La "bombe" de Maurizio Blondet


Le "complotiste" invétéré qu'il revendique être a relevé dans "Dernières conversations" une contradiction d'importance dans les déclarations de Benoît XVI relatives à l'IOR (11/9/2016)



La première partie du livre d'entretiens de Benoît XVI avec Peter Seewald s'intitule "Les cloches de Rome".
Un chapitre, "Je n'abandonne pas la croix" y est en grande partie consacré aux relations du Pape Emérite avec son successeur, et je mentirais si je disais que c'est celui que je préfère (mais je rassure les futurs lecteurs, dans le livre, il y a bien autre chose). On n'y trouve aucune critique - mais à la réflexion, pas non plus de jugement de valeur portant sur des actes précis (sinon le choix de ne pas porter la mozette et de ne pas vivre dans le Palais apostolique), seulement des généralités sur la "catholicité" de l'Eglise qui la pousse à s'ouvrir à l'universel, et bien sûr, la cordialité de François, son contact facile avec les gens. Le Saint-Père voit «une nouvelle fraîcheur au sein de l'Eglise, une nouvelle allégresse, un nouveau charisme» (???). Et affirme de façon malgré tout surprenante qu'il n'y a «aucune rupture. .. Si on prend des épisodes spécifiques et qu'on les isole, on peut construire des oppositions, mais cela n'arrive pas quand on considère tout l'ensemble»

Mais c'est sans doute ce chapitre qui susciste chez les thuriféraires de François, Andrea Tornielli en tête, une exultation qu'on peut trouver bien peu chrétienne: une sorte de triomphalisme teinté de vengeance: «Vous voyez bien que j'avais raison!». Et de régler les comptes avec les ratzingériens, tournés en ridicule.
Dans un article daté du 10 septembre sous le titre «RATZINGER: C'ÉTAIT MON IDÉE DE CHANGER LES DIRIGEANTS DE L'IOR EN 2012», Tornielli attaque d'emblée:

«Dans le livre-interview "Dernières conversations", le pape émérite revendique le remplacement de Gotti Tedeschi par von Freyberg. Encore une fois Benoît XVI sort des clichés "ratzingeriens" et n'offre aucun soutien à ceux qui, avec une méchanceté pathologique, cherchent à l'instrumentaliser contre son successeur»


Difficile d'ête plus explicite
Et après des développements que nous évoquons plus bas à travers un article explosif de Maurizio Blondet, il conclut:

«Voilà, dans chaque page du livre, grâce à l'honnêteté intellectuelle de l'intervieweur et de l'interviewé, transparaît l'exact opposé du Ratzinger qui est aujourd'hui dépeint par certains prétendus "ratzingériens", ceux-là même qui sur les blogs et les sites l'attaquaient durant son pontificat parce qu'il était trop "conciliaire", ou parce qu'il allait prier à Assise, suivant les traces de son saint prédécesseur».


Ce triomphalisme déplacé (quand bien même il serait justifié par le contenu du livre) met franchement mal à l'aise.
Mais à vouloir trop prouver, Tornielli s'est peut-être pris les pieds dans le tapis.
Maurizio Blondet a eu l'idée de confronter cet article-manifeste avec un autre article écrit par le même Tornielli (qui l'avait sans doute oublié!), il y a trois ans .
Les deux se contradisent de façon flagrante. Et prouv(erai)ent formellement - selon Blondet - qu'au moins dans un passage du livre, celui consacré à l'IOR, Benoît XVI a menti sciemment: c'est pour moi très douloureux d'employer ce mot en parlant de lui, mais c'était un mensonge nécessaire, pour éviter de plus grands dommages à l'Eglise. Et d'ailleurs, je vais me permettre d'être de mauvaise foi: tout dépend du sens que l'on donne au mot 'mensonge'. Imaginons que quelqu'un ait interrogé Benoît XVI, mettons en décembre 2012, en lui demandant s'il avait l'intention de démissionner. Qu'aurait-il pu faire d'autre que mentir? (il insiste d'ailleurs à un certain moment du livre sur la nécessité cruciale de conserver le secret absolu)

Je ne veux pas en dire plus, je vous laisse lire l'article (très convaincant, et très troublant, même si je n'en partage pas chaque ligne!) de Maurizio Blondet, sans me faire toutefois d'illusions: malgré la bombe qu'il constitue, il sera probablement enfoui sous une épaisse chappe de silence.

* * *

Les vicissitudes de l'IOR, notamment celles concernant Ettore Gotti-Tedeschi, ont fait l'objet de nombreux articles dans ce site.
C'est extrêmement complexe, et je suis loin de tout comprendre, encore moins d'avoir une vue d'ensemble. J'avais tenté de faire une synthèse ici: benoit-et-moi.fr/2014-I.
Rappelons toutefois que ce dernier était très apprécié de Benoît XVI, et qu'il a depuis lors été blanchi de toutes les charges retenues contre lui.

Je termine par une précision - de taille -, dont je ne sais pas si elle pourrait expliquer la gaffe de Tornielli (ou prouver sa mauvaise foi), et invalider la théorie de Blondet: à strictement parler, Von Freyberg n'a pas succédé directement à Gotti-Tedeschi. Entretemps (mai 2012-février 2013), il y a eu un directeur de l'IOR par interim, Paolo Cipriani.
Benoît XVI dit effectivement dans le livre, que j'ai sous les yeux, qu'«il avait été important d'éloigner la précédente direction», de «renouveler les dirigeants, et [qu'il lui avait] semblé juste, pour beaucoup de raisons, de ne plus mettre un italien à la tête de la banque. [Pour lui] le choix du baron Freyberg s'est révélé une excellente solution».
Mais contrairement à ce qu'affirme "l'homme de François", il ne mentionne pas 2012 (voulait-il parler de Cipriani?). Il a juste répondu par l'affirmative à une question de Seewald «C'était votre idée?».

Enfin, last but not the least, rappelons que c'est le 15 février 2013, soit quatre jours exactement après l'annonce de la renonciation de Benoît XVI que la Salle de presse du Vatican annonçait la nomination d'Ernst von Freyberg, comme Président du Conseil d'administration de l'IOR (j'en avais parlé ici: benoit-et-moi.fr/2013-I).

Cela fait décidément beaucoup de coïncidences, si l'on y ajoute le rétablissement du système de paiement par carte bancaire au sein du Vatican, advenue... le 12 février, le lendemain de l'annonce fatidique...

Reste à attendre d'éventuelles réactions, de gens qui ont suivi cette affaire de près, ou sont concernés au premier chef: Sandro Magister, Riccardo Cascioli, et bien entendu Ettore Gotti-Tedeschi lui-même.
Et évidemment, à démêler le rôle de Peter Seewald.

Benoît XVI est contraint de mentir. Par qui?


Maurizio Blondet
9 septembre 2016
Ma traduction

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«Que se passe-t-il au Vatican? - me demandent plusieurs lecteurs - parce que maintenant, voilà le pape Benoît qui arrive avec ce livre-interview dans lequel il semble faire l'éloge de Bergoglio, se rabaisser lui-même et souligner que la décision de se retirer a été entièrement personnelle et prise en toute indépendance, sans coercition?
«C'est une blague - dit un autre - et Ratzinger a été de nouveau manipulé par le pouvoir du Vatican pro Bergoglio, ou alors nous n'avons vraiment rien compris, et Benoît a écrit de sa propre main tout le texte, et il estime Bergoglio?».

Le livre s'appelle "Dernières conversations"; il est sous la forme d'une interview, et est présenté triomphalement par Vatican Insider (le site le plus adulateur envers le Pape François, ce n'est pas un hasard s'il dépend de La Stampa [organe notoirement lié à la franc-maçonnerie, ndt]) comme celui qui fait émerger le «vrai» Ratzinger. Un théologien et un pape qui «se démarque des clichés des prétendus "ratzingeriens", de ceux qui ont essayé de l'enfermer dans l'enclos des conservateurs ou des traditionalistes».
Surtout, l'émérite a nié qu'il ait démissionné sous la pression («on ne m'a pas fait chanter»), «c'est moi qui ai écrit la renonciation (le latin incorrect dans lequel il avait été rédigé avait fait soupçonner une autre main) [cf. Settimo Cielo, ndt], «J'ai été content et heureux» du choix de Bergoglio; il en approuve les réformes, «cela signifie que l'Eglise est en mouvement, elle est dynamique, ouverte, ayant devant elle des perspectives de nouveaux développements. Qui n'est pas congelée dans des modèles: ... l'Eglise est vivante et déborde de nouvelles possibilités». Il s'auto-accuse: «Le gouvernement pratique n'est pas mon fort»...

Je n'ai pas lu le livre, mais je m'attendais au contenu. Je sais, par des voix internes [ndt: Blondet a longtemps travaillé pour Avvenire, et il a dû garder des contacts], que Ratzinger subissait depuis des mois de très fortes pressions pour corriger et dissiper l'impression scandaleuse qu'avait fait, en mai, le discours de son secrétaire, Mgr Georg Gänswein lors de la présentation d'un livre: lequel, en proposant une absurde «papauté collégiale», avec «un [pape] actif et un contemplatif», en déduisait que Ratzinger était encore pape, jetant une ombre profonde sur la légitimité de François en tant que Pape.

Il était clair pour tout le monde que Gänswein, le secrétaire, ne parlait pas de sa propre initiative, mais sur mandat du démissionnaire, lequel envoyait à François un signal, un avertissement. Aujourd'hui, dans le livre-interview au titre anodin, Ratzinger dissout cette fumée noire que son secrétaire avait répandu sur la papauté sud-américaine.

Comme je le disais, des voix m'ont dit que cette rétractation a été demandée à l'ex-Pape avec de fortes pressions. Mais c'étaient des voix. Aujourd'hui, au contraire, j'ai la preuve: la preuve que Benoît ment sur au moins un détail important.

La preuve, c'est justement le site Vatican Insider qui la donne involontairement, sous la signature du vaticaniste de La Stampa Andrea Tornielli, peut-être l'exaltateur le plus exalté de François.
Elle est dans l'article que Tornielli a publié le 9 Septembre, intitulé «Ratzinger: c'était mon idée de changer les dirigeants de l'IOR en 2012» La voici:

«Un exemple qui a jusqu'à présent échappé à ceux qui ont recensé le livre concerne l'Institut pour les Œuvres de Religion. Une certaine vulgate a fait passer l'idée que la destitution retentissante du président Ettore Gotti Tedeschi (nommé en 2009, et donc en plein pontificat Ratzinger), qui a eu lieu d'une manière pour le moins douteuse, a été le résultat d'un complot ourdi par le cardinal secrétaire d'État Tarcisio Bertone. Une décision que Benoît XVI aurait subie, incapable de réagir. Mais à la page 209 du livre-interview, le Pape émérite répond sans hésitation à Seewald, revendiquant le choix: "Pour moi, l'IOR était depuis le début un grand point d'interrogation, et j'ai essayé de le réformer. Ce ne sont pas des opérations que l'on porte à terme à la hâte, parce qu'il faut se familiariser. C'était important d'éloigner la direction précédente. Il était nécessaire de renouveler la direction et il m'a semblé juste, pour de nombreuses raisons, de ne plus mettre un Italien à la tête de la banque. Je peux dire que le choix du baron Freyberg s'est avéré être une excellente solution". "C'était votre idée?", demande le journaliste. "Oui", répond Ratzinger».


Or, il se trouve que le même même Tornielli, sur Vatican Insider il y a environ trois ans (22/10/2013) affirmait le contraire. Dès le titre: «BENOÎT XVI A ÉTÉ TRÈS SURPRIS DE L'ÉVICTION DE GOTTI TEDESCHI». Et voici le texte:

«Le pape Ratzinger n'était à l'évidence pas au courant de l'éviction sensationnelle du président de l'IOR Ettore Gotti Tedeschi, advenue d'une manière et dans des circonstances absolument sans précédent dans l'histoire du Saint-Siège et accompagnée d'une tentative de délégitimer personnellement et professionnellement sa personne, comme en témoignent les raisons mises noir sur blanc par le conseil d'administration de la "banque du Vatican" dans un document signé par Carl Anderson.
C'est Mgr Georg Gänswein, préfet de la Maison pontificale et secrétaire du pape Ratzinger qui l'atteste, dans une interview avec "Il Messaggero" publiée aujourd'hui. Interrogé pour savoir si Benoît XVI ignorait l'expulsion de Gotti, Gänswein répond:
"Je me souviens très bien de ce moment, c'était le 24 mai. Ce jour-là il y eut aussi l'arrestation de notre majordome Paolo Gabriele. Contrairement à ce qu'on pense, il n'y a pas de lien entre les deux événements, sinon seulement une coïncidence malheureuse, et même diabolique".
C'est une allusion significative de don Georg. Dans le très dur document par lequel Gotti fut congédié, délibérément divulgué à la presse, parmi les motivations, il y avait son incapacité à expliquer comment des documents confidentiels et de la correspondance interne de l'IOR avaient fini dans les journaux. Laissant presque entendre l'implication du président de l'Institut pour les Œuvres de Religion dans les Vatileaks. L'enquête de la gendarmerie du Vatican, a pourtant vérifié que les échanges confidentiels de courriels - concernant la loi sur la transparence vaticane - devenus publics faisaient partie de l'archive de photocopies trouvées dans la maison de Paolo Gabriel.
"Benoît XVI - poursuit Gänswein - qui avait appelé Gotti à l'IOR pour poursuivre la politique de transparence a été surpris, très surpris par l'acte de défiance envers le professeur. Le Pape l'estimait et l'aimait, mais par respect des compétences de ceux qui avaient des responsabilités, il choisit de ne pas intervenir à ce moment-là. Après la défiance - ajoute le secrétaire de Ratzinger - le pape, pour des raisons d'opportunité, même s'il n'a jamais reçu Gotti a maintenu le contact avec lui de manière appropriée, et discrètement". Il est probable que Mgr Gänswein ait été l'intermédiaire de ces contacts. Selon des indiscrétions, juste avant la démission de Benoît XVI, il avait été décidé une forme de 'réhabilitation' du banquier licencié, qui ensuite n'a pas eu lieu».


Dans l'article de 2013, l'insider [l'initié] du Vatican (et il l'est vraiment!) affirme que l'éviction de Gotti Tedeschi - si brutale que Gotti Tedeschi lui-même a donné une série de documents pour sa défense à un notaire, au cas où "il lui arriverait quelque chose" - n'a pas été voulue par Ratzinger, qui ne savait rien à ce sujet et en a été peiné; dans la deuxième version, l'insider du Vatican souligne que Ratzinger revendique pour lui-même cette éviction, «qui a eu lieu d'une manière absolument sans précédent dans l'histoire du Saint-Siège», par l'incivilité, la méchanceté et la perfidie dans une tentative de diffamer l'honneur professionnel du banquier catholique.

A présent, nous avons des raisons directes pour affirmer que la vérité est la première: Ratzinger a été peiné par l'éviction de Gotti Tedeschi, éviction dont il n'était l'auteur. Mais aujourd'hui, dans sa dernière interview, Benoît XVI s'attribue même cette mauvaise action («C'était mon idée»); action ayant en outre un caractère de bassesse qui ne lui ressemble certes pas. Il s'accuse d'une mauvaise action commise par d autres: dont on peut de plus prouver qu'elle est fausse. Il voulait réhabiliter Gotti Tedeschi, et il y a des témoignages pour le prouver.


EXCUSATIO NON PETITA
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(*) Excusatio non petita accusatio manifesta: "Une excuse non demandée est un aveu de culpabilité". Autrement dit: "Qui s'excuse s'accuse".


Un initié autorisé me dit: se peut-il que Benoît XVI fasse des déclarations mensongères et à l'évidence fausses pour "falsifier" toutes les déclarations dans l'interview? Ou bien veut-il provoquer, par de telles fausses déclarations, des réactions de démenti et de clarification? Et pourquoi, enfin, déclare-t-il qu'on ne le fait pas chanter? N'est-ce pas un Excusatio non petita? pour montrer qu'il été effectivement victime de chantage, et l'est encore?

Qu'est-ce qui pousse Benoît à mentir? Un pape émérite. Le motif doit être très grave. Lequel?
Il y a un an, en Septembre 2015, j'ai émis l'hypothèse que Ratzinger avait dû démissionner parce que les pouvoirs mondialistes avaient exclu la banque du Vatican de SWIFT, le système des transactions financières globales: ce qui faisait du Vatican un Etat-voyou comme l'Iran, et ne lui permettait aucun paiement autre qu'en numéraire. Et de fait, à peine les caméras avait-elles filmé l'hélicoptère avec lequel Benoît XVI se retirait à Castelgandolfo, le Vatican étaient reconnecté à SWIFT, les terminaux de paiement électroniques fonctionnaient à nouveau ...
Peut-il avoir été rudement invité à partir, par ceux qui contrôlaient vraiment les finances du Vatican, afin de mettre l'Église à sec en quelques heures? Et les nonciatures et missions à travers le monde n'auraient plus été en mesure de recevoir des fonds de Rome? Ni Rome recevoir de donations?

Georg Gänswein a fait allusion, en juillet dernier, à la relation maladive de l'Eglise allemande avec l'argent (cf. L'interview de Mgr Gänswein au "Schwäbischen Zeitung): en Allemagne «si vous choisissez de ne plus vous enregistrer comme catholique (et ne payez plus l'impôt à l'Eglise) vous êtes exclu. L'Eglise réagit avec l'expulsion automatique de la communauté, en d'autres termes, l'excommunication! Ceci est excessif, incompréhensible. Si vous mettez en cause un dogme, personne ne s'en soucie, on ne vous chasse pas. Le non-paiement de l'impôt à l'Eglise est-il une insulte à la foi plus grande que la violation des principes de la foi?».
Les caisses pleines et les églises vides, cette coupure est terrible, et cela ne pourra pas aller longtemps ainsi. Si les caisses se remplissent et les bancs se vident, il y aura un jour une implosion. Une église vide ne peut pas être pris au sérieux.

Cela me semble une protestation étouffée et sybilline contre l'Eglise-Mammon; l'Eglise qui tient davantage à être connectée avec Swift qu'à garder un pape importun aux pouvoirs derrière SWIFT.
Mais peut-être que je suis trop soupçonneux.

Une autre voix, ou thèse, affirme que ces mêmes pouvoirs veulent hâter la fusion-dissolution de l'Eglise romaine, sacramentelle dans le protestantisme générique, le "christianisme" générique réduit à un universalisme humanitaire générique, considéré comme composante nécessaire du "gouvernement mondial": opération à laquelle Ratzinger était réticent, mais que Bergoglio réalise à une vitesse extraordinaire et avec un zèle tout spécial.

Mais ce sont là des élucubrations conspirationistes. Une chose est certaine: Benoît a rétracté les déclarations et les allusions de son secrétaire qui jetaient une ombre sur Bergoglio; et en plus, il l'a fait en s'accusant d'une action méprisable qu'il n'a pas commise. Qui a été innocenté par cette auto-accusation? Nous ne le savons pas. Pourquoi Benoît ment-il? Pourquoi doit-il mentir? Malgré ses fragilités (???), je ne pense pas qu'il le ferait si ce n'est dans la conviction d'éviter à l'Église des dommages plus importants. Il doit avoir, en quelque sorte, accompli un devoir.

Lequel? Je n'ai pas de réponse.

En revanche, j'entends le ton, et même la terminologie de la junte latino-américaine, dans l'optimisme enthousiaste de Ratzinger pour les nouveautés, qui lui ressemble si peu: «L'élection d'un cardinal latino-américain signifie que l'Eglise est en mouvement, elle est dynamique, ouverte, ayant devant elle des perspectives de nouveaux développements. Elle n'est pas congelée dans des schémas: il se passe toujours quelque chose de surprenant, qui a une dynamique intrinsèque capable de la renouveler sans cesse. Ce qui est beau et encourageant, c'est que précisément à notre époque, des choses que personne n'attendaient se produisent et montrent que l'Église est vivante et déborde de nouvelles possibilités. (...) L'Eglise abandonne de plus en plus les vieilles structures traditionnelles de la vie européenne et donc change d'aspect, et de nouvelles formes vivent en elle. Il est clair, surtout, que la déchristianisation de l'Europe progresse, que l'élément chrétien disparaît de plus en plus du tissu de la société. En conséquence, l'Église doit trouver une nouvelle forme de présence, elle doit changer sa façon de présenter».

C'est le programme idéologique de Bergoglio, exprimé avec les mots de Bergoglio, qui semble dicté par Bergoglio: ne pas se congeler dans des schémas, l'Église en mouvement, débordant de nouvelles possibilités ...
Maintenant, on peut être d'accord que «L'Église doit trouver de nouvelles formes de présence», élaguant, abandonnant des traditions mortes, se rendant dynamique: mais personnellement, j'accepterais cette impulsion sans arrière-pensée, je n'aurais aucun doute sur les innovations, si elles venaient d'une personne avec une intense vie de sainteté personnelle. Mais je vois subterfuges, pressions, mensonges et violences; je vois une tendance à se venger, à ne pas pardonner, à se faire aduler et à jouir des lumières médiatiques.