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Une interviewe de Mgr Fisichella

Le Président du Conseil Pontifical pour la nouvelle évangélisation, en déplacement en Espagne, répond avec sérénité et finesse aux questions souvent caricaturales d'une journaliste de la "groß" presse espagnole. Traduction de Carlota (23/3/2011).

Carlota

Monseigneur Fisichella en déplacement dans la capitale catalane a donné une conférence et a été «interviewé » par une journaliste (Maria Paz Lopez) de la Vanguardia, périodique généraliste espagnol d’origine barcelonaise. Bien sûr c’est un exercice qui n'est guère propice à des développements face à des questions polémiques maintes fois répétées, mais cela a néanmoins permis au prélat italien de rappeler des évidences, d’autant plus primordiales dans notre monde en crise.

(original ici: http://www.lavanguardia.es/ )

Quand Benoît XVI s’est rendu en visite à Barcelone et Saint Jacques de Compostelle en novembre dernier, il a bien semblé que le Pape pensait à l’Espagne en créant quelques mois plus tôt le Conseil Pontifical pour la Nouvelle Évangélisation, ministère du Vatican pour ré-évangéliser des pays catholiques où la sécularisation vidait des églises.
À la tête de cet organisme, le Pape a mis l’archevêque italien, Rino Fisichella (né en 1951), ex président de l’Académie Pontificale pour la Vie, ex-recteur de l’Université Pontificale du Latran et ancien aumônier du Parlement italien.
Mgr Fisichella a donné dimanche (ndt 20 mars) une conférence à la Basilique de la « Puríssima Concepcó » de Barcelone.
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Q: Le Dicastère de la Nouvelle Évangélisation semble être un cabinet de crise face à l’avancée du laïcisme en Occident. L’Église catholique est désespérée?
R:
Non, ce n’est pas l’Église qui est désespérée, c’est le monde qui a perdu l’Espérance, et l’Église s’est rendue compte de la situation de crise dans laquelle se trouve le monde. C’est pourquoi nous ressentons d’autant plus notre responsabilité de porter en avant notre mission. Selon les statistiques du Saint Siège, il y a dans le monde un milliard deux cents millions de catholiques. La globalisation propose une vision consumériste de la vie, avec un primat de l’économie, sans appel à l’éthique. Dans ce contexte, la nouvelle évangélisation cherche à rencontrer l’être humain contemporain là où il vit, et cette nouvelle annonce de l’Évangile s’incarnera dans chaque pays, chaque société et culture actuels, non seulement en Europe et dans l’Occident.

Q: Le Pape avait l’Espagne à l’esprit en créant votre dicastère. Qu’a de préoccupant ce pays ?
R:
Je ne vois pas de grande différence en ce qui concerne la sécularisation de l’Espagne et celle d’autres pays européens y compris l’Italie. De fait, il y a ici une grande vitalité religieuse, des mouvements, des paroisses, des écoles, des hôpitaux… Il ne faut pas mettre en avant uniquement les difficultés. Bien sûr il y a de la désorientation, et on voit émerger des formes de contestation contre l’Église, qui est vue souvent comme une institution de richesse et de pouvoir. Mais c’est une vision partielle, instrumentalisée, pour ne pas laisser voir son vrai visage. Le laïcisme avance, l’Église doit ré-évangéliser l’Espagne. Mais d’abord nous devons essayer de comprendre pour quoi ce mal-être existe.

Q: Beaucoup de frictions entre l’Église et la société concernent la morale sexuelle et la bioéthique. Une partie de la société a l’impression que l’Église veut imposer ses valeurs.
R:
Les questions de bioéthiques sont de plus en plus importantes, elles ne peuvent se limiter à l’avortement. Il y a la génétique. L’Église ne regarde pas avec défiance la recherche scientifique mais elle veut être écoutée quand elle donne l’alerte pour que la recherche soit éthique, que ses objectifs soient en accord avec la dignité de la personne. Mais non pas la dignité dans la conception individualiste prédominante comme c’est le cas aujourd’hui dans beaucoup de domaines, une vision qui mène à la discrimination.

Q: À Barcelone, le père Manel, un prêtre connu pour son travail social risque d’être excommunié pour avoir payé deux avortements. Pour la société, y compris beaucoup de catholiques, il est difficile de comprendre que l’Église veuille le punir (ndt c’est la journaliste qui le dit !)
R:
Je ne connais pas le cas. Mais devant la gravité de l’avortement, on ne peut raisonner seulement avec l’émotivité ; il faut penser avec lucidité, distinguer le bien du mal. L’émotivité aide à créer une relation de bienveillance mais ce n’est pas suffisant. Et le travail social, ce n’est pas tout dans la vie d’un prêtre, il n’est efficace que s’il se fait dans la vérité de l’Évangile. Nous, prêtres, nous devons avoir une vie de communauté sacerdotale et de communication avec l’évêque, ne pas agir d’une façon isolée. Une intense vie de prière est nécessaire pour que le compromis social ne prime pas sur notre mission comme Église.

Q: Cela touche beaucoup de gens que l’Église s’apprête à sanctionner un prêtre comme celui-ci et que durant des années elle n’ait pas puni les cas de pédérastie dans le clergé.
R:
Les cas d’abus sexuels, gravissimes, se sont transformés en argument instrumentalisé à citer en permanence. Je rejette l’idée que c’est cette image de l’Église catholique que l’on veuille donner; le temps est venu de fermer définitivement ce chapitre et de regarder en avant.

Q: Une autre affaire difficile à comprendre par la société c’est le rôle limité que l’Église donne aux femmes. Il pourrait y avoir plus de femmes dans des postes où la nécessité d’être prêtre n’est pas requise.
R: C’est une réclamation justifiée. Mais ne confondons pas service et pouvoir. Les catholiques sont appelés à assumer un rôle de service. Copier ce que fait le monde n’a jamais été bon. Est-ce plus important d’avoir une haute charge à la Curie romaine que d’être catéchiste? En Italie, sans la catéchèse que font les femmes, nous fermerions des paroisses. Où est l’importance réelle des femmes : que dix aient un rôle visible ou que des milliers se consacrent à la transmission de la foi ? Le second rôle est le meilleur.

Q: Mais si la nouvelle évangélisation doit se concrétiser dans la société actuelle, et si dans ces pays il y a de plus en plus de femmes qui ont de hautes responsabilités, pourquoi l’Église n’essaierait pas d’égaler la société civile ?
R: Les paramètres ecclésiaux de jugement sont différents: l’Église catholique n’a pas à séduire la société avec des stratégies, mais avec le message qu’elle véhicule.
C’est ce qui est le plus important.

Mon premier sentiment a été l'admiration Vicaire apostolique en Lybie (II)