Articles Images La voix du Pape Lecture, DVD Visiteurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil Articles

Articles


Le parvis des gentils, à Paris Catastrophe au Japon Jésus de Nazareth L'appel des théologiens allemands Béatification de JP II Assise Crise du monde arabe, et retombées Des nouvelles du site

Sous le signe de la croix

Le magnifique commentaire de José-Luis Restan à "Jésus de Nazareth", traduit par Carlota (11/3/2011)

Carlota

Dans notre « civilisation » du bruit et de l’agitation, où les entretiens et écrits de la plupart des journalistes sont consternants de conformisme institutionnel et de vide sous prétexte d’impertinence, d’indépendance et de fausse liberté de ton, il est vraiment indispensable de retrouver des réflexions d’un autre niveau. José Luis Restán nous parle à sa manière de la sortie du tome II de Jésus de Nazareth. C’est à la hauteur de l’évènement : Grandiose !

Texte original ici: http://www.paginasdigital.es/..

Sous le signe de la Croix
-------------

Dans la grande émotion que suscite la lecture des pages du second tome du Jésus de Nazareth de Benoît XVI, il y a un moment exceptionnel par son côté dramatique et son intensité, qui condense l’expérience intime de Jésus face à sa mission. Il s’agit de la prière dans le Jardin des Oliviers. Le Pape écrit : « Jésus a expérimenté ici la dernière solitude, toute la tribulation d’être un homme. Là l’abîme du péché et du mal lui est arrivé jusqu’au fond de l’âme. Là il tremble face à la mort imminente. Là le traître l’embrasse. Là tous ses disciples l’abandonnent. Là Il a lutté aussi pour moi » (ndlr : il s’agit de la traduction de Carlota. Elle est tout à fait conforme au texte qui se trouve page 175 de l’édition française). La description est tellement pleine de chaleur, mais aussi tellement dénudée, que je n’ai pas douté un seul instant de ce que Joseph Ratzinger a pensé précisément à lui-même.

À ce moment-là d’angoisse, entrent en jeu tous les éléments qui nous permettent de comprendre qui est vraiment ce Jésus. L’auteur parle du « bouleversement » de celui qui est la Vie même face au pouvoir destructeur du mal, de tout ce qui s’oppose à Dieu. Ce n’est pas une réflexion sur le mal mais sur la conscience de ce que doit prendre sur nous-mêmes ce poids inouï, ce qui pousse l’homme Jésus à demander «si c’est possible, éloigne de moi cette coupe de douleur » . Mais immédiatement surgit aussi la conscience du Fils, la conscience de la mission pour laquelle il est venu : « que ton nom soit sanctifié, que ta volonté soit faite ». C’est là qu’est tout le paradoxe : que l’ignominie de la croix se transforme en glorification du nom de Dieu.

S’il y a une strophe de ce grand poème en prose qui est sortie de la main du Pape théologien, c’est que « le Jésus des Évangiles vient sous le signe de la croix ». Jésus ne vient pas avec l’épée du révolutionnaire, ni avec le savoir d’un maître de philosophie, en fin de compte impuissant pour sauver l’homme. Il vient avec le don de la guérison, il vient mettre en échec le pouvoir du péché et de la mort, il vient pour rendre reconnaissable le visage de Dieu au moyen de l’Histoire. Sa passion et sa résurrection seront le seul signe qui légitime sa prétention à être le Fils, le Rédempteur du monde.

Face à cette méthode déconcertante de Dieu, les uns et les autres se décomposent. De fait, le livre nous montre une succession de rencontres dramatiques entre la conscience que Jésus a de sa propre mission et le schéma que d’autres prétendent lui imposer. Et c’est ainsi qu’on comprend l’impatience irritée de Judas qui le porte à rompre son amitié avec Jésus et à se transformer en esclave d’autres pouvoirs. Et la même chose arrive avec l’aveuglement apparemment orthodoxe de Caïphe, et avec l’aimable relativisme de Pilate. Mais c’est arrivé aussi parmi les siens. C’est le scandale de Pierre : « c’est à moi de te laver les pieds, c’est à moi de mourir sur la croix, ton abaissement et ton humilité sont inadmissibles ». Pierre aura besoin d’une amère pédagogie pour comprendre que le Messie ne peut entrer dans sa gloire que par la souffrance. Il le comprendra quand il se sera quelque peu rendu compte de son héroïsme de pacotille après avoir renié trois fois le Maître. Ce n’est qu’en suivant humblement le Crucifié qu’il pourra vaincre lui aussi, beaucoup plus tard. C’est quelque chose que l’Église de tous les temps doit réapprendre toujours à travers la douleur : que le Salut ne vient pas d’un pouvoir extérieur mais qu’il s’offre, désarmé, à la liberté des hommes.

Mais si les pages dédiées à la passion et à la mort sur la croix atteignent une beauté et une profondeur uniques, le chapitre de la résurrection resplendit de la pédagogie de Joseph Ratzinger, par sa capacité à faire briller les versets de l’Évangile devant la raison de l’homme contemporain. C’est le chapitre décisif car "la foi chrétienne se maintient ou s’écroule avec la vérité des témoignages sur le Ressuscité". Pour expliquer de quoi il s’agit, Ratzinger parle "d’une mutation décisive", d’un "saut qualitatif" : un briser les chaînes pour entrer dans une nouvelle dimension de l’existence, un type de vie totalement nouveau qui n’est plus assujetti à la loi du devenir et de la mort. Ce Jésus qui ressemble aux siens, n’est pas un cadavre réanimé mais quelqu’un qui vit de Dieu d’une façon complètement nouvelle. Après avoir fait le tour de tous les défis de la critique linguistique et historique, sa conclusion est que ce témoignage est crédible. La science elle-même ne peut fermer les portes à la possibilité de quelque chose de nouveau, inespéré…parce que la création, dans le fond, attend une mutation définitive, un dépassement de toutes les limites, une plénitude et une harmonie secrètement espérées.

Maintenant qu’a surgi devant nos yeux, dans sa force de persuasion, la figure de Jésus que transmettent les Évangiles, et après avoir débattu de toutes les fausses images construites par petits morceaux par une exégèse (ndt du grec, mener hors de, et devenu pour nous étude approfondie) chaque jour plus incapable d’écouter la totalité de cette histoire, Joseph Ratzinger, l’homme, le scientifique, le croyant, semble parler à notre cœur : « n’émane-t-il pas, de Jésus, un rayon de lumière qui grandit au cours des siècles, un rayon qui ne pouvait pas venir d’un quelconque simple être humain… ? L’Annonce des Apôtres aurait-elle pu rencontrer la foi et édifier une communauté universelle si n’avait pas agi en elle la force de la vérité ? Si nous écoutons avec un cœur attentif et nous nous ouvrons aux signes que le Seigneur nous donne, alors nous le savons : Il est Vivant ».

À la fin de cette grande œuvre, le Pape contemple les tribulations du présent, qui agitent la barque qu’il lui est revenu de conduire comme successeur de Pierre, et il confesse que « nous avons fréquemment la sensation de ce qu’elle est près de couler ». Cependant le Seigneur a vaincu et revient toujours au moment opportun. C’est le temps de la vigilance, d’un nouveau vivre qui est à la fois don et devoir. Le don qui nous arrive à travers la Parole, les sacrements et le témoignage des saints ; et le devoir d’essayer de faire ce qui est juste en toute circonstance, et de porter le témoignage du Christ jusqu’aux confins de la terre.

Et quand notre cœur est plein de confusion et hésite dans l’obscurité de l’Histoire et de l’apparente puissance supérieure du mal, Jésus vient par l’intermédiaire de nouveaux et inattendus témoins, capables d’illuminer toute une époque. Des témoins qui font lever la poussière et nous enlèvent les toiles d’araignées que nous avons sur les yeux pour nous faire suivre le chemin. L’un de ces témoins est, sans aucun doute, Benoît XVI.

Comment parler (déjà) de Jésus de Nazareth? Bref résumé de "Jésus de Nazareth"