A la recherche des signes d'un réveil en Autriche

Analyse hebdomadaire du 7 septembre: John Allen y brosse un portrait de la situation de l'Eglise autrichienne aujourd'hui et rappelle les problèmes qu'elle a connus ces dernières années.
Article ici: Looking for signs of a 'great awakening' in Austria

Traduction (partielle) de Catherine, que je remercie.
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A la recherche des signes d’un grand réveil en Autriche

Le pape Benoit XVI a grandi en Bavière, de l’autre coté de la rivière Salzach qui sert de frontière avec l’Autriche. Dans son livre de mémoires « Ma vie », paru en 1997, Joseph Ratzinger décrit avec nostalgie comment il rejoint sa famille le dimanche pour des promenades sur un pont de Salzbourg, et tombe sous le charme de la culture et la musique autrichienne. Monseigneur Georg Ratzinger, le frère du pape, a récemment avoué : « Nous sommes tous les deux des amoureux de l’Autriche ».

Etant donné cette histoire, le voyage de Benoit XVI en Autriche du 7 au 9 septembre, son premier en tant que pape, devrait être un chaleureux retour à la maison pour un pontife qui est virtuellement un enfant du pays. Cependant, par certains cotés, l’enthousiasme ici ne parait pas franchement délirant. Dans un récent sondage qui demandait aux autrichiens de nommer les personnalités internationales dans lesquelles ils avaient le plus confiance, Benoit XVI venait après le Dalaï Lama et le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, né autrichien. Une autre étude a montré que 3% seulement des autrichiens étaient intéressés par le fait de voir le pape en personne, et 40% prévoyait d’ignorer complètement sa présence.L’ignominie de figurer derrière Terminator en terme de confiance publique ouvre des perspectives sur les défis qui attendent Benoit. L’Eglise d’Autriche aujourd’hui n’est plus débordante de colère, comme elle l’a été pendant la dernière décennie, mais elle n’est pas non plus la culture catholique homogène des souvenirs d’enfance du pape. Les chiffres officiels du Vatican affirment que 72.7% des autrichiens sont catholiques, mais une étude européenne en 2005 a montré que seulement 63.9 % des autrichiens se décrivent comme tels. La participation à la messe dominicale tourne autour de 10 % [….]

Si personne ne nie ce déclin de l’Eglise autrichienne, la vraie question est de savoir comment il doit être interprété. Est-ce, comme certains pessimistes l’assurent, une étape sur le chemin d’une extinction progressive ? Ou est-ce une douloureuse mais nécessaire séparation du bon grain de l’ivraie, qui permettra l’émergence d’un catholicisme plus fort, réduit en taille, peut-être, mais avec une identité plus claire et une foi plus profonde et plus personnelle ?

Le Cardinal Christoph Schönborn de Vienne, un protégé du pape (en français dans le texte), et peut-être ce que l’Eglise a de plus approchant en matière de prince héritier, croit clairement le contraire. Schönborn a récemment déclaré à Radio Vatican qu’en dépit de ses combats, l’Eglise d’Autriche aujourd’hui est le témoin d’un grand réveil.
[…]

Le professeur Paul Zulehner, le sociologue des religions le plus distingué d’Autriche, affirme que sur la foi d’une étude nationale menée le mois dernier, seulement 37% des autrichiens, catholiques et protestants réunis, peuvent être qualifiés de vrais chrétiens, de personnes qui acceptent les enseignements du christianisme, s’engagent dans la prière et l’adoration, et participent activement à l’église.

Etant donné le passé ultra-catholique de l’Autriche cela peut sembler un résultat déprimant, mais Zulehner est enclin à voir le verre à moitié plein.

« Nous comptons toujours à partir de 100%, et si vous faites cela, les choses paraissent terribles » a-t-il affirmé jeudi. « Mais je pense que nous devrions compter à partir de 0%, parce que ce n’est plus l’empire des Habsbourg. Personne n’est obligé d’être chrétien aujourd’hui. En partant de ce point de vue, la chose surprenante n’est pas qu’il y ait si peu de chrétiens, mais qu’il y en ait autant. »

De toute façon, Benoit XVI trouvera au moins une atmosphère plus paisible ici que la dernière fois où un pape a visité l’Autriche, il y a dix ans.

Quand Jean-Paul II est venu en 1998, l’Eglise était en pleine révolte. Le Cardinal Groër de Vienne avait été forcé de démissionner en 1995, à la suite de sévices sur des moines novices alors qu’il était l’abbé d’une abbaye bénédictine dans les années 70. L’impression que l’Eglise avait été longue à réagir à ces accusations avait généré un profond mécontentement, et initié un puissant mouvement de réforme. […]

En quelques semaines, une campagne nationale qui s’intitulait Wir Sind Kirche, « nous sommes l’Eglise », a collecté un million de signature de soutien en Autriche, et plus tard au-delà de deux millions en Allemagne. Cette vague d’énergie a culminé dans une assemblée nationale des catholiques autrichiens en 1997 appelée ‘le dialogue pour l’Autriche’, où des délégués on voté pour l’application d’un large programme de réforme, comme une participation locale dans la nomination des évêques, la fin du célibat obligatoire pour les prêtres, et la levée du ban de l’Eglise sur le contrôle des naissances.

D’une façon prévisible, ces idées n’ont été nulle part à Rome […] Aujourd’hui les choses sont beaucoup plus sereines. […] Le journaliste autrichien catholique Hubert Feichtbauer pense que l’on doit en attribuer une partie du crédit au Cardinal Schönborn, disant de lui qu’il a appris à tenir compte des critiques sans sévir contre leurs auteurs. ….



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