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Ce qui s'est vraiment passé à Ratisbonne

Pour rétablir la vérité sur le "scandale" destiné à salir Georg Ratzinger, et, par ricochet, Benoît XVI (et le vrai scandale, l'attitude des médias officiels ou officieux de l'Eglise) (21/7/2017, mise à jour le 22)

>>> Le pompier dans ses oeuvres
>>> Echantillon des médiats français: scandale-domspatzen.jpg

La "une" de l'Avvenire. No comment!

Ratisbonne. La vérité est bien différente

A propos des 547 enfants du choeur de Ratisbonne abusés du temps du frère de Joseph Ratzinger.

Paolo Maria Filipazzi
www.campariedemaistre.com/2017/07/ratisbona-la-verita-e-ben-altra.html
21 juillet 2017
Ma traduction

* * *

Avant tout, il convient de préciser que les faits dont il est question, en vertu du droit allemand, sont tombés en prescription depuis des décennies et que parmi les 49 responsables, les principaux sont morts depuis longtemps. Bref, nous parlons de faits qui ne pourront jamais être vérifiés dans un procès et dont certains responsables n'auront jamais leur mot à dire et ne pourront jamais se défendre pour des raisons évidentes.

Précisons ensuite que l'enquête porte sur ds violences qui ont eu lieu à l'école Vorschule Etterzhausen, du temps où le directeur était Johan Meier, président de 1953 à 1992 et mort il y a 25 ans. En 2010 , un certain Alexander Probst parla publiquement pour la première fois des violences subies entre 1960 et 1970 par cet homme mort depuis longtemps, et sur la base de sa plainte, le diocèse de Ratisbonne, à l'époque dirigé par Mgr Müller, ouvrit l'enquête, dont les résultats définitifs ont été exposés ces derniers jours.

Il en ressort l'image d'une institution typique de «dans le temps», où étaient encore en vigueur les châtiments corporels, qui en Allemagne n'ont été interdits par la loi qu'en 1980. Les 547 sont ceux qui, entendus par la commission, ont affirmé en avoir subi. Beaucoup de ces histoires heutent certes la sensibilité contemporaine, mais ils correspondent en grande partie à des méthodes éducatives notoirement utilisées presque partout jusqu'à il y a quelques décennies.

Il y a ensuite les 67 qui ont été victimes d'agression de caractère sexuel de la part de 9 personnes, dont les deux principaux accusés étaient déjà morts au moment de l'ouverture de l'enquête et n'ont donc pas pu raconter leur version.
Sans nier la gravité de ces épisodes, nous nous permettons de dire que l'affaire semble avoir une portée somme toute beaucoup plus limitée que celle que les titres des journaux télévisés et des quotidiens cherchent clairement à nous faire croire.
Le fait est qu'il y a un mot qui apparaît à un moment donné, à point nommé pour rendre l'ensemble plus juteux: Joseph Ratzinger.

Eh oui ... L'école en cause était en effet l'une de celles où étudiaient les membres du Regensburger Domspatzen, célèbre chœur de voix blanches que dirigeait à l'époque Georg Ratzinger, frère du pape émérite. Ce dernier n'a jamais été effleuré par l'accusation d'abus sexuels. D'après les témoignages qu'on peut lire dans le rapport final, il ressort que certains élèves se souviennent de lui avec des appréciations positive et parfois avec affection et d'autres en évoquent surtout le caractère bourru qui le conduisait parfois à lâcher une gifle. Il y a aussi des passages qui font franchement sourire, comme l'anecdote dans laquelle, tandis que le professeur crie, furieux, son dentier tombe ... Pour les corrections, qui encore une fois sont typiques des méthodes pédagogiques de «dans le temps» le vieux prêtre a présenté des excuses il y a sept ans, juste après les premières plaintes. En résumé, il s'agit vraiment de pas grand'chose.

Cependant, il semble vraiment qu'on ait voulu de force associer le nom Ratzinger aux affaires d'abus sexuels. Et ainsi l'avocat Ülrich Weber, chargé par le diocèse de Ratisbonne de mener l'enquête, lors de la conférence de presse des jours derniers, a accusé le prêtre, aujourd'hui âgé de 93 ans, d'«avoir fermé les yeux et de ne pas avoir pris de mesures à cet égard» .

En fait, à lire le rapport, les informations à ce sujet semblent très confuses. George Ratzinger aurait reçu des informations à trois reprises, très éloignées dans le temps, en 1969, en 1979 et 1993. On ne comprend pas bien de quoi il a effectivement entendu parler. Dans le rapport, il est question génériquement de «violence», sans préciser leur nature. L'avocat Weber affirme que le prêtre ne comprit pas qu'il s'agissait d'abus sexuels et pensa probablement à un simple excès dans les méthodes correctives, chose que l'intéressé avait déjà déclaré en 2010. À la page 380, on affirme qu'il «n'était pas le contact préféré pour signaler les violences sexuelles, compte tenu de son caractère» et à la page 381, est rapportée l'affirmation d'un ex-choriste qui qualifie d'«impensable» de tenir des discours sur le sexe avec lui, décrit comme un vrai puritain. Avouons-le: d'après ce que nous avons en main, à charge contre Georg Ratzinger, il n'y a strictement rien.

Mais voilà: mardi soir (18 juillet), le nom de «Ratzinger» a été prononcé à côté des mots «abus» et «sexuels» et tous les journaux télévisés ont pu hurler le titre: «Abus sexuels: le frère de Joseph Ratzinger savait!». De sorte que tout l'Occident est allé au lit horrifié à cause des 547 enfants violentés par le frère de Ratzinger. Avec en plus le non-dit, qui était pourtant le seul et unique motif pour lequel la nouvelle avait été donnée: l'Émérite pouvait-il ne pas savoir?

Le tout, comme par hasard, par retour de courrier à la nécrologie que Benoît XVI a dédiée au défunt cardinal Meisner, qui a créé des troubles nerveux chez qui-vous-savez... et tant qu'on y était, l'avocat Weber s'est senti en devoir d'attaquer aussi le cardinal Müller, autrement dit celui qui a décidé l'ouverture de l'enquête. Il faisait probablement semblant...

Du reste, immédiatement après qu'on lui eût joué de la guitare, ces dernières semaines, certains ont marmonné que la raison de sa mise à pied était qu'«il n'avait pas fait assez contre les prêtres pédophiles». Personne n'avait été capable de préciser la chose. Aujourd'hui, on comprend peut-être mieux.
Par ailleurs, on sait que quand on veut se faire un prêtre, l'accusation de pédophilie est l'atout gagnant ...

Mise à jour


Une abondante documentation est accessible directement sur la page d'accueil du diocèse de Ratisbonne: www.bistum-regensburg.de. Les lecteurs germanophones (et les journalistes scrupuleux!!) pourront en particulier consulter le rapport d'enquête (plus de 400 pages!) de l'avocat Ulrich Weber: ...Abschlussbericht_Domspatzen.pdf
Un lecteur de Raffaella s'est donné la peine de le lire et de traduire en italien les passages les plus intéressants concernant le frère du Pape.
Il apporte des éléments très importants qui permettent d'apprécier le lynchage médiatique dont le pauvre Mgr Georg a été la victime. Plus grave que tout, y compris de la part les médias catholiques, qui loin de lui donner la parole ou d'essayer au moins de comprendre les circonstances et l'époque, ont instruit à charge, se réjouissant hypocritement que "la vérité" éclate enfin (voir à ce sujet l'interview d'un jésuite, le P. Zollner, sur Radio Vatican en langue française).

Voici donc "l'autre vérité", telle qu'elle ressort du compte-rendu du rapport d'enquête publié sur le site de Raffaella (ma traduction). On peut regretter que cet authentique travail de réinformation soit le fait de particuliers, ou de blogs personnels totalement indépendants, gratuits et désintéressés, quand ceux dont l'information devrait être le travail diffusent un mélange toxique de vérités partielles et de mensonges dont l'effet est renforcé par l'emphase mise sur certains détails au détriment de l'essentiel, ou restent muets. Ou bien l'on peut se réjouir du rôle essentiel qu'assume aujourd'hui Internet pour briser leur monopole.

L'avocat Ulrich Weber, chargé de l'enquête pour le Diocèse de Ratisbonne

Non seulement les faits étaient déjà pour l'essentiel connus en 2010 (sauf la durée et l'ampleur numérique indiquées par le rapport Weber), mais pour ce qui concerne précisément la position de Georg Ratzinger, la version des faits qu'il a livrée à la presse en 2010 est en substance confirmée dans le rapport.
Je dirais plus, elle est renforcée, dans la mesure où il convient de tenir compte des faits suivants:

- l'avocat Weber a été spécialement choisi par le diocèse parce qu'il était déjà l'avocat de la Wasser Ring, une association pour la protection des victimes d'abus, et donc une garantie maximale de transparence et de non-collusion avec les institutions ecclésistiques.
- Weber a contacté et écouté les élèves, mais il n'a pas demandé à Georg Ratzinger sa version des faits
- la méthode utilisée par Weber n'est pas celle d'un procès [càd celle d'un débat] contradictoire, mais une sorte d'enquête historique qui n'a pas de prétention à atteindre la pleine vérité, mais, comme le dit Weber lui-même, se contente de confirmer une vraisemblance plus ou moins grande des compte-rendus des élèves, avec comme conséquence une compensation financère offerte par le diocèse.

Si donc, à cette fin limitée, il est juste de privilégier la version donnée par les élèves d'alors, on peut considérer comme hautement plausible - pour paraphraser Weber - que ce qu'ils n'affirment pas avoir eu lieu, n'a effectivement pas eu lieu.

Au rôle de Georg Ratzinger (qui était le Domkapellmeister, le maître de chapelle de la cathédrale, et ne travaillait pas dans les structures scolaires), le rapport consacre les pages 378-381, au sein d'un contexte dans lequel il est indiqué que les épisodes violents (y compris ceux, la grande majorité, des abus des moyens de correction à connotation non sexuelle) ont eu lieu non pas dans le cadre des leçons de musique du choeur, mais dans le collège et l'internat .

De la lecture de ces pages, il ressort que Georg Ratzinger n'est accusé par personne de mauvais traitements, ni physiques ni moraux (c'est lui-même qui en 2010, a rappelé spontanément qu'avant 1980 il avait donné quelques gifles, dont il s'était déjà alors excusé), mais tout au plus d'avoir reçu ici et là des rapports d'utilisation excessive des moyens de correction au collège et au lycée et de n'être pas intervenu, sauf une lettre de signalement envoyée au directeur de l'école en 1989 .
C'est précisément ce que Georg Ratzinger a dit dans l'interview de 2010: il lui était arrivé des rumeurs en ce sens (jamais d'abus sexuels) et il n'en avait pas imaginé la portée.
Le rapport confirme qu'il n'y a aucune preuve qu'il ait jamais entendu parler d'abus sexuels, et cite même les opinions d'élèves qui considèrent qu'il est très peu probable qu'il sût quelque chose à ce sujet, à cause de son caractère réservé et son intérêt au seul aspect musical du chœur, par opposition à son désintérêt total de la vie de l'école et de l'internat.

Le rapport contient aussi les témoignages (par contre totalement absents dans les compte-rendus des médias) de victimes de mauvais traitements qui gardent un très bon souvenir de Georg Ratzinger: «Il donnait l'impression de ne pas percevoir la réalité qui l'entourait en dehors de la musique. C'était une personne respectée, mais plus comme un grand-père qui distribuait des bonbons chaque semaine, et avec sa passion la plus grande pour la bonne musique ... Il ne savait rien de l'école. De la vie interne du collège, il ne savait vraiment pas grand chose non plus» (p. 378).

Dans les pages 212-218 le rapport n'analyse pas d'éventuelles responsabilités de Georg Ratzinger, dont nous avons déjà parlé auparavant, mais sa personnalité telle qu'elle est décrite par 124 victimes de mauvais traitements au sein de l'institution de Ratisbonne.
Sur sa personnalité, les opinions divergent. Tandis que certains prétendent se souvenir de lui comme irascible et autoritaire, surtout si l'exécution n'était pas musicalement parfaite (et quelques-uns parmi eux se souviennent de gifles lors des répétitions, dont Georg Ratzinger lui-même avait déjà parlé, de tirages d'oreilles ou de cheveux, toutefois ils précisent que le maître ne punissait pas pour le plaisir mais se mettait simplement en colère), beaucoup d'autres - qui prétendent quand même avoir été victimes de mauvais traitements et d'abus de la part d'autres personnes - font son éloge: «il était autoritaire, mais n'a jamais fait mal à personne» ; «Il était vraiment juste, compétent. Je me souviens de lui avec respect»; «Il criait, mais d'une manière amicale, jamais vindicative»; «Il était rigoureux, mais indubitablement débonnaire»; «J'en ai un bon souvenir, comme d'une personne très chaleureuse»; «Les enfants allaient vers lui sans crainte. Il était toujours entouré par des grappes d'enfants»; «Notre Domkapellmeister était apprécié par tous les enfants, même s'il nous soumettait à des épreuves stressantes»; «Quand c'était possible, nous étions tous les après-midi à 4 heures devant sa porte et il partageait avec nous des parts de gâteau, des biscuits et des tartes». «Les bons élèves l'aimaient».