QUELLE LAÏCITÉ?

« La religion fait un retour remarqué sur le devant de la scène politique dans plusieurs pays d'Europe
En Espagne, la hiérarchie catholique est entrée en campagne contre le gouvernement socialiste à la veille des élections législatives du 9 mars
En Italie, l'Eglise cherche à reprendre son ascendant traditionnel sur les questions de société qui touchent à la morale familiale, en mobilisant sa base militante
En France, patrie de la laïcité républicaine, Nicolas Sarkozy abandonne la neutralité inhérente à sa fonction, pour faire l'éloge des religions et des valeurs morales qu'elles défendent
Le phénomène ne se limite pas à ces pays de forte tradition catholique...»
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Tel est le paragraphe d'introduction d'une série d'articles sur le thème de la place du religieux dans la société que Courrier International propose dans son numéro du 7-13 février.

Est-ce une simple coïncidence?
Tir croisé contre le Pape et l'Eglise ces derniers jours dans la presse française.
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Est-ce vraiment un hasard si "Courrier International" et "Le Nouvel Obsevateur" (très lus parmi les étudiants, sur vive injonction de leurs professeurs), et "Marianne", la feuille involontairement humoristique créée par notre JFK national, consacrent simultanément trois importants dossiers aux risques d'atteinte à la laïcité, et au "retour du religieux".
En d'autres termes, les catholiques (*) doivent-ils se réjouir (car si on les dénigre, c'est qu'on les redoute... à juste titre), ou se méfier, s'agit-il d'un exorcisme préventif, ou d'une menace?
Car l'attaque est simultanée, et, au moins, européenne!
Y-aurait-il le feu à la maison?

Le prétexte de la laïcité
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Il est évident que la défense de la laïcité "attaquée", à travers trois discours de Nicolas Sarkozy, prononcés successivement à la Basilique Saint-Jean de Latran (et non "à Latran" ou au "palais de Latran" comme je l'ai vu énoncer par des journalistes qui ignoraient manifestement de quoi ils parlaient), puis à Ryad, et enfin devant le CRIF, n'est qu'un prétexte pour attaquer avec une violence inouïe la religion catholique, tout en faisant semblant d'égratigner les autres, pour la forme.

Pas l'Eglise de France
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(*) Quand on parle de catholiques, c'est bien évidemment du Pape qu'il s'agit, ou de l'épiscopat local qui le suit.
L'Eglise de France n'est pas concernée.
Par exemple, dans le dossier du Nouvel Obs, sous le titre affligeant "Vade retro Sarko", il en est question en ces termes:

"Des membres du clergé ont manifeste a plusieurs reprises leur hostilité aux lois sur l'immigration. En octobre dernier encore, l'évêque de Saint-Denis et celui de Montbéliard écrivaient à Brice Hortefeux pour s'élever contre les tests ADN. D'autres dossiers heurtent certains représentants de l'Eglise de France : la déjudiciarisation du divorce ou l'encouragement à travailler le dimanche. Les moins conservateurs ne sont pas emballés non plus par ces« racines chrétiennes » qui semblent obséder Nicolas Sarkozy. Ils préfèrent parler de « christianisme » plutôt que de « chrétienté », vision ethnique et politique de la religion. Ils préfèrent surtout mettre en avant le dialogue interreligieux entre chrétiens, juifs et musulmans."

Autrement dit, leur "mollesse", dénoncé un peu plus loin dans l'article au nom de Nicolas Sarkozy lui-même n'inspire qu'une indulgence teintée de mépris. Certes, eux ne font peur à personne! Ils ne comptent donc pas.

Premier épisode:

Courrier International fait sa couverture, tout en rose (avec un coeur, pour la Saint-Valentin!) et bleu azur, avec une laide caricature d'un tout petit Nicolas Sarkozy, coiffé d'une mitre barrée d'une croix chrétienne, et tenant d'une main une crosse d'évêque, et de l'autre une immense Carla Bruni en maillot rose. Dans le coeur rose "Spécial Saint-Valentin: Le mariage de Nicolas", et, en-dessous, en gros titre "Laïcité: l'offensive des Eglises en Europe"
L'amalgame n'est pas fortuit...

En pages intérieures, un dossier de 6 pages, sous le titre, en énormes caractères: QUELLE LAICITE? (cf ci-dessus), illustré d'un desssin énigmatique d'une grande main prête à écraser un petit homme, qui pourrait tout aussi bien accompagner un article sur Big Brother.

Comme c'est le principe de ce journal, suit un tour d'horizon de la presse étrangère dite pudiquement "de centre-gauche", et qui n'est en réalité que violemment cathophobe.
Résumons:

1. El Pais, Madrid: L'offensive des Eglises en Europe ...

2. Der Standard, Vienne: Vu D'Autriche - L'heure de la reconquête politique. "A Paris, à Mdrid, à Rome, à Vienne, le catholicisme militant semble reprendre du poil de la bête....
...Heureusement, il existe encore des citoyens éclairés - en Espagne, en France, en Italie et ailleurs -, qui, après des siècles passés sous le joug de l'Eglise, rejettent farouchement sa sagesse salvatrice.

3. El periodico di Catalunya Barcelone: Espagne, feu nourri contre Zapatero

4. La Repubblica, Rome- Italie: Les croyants ont l'esprit libre

etc..
Le dossier presque complet est ici: Dossier de Courier international
On ne peut même plus parler d'anticléricalisme (un mot d'un autre âge...) mais de cathophobie de combat.

Second volet
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Il s'agit du dernier numéro de Marianne. Un dossier de 6 pages, au titre lui aussi de combat: L'Europe des bigots attaque.
Dans la présentation, les (surprenantes) déclarations récentes de l'archevêque de Canterbury Ronan Williams, qui aurait réclamé pour la Grande-Bretagne "un arrangement constructif avec certains aspects de la loi islamique", autrement dit la charia, sont l'occasion d'un amalgame volontaire entre toutes les religions, mises dans le même sac de l'obscurantisme...de ceux qui "ne se sont jamais résignés à voir l'individu se détacher des fictives lois divines pour forger son destin singulier et collectif. Qu'ils fonctionnent à l'eau bénite, à l'encens ou à la fatwa, ne nous y trompons pas : ce sont les mêmes".

Mais ne nous y trompons pas, nous non plus. C'est bien la religion catholique qui est visée, à travers les deux articles qui suivent (en grande partie "pompés" sur la presse italienne de gauche, et probablement aussi espagnole...), et qui font un récit apocalyptique de l'"insupportable" ingérence de l'Eglise dans les affaires politiques des deux pays, la proximité d'échéances électorales justifiant sans doute l'agressivité de ses ennemis (il faut bien les appeler ainsi!).

Le premier de ces deux articles, sous le titre en très gros caractères L'OFFENSIVE POLITIQUE DU VATICAN, est illustré d'une belle photo de Berlusconi avec le Saint-Père (c'est vrai que l'apparence est très cordiale!) et annonce fielleusement que "depuis l'élection de Benoît XVI, le Saint-Siège n'hésite plus à s'ingérer dans la vie politique. Raison de plus pour Berlusconi - mais aussi pour la gauche ! - de venir rôder autour des bénitiers... ". Un vocabulaire choisi à dessein dans le registre trouble.

On ne sera donc pas étonné de trouver un peu plus bas une lecture totalement falsifiée de l'épisode de la Sapienza, après un commentaire de notre vieille connaissance, l'inévitable Florès d'Acaïs. Oubliant sciemment que si "2 000 manifestants ont défilé à Rome pour protester contre l'ingérence du Vatican dans la vie politique", 200 000 se sont rassemblés sous les fenêtres du Pape pour lui manifester son soutien..

Troisième volet.

Le Nouvel Observateur du 14 au 20 février fait une couverture spectaculaire avec, sur fond bleu, une photo de Nicolas Sarkozy accueilli au Vatican par le Préfet de la Maison Pontificale, Mgr Harvey, sous le titre flamboyant "Dieu et la République".

Là encore, un dossier de pas moins de 9 pages, annonçant ses rubriques, "Les cathos de l'Elysée", "Les doutes des juifs et des musulmans", et "Le coup de gueule des francs-maçons".
Façon de dire, toutes les mouvances spirituelles, croyantes ou athées, sont pareillement traitées par la presse laïque (dans une république qui ne le serait plus!). Chacun en prend pour son grade!
Impression démentie par la lecture.

Dès le premier article, on fait mine de s'interroger "Une nouvelle alliance du trône et de l'autel ?" (qui peut y croire une seule seconde??). Autrement dit, pour une référence historique, la version française de la lutte entre les guelfes et les gibelins récemment déterrée par la presse transalpine (ITALIE: Les croyants ont l'esprit libre )

Une fois de plus, il faut croire que "Dieu est catholique".
Le premier dossier, illustré par une grande photo du président avec le Pape, et finement intitulé "Le croisé de l'Elysée" occupe 5 pages! Avec des rubriques surprenantes, peut-être humoristiques, comme "les cathos de l'Elysée" (imagine-t'on le tollé si les "cathos" - ou prétendus tels, il faut voir la liste - étaient remplacés par les représentants d'une autre religion), "Vade Retro Sarko" (à propos des relations avec l'Eglise de France, voir plus haut), et "Le Paroissien de Neuilly".

Le Nouvel Obs, ayant de meilleures raisons que moi de supposer que peu de gens paieront pour lire cette compilation de lieux-communs, a eu la bonne idée de mettre le dossier en ligne: ici

Mais attention! Ces banalités ne sont pas neutres.
Elles font partie d'un plan concerté pour discréditer la religion catholique auprès de jeunes (je veux parler des étudiants) qui sont évidemment le coeur de cible de cette campagne de propagande.
Et elles distillent une hostilité - celle-là même que ce "nouveau clergé" s'acharne à dénoncer chez les autres - toute prête à justifier les pires excès.