Cette exaltation burlesque de la simplicité

J'ai reçu une lettre d'un lecteur et ami, Christophe J.... (22/3/2013)

... et j'avoue qu'elle m'apporte un grand réconfort.

>>> Image ci-contre: Saint-François, fondateur d'un ordre mendiant, les Frères Mineurs. Statue dans l'Eglise de Bréchamps, en Eure-et-Loire (http://www.brechamps.net/eglise/eglise_statues.html )

     

Méditations en ces temps d'exaltation burlesque de la simplicité.
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Bonjour, Béatrice,

Et merci pour les informations, pour la réflexion et les réactions, y compris les plus vives, que vous nous donnez à connaître en cette période où, il faut bien le dire, Benoît XVI nous manque. Sans, d'ailleurs, que ce manque ne se transforme en sentiments qui pourraient porter atteinte à l'autorité ou au respect dûs à Sa Sainteté le pape François. On aimerait simplement mieux connaître le pape François mais, voilà, ce n'est pas simple en ces temps d'exaltation burlesque de la simplicité.

En effet, nos chers médias, subitement épris de simplicité, au point d'en dénicher partout les traces, un peu sur le modèle de la découverte frénétique de viande de cheval dans les lasagnes, nos chers médias ne nous communiquent guère d'informations simples et concrètes concernant le pape François. Qui se préoccupe, par exemple, de publier des extraits de ses homélies? Peut-être l'espagnol est-il devenu une langue inintelligible aux acteurs des médias érigés en experts des questions vaticanes? Mais peut-être que le contenu de ces homélies, et autres prises de position, ne correspond pas du tout aux roucoulades des experts susmentionnés lorsqu'ils campent un saint François d'opérette, ni aux généralités qu'ils débitent à propos de la pauvreté dont ils disent qu'elle a tant de valeur mais dont on voit bien qu'ils l'apprécient à la manière dont Tom Sawyer aime l'école, c'est à dire, suivant la chansonnette, surtout quand elle est loin... en Amérique latine, par exemple. Hélas, toute cette vertu dégoulinante, et exercée par procuration, ne sévit pas exclusivement dans les rangs des experts médiatiquement patentés, voici que des ecclésiastiques, parfois de haut rang, s'entichent d'un dépouillement version "Chanteur de Mexico" et d'une réforme de l'Eglise menée avec la rafraîchissante vigueur de la Cucaracha.

Ainsi donc, en ces temps d'exaltation burlesque de la simplicité, si j'avais la sage pertinence qu'on prête aux Franciscains, si j'avais la pertinente sagesse qu'on prête aux Jésuites et, en plus, si j'étais le pape, je regarderais divaguer tout ce beau monde de girouettes et de précieux ridicules tels que les montrent, par exemple, Antonio Socci (1) ou Philippe Maxence (2) dans de récentes publications, et je me dirais simplement: "Tiens, en voilà sur qui on ne peut pas compter". Par ailleurs, si j'étais le pape, la sage pertinence des Franciscains et la pertinente sagesse des Jésuites me seraient surtout bien utiles pour établir les bases de mon gouvernement suivant les modalités récemment décrites par Sandro Magister (3), mesures dans lesquelles le Chanteur de Mexico et la Cucaracha n'ont absolument aucune place: tout simplement.

Sincères salutations.

C.J.

(1) Voir sur "Libertà e Persona", l'article que vous citez: "Les Guépards de la curie".
(2) Voir sur son blog, "Coelum et Terra", l'article que vous citez: "Le nouveau bal des girouettes".
(3) Voir sur "Chiesa": "Pape, évêques, curie. Les réformes à venir".