Révolution bergoglienne dans l'Eglise au Pérou

avec la mise à la retraite expéditive de l'archevêque de Lima, le cardinal Cipriani, et son remplacement par un prêtre proche de la théologie de la libération et l'antithèse absolue de Cipriani. Article de Giuseppe Nardi (30/1/2019)

>>> La notice wikipedia du cardinal Cipriani, pleine d'insinuations malveillantes et de fake news déguisées en informations "sous réserve", permet de mieux comprendre l’antipathie de François - qu'explique par ailleurs Giuseppe Nardi dans un autre article (traduit également ci-dessous par Isabelle) (1).

Le nouvel archevêque, Carlos Castillo Mattasoglio (bientôt cardinal?)

Commentaire d'Isabelle (qui a traduit l'article de Giuseppe Nardi)
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Cette affaire semble symptomatique de deux traits caractéristiques de la personnalité du pape actuel :

1° il considère l’Eglise dont il a la charge comme « sa » chose, « son » jouet ; il impose dans tous les domaines ses vues personnelles (politique de l’immigration, positionnement vis-à-vis de la peine de mort, etc.) et ne nomme, pour les postes qu’il juge importants, que des personnes qui présentent le profil « conforme » à ses idées ;

2° il est vindicatif à un degré extrême et se souvient exactement de toutes les personnes qui, dans un passé plus ou moins lointain, se sont mises en travers de sa route (ou en travers de la route de ses « amis ») : alors, la mise à la retraite tombe comme un couperet, avec une rapidité implacable ; pensons aux cas de Mgr Aguer en Argentine, de Mgr Brugues renvoyé de son poste de préfet de la Vaticane (il s’était opposé à la nomination de Mgr Fernandez comme recteur de l’Université pontificale de Buenos Aires), de Mgr Negri archevêque de Ferrare ou encore de Mgr Léonard (pour satisfaire le désir de vengeance du cardinal Danneels).

LE CARDINAL CIPRIANI THORPE DÉSORMAIS ÉMÉRITE – ET CELA TOURNE À LA CATASTROPHE

Le Pape François opère une révolution dans l’Eglise du Pérou


Giuseppe Nardi
katholisches.info
25 janvier 2019
Traduit de l'allemand par Isabelle

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Comme annoncé hier, le pape François a accepté la démission du cardinal Juan Luis Cipriani en tant qu’archevêque de Lima et primat du Pérou et il a en même temps nommé son successeur.


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L’éméritat et le nom du successeur ont été communiqués aujourd’hui par le service de presse du Vatican. Les journaux péruviens offrent déjà, dans leurs éditions d’aujourd’hui le portrait du successeur en première page.

Le chroniqueur espagnol Francisco Fernandez de la Cigoña s’exprime de manière plus claire que le communiqué du Vatican : « Cipriani est tombé ».

Comme ce fut le cas pour l’archevêque de la Plata, Mgr Aguer, l’opposant argentin de Bergoglio, François n’a pas « accordé un seul mois de prolongation » au cardinal Cipriani, après que celui-ci eût atteint l’âge de 75 ans.
Pour succéder à Mgr Aguer à La Plata, François avait nommé son propre « ghostwriter », l’archevêque Mgr Victor Manuel Fernandez. « Le successeur de l’archevêque de Lima est encore bien pire », commente Fernandez de la Cigoña.

L’opposé de Cipriani

Celui que le pape François a désigné comme nouvel archevêque de Lima et primat du Pérou, s’appelle Carlos Castillo Mattasoglio, prêtre de l’archidiocèse et professeur de théologie à l’Université pontificale catholique du Pérou.
Il correspond trait pour trait à la description qu’on a publiée de lui hier :
« C’est un prêtre diocésain de Lima, disciple de Gustavo Guttierez et proche des dirigeants de l’Université catholique pontificale du Pérou. Et pour dire, en un mot, le revers de la médaille: il est tout à fait opposé à la ligne de Cipriani. C’est un prêtre qui s’est rebellé contre Cipriani durant les vingt ans de son archiépiscopat. Jamais il n’a participé aux retraites ou aux réunions des prêtres avec le cardinal, jamais non plus on ne l’a vu assister aux cérémonies liturgiques présidées par le Cardinal, comme la Fête-Dieu ou la messe chrismale ».

Fernandez de la Cigoña, excellent connaisseur de l’Eglise dans le monde hispanique, n’y va pas par quatre chemins : « Ce qui s’est produit au Pérou aujourd’hui est indescriptible. C’est une honte. Jamais le siège primatial du Pérou n’aurait pu être attribué à quelqu’un de moins apte à cette charge. Et on ne sait pas à qui revient la plus grande faute : à celui qu’on a désigné ou à celui qui l’a désigné ».

Proche de l’organisation terroriste Le sentier lumineux ?

La nomination arrive en des jours assez agités pour l’Eglise en Amérique latine. Le pape François est au Panama pour les JMJ. L’Eglise du Chili est empêtrée dans une grave crise. Le Venezuela est au bord de l’abîme et l’Eglise ne sait quel parti choisir. L’Eglise au Venezuela le sait bien : elle est contre Maduro, mais cela, le pape François semble l’ignorer. Le Pérou, à l’époque du cardinal Cipriani, était un havre relativement paisible, même si les théologiens de la libération n’ont jamais renoncé à leur travail de sape

Si l’on en croit InfoVaticana, Carlos Castillo Mattasoglio était proche de l’organisation maoïste Partido Comunista del Perú – por el Sendero Luminoso de José Carlos Mariategui (Parti communiste du Pérou – sur le sentier lumineux). Les attaques terroristes du « Sentier lumineux », depuis 1980 jusqu’à l’arrestation de son chef Abimael Guzman en 1992, ont coûté la vie à au moins 70 000 péruviens. Les organisations terroristes existent encore aujourd’hui, réduites il est vrai, et commettent encore des crimes. Elena Iparraguirre (de son nom de guerre « Camarada Miriam »), qui fut longtemps la compagne d’Abimael Guzman (de son nom de guerre « Presidente Gonzalo »), a écrit, voici peu de temps, une lettre au pape François pour lui demander de rendre visite au leader terroriste dans sa prison. Iparraguirre, qui occupait un rang élevé dans le mouvement terroriste, avait été arrêtée en 1992, en même temps que Guzman et condamnée à la réclusion à perpétuité. Guzman et Iparraguirre se sont mariés en prison en 2010.

Le territoire de l’archevêché de Lima, dont l’archevêque sera désormais Carlos Castillo, eut particulièrement à souffrir du terrorisme communiste.

Castillo et l’université rebelle

Castillo, ordonné prêtre de l’archidiocèse de Lima en 1984, obtint, en 1987, un doctorat en dogmatique à l’Université pontificale orégorienne à Rome. Il a consacré, au cours de ces dernières années, l’essentiel de son travail à l’Université catholique pontificale du Pérou, que le cardinal Cipriani appelait l’Université rebelle. Castillo y était jusqu’ici professeur et conseiller de la pastorale des étudiants. En d’autres termes, pendant l’épiscopat du cardinal Cipriani, il « hibernait » à l’Université rebelle, avec laquelle le primat était en conflit depuis de longues années, en lui reprochant de propager des hérésies.

Sous Benoît XVI, le cardinal reçut l’appui de Rome même si le Vatican faisait preuve, à l’égard des rebelles, de beaucoup de patience et d’indulgence. Le pape François choisit le camp des rebelles et laissa tomber le cardinal. Ainsi, la décision pour le Pérou était prise ; il suffisait d’attendre que le cardinal Cipriani atteignît l’âge limite de 75 ans.

Avec la nomination d’aujourd’hui, le pape François a modifié radicalement les rapports de force dans l’Eglise du Pérou. Après la diffusion de la nouvelle, Fernandez de la Cigoña écrit : « Et Cipriani, un archevêque hors du commun dont ils veulent détruire l’immense travail, sait bien que se lamenter honteusement, au dernier moment, ne peut pas suspendre le décret de mort, contrairement à ce que pensaient certains. Ce qui s’est passé aujourd’hui a bien montré que cela ne servait à rien. Il mourra dignement, sans se plaindre du poignard qui le transperce. C’est ainsi à l’Opus Dei. Exactement ainsi ».

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COMPLÉMENT


Dans un article précédent, daté du 24 janvier 2019, G. Nardi avait déjà examiné les raisons pour lesquelles le cardinal Cipriani Thorne pouvait s’attendre à une rapide mise à la retraite (katholisches.info) :


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Le cardinal est un homme au verbe clair, qui ne s’est pas fait que des amis, à l’extérieur comme à l’intérieur de l'Église. Il a décrit les lobbyistes de l'avortement à l’ONU comme des « Hérodes en cravate », affirmant que l'idéologie du genre est « dirigée par le grand capital ». Il a dénoncé les stérilisations forcées, effectuées « au nom du progrès » sur des centaines de milliers de femmes péruviennes. Chaque année, il se trouve en tête de la Marche pour la vie et la famille, à laquelle ont participé en 2016 plus de 750 000 personnes et même, l’année suivante, près d’un million et demi de personnes. A cette occasion, le cardinal déclarait, à l’attention des dirigeants du Pérou, mais surtout à l’adresse de l’ONU et des néo-malthusiens : « L’avortement n’est pas un droit. L’avortement est un meurtre ».

Déjà en 2013, il y eut des tentatives pour faire tomber le cardinal Cipriani Thorne, étant donné les nouveaux rapports de force à Rome. Mais en fin de compte, le pape François n’y prit pas part. En revanche, le cardinal s’est trouvé de plus en plus isolé au sein de la Conférence épiscopale péruvienne, par le jeu des nouvelles nominations d’évêques.

Tandis que le cardinal Cipriani Thorne cherchait à réduire, au prix de grands efforts, l’influence de la théologie marxiste de la libération au Pérou, le pape François rencontra à trois reprises Gustavo Gutierrez, le « père de la théologie de la libération » et le félicita pour son quatre-vingt-dixième anniversaire.

Dans le combat autour de l’Université pontificale catholique du Pérou, le pape François indiqua clairement le camp qu’il avait choisi. Pendant plusieurs années, le cardinal Cipriani Thorne s’était opposé aux rebelles qui avaient pris les commandes de cette Université. Le cardinal, qui, en qualité d’archevêque de Lima, était également le Grand Chancelier de l'université, accusait les rebelles d’enseigner des opinions incompatibles avec le Magistère de l’Eglise. Sous le pape Benoît XVI, suite à de longues et patientes mais infructueuses tractations [et une visite apostolique conduite par le cardinal P. Erdö], les qualifications "pontificale" et "catholique" furent retirées à l’Université.

Cependant, peu après, J.M. Bergoglio fut élu pape et il permit à l’Université de reprendre à nouveau le label « Université pontificale catholique », sans introduire aucun changement dans l'orientation ou l’enseignement de l'université. En même temps, le Saint-Siège priva le cardinal Cipriani Thorne de la fonction de Grand Chancelier. Ainsi le Vatican donna, dans les faits, « le feu vert pour la propagation d’hérésies » aux dirigeants de l’Université

C’est à ce moment-là, au plus tard, que le cardinal a su qu’il ne devait plus compter sur le soutien de Rome.

NDR


(1) Extraits ( fr.wikipedia.org/wiki/Juan_Luis_Cipriani_Thorne):
Je ne reproduis pas les insinuations sordides!

Le cardinal Thorne est connu pour sa position critique envers la théologie de la libération et envers certains groupes qu'il taxe de droit de l'hommisme.
Avec le cardinal Pell, il appuie la peine de mort pour des cas d'exception.
Sur les rôles du père et de la mère dans la famille chrétienne:
« Dieu a mis le père à la tête des enfants et l'a rendu respectable, c'est-à-dire digne de respect; et tous nous avons vu dans notre famille que la maman s'occupe du bon fonctionnement de la maison. Ceci est le message de Dieu. Le père est l'autorité de tout le projet familial. »
« La mère est celle qui modèle tout l'intérieur du foyer, l'ambiance de la maison. Elle corrige le caractère des enfants, prépare les fêtes d'anniversaire, veille à ce que les vêtements soient propres, installe les décorations et les fleurs dans les différentes pièces de la maison; elle donne les permissions aux filles et garçons pour les sorties, les avertit d'être prudents. Ceci est la tâche de la mère. Cela ne veut pas dire que le père et la mère sont égaux, mais ils ont la même dignité. »
Mgr Cipriani a fait l'objet de nombreuses polémiques et critiques de la part d'organisation de défense des droits de l'homme [notamment à propos de] son refus de donner la communion aux personnes favorables à l'avortement ainsi que son opposition avec divers jésuites (on note sa dispute avec le père Luis Bambarén Gastelumendi, alors président de la Conférence épiscopale péruvienne).

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