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La rencontre annuelle du Schülerkreis

Elle commence aujourd'hui et durera trois jours. Oecuménisme du sang, et persécution silencieuse des chrétiens aujourd'hui en Europe seront les thèmes abordés. Interview du P. Horn par Andrea Gagliarducci (1er/9/2017)

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Image d'archive: la dernière rencontre de Benoît XVI en tant que Pape avec le cercle de ses anciens élèves, en septembre 2012

«Persécution des chrétiens et martyre», tel est le thème qui sera au centre des réflexions du Schülerkreis, le cercle des anciens élèves du professeur Ratzinger, qui se réunit chaque année à la fin de l'été. Les réncontres commencent ce 1er Septembre, et se poursuivront trois jours.

Schülerkreis, Père Horn: «Dans la pensée de Benoît XVI, l'antidote à la persécution»

Andrea Gagliarducci
31 août 2017
www.acistampa.com
Ma traduction

* * *

Deux rapporteurs, et un témoin, pour une rencontre au fort aspect «œcuménique» à la lumière d'une «théologie qui unit»: celle de Benoît XVI. C'est en ces termes que le Père Stephan Horn, salvatorien, qui fut assistant de Beno*it XVI à l'université et coordonne le cercle des anciens élèves du pape émérite, décrit le prochain Schuelerkreis.

Les membres du Schülerkreis se réuniront du 1er au 3 Septembre, pour parler de «persécution des chrétiens et martyre». Les rapporteurs sont Mgr Helmut Moll, qui a compilé le «martyrologe allemand du XXe siècle» et l'évêque de Linz, Manfred Scheuer, postulateur de la cause de béatification de Franz Jägerstätter. Le témoin - appelé à la suggestion des membres du Nouveau Schülerkreis, les jeunes qui se forment sur la pensée de Benoît XVI - sera l'évêque copte Anba William Samaan Kyrillos, d'Assiout.

- Père Horn, pourquoi le thème de la persécution chrétienne et du martyre a-t-il été choisi cette année?

Comme tous les ans, les membres du Schülerkreis ont présenté leurs idées sur les thèmes possibles de la rencontre, puis ils ont procédé à un vote. Un des sujets était précisément la persécution des chrétiens. Le thème a suscité un grand nombre d'accords. Je l'ai présenté à Benoît XVI, et il a tout de suite accepté et proposé immédiatement les deux rapporteurs.

- Le pape émérite a-t-il commenté le thème?

Il n'a fait aucun commentaire, mais il n'a pas eu d'hésitation pour l'accueillir. Il s'agit, au fond, de l'une des questions les plus importantes pour l'Eglise d'aujourd'hui.

- Comment la théologie de Benoît XVI peut-elle aider à comprendre l'expérience du martyre?

Pour Benoît XVI, la foi est une expérience de vie faite avec les autres, un chemin en famille. Ce qui signifie que l'existence chrétienne vit de l'exemple des autres. C'est quelque chose qui concerne l'existence toute entière, ce n'est pas une abstraction mentale. C'est pourquoi la famille est le lieu naturel de ce témoignage, tout comme le sont les amis. Et puis il y a l'exemple des saints, et spécialement celle des saints qui ont donné leur vie pour cette expérience chrétienne. Déjà avec le baptême, nous sommes à Dieu. Notre existence entière comporte, au fond, un martyre quotidien, un témoignage constant.

- Quelle est l'influence de la sécularisation dans le martyre des chrétiens aujourd'hui?

C'est un thème que Benoît XVI avait déjà affronté à l'époque du Concile Vatican II. Pour le pape émérite, les souffrances de l'Eglise proviennent aussi de cette sécularisation. Laquelle, toutefois, apporte l'antidote: la sécularisation peut être vaincue avec un nouveau témoignage de foi qui cherche à faire des ponts dans la diversité. Quand les chrétiens sont plus unis ou travaillent ensemble pour l'unité, là est l'antidote à la sécularisation. Parce que le martyre n'est pas seulement [celui] des catholiques, mais aussi d'autres confessions chrétiennes. C'est pour cela que pour Benoît XVI, l'unité est une question centrale.

- Aujourd'hui, on parle beaucoup d'œcuménisme de sang, un thème qui plaît beaucoup au pape François ...

Pas seulement au pape François: le thème a aussi été développé par Jean-Paul II et Benoît XVI. Et nous, en Allemagne, nous l'avons vécu de façon concrète durant le nazisme, quand des prêtres catholiques, protestants et aussi orthodoxes, se sont retrouvés ensemble dans les camps de concentration. Et, dans cette situation si terrible, ils ont vécu ensemble, ils ont prié ensemble, ils ont échangé leurs expériences de foi.

- On peut donc dire qu'en raisonnant sur le martyre et la persécution des chrétiens, le Schülerkreis cherche aussi une route œcuménique?

C'est un thème qui est particulièrement en sause. C'est pourquoi nous sommes très heureux qu'il y ait un témoignage d'un évêque copte. Les coptes ont vécu dans leur chair la division entre coptes catholiques et orthodoxes, mais en gardant la foi, survivant dans un pays à majorité musulmane.

- Et quelle contribution peut apporter la pensée de Benoît XVI à cette recherche d'unité?

La théologie de Benoît XVI vit en premier lieu d'exégèse biblique. Cela le rapproche du monde protestant, et aussi du monde orthodoxe pour sa référence constante aux Pères de l'Église. Sa théologie est donc vraiment catholique, elle combine, elle comprend la pensée et la richesse des autres confessions chrétiennes.

- Il semble que le cercle des anciens élèves de Benoît XVI suive en quelque sorte un chemin: il y a deux ans, on a parlé de l'éclipse de Dieu, l'an dernier de l'Europe, aujourd'hui du martyre. Y a-t-il une ligne commune?

On pourrait dire qu'il y a une ligne commune. Bien sûr, la pensée sur le Christ a toujours été au centre de nos rencontres, ainsi que la question de savoir pourquoi Dieu est en quelque sorte mis à l'écart.

- Quand on parle de martyre, on pense toujours au martyre sanglant. Selon vous, y a-t-il un martyre caché?

Quand nous parlons de persécution des chrétiens, en général, nous pensons à la Corée du Nord, ou à la situation des chrétiens au Moyen-Orient. Mais nous ne parlons jamais d'une persécution que nous vivons en Europe. Peut-être que le mot «persécution» n'est pas exact, parce que cette persécution ne s'exprime pas avec le sang. Mais les chrétiens la vivent, parce qu'ils sont marginalisés. On ne parle pas de la foi, le mode de vie ne respecte pas la foi chrétienne. Les médias ne parlent pas non plus de foi, ils ne veulent lui accorder aucune place. Pour les chrétiens, c'est très difficile. Nous sommes à la fin d'un processus, qui a commencé de manière silencieuse, dans les institutions éducatives. On n'en parle pas beaucoup, mais il s'agit du martyre de la vie quotidienne que les chrétiens doivent endurer.