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Un universitaire mexicain, Jorge E. Traslosheros, parle du voyage de Benoît XVI dans son pays... Un article paru sur le portail <paginasdigital.es> traduit par Carlota (21/3/2012)

Dans l'attente du Pape

Photo sur Vatican Insider



Un éminent universitaire mexicain (1) parle du voyage de Benoît XVI au Mexique, un pays profondément et très majoritairement catholique mais qui a aussi subi, après la révolution mythifiée de l’époque des Pancho Villa et Emiliano Zapata, l’anticléricalisme gouvernemental forcené des soixante-dix ans de pouvoir d’un parti unique à l’origine des terribles persécutions des Cristeros.
C’est un pays qui est aussi aujourd’hui touché de pleins fouets par les attaques de la marchandisation mondialisée des choses et des êtres, qui comprend aussi la mise en place des « nouveaux droits », si nécessaire de force (cf directives onusiennes s’accompagnant de gros chèques sous couvert de veiller au bien de l’humanité). Et le Mexique avec ses 110 millions d’habitants et une pyramide des âges encore porteuses d’espoir en matière de consommations en tous genres (http://cuentame.inegi.org...) est une proie de choix.

Carlota

* * *

Benoît XVI au Mexique (original www.paginasdigital.es)
Jorge E. Traslosheros (*)
20/03/2012

Benoît XVI rend visite au Mexique cette semaine. En mettant de côté nos croyances, nos amours ou nos phobies, nous pouvons reconnaître qu’il s’agit d’un évènement d’une immense importance qui mérite notre attention. C’est une opportunité de connaître cet homme dont on parle beaucoup, que l’on connaît peu et en général mal.
Je suggère de porter notre attention sur quatre aspects de sa visite

Premièrement. Son charisme est la parole, non pas l’image. Il parle peu et il est ferme. Celui qui espère des confetti et des petits miroirs, sera déçu. Il se passera quelque chose, parce que nous les Mexicains nous sommes affectueux, et les catholiques, en plus, très festifs. Le Pape en sera reconnaissant, cela le rendra très heureux mais ce n’est pas son style.

Deuxièmement. C’est un des grands responsables religieux du monde, non pas un politique d’occasion. Les bagarres au niveau national ne sont pas son affaire, et ce qui pourrait blesser le Narcisse qui habite dans le cœur de nos politiques. En aucune manière. Son horizon est l’histoire, et sa mission l’Église qui dialogue avec chaque personne, chaque culture et société.

Troisièmement. Les messages les plus importants seront deux, bien qu’il puisse y avoir des surprises.
Il rencontrera les évêques d’Amérique latine à qui il a donné des preuves de confiance. Les résultats pastoraux obtenus depuis la réunion de la Conférence de l’Épiscopat Latino-américain, qui s’est déroulée au Sanctuaire de Notre Dame d’Aparecida (Brésil 2007) sont dignes d’être mentionnés et entrent en harmonie avec l’impulsion de la Nouvelle Évangélisation.
Au pied du Christ de la Montagne il célébrera aussi une liturgie rassemblant une multitude de fidèle. Je soupçonne que nous les catholiques, nous serons invités à sortir de l’anonymat honteux, pour nous offrir à une société qui est assoiffée de paix et de justice. Je ne crois pas que cela soit un message facile à assimiler, spécialement pour les laïcs. Nous verrons.

Quatrièmement. La visite se fera à l’ombre du « Christ Roi de la Paix », ce qui obéit à des raisons de gouvernement ecclésial et pastoral de la plus grande transcendance.

Benoît XVI est un promoteur décidé du gouvernement synodal de l’Église, en profonde harmonie avec Vatican II. Ceci est démontré par la confiance mise dans l’Épiscopat latino-américain, les synodes ayant eu lieu durant son pontificat, et l’impulsion donnée à la collégialité à travers les conférences épiscopales, à la différence de Jean-Paul II, lequel avait une préférence pour l’autorité du Primat de chaque pays. La présence du Pape dans l’État de Guanajuato renforce l’autorité de la Conférence des Évêques du Mexique, de même que celle du Conseil Épiscopal Latino-américain. Un gouvernement synodal de responsabilité personnelle. Il l’a bien dit.

La colonne vertébrale de la théologie et de la pratique pastorale de Ratzinger tout au long de sa vie a été la conviction que la foi surgit de la rencontre avec Jésus de Nazareth - jamais de l’adhésion à un programme politique, une philosophie ou un code éthique - . Celui qui nous invite à avoir foi en Jésus et nous défie d’être ses disciples et missionnaires, va maintenant célébrer la messe avec le peuple mexicain, en présence de l’épiscopat latino-américain, au pied de l’un des plus importants sanctuaires d’Amérique dédiés au Christ Ressuscité, justement le jour de l’incarnation de Jésus Christ (fête de l’Annonciation). L’esthétique du message est frappante. Jésus est celui qui donne son impulsion à l’Église. L’origine de la prétention chrétienne est, précisément, que le Christ est le chemin, la vérité et la vie.

* * *

(1) Jorge E. Traslosheros Hernández est un universitaire mexicain de très haut niveau spécialisé dans l’histoire du Mexique de l’époque espagnole et plus spécialement de l’église catholique en Amérique hispanophone. Il est chercheur à l’Institut de recherches historiques de l’Université Nationale Autonome de Mexico (UNAM) et dispose d’une chaire à l’Université de Tulane à la Nouverlle Orléans (Louisiane). Il a été notamment l’un des conférenciers (sujet présenté : Notre Dame de Guadalupe) lors du premier congrès international marial de Phoenix (Arizona) en 2009.