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Le Pape et Charlie

Une succession de fautes de communication, et un manque d'implication personnelle du Pontife qui laisse pour le moins perplexe. Article "à charge" de Marco Tosatti (3/7/2017)

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François n'est pas Charlie

>>> Aldo Maria Valli et Giuseppe Rusconi ont eux aussi consacré de très beaux articles à cette affaire, et à l'incroyable silence du pape!!
Voir aussi le post-scriptum au dernier article de Sandro Magister.

Charlie Gard et le Pape. Trop peu, et, espérons-le, pas trop tard.
Histoire d'un embarras.

MARCO TOSATTI
3 juillet 2017
Ma traduction

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Trop peu, et nous l'espérons ardemment, pas trop tard. Nous nous référons à la ligne maladroite que le Pape et le Vatican ont suivi dans l'affaire Charlie Gard. Une ligne qui a été constituée essentiellement par trois points. La déclaration du Président de l'Académie pour la vie, l'archevêque Paglia (qui, disons-le en passant pourrait se révéler l'un des choix les moins heureux que ce règne, qui abonde en choix douteux); un tweet de @pontifex, où l'on ne parlait pas de Charlie Gard; et enfin la déclaration de Greg Burke.

Pour la déclaration de Mgr Paglia, nous vous renvoyons à l'article que nous avons écrit il y a quelques jours (en français, voir l'article de Jeanne Smits) .

Voilà le tweet: «Défendre la vie humaine, surtout quand elle est blessée par la maladie, est un engagement d'amour que Dieu confie à chaque homme». Il est de la soirée du 30 Juin.

Et enfin, voici la déclaration de Greg Burke hier: «Le Saint-Père - déclare le porte-parole du Vatican - suit avec affection et émotion l'histoire du petit et exprime sa proximité avec ses parents. Pour eux, il prie, espérant qu'on ne néglige pas leur désir d'accompagner et de soigner leur enfant jusqu'à la fin».

En réalité, cette dernière déclaration sonne comme un désaveu de ce qu'ont déclaré les évêques britanniques et Mgr Paglia; notamment en ce qui concerne le désir et le droit naturel des parents d'emprunter tous les chemins possibles qui donne l'espoir de salut pour l'enfant.

Quelques réflexions.
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Cela fait des jours et des jours que le monde catholique se mobilise contre l'euthanasie de Charlie. Dès le premier soir, avec un chapelet place Saint-Pierre, en-dessous de ce qui était la fenêtre du pape. Mais le Pontife est dans son bunker de Sainte Marthe, entouré de ses fidèles et moins fidèles, et ne peut pas l'avoir vu. Pourtant à Sainte Marthe, comme à l'ambassade anglaise, comme à l'hôpital, de nombreux d'appels téléphoniques sont parvvenus.

La lenteur de la réaction peut faire penser à deux choses.
La première: l'informations qui atteint le Pontife est fortement conditionnée par ce qu'écrivent les médias mainstream qui se sont occupés peu, ou pas du tout, de Charlie, les concerts sont plus importants. Et le Pape - il l'a dit lui-même - nous savons ce qu'il lit.

Cet vide de communication a été renforcée par l'attitude de ses différents spin doctors et janissaires de communication. Il suffit de lire certaines allusions d'évêques et de prêtres sur la crainte que le cas de Charlie soit «exploité politiquement» pour comprendre que l'enfant auquel les parents veulent donner une dernière chance, si faible soit-elle, et pas la bureaucratie thanatologique britannique et internationale, est considéré comme un cas «de droite». N'est-ce pas Trump, le Trump abhorré, qui est pro-vie? Vade retro! Cet étiquetage - mais qu'est-ce que ce règne est idéologique! - a contribué à ne pas faire comprendre que la bataille n'est pas seulement pour Charlie, mais pour le droit de ne pas être achevé sur ordre supérieur, peut-être même contre notre avis, contre l'avis de ceux qui nous aiment, s'il y en a.

Alors, ce qui, en théorie, devrait être un thème et une bataille, éminemment catholiques: deux parents qui luttent pour l'espoir - n'est venu que bien tard à l'attention du pape, et même là, permettez-moi de le dire, il ne s'est pas foulé. Ce n'est qu'après que le réseau eût été rempli de messages de catholiques abasourdis par son silence à l'Angelus que Greg Burke a publié un communiqué, qui trahit tout l'effort et l'embarras de la situation. Greg Burke: le pape des imprévus, des visites inopinées, des coups de fil à gauche et à droite, ne s'est pas dépensé personnellement. Au moins pour ce qu'il nous a été donné de savoir. Il ne nous semble pas que nous ayons assisté à un épisode exaltant. Ni pour l'Église ni pour sa communication.