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La guerre et la doctrine sociale de l'Eglise

Monique T a comparé les paroles du pape dans l'avion de retour de Corée avec le Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise (19/8/2014)

Dans les cas où il y a une agression injuste, je peux seulement dire qu'il est licite d'arrêter l'agresseur injuste. Je souligne le mot: arrêter. Je ne dis pas bombarder ou faire la guerre. Je dis arrêter. Les moyens par lesquels on peut l'arrêter doivent être évalués. Arrêter l'agression injuste est licite... Une seule nation ne peut juger la façon dont on arrête cela, dont on arrête un agresseur injuste. Après la Seconde Guerre mondiale, on a créé les Nations Unies, c'est là qu'il faut décider: il y a un agresseur injuste, comment pouvons-nous nous l'arrêter? Seulement cela, et rien de plus.
(Pape François, conférence de presse dans l'avion, 18 août)

     

J'ai consulté le Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise pour voir ce qu'il dit de la guerre. Il y a plusieurs pages mais je ne reproduis qu'un court extrait en rapport avec la situation en Irak:

§501
La Charte des Nations Unies, élaborée à la suite de la tragédie de la deuxième guerre mondiale dans le but de préserver les générations futures du fléau de la guerre, se base sur l'interdiction généralisée du recours à la force pour résoudre les différends entre les Etats, à l'exception de deux cas: la légitime défense, et les mesures prises par le Conseil de Sécurité dans le cadre de ses responsabilités pour maintenir la paix. Quoi qu'il en soit, l'exercice du droit à se défendre doit respecter «les limites traditionnelles de la nécessité et de la proportionnalité (Jean-Paul II)».

On constate que le Pape François ne s'écarte pas de cette doctrine en souhaitant une décision des Nations Unies pour la protection des minorités. Il faut arrêter l'agression, si possible par des moyens pacifiques, et si c'est impossible, par une intervention militaire sous l'égide de L'ONU (et non d'un seul pays).

Oui, mais, sur le terrain, les urgences sont tout autres.
A-t-on le temps d'attendre une décision du Conseil de Sécurité quand des fous furieux (qui ne savent pas ce que négocier veut dire), après avoir chassé ceux qui leur résistent, sont sur le point d'envahir un pays qui abrite des milliers de réfugiés, lesquels n'auraient plus qu'à mourir si le pays d'accueil était envahi à son tour? Sans compter la nécessité de retrouver le contrôle d'un barrage dont toute la survie de la région dépend. Certains ont agi promptement pour la légitime défense mais sans mandat de l'ONU.
Le Pape est peut-être astreint, dans ses propos, à une prudence extrême de peur d'être accusé d'appeler à la croisade, mais il ne peut pas blâmer la résistance qui s'organise dans une certaine improvisation.

(Monique T)

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