Je viens d'acheter un livre tout juste paru aux "Presses de la Renaissance, intitulée "La vie rêvée de Jérémy".
Il prend la forme d'entretiens que le petit Jérémy Gabriel, un enfant canadien atteint d'une maladie rare, a eus avec un éditeur nommé Alain Noël, que je ne connais pas.
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Il ne m'échappe pas, évidemment, que le livre peut apparaître comme une forme de récupération commerciale de l'émotion, tout comme la promotion médiatique dont l'enfant, peut-être instrumentalisé à son insu, a "bénéficié", ce que je n'aime pas en général. Mais ici, l'émotion est bien réelle, et je veux surtout retenir l'épisode de la rencontre avec le Pape qui suffit pour moi à purifier l'évènement de toutes ses scories.
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Rappel:
Le 12 mai 2006, la presse canadienne titrait "Jérémy Gabriel a chanté devant le Pape".
Alertée et émue par cette nouvelle touvée par hasard grâce au Forum catholique, j'avais archivé à cette époque plusieurs liens internet, et des photos, que je viens de retrouver:

"Jeremy Gabriel a chanté au Vatican devant le pape Benoît XVI
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Le rêve du petit Québécois Jeremy Gabriel, atteint d'un syndrome rare, s'est enfin réalisé.
Le jeune Québécois a chanté jeudi dans la salle Clementine, au Vatican, devant le pape Benoît XVI. Il s'est ensuite entretenu pendant quelques minutes avec lui, entouré de ses parents, de ses deux petites soeurs et du cardinal Marc Ouellet qui a beaucoup oeuvré pour que le souhait de cet enfant soit accompli.

C'est au cours d'une rencontre privée des évêques et cardinaux québécois avec Benoît XVI que Jeremy a pu finalement réaliser son rêve. Le garçon de neuf ans, atteint du syndrome de Treacher-Collins qui l'a rendu sourd et qui a déformé la structure de son visage, mais aussi d'une déficience du système immunitaire, rêvait depuis la mort de Jean-Paul II, qui l'a profondément marqué, de pouvoir se rendre au Vatican, d'y renconter le nouveau pape et de chanter pour lui.
Pour cette première rencontre avec Benoît XVI, Jérémy a choisi "Je louerai l'éternel".
"Quand je chantais, mon coeur battait très très fort et je pensais à Jésus", a-t-il confié aux journalistes qui l'attendaient sur la place Saint-Pierre.
C'est un pape très gentil, a t-il précisé, en montrant le long chapelet noir dont lui a fait don Benoît XVI.
Son seul regret, c'est de ne pas avoir pu s'asseoir sur les genoux du Saint-Père "parce qu'il était debout", soulignera-t-il dans toute sa spontanéité d'enfant.
Son prochain défi?
"Je voudrais faire un spectacle en Europe et chanter aussi dans les pays 'non religieux' parce que je veux que leurs habitants soient chrétiens."
Courageux, tenace, Jeremy émeut autant qu'il est ému. Son père tellement réservé a préféré laisser parler la maman, Sylvie, toute de noire vêtue comme les règles du Vatican l'exigent lorsqu'une femme laïque rencontre le pape.

La voix étranglée, elle a raconté son orgueil et sa grande émotion. "Voir mon petit garçon aux côtés du Saint-Père, ce fut un moment divin, je suis très reconnaisante envers le cardinal Ouellet, il a tant fait pour nous!"
Sylvie se dit étonnée par la simplicité de Benoît XVI. "Nous nous sommes sentis accueillis avec chaleur et j'ai pu accomplir ma propre mission, en disant au pape, j'aimerais que vous accueilliez les intentions de prières des Québécois, faites-le, s'il vous plaît, et il m'a répondu oui."
Dans un sanglot libérateur, la maman de Jeremy ajoutera: "Mon fils a une telle foi que je suis convaincue qu'il peut aider les gens à voir que lorsque l'on croit en Dieu, on peut atteindre les sommets. Je ne veux pas que les gens aient de la pitié pour lui. C'est un enfant qui, avec sa force, brise toutes les barrières du corps."

A l'occasion de cette visite, des évêques et cardinaux québécois ont invité officiellement Benoît XVI au congrès eucharistique de Québec en 2008."
Source: cyberpresse.ca

Le site canadien Canoe consacre un dossier à cette touchante histoire: http://www2.canoe.com/infos/dossiers/
Les parents de Jérémy ont par ailleurs développé un site internet: http://www.jeremygabriel.com/

Des extraits du livre y sont téléchargeables sous la forme d'un fichier pdf.

Ce qui ressort de ce livre, en dehors du témoignage extraordinaire d'un enfant souffrant dans son corps, mais auquel l'amour de sa famille permet de vivre presque normalement, c'est le fait que "depuis qu'il a rencontré Benoît XVI, il prie beaucoup plus", il a changé en profondeur.

Il y a en particulier un très beau chapitre consacré à cette rencontre de Jéremy avec le Pape, intitulé "Le Pape et l'enfant".
Pour des raisons évidentes, il m'est difficile d'en reproduire ici plus que des bribes .
En réalité, ce bref et intense passage en dit plus que de longs discours:

Le Saint-Père n'a pas quitté Jérémy des yeux une seule seconde. Il lui a souri pendant tout le temps du chant.
Le bonheur est total. Chez les dignitaires, on a les yeux humides, notamment Monseigneur le Cardinal Turcotte, qui peine à retenir ses larmes. On fait avancer Jérémy vers le Saint-Père. Cinq mètres, quatre, deux... Il est tout proche de lui maintenant. Il se baisse pour lui baiser la main, mais le Saint-Père l'arrête. Il lui tend la main. Jérémy la saisit avec délicatesse. Ses traits paraissent durs (ndr: ???) à la télévision. Quand on l'a en face de soi, il n'en est rien. Le pape l'enveloppe de tendresse. Jérémy le voit à la prunelle de ses yeux.
Ils se regardent...
- Tu chantes bien, Jérémy, lui dit le pape en français.
La rencontre est brève. Qu'importe. L'intensité compense largement la durée de l'entretien. Pendant que le pape bénit Gaëlle et Alycia (ndr: les petites soeurs), Jérémy, lui, garde le silence.
Il est ailleurs.
L'enfant et le pape se parlent, autrement...