que je tiens à rappeler brièvement: la formation d'une communauté de personnes; le service à la vie; la participation sociale et la participation ecclésiale.
Ce sont toutes des fonctions qui ont à leur base l'amour, et c'est ce qui éduque et forme la famille. «L'amour - affirme le vénéré pontife - entre l'homme et la femme dans le mariage, et dans une forme dérivée et élargie, l'amour entre les membres d'une même famille - entre parents et enfants, entre frères et sœurs, entre parents et proches - est animé et soutenu par un dynamisme intérieur incessant, qui conduit la famille à une communion toujours plus profonde et intense, fondement et âme de la communauté conjugale et familiale »(n. 18). De même, l'amour est la base du service à la vie, basé sur la coopération que la famille donne à la continuité de la création, à la procréation de l'homme fait à l'image et à la ressemblance de Dieu.

Et c'est en premier lieu dans la famille que l'on apprend comment la juste attitude pour vivre dans la société, et aussi dans le monde du travail, de l'économie, des affaires, doit être guidée par la Caritas , dans la logique de la gratuité, de la solidarité et de la responsabilité les uns envers les autres. «Les relations entre les membres de la communauté familiale - écrit le bienheureux Jean-Paul II - sont inspirés et guidés par la loi de la gratuité, qui, respectant et encourageant en tous et en chacun la dignité personnelles comme unique titre de valeur, devient accueil chaleureux, rencontre et dialogue, disponibilité désintéressée, service généreux et profonde solidarité»(n. 43).
Dans cette perspective, la famille, de simple objet, devient sujet actif et capable de rappeler le «visage humain» que doit avoir l'économie mondiale.

Si cela s'applique à la société en général, cela prend un relief encore plus grand dans la communauté ecclésiale. Dans l'évangélisation aussi, en effet, la famille occupe une place importante, comme je le rappelais récemment, à Ancône: elle n'est pas simplement le destinataire de l'action pastorale, mais elle en est le protagoniste, appelé à prendre part à l'évangélisation à sa manière propre et originale, mettant au service de l'Eglise et de la société son «agir» et son «être» propres, en tant que communauté intime de vie et l'amour (cf. Exort. ap. Familiaris consortio , n. 50). Famille et travail sont des lieux privilégiés pour la réalisation de la vocation de l'homme qui collabore à l'œuvre créatrice de Dieu aujourd'hui.

Comme vous l'avez noté dans vos travaux, dans la situation difficile que nous traversons, on assiste malheureusement à une crise du travail et de l'économie qui s'accompagne d'une crise de la famille: les conflits de couple, ceux de générations, et ceux entre temps pour la famille et temps pour le travail, la crise de l'emploi, créent une situation complexe de malaise qui affecte la vie sociale. C'est pourquoi il faut une nouvelle synthèse harmonieuse entre famille et travail, à laquelle la doctrine sociale de l'Eglise peut offrir sa précieuse contribution. Dans l'Encyclique Caritas in veritate, j'ai voulu souligner que le modèle familial de la logique de l'amour, de la générosité et du don doit être étendu à une dimension universelle. La justice commutative - «donner pour obtenir» - et celle distributive - «donner par devoir» - ne sont pas suffisantes dans la vie sociale. Pour qu'il y ait une vraie justice, il est nécessaire d'ajouter la gratuité et la solidarité. «La solidarité signifie avant tout se sentir tous responsables de tous, elle ne peut donc être déléguée seulement à l’État. Si hier on pouvait penser qu’il fallait d’abord rechercher la justice et que la gratuité devait intervenir ensuite comme un complément, aujourd’hui, il faut dire que sans la gratuité on ne parvient même pas à réaliser la justice. ... La charité dans la vérité, dans ce cas, signifie qu’il faut donner forme et organisation aux activités économiques qui, sans nier le profit, entendent aller au-delà de la logique de l’échange des équivalents et du profit comme but en soi "(n° 38). «Le marché de la gratuité n’existe pas et on ne peut imposer par la loi des comportements gratuits. Pourtant, aussi bien le marché que la politique ont besoin de personnes ouvertes au don réciproque» (n° 39). [Source].
Ce n'est pas le rôle de l'Église de définir les moyens de s'attaquer à la crise. Cependant, les chrétiens ont le devoir de dénoncer les maux, de témoigner et de garder vivantes les valeurs qui sous-tendent la dignité humaine et de promouvoir ces formes de solidarité qui favorisent le bien commun, afin que l'humanité devienne de plus en plus de la famille de Dieu .

Chers amis, j'espère que les réflexions émergées dans votre Congrès vous aideront à assumer de plus en plus activement votre rôle dans la diffusion et l'application de la doctrine sociale de l'Église, sans oublier que «le développement a besoins de chrétiens avec les bras levés vers Dieu dans le geste de la prière, des chrétiens animés par la conscience que l'amour rempli de vérité, caritas in veritate , dont procède l'authentique développement, n'est pas produit par nous mais nous est donné »(n. 79) .

Avec ce souhait, tandis que je vous confie à l'intercession de la Vierge Marie, je vous donne cordialement, à vous tous et à vos proches, une Bénédiction apostolique spéciale.

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