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461 prêtres britanniques "réfractaires"

La lettre de prêtres d'Angleterre et du Pays de Galle aux Pères Synodaux, publiée par le Catholic Herald. Les pressions du cardinal Nichols. Et le commentaire de Damian Thompson (26/3/2015)

>>> Cf.
Le Synode doit faire une annonce claire et ferme

Né en 1945, Vincent Nichols est archevêque de Westminster, où il a succédé au cardinal Murphy O'Connor, ainsi qu'à la tête de la Conférence Episcopale du RU.
ll a été créé cardinal par François lors du consistoire de février 2014.

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Les signataires de la lettre sont courageux, comme en témoigne ce qui suit. Beaucoup n'ont pas osé signer, par peur des représailles, de sorte que la faiblesse numérique n'est sans doute pas proportionnelle au désarroi des pasteurs.
Qu'il se soit trouvé cinq cents réfractaires, malgré le risque pour leur carrière (on n'est plus au temps de la Révolution, où les prêtres réfractaires qui avaient refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé, payaient leur résistance non pas avec leur carrière, mais avec leur sang!) , est un symptôme encourageant d'une prise de conscience qui ose enfin s'exprimer.
Evidemment, "qui suis-je pour juger?", mais ce serait beau si cette prise de conscience traversait la Manche...
On peut rêver!

La lettre des 461 prêtres fidèles.
Compte-rendu du Catholic Herald

DES PRÊTRES AFFIRMENT QUE LA DOCTRINE ET LA PRATIQUE DOIVENT «RESTER FERMEMENT ET INSÉPARABLEMENT EN HARMONIE»
24 mars 2015
www.catholicherald.co.uk
(ma traduction)
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Près de 500 prêtres de Grande-Bretagne ont signé une lettre exhortant les participants au synode de la famille de cette année d'émettre une «proclamation claire et ferme» confirmant l'enseignement de l'Église sur le mariage.

Dans la lettre, publiée dans le Catholic Herald de cette semaine, les prêtres écrivent: «Nous souhaitons, en tant que prêtres catholiques, ré-affirmer notre fidélité indéfectible aux doctrines traditionnelles concernant le mariage et le vrai sens de la sexualité humaine, fondée sur la Parole de Dieu et enseignée par le Magistère de l'Église depuis deux millénaires».
Le Synode extraordinaire de l'an dernier a provoqué un débat houleux sur la question de savoir si les catholiques remariés devraient être autorisés à recevoir la sainte communion - une proposition présentée par le cardinal allemand retraité Walter Kasper.

Dans ce qui est considéré comme une démarche sans précédent, 461 prêtres de Grande-Bretagne se sont réunis pour exhorter les participants synodaux à résister à la proposition.
Ils écrivent: «Nous affirmons l'importance du respect de la discipline traditionnelle de l'Eglise sur la réception des sacrements, et que la doctrine et la pratique restent fermement et inséparablement en harmonie».
Un signataire, qui a demandé à rester anonyme, affirme qu'il y «a eu une certaine pression pour ne pas signer la lettre et même un degré d'intimidation de certains ecclésiastiques de haut rang».
Un autre, qui a également demandé à ne pas être nommé, dit que la question de la communion pour les remariés est «un sujet de préoccupation pastorale et de fidélité à l'Evangile».
Et il ajoute: «La miséricorde requiert à la fois l'amour et la vérité. Il y a beaucoupen jeu. Les prêtres n'oseront pas tous s'exprimer dans une lettre ouverte, mais je serais très inquiet s'il y avait des prêtres qui étaient en désaccord avec les sentiments qu'elle contient».
«La lettre appelle à la fidélité à la doctrine catholique, et dit que la pratique devrait rester "inséparablement en harmonie" avec la doctrine. Les prêtres affirment qu'ils restent engagés pour aider "ceux qui luttent pour suivre l'Évangile dans une société de plus en plus laïque", mais laisse entendre que les couples et les familles qui sont restés fidèles ne sont pas soutenus ou encouragés de manière adéquate».

Parmi les signataires notables à la lettre, il y a le théologien Aidan Nichols (ndt: auteur d'un livre sur "La pensée de Benoît XVI", cf. benoit-et-moi.fr/2015-I-1/benoit/un-familier-de-benoit-xvi-i ; suivent d'autres noms qui me sont en général inconnus: je note juste la présence de deux prêtres-blogueurs, Father Ray Blake et Father John Hunwick, dont nous avons traduit plusieurs textes dans ces pages).

Les prêtres concluent la lettre en exhortant tous les participants au prochain Synode «à faire une proclamation claire et ferme de l'enseignement moral immuable de l'Eglise, de sorte que la confusion puisse être effacée, et la foi confirmée».

S'exprimant récemment lors de la présentation de son nouveau livre, «La Révolution de la tendresse et de l'amour du Pape François», le cardinal Kasper a dit que les catholiques devraient faire connaître à leurs évêques leurs espoirs et leurs préoccupations au sujet du synode . Mais plus important encore, ils doivent prier pour que l'Esprit Saint guide les délibérations des évêques.
Il a dit: «Nous devrions tous prier pour elle parce qu'une bataille est en cours. Espérons que le synode sera en mesure de trouver une réponse commune, à une large majorité (ndt: mais l'Eglise n'est pas une démocratie!!!), qui ne sera pas une rupture avec la tradition, mais une doctrine qui est un développement de la tradition».

L'article se conclut par le texte intégral de la lettre et la liste des signataires:

Après le Synode extraordinaire des évêques à Rome en Octobre 2014, beaucoup de confusion a surgi concernant l'enseignement moral catholique. Dans cette situation, nous souhaitons, en tant que prêtres catholiques, ré-affirmer notre fidélité indéfectible aux doctrines traditionnelles concernant le mariage et le vrai sens de la sexualité humaine, fondée sur la Parole de Dieu et enseignée par le Magistère de l'Église depuis deux millénaires.

Nous nous engageons à nouveau dans la tâche de présenter cet enseignement dans toute sa plénitude, tout en tendant la main avec la compassion du Seigneur à ceux qui luttent pour répondre aux exigences et aux défis de l'Evangile dans une société de plus en plus laïque. En outre, nous affirmons l'importance du respect de la discipline traditionnelle de l'Eglise sur la réception des sacrements, et pour que la doctrine et la pratique restent fermement et inséparablement en harmonie.

Nous exhortons tous ceux qui vont participer au deuxième Synode en Octobre 2015 à faire une proclamation claire et ferme de l'enseignement moral immuable de l'Eglise, de sorte que la confusion puisse être dissipée et la foi confirmée.

Le commentaire du blogueur britannique Damian Thompson

LE CARDINAL NICHOLS TENTE DE RÉDUIRE AU SILENCE DES PRÊTRES FIDÈLES. CELA RISQUE D'AVOIR L'EFFET INVERSE
blogs.spectator.co.uk/coffeehouse/2015/03/cardinal-nichols-attempts-to-silence-faithful-priests-this-will-backfire/
(ma traduction)
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[ Mise à jour de DT : En regardant de plus près la liste des prêtres, je suis étonné par certains des noms que je vois ici - des clercs que je n'aurais pas décrits comme conservateurs, a fortiori traditionalistes. Cela renforce mon sentiment qu'un grand nombre de prêtres, malgré leur admiration pour François, sont préoccupés par la direction de ce pontificat - ou plutôt son manque de direction]

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Le Cardinal Vincent Nichols a fustigé près de 500 prêtres qui ont signé une lettre au Catholic Herald, exprimant leur préoccupation au sujet du Synode sur la Famille d'Octobre prochain, qui doit débattre des questions sensibles de morale sexuelle. C'est une grosse bévue du cardinal qui expose à la fois l'inflexibilité de son style de leadership et - à coup sûr dans le cas de certains des prêtres - un manque de confiance dans sa gestion de l'Eglise catholique en Angleterre et au Pays de Galles.
Voici ce que rapporte le Catholic Herald d'aujourd'hui:

Les prêtres ne devraient pas mener le débat au sujet du Synode sur la famille d'octobre à travers la presse, a dit le cardinal Nichols, à la suite à la publication d'une lettre signée par des centaines de prêtres, exhortant le synode à délivrer une «proclamation claire et ferme» confirmant l'enseignement de l'Église sur le mariage.
Dans la lettre, signée par près de 500 prêtres et publiée dans le Catholic Herald de cette semaine, ils écrivent: «(..) nous souhaitons, en tant que prêtres catholiques, ré-affirmer notre fidélité indéfectible aux doctrines traditionnelles concernant le mariage et le vrai sens de la sexualité humaine, fondée sur la Parole de Dieu et enseignée par le Magistère de l'Église depuis deux millénaires».

Dans une déclaration, un porte-parole du cardinal Nichols a dit que la presse n'était pas le meilleur moyen pour mener un dialogue de ce genre.
«A chaque prêtre en Angleterre et au Pays de Galles, il a été demandé de réfléchir à la discussion du Synode. Mon intention était que cela avait été repris dans chaque diocèse, et que les canaux de communication avaient été mis en place», indique le communiqué.

«L'expérience pastorale et les préoccupations de tous les prêtres autour de ces questions sont d'une grande importance, et sont bienvenues (accueillies) par les évêques. François a réclamé une période de discernement spirituel. La presse n'est pas le meilleur canal pour conduire son dialogue, entre un prêtre et son évêque».

C'est là une démarche peu sage - mais tout à fait caractéristique - de la part du cardinal Nichols.
Voici quelques pensées qui viennent à l'esprit:

1. Le cardinal se réfère à des «canaux de communication» qui, en réalité, sont soit bloqués, soit permettent uniquement un trafic à sens unique. Je n'irais pas jusqu'à qualifier un prince de l'Eglise de maniaque du contrôle, mais si Nichols était un politicien (...) cette casquette conviendrait.
L'idée que les évêques de l'Angleterre et au Pays de Galles considèrent comme "bienvenues" des vues qui ne coïncident pas avec les leurs est risible. Sur cette question, ils ont décidé de s'aligner avec les opinions de François sur la communion aux divorcés et l'homosexualité. Le fait que ces opinions soient vagues et élusives ne les trouble pas parce que la même chose pourrait être dite de leur propre radotage. Le Cardinal Nichols parle couramment le jargon épiscopal ('bishopese'); ce qui le distingue de ses collègues, c'est son efficacité à effacer la dissidence. Mais cette fois, il n'a pas été si efficace. Les prêtres qui jouent habituellement selon les règles étaient si préoccupés par le chaos "à l'anglicane" du Synode d'Octobre dernier sur la famille (le premier des deux) qu'ils ont estimé qu'ils n'avaient pas d'autre alternative que de parler ouvertement.

2. Ce que le cardinal Nichols n'a pas dit, mais je soupçonne qu'il en est conscient, c'est que beaucoup de prêtres ont été avertis par les canaux de communication «accueillants» de ne pas signer la lettre. Comme un signataire le dit au Herald, «il y a eu une certaine pression pour ne pas signer la lettre et même un certain degré d'intimidation de la part de certains ecclésiastiques importants». Sans cette coercition, il y aurait eu beaucoup plus de signataires. Donc, le problème est plus grand qu'il n'y paraît.

3. La colère du cardinal s'adresse non seulement aux prêtres, mais aussi à la presse pour avoir publié leur lettre. Visiblement, il ne m'aime pas - on ne peut pas s'attendre à cela de lui - mais il montre peu d'intérêt pour les journaux catholiques qui, comme cela arrive, mordent leurs langues et résistent aux occasions de le critiquer par fidélité à l'Eglise. ... Son Eminence semble avoir fait le vœu solennel de ne rien dire en public qui soit digne d'être rappelé. Au moins, on ne peut pas accuser François de cela. Pour rendre les choses encore pires, Nichols emploie un bureau de presse inepte et mal informé.

4. Enfin, j'ai le vilain soupçon que chacun des prêtres qui a eu le courage de signer cette lettre sera "fiché". Grâce à l'inertie de la Conférence épiscopale, on trouvera facilement 500 paroisses minables où les affecter - bien qu'en y réfléchissant, le calibre des signataires est tellement plus élevé que la moyenne que cela pourrait être une façon de revivifier la mission de l'Église. Quoi qu'il en soit, ce pourrait être une bonne idée de garder un œil sur ce qui leur arrivera. C'est pourquoi je conclus par la liste de leurs noms...

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