Défendre la vie n'est pas une cause catholique

Analyse du fort discours que le Pape a prononcé devant le corps diplomatique au palais de la Hofburg, le 7 septembre, jour de son arrivée en Autriche .
Article original: Defending life not a 'Catholic' issue, Benedict says

Traduction Catherine.
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La défense de la vie n’est pas une cause catholique

Il n’y a pas de sujet intéressant une grande partie de l’opinion publique qui soit vu comme une plus grande cause de l’Eglise catholique que l’avortement et plus généralement, la défense du droit à la vie. Ironiquement, la perception de l’avortement comme une cause catholique est moins une source de fierté pour le pape Benoit XVI qu’une source montante de frustration, sentiment qu’il a énoncé ce soir à Vienne. Benoit s’inquiète que la parole de l’Eglise sur l’avortement où d’autres sujets qui ont trait à la vie soit rejetée comme base du débat public parce que l’on considère qu’elle représente une position sectaire. Pour Benoit, cette réaction prend les choses à l’envers. L’avortement n’est pas mauvais parce que l’Eglise le dit, insiste le pape, mais plutôt, l’Eglise le dit parce que c’est mauvais.

Dans la façon dont le pape voit les choses, les enseignements moraux de l’Eglise ne sont pas comme la doctrine de la Sainte Trinité, une question de révélation divine. Mais plutôt, ils reposent sur des vérités universelles inscrites dans la nature humaine, qu’en principe tous les hommes de bonne volonté peuvent découvrir. C’est une façon de raisonner connue comme l’argument de la ‘loi naturelle’. […]

Dans ce qui est probablement sa plus grande adresse politique ici en Autriche, Benoit XVI a invité les diplomates à faire du combat contre l’avortement et l‘euthanasie la pierre angulaire de leurs efforts pour défendre les droits de l’homme.

« Le droit de l’homme le plus fondamental, le pré-requis de tout les autres droits, est le droit à la vie lui-même », a dit le pape dans une session tenue au palais Hofburg de Vienne.

« L’avortement, en conséquence, ne peut pas être un droit de l’homme, il est même complètement à l’opposé. ‘C’est une profonde blessure dans la société ‘ comme le Cardinal Franz König ne se lassait jamais de répéter. »

Benoit a aussi mis en garde contre la création d’une société dans laquelle « les personnes gravement malades et les vieillards seront soumis à des pressions tacites ou même explicites pour demander la mort ou se l’administrer elles même ».

En présentant ces défis, Benoit a dit aux diplomates que l’Eglise catholique n’exprime pas « un souci spécifiquement ecclésial ». Mais plutôt, a insisté le pape, « nous agissons comme les avocats pour un besoin profondément humain ».

En d’autres termes, a suggéré le pape, l’Eglise n’essaie pas d’imposer une position confessionnelle dans un monde sécularisé. Mais elle essaie de rappeler à la société sécularisée les valeurs sous-jacentes sur lesquelles elle repose aussi elle-même.

Sur l’avortement, dit le pape, l’Eglise « parle au nom des enfants qui ne sont pas nés et qui n’ont pas de voix ».

En même temps, dit le pape Benoit, « je ne ferme pas les yeux sur les difficultés et les conflits que beaucoup de femmes rencontrent et je me rends compte que la crédibilité de ce que nous disons dépend de ce que l’Eglise elle-même fait pour aider ces femmes en détresse ».

L’intérêt de Benoit dans la renaissance du sentiment de loi naturelle, auquel il a fait allusion dans son discours de Vienne, rencontre beaucoup d’autres domaines.

Par exemple, la Commission Internationale Théologique, le principal organisme conseiller de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a en ce moment une sous-commission qui travaille sur un document portant sur la Loi Naturelle. Une première version devrait être prête en octobre, et on s’attend à ce qu’elle défende l’idée que sans le concept de loi naturelle, il est impossible de donner une base philosophique aux droits universels de l’homme […]

Le pape Benoit a aussi expliqué que le mouvement environnementaliste moderne offre une route prometteuse pour le rétablissement de la tradition de loi naturelle. En juillet 2007, le pape a dit que la science de l’environnement présume qu’il y a des lois inscrites dans la création, et que « l’obéissance à la voix de la planète est plus importante pour notre bonheur futur que les voix du moment, les désirs du moment ». Sans aucune référence à la religion, pense le pape Benoit, le monde sécularisé aujourd’hui arrive à sa propre version de la théorie de la loi naturelle.

Ailleurs dans son discours aux diplomates, Benoit XVI a présenté une forte défense de l’identité chrétienne de l’Europe.

« L’Europe ne peut pas et ne doit pas nier ses racines chrétiennes », a dit Benoit.

Il a développé le même argument pour l’Autriche.

« La foi a profondément façonné le caractère de ce pays et de son peuple. En conséquence ce devrait être le souci de chacun de s’assurer que jamais ne viendra le jour où seules les pierres parleront du christianisme. Une Autriche sans une vibrante foi chrétienne ne serait plus l’Autriche ».

Le pape Benoit a insisté spécialement sur ce qu’il voit comme un équilibre entre la foi et la raison dans le christianisme. Il a cité le philosophe allemand Jürgen Habermas, un non-croyant, qui néanmoins disait « qu’une alternative n’existe pas » au christianisme comme la base d’une compréhension normative de la période moderne ».

Le pape a aussi appelé l’Europe à jouer un rôle moteur dans le combat global contre la pauvreté et en faveur de la paix, en demandant des efforts spécialement pour le Darfour, le Proche-Orient, le SIDA, l’exploitation injuste des ressources et le commerce des armes.

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