Canular vatican

Une première page de l'Osservatore Romano plus vraie que la vraie. La gendarmerie vaticane diligente(rait) une enquête (11/2/2017)

>>> la fausse "Une": Il Papa risponde ai dubbia [425 KB]

Le 2 février dernier, un lecteur m'avait transmis cette première page de l'Osservatore Romano daté du 17 janvier: une page parfaite dans la forme... et crédible sur le fond. Tellement crédible, en fait qu'il m'a fallu une bonne minute - le temps de reprendre mes esprits et de re-vérifier sur internet que le doyen de la Rote Romaine, le revêche Mgr Vito Pinto (celui qui avait menacé les quatre cardinaux auteurs des "dubia" de leur ôter la pourpre pour désobéissance au pape!!) n'était pas cardinal - pour réaliser qu'il s'agissait d'un canular.
Mais tout est tellement "anormal" dans ce pontificat que cela ne m'avait pas paru impossible, d'autant plus que les documents fournis étaient authentiques.
Deux jours plus tard, un prêtre parmi mes lecteurs me signalait à son tour le canular.
Je reproduis ci-dessous notre bref échange par mail.

Et pour moi, cela s'est arrêté là.
Entre-temps, il y a eu les fameuses pasquinades sur les murs de Rome.
Aujourd'hui, une semaine plus tard, le canular de la fausse première page de l'OR est de retour sur internet et il est en train de devenir "viral".

Et voici le commentaire de Marco Tosatti (il cite une info issue du quotidien hyperbetgoglien "Il Messagero"):

Une enquête de la gendarmerie sur le faux Osservatore Romano?
Espérons que c'est aussi une plaisanterie...

11 février 2011
Marco Tosatti
Ma traduction

* * *

La gendarmerie vaticane enquête (cf. www.ilmessaggero.it). Pour savoir qui est l'auteur de la fausse première page de L'Osservatore Romano dans laquelle - nous sommes toujours dans le Carnaval - on ironise avec bienveillance sur le silence persistant du pontife régnant aux «Dubia» présentés par les quatre cardinaux sur la communion pour les divorcés remariés dont le premier mariage est toujours valide. On présume une fronde anti-Bergoglio.

La gendarmerie vaticane! Et ne doutons pas que le général Domenico Giani saura traquer les auteurs d'un canular qui - nous en sommes sûrs - aura été apprécié par le Pontife, lequel, souvent, a remercié Dieu de l'avoir doté, dit-il, du sens de l'humour (!!!).

Mais [un humour] qui fait peut-être un peu défaut ailleurs. S'il y a une enquête, c'est parce que quelqu'un a mandaté le général Giani pour l'initier; pour autant que nous le connaissions, depuis de nombreuses années, en bon militaire avec une expérience sur le terrain et dans les services de renseignement, il agit comme on lui en donne l'ordre.

Le faux Osservatore titrait sur neuf colonnes: «Il a répondu». Et je dois dire qu'il m'a arraché un sourire quand un ami me l'a envoyé il y a quelques jours. Je dois pourtant dire aussi que je n'y ai rien vu d'autre que le divertissement d'une personne d'esprit, certainement au courant de toute la confusion et la division dont l'exhortation apostolique Amoris Laetitia est l'origine dans le monde catholique. Et sans méchanceté envers quiconque, ni haine - mais pourquoi donc y en aurait-il? - envers le Pape. Tout simplement parce que sur un sujet délicat et depuis toujours controversé, le document est ambigu, quoi qu'en dise ses défenseurs, et contredit, non pas ouvertement, mais de manière oblique, tout le Magistère précédent et le Catéchisme de l'Église. Qui ne sont pas des règles doctrinales, mais ce que les catholiques cherchent pour avoir la lumière.

C'est l'absence de réponses claires à des questions claires qui provoque tout cela, y compris des plansanteries et des blagues. Cela ne sert pas à grand chose de criminaliser les perplexes et les dubitatifs, comme semblent vouloir faire certains ultra-papistes et certaines tricoteuses [en français dans le texte: allusion aux femmes qui, durant la Révolution française, se tenaient sous l'échafaud tout en tricotant, pour voir tomber les têtes des suppliciés).

Et puis je crains que les enquêtes ne fassent qu'ajouter le ridicule à la blague. En ce qui concerne les tribunaux, à coup sûr, l'image du Vatican en sort mal. Souvenons-nous des procès récents, pour des faits bien plus graves ... alors imaginez pour une page de journal! Aussi parce que le climat actuel, où certains disent que les mails et les téléphones sont contrôlés, les affiches et vidéos humoristiques sont voués à fleurir. Hier, une amie américaine m'en a envoyée une, que je vous propose ici:

Elle s'intitule Hotel Sanctae Martae (1)
Pour ceux qui ne lisent pas l'anglais: il est question de Sainte Marthe, de ses présumés souterrains, où seraient enfermés «quelques chevaliers déloyaux» (Ordre de Malte) et «une poignée de franciscains»; mais surtout «ceux qui critiquent Amoris Laetitia». Parmi eux, les Conférences épiscopales de Pologne et du Kazakhstan tout entières ... Et l'archevêque Schneider chuchote au protagoniste: «Si tu sors d'ici vivant, informe la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X».

Que fait-on? On envoie du Vatican une commission rogatoire aux États-Unis?

(1) L'auteur est Laurence England, le rédacteur d'un très excellent blog que mes lecteurs doivent connaître, <that the bones you have crushed may thrill>
En se rendant sur le site, on en trouve d'autres tout aussi réjouissants, comme ces deux-là: Club Vaticana (Formally Known as the St Gallen Group) et Quando, Quando, Quando (The Dubia Remix).