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... et en plus, ses zélateurs s'en prennent à Benoît XVI, allant jusqu'à lui inventer des propos. Ferme réaction sur le site de Radio Vatican (14/1/2012)

Qu'est-ce qui est le plus important, en ce moment: la perte du triple A de la France (mais c'est un phénomème purement local, et sans doute réversible), ou le bouleversement sociétal qu'impliquerait le "mariage gay" (phénomène planétaire, en expansion inquiétante, et difficilement réversible).
Beaucoup d'observateurs feignent de croire que le second évènement n'est qu'un gadget pour détourner l'attention des gens du premier. Personnellement, je pencherais plutôt pour le deuxième.
Hier, Libération a tenté de "forcer le passage" en diffusant en première page une information probablement fausse, selon laquelle Nicolas Sarkozy inclurait le mariage homo dans son programme électoral. Je dis "fausse" car électoralement parlant, il y aurait beaucoup plus à perdre qu'à gagner pour lui: ce serait un suicide! Mais ce qui comptait, c'était d'en faire parler et de mettre le président dans l'embarras. Pari réussi, avec la complicité des medias.

Simultanément, ces mêmes medias nous abreuvent de sondages (dont personne ne peut vérifier la fiabilité) selon lesquels 63% des français (en réalité, un panel de 971 personnes) serait favorables au mariage homo.



Enfin, dernier épisode, il fallait s'y attendre, un début d'attaque contre le Pape.
Il y a moins d'une semaine, les jeunes socialistes français prêtaient au Saint-Père des propos qu'ils n'avaient pas prononcés, lors des voeux au corps diplomatique.
Nous en avons parlé ici: Bataille culturelle...
Il est important, je crois, de relire ce qu'ils écrivaient sur leur site:

Les Jeunes Socialistes dénoncent l’attitude intolérante et clairement homophobe du Pape Benoît XVI. Il a en effet déclaré lundi dans ses vœux que le mariage de personnes homosexuelles représentait une menace pour l’humanité car cela remettrait en cause la famille dite « traditionnelle ». Faut-il dans ce cas interdire également le divorce et l’adoption pour tous les couples ?

Traiter le Saint-Père d'homophobe (un néologisme qui se discrédite lui-même) est une imposture et un mensonge, car il a toujours soigneusement distingué (et l'Eglise avec lui, et, j'ose le dire, moi aussi) les personnes, qui méritent respect et délicatesse, et une idéologie agressive.

Dans le prolongement de cet exercice de désinformation militante, je lisais hier sur Atlantico (un site "de droite"??) une tribune intitulé Le mariage homo menace-t-il « l’avenir de l’Humanité » ? , et commençant (très mal!) par ces mots, qui révèlent une méconnaissance totale de la personnalité de Benoît XVI (bien excusable, certes, tout le monde n'est pas spécialiste mais avant de s'exprimer sur un sujet, on s'informe!)

On dit parfois que tout ce qui est excessif est insignifiant. Le Pape Benoît XVI n’avait visiblement pas médité cette maxime avant de condamner aussi durement le mariage entre personnes du même sexe lors de sa cérémonie traditionnelle des vœux aux corps diplomatiques accrédités auprès du Saint-Siège.

Contrairement aux jeunes socialistes, l'auteur cite correctement le Pape, qui a effectivement dit: "L’éducation des enfants a besoin de lieux. Parmi ceux-ci, figure en premier lieu la famille fondée sur le mariage d’un homme avec une femme".

Je n'ai pas envie de reprendre point par point les arguments du tribuniste, tant ils sont de mauvaise foi. Indépendamment du fait que mes maigres talents de polémistes n'y suffiraient pas, argumenter sur des vérités primaires, qui ne souffrent aucune discussion, c'est donner raison à l'adversaire.

Je relève quand même ceci:

1. On regrette néanmoins qu’il [le Pape] ne distingue pas le mariage religieux du mariage civil, institution républicaine sur laquelle, dans un pays laïc comme la France et dans bien d’autres, l’Eglise n’a pas de prise.

Le Pape, lorsqu'il parle du mariage, l'aborde toujours sous deux angles, et il fait bien la distinction. L'angle religieux (qui n'est pas en cause ici): la famille, petite Eglise domestique. Et l'angle sociologique: la famille fondée sur le mariage d'un homme et d'une femme est la clé de voûte de la société, un facteur de stabilité (il s'agit donc bien du mariage civil, qu'il envisage même comme un pont pour le dialogue interreligieux et celui avec les non-croyants). Il s'agit de cette grammaire de la "Loi Naturelle" qui est gravée au coeur de chaque homme, et que l'on peut connaître par la raison, dit-il.

2. Non, le mariage gay ne menace pas « l’avenir de l’Humanité ». Il est même soutenu par certains dirigeants comme le Premier ministre anglais David Cameron au nom de la défense de la famille !

Franchement, le "même" est superflu. Prendre comme parole d'évangile (si l'on ose dire, ici) les propos de gens que l'on passe par ailleurs son temps à éreinter pour leur incapacité, ne peut inspirer tout au plus qu'un sourire amusé.

3. J’ose espérer que cette sortie du Pape n’a pas été dictée par pur opportunisme : une volonté de « conquérir des parts de marché » dans des pays très conservateurs

Là, ce serait insultant, si ce n'était risible!

* * *

Pour finir, Marie-Christine me signale un article publié sur Radio Vatican en français. Tout juste regretté-je que l'organe d'information du Saint-Siège réagisse (pour une fois!) parce que la mystification a été dénoncée par le journal "de centre-gauche" The Guardian....:

Benoît XVI victime d'une mystification
Texte ici: http://www.radiovaticana.org/fr1/Articolo.asp?c=554465
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Dans le discours adressé par Benoît XVI, le 9 janvier, au corps diplomatique, il n’y a pas un seul mot sur le mariage homosexuel. La polémique, qui n’a cessé d’enfler ces jours derniers, a fini par susciter l’indignation du quotidien anglais « The Guardian » qui dénonce une mystification.
Tout est parti de l’interprétation déformée donnée par un journaliste d’une agence internationale immédiatement après la rencontre. Très vite, comme un tam-tam médiatique, de plus en plus de sources répercutaient cette tromperie en affimant que le Pape avait dénoncé le mariage gay comme une menace pour la civilisation occidentale. Or Benoît XVI a déclaré que « les politiques qui portent atteinte à la famille menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité ». Pas un mot sur les homosexuels.
La défense de la famille est un thème prioritaire pour l’Eglise catholique. Benoit XVI n’a lancé aucun pavé dans la mare. Il n’a pas « durement condamné le mariage entre homosexuels » - comme certains l’ont écrit. Il n’a fait que réaffirmer une position bien connue de tous, dans le cadre d’un long discours dans lequel il a évoqué les principaux dossiers de l’actualité internationale.
Le Pape a parlé des cellules souche, de l’avortement. Il a parlé des conflits dans le monde, des attaques contre les chrétiens, du chômage des jeunes et surtout de la crise économique et financière, en invitant, à ce propos, à réfléchir sur l’existence humaine et sur l’importance de sa dimension éthique, à ne pas se limiter à endiguer les pertes individuelles ou celles des économies nationales, mais à se donner de nouvelles règles au bénéfice de la communauté dans son ensemble. Des paroles courageuses, prophétiques.
Mais il n’a pas parlé du mariage homosexuel. Alors pourquoi avoir déformé ses propos ? Pourquoi avoir choisi de ne pas parler des nombreux autres dossiers abordés ? Comment cette imposture a-t-elle pu faire le tour de planète ?

Voici le texte prononcé en français par le Pape
L’éducation est un thème crucial pour toutes les générations, puisque d’elle dépend aussi bien le sain développement de chaque personne que l’avenir de toute la société. C’est pourquoi elle représente une tâche de première importance en un temps difficile et délicat. Outre un objectif clair, comme est celui de conduire les jeunes à une connaissance pleine de la réalité et donc de la vérité, l’éducation a besoin de lieux. Parmi ceux-ci figure en premier la famille, fondée sur le mariage d’un homme avec une femme. Il ne s’agit pas d’une simple convention sociale, mais bien de la cellule fondamentale de toute société. Par conséquent, les politiques qui portent atteinte à la famille menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité. Le cadre familial est fondamental dans le parcours éducatif et pour le développement même des individus et des États ; en conséquence il faut des politiques qui le valorisent et qui aident à la cohésion sociale et au dialogue.