En Terre-Sainte, le Pape pris entre deux feux
Le conflit sur la béatification de Pie XII n'est pas la seule pierre d'achoppement au prochain voyage de Benoît XVI en Terre Sainte. D'autres intérêts sont en jeu, de part et d'autre. Un article de l'hebdomadaire Panorama fait le point (9/12/2008)
Texte original en italien: http://paparatzinger2-blograffaella.blogspot.com/...
Ma traduction
En Terre Sainte, le Pape pris entre deux feux
Panorama du 5 décembre, IGNAZIO INGRAO
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Des négociations secrètes. Alors que les israéliens utilisent le voyage de Ratzinger dans une perspective pré-électorale, les palestiniens lui ouvrent grand les portes.
Et le Vatican? Il demande des garanties.
Un scoop qui a agacé le Vatican parce qu'il s'y entend, en campagnes électorales : le quotidien Haaretz, proche du centre-gauche de Kadima et du Parti travailliste, a annoncé la visite de Benoît XVI pour la seconde semaine de mai. Le Jerusalem Post, proche de la droite du Likoud (en tête dans les sondages), a répliqué en rappelant qu'il y a encore beaucoup de noeuds à dénouer, à commencer par les 300 millions de new shekel israéliens en impôts fonciers que le patriarcat latin doit au gouvernement de Tel Aviv.
Comme Panorama l'avait annoncé le 16 octobre dernier, des négociations pour la visite du Pape en Jordanie, en Israël et dans les Territoires palestiniens sont en cours depuis des mois.
Et en effet, les questions en suspens sont nombreuses.
Le premier point d'interrogation concerne bien les élections imminentes : non seulement les israéliennes, mais aussi les éventuelles élections politiques et présidentielles anticipées de l'Autorité nationale palestinienne.
Le Pape ne partira que lorsque les consultations électorales seront terminées et que les leaders respectifs seront en poste.
Il reste à préciser si Joseph Ratzinger devra rencontrer aussi les représentants du Hamas et d'al-Fatah. « Si le Pape vient comme un pèlerin, il n'est pas obligé de rencontrer tous les représentants politiques » déclare à Panorama Bernard Sabella, membre du Conseil législatif palestinien.
Le vice-ministre pour les Affaires religieuses, Salah Zuheika, baisse lui aussi le ton : « C'est la visite d'un homme de foi, pas d'un chef d'état ». Mais au sein de l'Autorité Palestinienne, tout le monde ne pense pas comme eux.
Dans les rapports avec Israël, il faut dénouer le noeud des visas pour l'entrée des prêtres. « Les visas continuent à être concédés au compte-gouttes et sans critère clair » accuse le Custode de Terre Sainte, Pierbattista Pizzaballa. « Ce n'est pas vrai » rétorque le ministre de l'Intérieur, Meir Sheetrit, « il y a une pleine disponibilité du gouvernement pour résoudre la question ».
L'impasse dans les négociations pour l'application de l'accord de fond entre le Saint-Siège et Israël pèse lui aussi. Les délégations se réuniront les 17 et 18 décembre : en discussion, l'exemption de taxes pour l'Église, la restitution de quelques propriétés, les règlements pour les Lieux saints.
Au second plan, par contre, les polémiques sur la béatification de Pie de XII : « C'est la volonté commune de ne pas subordonner la visite à la confrontation sur la figure d'Eugenio Pacelli » précise Pizzaballa.
Malgré les difficultés, le Pape a demandé d'accélérer les préparatifs du voyage. Une hâte qui pourrait être liée à l'hypothèse d'une rencontre historique à Jérusalem entre Benoît XVI et le patriarche de Moscou, Alexis II. Un projet sur lequel, pour l'instant, il n'y a pas de réponse positive. (*)
© Copyright Panorama, 5 décembre 2008
(*) Note: L'article a été écrit juste avant la mort subite d'Alexis.
