Le terrible business des mères porteuses (2)

Des enfants pour tous, oui, mais comment? Suite et fin du document de La Bussola, en traduction complète. La première partie était, disons, factuelle. La seconde prend plus clairement position, et pose des questions aussi pour NOTRE avenir.... (13/1/2013)

>> Cf.
Le terrible business des mères porteuses (1)

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Avertissement

L'article ci-dessous est un document. Il n'engage évidemment que son auteur, et pas la simple traductrice que je suis...;

     

Femmes indiennes sacrifiées pour donner des enfants aux couples gay (2)
Diego Molinari
13/01/2013
www.lanuovabq.it
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A l'acheteur, de nombreuses options sont donnés pour personnaliser le produit final : «Si la donneuse de l'ovocyte ne répond pas à vos requêtes concernant l'aspect, etc. , vous pouvez mettre une annonce pour une donneuse d'ovocytes sur le Times of India . En 2005, le coût de la publicité était de 600 $ pour une douzaine de villes une fois par semaine pendant deux mois. Une donneuse d'ovules peut espérer recevoir jusqu'à 50.000 roupies». Notons que le Times of India est le journal d'où est parti l'article sur la mort de Premila: il semble que, même face à la tragédie patente, l'ensemble du système social indien (autorités, médias, intellectuels) est de connivence sinon complice.
Un examen attentif des coûts éventuels de la maternité de substitution en Amérique (120.000 dollars, selon le site), condamnant le fait que «comme toujours en Amérique, une grande partie va à l'agence et chez le médecins» entraîne de nouveaux calculs sur l'avantage des utérus indiens de oneinsix.com. Mais il y a plus: «Si vous aviez la possibilité d'implanter 6, 9 ou plus embryons à la fois, ne sauteriez-vous pas sur une telle possibilité? Bien sûr, vous auriez le risque de naissances multiples, mais elles peuvent être réduites sélectivement». La maternité de substitution, super-implantation d'embryons, meurtre d'embryons, avortement sélectif: la page se ferme avec un convertisseur de devises.

Trend (tendances, mode): star, gay et too-posh-to-push
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Comme toutes les tendances, celle de la maternité de substitution, pour atteindre les gens du commun a dû en passer par les stars. Les vedettes de cinéma, télévision et musique (et de la mode, du sport, du théâtre, en somme les «célébrités») [ndt: en France, curieusement, on dit people, et c'est tous le rôle de cette multitude de journaux de caniveau dont les titres sont des onomatopées, et qui fleurissent - façon de parler - dans les kiosques et autres Relay] agissent comme d'énormes catalyseur fonctionnels de modes, qui se déversent sur la société de consommation, depuis la forme des pantalons que vous portez jusqu'à l'éthique de la reproduction.
Déjà en 2007, Oprah Winfrey, puissante présentatrice du talk-show le plus regardé d'Amérique, amèna à la télévision le Dr Nayana Patel TV de la Akanksha Infertility Clinic d'Andand, autrement dit la Mecque de la maternité de susbtitution.
Initialement, parmi les stars, ce fut Sarah Jessica Parker, la vedette de la célèbre série «Sex and the City». Incarnation de la femme émancipée et hédoniste, au point de devenir un modèle mondial de la sexualité bourgeoise, libre et élégante de New York, la maigrissime Parker décida entre 2008 et 2009 avec son mari Matthew Broderick (un autre acteur célèbre) d'avoir des jumeaux au moyen de la maternité de substitution.
La Parker est le leader d'une catégorie particulière de clients des utérus indiens: les too-posh-to-push (trop-chics-pour-pousser. Des femmes de la haute société qui, pour des motifs sociaux, professionnels ou tout simplement par paresse, rejettent l'idée que, pour avoir un enfant, il faille se déformer le corps avec la grossesse, et ne peuvent pas tolérer qu'à la fin du processus il faille encore souffrir les douleurs de l'accouchement. Hollywood a dédié à la surrogacy une comédie, avec les deux plus élégantes actrices comiques du programme très populaire "Saturday Night Live": les excellentes Tina Fey et Amy Poheler. Dans le film, une femme d'affaires snob avec des problèmes de fertilité prend pour mère porteuse une fille de South Philly (la partie sud de Philadelphie, vue comme le pays imaginaire des pauvres, des gens peu éduqués; c'est là que se passe le film "Rocky").

La rousse oscarisée Nicole Kidman (qu'"Avvenire" a qualifié de «magique» quand elle a décidé d'épouser son dernier mari, Keith Urban, lors d'une cérémonie catholique) a annoncé il y a un peu plus d'un an avoir eu un enfant par mère porteuse. Contrairement à Parker, elle a gardé secret l'ensemble du processus, et n'en a parlé qu'après coup. Elle a appelé sa fille «Faith», foi , «parce que nous avons besoin de beaucoup de foi».
Mais le cas le plus frappant, en raison de ses implications sociales, a été celui du chanteur de 65 ans Elton John, qui a «substitué» la maternité de «son fils» pour pouvoir l'élever avec son «mari»(ou «sa femme»?) tout juste épousé, le cinéaste David Furnish, de vingt ans son cadet.
Bien que la maternité de substitution ait été pratiquée depuis plusieurs années, le cas d'Elton John a fait sensation car il s'agit d'un enfant né biologiquement d'un couple d'homosexuels célèbrissimes. Dans la pratique, la mise en scène à l'échelle mondiale - un théâtre dont seules les célébrités peuvent profiter - du rêve sur le point d'être réalisé des groupes LGBT et de toute la théorie du genre: les couples homosexuels aussi peuvent engendrer, dépassant dans un élan post-humain, les limites imposées par la nature, qui, comme dans tous les Gnoses, est vue par la théorie du "genre" comme un démiurge mauvais, ayant enfermé le corps des gay dans des corps non compatibles avec la reproduction humaine et peut-être même avec leur propre psyché.
En plus, en 2011 la nouvelle de la naissance du fils d'Elton John a été annoncée le jour de Noël. Le chanteur aurait déclaré plus tard qu'il avait eu des doutes, disant qu'un enfant a besoin d'un père et d'une mère, mais il semble que ces sorties n'aient pas été suivies d'actions concrètes. Le New York Post a publié au début de 2013 la nouvelles que le couple a eu un deuxième enfant par mère porteuse. Entre les médias et les porte-parole du chanteur, c'est toujours la valse habituelle des petites admissions et démentis.

La fragile position du front homosexuel
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Du point de vue des groupes organisés de gays, la question des mères porteuses est particulièrement délicate pour l'avenir de la bioéthique et de la société réelle: d'une part, elle représente le tournant où est donnée à l'homosexuel la capacité de se reproduire génétiquement; de l'autre, l'état de plus en plus incontestable d'exploitation des femmes peut porter le front homosexuel à un divorce inédit avec leurs alliés des dernières décennies. Le mouvement des droits civiques, les partis de gauche, les mouvements de libération des minorités, parmi lesquels les féministes, en diminution mais toujours agressive. Un capital immense de pouvoir politique pourrait être dilapidé en peu de temps.
Les groupes organisés de gays touchent enfin de la main l'opportunité de sortir de la condamnation sans appel à laquelle ils ont été relégués par la nature,c'est-à-dire la stérilité. La perspective de familles gay allume l'espoir de parvenir à une totale équivalence entre l'homosexualité et l'hétérosexualité, entre les «différents» (à noter: un mot à un certain moment souvent utilisé et maintenant en désuétude totale) et la normalité. Il s'agit d'un tournant décisif pour l'ensemble du mouvement gay. Une société qui accepte de se faire fabriquer ses enfants à travers les ventres du Tiers-Monde, est une société prête à accepter dans leur intégralité toutes les caractéristiques de leur personnalité (y compris des faits prouvés statistiquement comme l'infidélité, une certaine voracité sexuelle, qui a de fait contaminé la société, en particulier les femmes, qui vivent désormais l'acte sexuel de manière plus agressive).
La maternité de substitution est l'horizon final de l'homosexualisme et ce, d'un point de vue biologique, moral , sociale, stratégique.

Pourtant, la surrogacy risque de devenir pour les gays un risque mortel, un boomerang qui peut finir par détruire d'abord les alliances, puis les victoires remportées, et enfin les fondements mêmes du monde gay.
Les féministes, toujours autoproclamées ultime défense des femmes, ne pouvaient rester longtemps insensibles au cas macroscopique de la maternité de substitution, en fait la forme de prostitution et d'exploitation des femmes la plus obscène jamais inventée dans l'Occident capitaliste.
Ainsi, au moins en Inde, où les effets du phénomène surrogacy sont évidents et dévastateurs, les féministes ont commencé à faire entendre leur voix. Les groupes féministes indiens demandent ouvertement d'interdire la maternité de substitution: l'industrie de la location de l'utérus, affirment-elles, est préjudiciable à la santé des femmes (qui ne sont plus maîtres de leur propre corps, selon l'axiome féministe) et les expose à d'autres crimes commis par les hommes, comme les médecins qui ne paient pas la somme convenue ou les maris ivrognes qui les goinfrent d'hormones jusqu'à leur faire éclater les ovaires.

La dimension d'exploitation ne pouvait pas non plus manquer de soulever les antennes des partis communistes, très prospères dans différentes parties du sous-continent (états du Kerala et du Bengale en tête). Bien que restant à l'écart des questions morales et spirituelles, Brinda Karat, parlementaire communiste indienne, utilise ouvertement le mot «exploitation» pour décrire la relation entre les riches étrangers et les pauvres mères porteuses en Inde: «La situation économique des indiennes n'est pas égale à celle des riches étrangers, et donc la femme indienne ne fait pas un libre choix, mais une contrainte. Si les couples étrangers croient en la maternité de substitution commerciale, pourquoi ne convainquent-ils pas leurs gouvernements de changer les lois, au lieu de venir ici et d'exploiter les femmes pauvres?».

Ainsi une faille pourrait enfin se créer dans le front uni formé dans les dernières décennies par les homosexuels (ou LGBT, maintenant LGBTQIQ, c'est à dire Lesbian Gay Bisexual Transgender Queer Intersexual e Questioning, combien d'autres catégories s'ajouteront au cours de ce luste, on ne sait pas) et leurs alliés féministes, compagnes naturelles de la cause homosexuelle dans les tranchées du politiquement correct. La politique du mouvement gay, en effet, n'est pas quelque chose de spontané ou d'improvisé. Il y a un livre qui, plus que tout autre démontre la lucidité du front homosexualiste. Il s'agit de "After the ball. How America will conquer its fear & hatred of Gays in the 90's" (Après le bal Comment l'Amérique va vaincre sa peur et sa haine des homosexuels dans les années 1990), publié en 1989 par Marshall Kirk stylos, un neuropsychiatre , et Hunter Madsen, spécialiste du marketing de persuasion. Le texte, qui constate que «la révolution gay a échoué», décrit les principes directeurs que le mouvement devra suivre afin de gagner l'opinion publique. «Dépeindre les homosexuels comme des victimes et non comme des provocateurs agressifs», «Donner aux protecteurs potentiels une juste cause», «Faire que les gays semblent bons», «Que les opposants semblent mauvais».
Le document analyse le contexte médiatique, les systèmes de collecte des fonds, la formation de l'opinion de la population et les manipulations faisables à cet effet. «La légitimité de l'identité gay et lesbienne à travers un combat de liberté comme ceux sur le divorce ou l'avortement, qui dispose d'arguments simples et convaincants: avant tout la proclamation d'un modèle normatif d'homosexualité résolu et rassurant. Avec le gâteau dans le four et les rideaux aux fenêtres, comme l'a défini une voix maligne. Le message est plus ou moins ce qui suit: les homosexuels ne sont pas des individus seuls, mesquins et névrosés, mais des personnes splendides, fiables et équilibrées, responsables au point de vouloir fonder une famille ».

L'ultra prostitution et le far west biologique: jusqu'à quand?
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Les médecins indiens, qui s'enrichissent comme des collaborationistes autochtones de cette nouvelle colonisation de l'ovaire réagissent avec colère à la critique qui commence à s'élever de la part du public et de la politique indienne. Les partis de gauche en Inde existent et ont une voix forte, de même qu'il existe dans le sous-continent une grande liberté de la presse. Ainsi, l'industrie de la subrogation commence à se défendre avec les paradoxes ridicules, mais tout à fait légitimes pour une certaine mentalité du Tiers-Monde: dans les baby-factories, nous dit-on, les mères porteuses mangent des aliments sains pour la première fois dans leur vie, de même qu'elles reçoivent des examens médicaux de contrôle et de soin que jamais elles n'auraient pu se permettre si elles étaient enceintes de leurs "propres" enfants. De même, il est intéressant de noter que certaines des réactions de colère des médecins et des mères porteuses aux premières critiques soulignent que les féministes sont souvent "célibataire" (quelque chose de suspect pour la culture civile de l'Inde, qui est encore solidement fondée sur le mariage surtout s'il est arrangé).

Ce Far West biologique, cet Eldorado de la post-humanité pourrait avoir ses jours comptés. Il était impensable que passe inaperçu un tel monstrueux phénomène social, dans lequel la valeur du corps et même dans le cas de Premila, de la vie de la femme, contrairement à toute théorie féministe, est réduit au point que les naissances adviennent principalement par césarienne, selon les billets d'avion des «clients» létrangers qui viennent en Inde pour la livraison du produit humain, le bébé.

Un projet de loi de la part des autorités indiennes existe. Il s'appelle Artificial Reproductive Technology Bill (document sur la technologie de la reproduction artificielle). Le parlement en discute depuis 3 ans: un business de deux milliards d'euros aura son propre lobby dans une République démocratique et centré sur l'argent comme New Delhi (rappelez-vous que Lakshmi, l'argent, dans l'hindouisme, est une déesse vers qui se tourner, et pas le «fumier du diable»). Ce ne sont peut-être même pas seulement les lobbies économiques qui sont à l'œuvre: le projet prévoirait que les couples homosexuels seraient exclus de la possibilité de la surrogacy. Ce qui aurait des effets dévastateurs tant sur les affaires indiennes, que sur l'évolution à long terme de la culture gay, privée d'un élément important dans sa course à la présentabilité sociale d'abord, et au remplacement de la famille traditionnelle ensuite. Selon le texte, en outre, les femmes étrangères qui souhaitent utiliser des utérus indiens devraient prouver au niveau médical leur stérilité: fin des Sarah Jessica Parker, des femmes carrièristes en veine de maternité extracorporelle et des too-posh-to-push. Le texte donnerait aussi à la justice indienne le pouvoir de poursuivre pénalement un couple qui qui refuserait un enfant né «défectueux», interdirait aux indiennes de de moins 21 ans et de plus de 35 de devenir mère porteuse, empêchant la subrogation au-delà de la cinquième grossesse, en comptant les enfants naturels .
Comme nous l'avons dit, la loi n'a même pas encore été discutée, elle est en attente , en attente depuis plus de trois ans.
Mais la question n'est pas seulement de l'Inde. C'est une affaire (dans tous les sens du terme) au niveau mondial.