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Droits et devoirs pour une vraie citoyenneté

Il ne faut pas confondre le droit d'émigrer, et le droit à immigrer !
Sur La Bussola, une réflexion modérée, aussi sage que lucide, et conforme au Magistère de l'Eglise, sur la nécessité de gérer les phénomènes migratoires. Ignorer cette nécessité, c'est aller au devant du chaos. (1er/2/2011)


Un texte de La Bussola Quotidiana, sous la plume de Carlo Costalli, président du MCL (mouvement chrétien des travailleurs).

Ma traduction.

Droits et devoirs pour une vraie citoyenneté
Carlo Costalli
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Il y a une question primordiale que les sociétés de notre temps doivent affronter, et elles doivent même le faire vite, avant qu’elle ne conditionne de façon négative également l’avenir économique et la cohabitation pacifique: je veux parler des flux migratoires massifs, et des problèmes d’intégration qui s’ensuivent.
Les migrations sont un phénomène qu’il faut gouverner. Elles requièrent une lecture équilibrée, qui dément certaines interprétations liées aux modes du moment : il serait erroné de penser qu’on peut empêcher les migrations, mais il serait tout aussi faux de considérer que la meilleure chose à faire est d’ouvrir les portes à tout le monde.
La société multi-religieuse et multi-culturelle n’est pas un fait négatif en soi, et elle n’apporte pas non plus que des avantages. Beaucoup d’immigrés sont dans une situation de nécessité (et doivent être aidés) mais beaucoup d’autres n’ont pas que des bonnes intentions.

Commençons par clarifier, nous, catholiques, que pour la Doctrine Sociale de l’Eglise, il existe un droit à émigrer qui doit être garanti à tous : chacun doit pouvoir quitter librement son pays. Le droit d’émigrer fait partie de la liberté personnelle, et concerne la possibilité de fuir les persécutions ou les menaces pour des motifs politiques ou religieux, et aussi le droit de chercher son propre bien-être et celui de sa famille.
Mais, comme le dit Mgr Gianpaolo Crepaldi dans son livre Le Catholique et la politique, en revanche, « il n’existe pas de droit absolu à immigrer, c’est-à-dire à rentrer dans un autre pays, ceci parce que chaque pays a le droit de se protéger, et de préserver sa propre identité culturelle, qui, en cas d’immigration massive, pourrait être mise en péril ». Et aussi : « Un pays a le droit de sélectionner les entrées, pour des motifs de sécurité, par exemple, ou de paix sociale, et de les discipliner selon ses propres critères ».

Derrière les migrations, il n’y a pas seulement des problèmes juridiques, mais des situations humaines souvent difficiles : s’il faut des barrières d’entrée, elles doivent aussi répondre à des exigences humanitaires d’accueil de ceux qui sont persécutés, et dans tous les cas, devant un immigré, même clandestin, ne cessent pas les devoirs qu’on a envers toute personne humaine. Quand quelqu’un débarque, même illégalement, dans un pays, il ne perd pas le droit humain d’être nourri, désaltéré, vêtu et soigné.

Nous nous trouvons face à trois niveaux distincts du problème : les droits humains élémentaires, qui doivent être garantis à tous (même aux clandestins) ; les droits du travail, et sociaux, qui doivent être immédiatement garantis aux réguliers ; les droits politiques, dont l’acquisition devrait au contraire, selon moi, requérir beaucoup de temps. Il n’est pas bon en effet que ces droits soient concédés trop vite : il suffit de penser que l’exercice du droit de vote se traduit par la possibilité de déterminer la direction vers laquelle la société entière veut aller. Pour cela, il ne suffit pas d’apprendre la langue ou la Constitution , il faut partager les valeurs de fond de la société qu’on prétend contribuer à orienter, en un mot, il faut un fort sens d’appartenance.

Mais qu’entend-on par société multiculturelle ? C’est un concept qui ne peut pas signifier que les différentes communautés vivent chacune séparée de l’autre, dans son propre ghetto. ; ceci n’est pas intégration, mais agrégation chaotique de diverses entités fermées sur elles-mêmes, qui ne communiquent pas entre elle. De même que ne favorise pas l’intégration la constitution de classes entièrement composées d’élèves d’une certains ethnie Et cela ne favorise pas non plus l’intégration, de permettre que les anciens habitants d’un quartier se voient contraints d'abandonner les maisons où ils ont toujours vécu, parce qu’ils sont « envahis » par des gens de culture différente qui ont monopolisé le territoire, comme cela est arrivé malheureusement souvent, surtout en Europe.
Un thème étroitement lié à celui-là est le critère du « respect des règles » . On dit souvent « on doit accueillir ceux qui entrent dans notre société, mais dans le respect des règles ».
Le principe est correct, et l’exigence est légitime. Toutefois, les règles révèlent toujours une culture, ce ne sont pas de simples procédures formelles. Et la culture de la légalité concerne non seulement les domaines du droit et de la loi, mais aussi la conception de la personne, et des motifs de notre vivre ensemble.
Nos lois sont le fruit, parfois réussi, parfois moins, de siècles d’histoire, d’influences religieuses, et philosophiques, de coutumes répandues. Il n’est donc pas suffisant de s’en remettre au respect des règles, si en amont, il n’y a pas la pleine conscience que nos règles ont un sens précis et expriment non seulement une convention, mais aussi des valeurs. A ces valeurs, il faut éduquer les nouveaux venus, et pour cela, un cours de quelques heures sur la Constitution ne suffit certes pas.

Mais il ya un autre aspect à considérer: le premier problème à affronter, avant même de demander: «Qui sont-ils ?" est "qui sommes-nous ?" Pour pouvoir dialoguer, et peut-être même changer certaines de nos idées et de nos pratiques éprouvées, nous devons partir de notre propre identité. Sinon, nous aurons juste la marmelade chaotique d’une société multiculturelle. Portant, si nous regardons autour de nous, nous ne voyons pas une forte conscience de la grandeur et les limites de notre culture. Au contraire, le relativisme culturel rampant est le résultat d’un relativisme éthique plus ample et très présent dans notre vie quotidienne.

Une société qui ne sait plus ce qu’est la famille, qui comprend l'avortement ou la possibilité de signer un testament biologique, qui prévoit le suicide assisté, qui ne sait pas dire non aux couples homosexuels qui réclament la reconnaissance juridique, est une société qui ne sait plus d'où elle vient ni où elle va. Et ce n’importe quoi relatif à notre identité alimente, d'un côté, le maximalisme des rejets (respingementi : il s’agit de repousser les « réfugiés ») et, de l’autre, l’angélisme coupable de l’accueil aveugle.

En somme, les problématiques relatives à l'intégration nécessitent certainement l'attention à la fois pour les droits de ceux qui accueillent et de ceux qui sont accueillis. Mais au-delà des droits, nous devons aussi réfléchir aux devoirs, pour construire une véritable «citoyenneté». Ce sont des questions importantes, dont on parle beaucoup, et qui méritent d'être approfondies.
[Et c’est ce que fera le MCL à Naples, à la conférence nationale sur "L'immigration dans la légalité : identité et rencontre", les 11 et 12 Février. Une occasion de plus pour analyser les différentes implications qu’implique le phénomène migratoire, si nous voulons qu’il se traduise en une rencontre, et pas en une confrontation (ndt: en italien incontro/scontro)].

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