The Cardinal’s Column

Le cardinal Francis George, archevêque de Chicago, s'adresse à ses ouailles, dans sa lettre pastorale de début d'année. Extraordinaire plaidoyer non pas contre le soi-disant "mariage gay" mais pour le mariage naturel. (5/1/2013)

A une semaine de la "Manif pour tous" du 13 janvier, à Paris, les exhortations du cardinal Francis George s'adressent évidemment aussi à nous français, et nous apportent des arguments de poids.

Radio Vatican s'est fait l'écho des propos du Cardinal (http://www.news.va/it/news/usa-il-card-george-sulle-unioni-gay-le-leggi-non-c )

Voir aussi sur ce site, "la prophétie du Cardinal George": http://benoit-et-moi.fr/2012(III)

Nous savons que le Cardinal George souffre d'un cancer, et nous prions pour sa guérison.

6 au 19 janvier 2013
Loi créant le mariage «de même sexe»: quel est l'enjeu?
http://www.catholicnewworld.com
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Au début de la nouvelle année 2013, une loi est proposée à l'Assemblée générale pour modifier la définition juridique du mariage dans l'Illinois, afin de satisfaire les personnes du même sexe qui souhaitent se «marier». Dans ce débat, l'Eglise sera présentée comme «anti-gay», ce qui est une position difficile à tenir, en particulier lorsque les familles et l'Église elle-même aiment ceux de leurs membres qui sont d'orientation homosexuelle.
Qu'est-ce qui est en jeu dans cette proposition législative et dans l'enseignement de l'Église sur le mariage?

Fondamentalement, la nature du mariage n'est pas une question religieuse. Le mariage nous vient de la nature.
Le Christ sanctifie le mariage comme un sacrement pour les baptisés, lui donnant une signification au-delà de sa réalité naturelle, l'État protège le mariage, car il est essentiel à la famille et au bien commun de la société.
Mais ni l'Église, ni l'État n'ont inventé le mariage, et aucun ne peut changer sa nature.

La nature et la Nature de Dieu, pour reprendre l'expression dans la Déclaration d'Indépendance de notre pays, donne à l'espèce humaine deux sexes mutuellement complémentaires, capables de transmettre la vie à travers ce que la loi a jusqu'à présent reconnu comme une union conjugale. De manière idéale, des relations sexuelles consommées entre un homme et une femme sont basées sur l'amour réciproque et doivent toujours être fondés sur le consentement mutuel, si elles sont véritablement des actions de l'homme.
Mais peu importe la force d'une amitié, ou aussi profond que puisse être un amour entre personnes de même sexe, il est physiquement impossible que deux hommes ou deux femmes, puissent consommer une union conjugale. Même en droit civil, la non-consommation du mariage est un motif de l'annulation.

Les relations sexuelles entre un homme et une femme sont naturellement et nécessairement différentes des relations sexuelles entre des partenaires de même sexe.
Cette vérité fait partie du sens commun de la race humaine. Elle était vraie avant l'existence de l'Église ou de l'État, et elle continuera à être vraie quand il n'y aura plus d'État de l'Illinois et d'États-Unis d'Amérique. Une proposition visant à changer cette vérité sur le mariage dans le droit civil est moins une menace pour la religion qu'un affront à la raison humaine et au bien commun de la société. Cela signifie que nous prétendons tous accepter quelque chose que nous savons physiquement impossible. La législation pourrait tout aussi bien abroger la loi de la gravité.

Quelle est, alors, l'enjeu de ce projet de loi?
Ce qui est certainement en jeu, c'est la relation naturelle entre parents et enfants.
Les enfants, même s'ils sont aimés et élevés par ceux qui ne sont pas leurs parents biologiques, veulent savoir qui sont leurs parents, qui est leur famille naturelle. La fascination pour les tableaux généalogiques et l'ouverture des dossiers d'adoption sont la preuve de cette volonté de se retrouver dans une succession biologique des générations. Aucune «étude» honnête n'a jamais réfuté ce que nous savons tous. Le mariage stable entre un mari et sa femme protége leurs enfants, les entourant de l'amour familial et créant le fondement sûr de l'épanouissement humain. Ce désir naturel, déjà affaibli dans une société qui semble de plus en plus immorale, ne sera plus privilégiée en droit civil. Il ne sera pas plus «normal» que n'importe quel autre arrangement «familial». Si la nature du mariage est détruite en droit civil, la famille naturelle s'en ira avec.

De plus, ceux qui connaissent la différence entre le mariage et les «arrangements de même sexe» (unions homosexuelles) seront considérées comme des bigots.
C'est là que la question religieuse entre en jeu. Y compris la «liberté religieuse» dans le titre de la proposition de loi, reconnaissant que l'enseignement religieux fondé sur des vérités naturelles sera désormais considéré comme une discrimination illégale et punissable par la loi. L'intitulé de la loi est ironique, sinon hypocrite. Ceux qui savent que le mariage est une union entre un homme et une femme pour l'amour de la famille porteront un opprobre social qui les rendra indésirables dans la plupart des facultés et des comités de rédaction des grands journaux. Ils seront exclus de l'industrie du divertissement. Dans les écoles publiques, on enseignera à leurs enfants et petits-enfants que leurs parents sont arriérés, l'équivalent de racistes égarés.
Les lois enseignent: elles expriment les valeurs sociales acceptées et la plupart des gens suivent les tendances sociétales, même lorsque la majorité épouse des causes immorales.

La légalisation de l'avortement est un bon exemple de la façon dont une procédure immorale qui tue les bébés dans le ventre de leur mère est d'abord autorisée légalement dans des circonstances limitées comme un mal nécessaire, puis en quarante ans devient une condition de la liberté humaine, qui doit être préservée à tout prix, une partie essentielle des «soins de santé de la reproduction».
Nous sommes sur la même trajectoire avec le mariage.
Des modèles de lois faisant des unions de même sexe un mariage civil font partie de l'éducation pendant des décennies. Les médias se sont engagés dans une campagne sur cette question depuis presque aussi longtemps, désensibilisant les gens pour leur faire accepter comme une chose normale ce qui avait été précédemment reconnu comme problématique. Nous sommes à la fin d'un énorme effort de propagande par des personnes sûres dans leur conviction qu'ils sont à la pointe du développement humain. Mais ce que nous voyons n'est pas particulièrement nouveau. Il y a deux mille ans, l'Église est née dans une société avec des valeurs actuellement avancées comme nécessaire pour une société plus juste aujourd'hui.

Pourquoi cette loi? Comme toutes les conséquences strictement juridiques du mariage naturel sont déjà données aux partenaires de même sexe dans les unions civiles, ce qui est aujourd'hui en jeu dans cette question pour quelques personnes d'orientation homosexuelle, c'est le respect de soi et la pleine acceptation sociétale de leur activité sexuelle.
Puisque les gens de bien ne peuvent approuver la haine ou le mépris des autres, le «mariage homosexuel» devient pour beaucoup une réponse bien intentionnée et de bon cœur pour aider les autres à être heureux. Mais le mariage est un engagement public, avec une responsabilité qui implique plus que le bonheur personnel de deux adultes. Inventer des «droits civils» qui contredisent les droits naturels ne résout pas le problème du malheur personnel.

Certaines personnes religieuses ont formulé leur acceptation de cette proposition de loi comme un exemple de compassion, de justice et d'inclusion. Comme attitudes, ces sentiments ont été utilisés pour justifier tout, de l'eugénisme à l'euthanasie. Si la religion doit être plus que des sentiments, le contenu moral de ces mots doit être rempli des vérités de ce que la raison humaine comprend et que Dieu a révélé. Les unions homosexuelles sont incompatibles avec l'enseignement qui a gardé l'Église unie à son Seigneur pendant deux mille ans.

L'Eglise catholique dans cet archidiocèse a toujours condamné la violence ou la haine à l'encontre des hommes et des femmes d'orientation homosexuelle.
Une bonne pratique pastorale encourage les familles à accepter leurs enfants, peu importe leur orientation sexuelle, et à ne pas rompre les relations avec eux.
L'Archidiocèse propose des messes et d'autres aides spirituelles pour ceux qui vivent anonymement leur homosexualité (Courage groups) et aussi pour ceux qui veulent faire publiquement partie de la communauté gay (AGLO, [!!!.. ???] qui célèbre son 25e anniversaire cette année).
Les gens vivent leur identité sexuelle de différentes façons, mais l'Église propose toujours les moyens de vivre chastement en toutes circonstances, ce que l'amour de Dieu à la fois oblige et rend possible.

Finalement, ce qui est en jeu dans ce projet de loi a fait l'objet de quelques phrases dans le récent discours de fin d'année de notre Saint-Père à ses collaborateurs à Rome.
Citant le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, qui a récemment parlé de l'impact de la «philosophie du genre» sur la proposition de lois sur le mariage en France, le Pape Benoît a déclaré:

«La manipulation de la nature, qu’aujourd’hui nous déplorons pour ce qui concerne l’environnement, devient ici le choix fondamental de l’homme à l’égard de lui-même. L’être humain désormais existe seulement dans l’abstrait, qui ensuite, de façon autonome, choisit pour soi quelque chose comme sa nature. L’homme et la femme sont contestés dans leur exigence qui provient de la création, étant des formes complémentaires de la personne humaine. Cependant, si la dualité d’homme et de femme n’existe pas comme donné de la création, alors la famille n’existe pas non plus comme réalité établie à l’avance par la création. Mais en ce cas aussi l’enfant a perdu la place qui lui revenait jusqu’à maintenant et la dignité particulière qui lui est propre. Bernheim montre comment, de sujet juridique indépendant en soi, il devient maintenant nécessairement un objet, auquel on a droit et que, comme objet d’un droit, on peut se procurer. Là où la liberté du faire devient la liberté de se faire soi-même, on parvient nécessairement à nier le Créateur lui-même, et enfin par là, l’homme même – comme créature de Dieu, comme image de Dieu – est dégradé dans l’essence de son être. Dans la lutte pour la famille, l’être humain lui-même est en jeu. Et il devient évident que là où Dieu est nié, la dignité de l’être humain se dissout aussi. Celui qui défend Dieu, défend l’être humain !» (source).

C'est ce qui est en jeu aujourd'hui. Malgré l'inévitabilité apparente de la législation sur le «mariage homosexuel» , chaque citoyen responsable devrait examiner ce qu'il ou elle doit maintenant faire, tandis qu'un législateur non réélu, dont de nombreux membres ne sont plus responsables devant leurs électeurs, se prépare à prendre une décision qui aura des conséquences énormes pour tout le monde.
Que Dieu vous bénisse