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Le ciel sur Berlin

Coups de pinceaux de José-Luis Restan, à six mois de la visite du Saint-Père en Allemagne. Traduction de Carlota (28/3/2011)

A six mois de la 3ème visite du Pape dans sa terre natale, le Saint-Père s’apprête à relever un défi qui s'annonce encore plus difficile que les précédents, et le ciel de Berlin semble aussi sombre que l'image choisie par José-Luis Restàn pour illustrer son article.
... Mais il n’y en a pas moins plus que des lueurs d’espoir.

-> Sur ce sujet, voir les articles de cette rubrique: L'appel des théologiens allemands
-> Article original en espagnol sur le portail http://www.paginasdigital.es/...

Traduction de Carlota.

Ciel sur Berlin
José Luis Restán
24/03/2011
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Pour Benoît XVI, la barre semble à chaque fois placée plus haut.

En septembre, la Grande Allemagne l’attend, sa patrie, avec l’étape centrale à Berlin. Ville énigmatique, cocktail explosif de diverses essences, la froide rigidité prussienne, l’idéologie marxiste et le vide existentiel conséquent, l’inquiétude culturelle toujours sur le fil de la protestation contre la tradition ; et une sorte de contre-culture underground qui cohabite avec la superbe technologique d’une ville qui veut se projeter à toute vapeur, parce que son passé est peut-être rempli de fantômes encombrants.

Du point de vue de l’histoire catholique, Berlin est aussi l’emblème de la Kulturkampf et de la révolte anti-romaine atavique, qui rencontre toujours sur le sol germain un humus particulièrement fertile.

Beau décor, pour le Pape né en Bavière, pour le théologien qui a démêlé les fils complexes liés à ce malaise diffus qui peut maintenant se changer en un torrent de malédictions. Mais lui, il veut y aller, il sait bien que c’est là qu’il faut qu’il aille précisément. Il l’a dit à son compatriote Peter Seewald : « Oui ; là-bas le troupeau est soumis à une forte pression, et si le Seigneur me donne la force nécessaire, jaimerais bien faire une visite en Allemagne » (Lumière du Monde, p. 158)

En plus des simples analyses sociologiques, le panorama est encore plus désolant. L’éloignement des racines chrétiennes malmenées est criant, la culture de 68 a fait des ravages au niveau de la famille et de l’école, et à l’émotion qui a suivi la chute du Mur, a succédé un pragmatisme sauvage. La communauté catholique n’a pas trouvé une feuille de route clairvoyante au milieu de cette houle: les théologiens paraissent ancrés dans les polémiques des années 70 du siècle passé, les évêques ont du mal à changer les paramètres de leur mission pour être en accord avec les derniers papes, la pénétration de la mentalité relativiste fait des dégâts.
En outre c’est un moment de changements cruciaux dans l’épiscopat. L’heure de la relève touche le Primat Meisner (grand ami du Pape) et à Berlin, justement, le cardinal Sterzinsky qui souffre d’une grave maladie, a dû laisser les rênes. Décisions difficiles pour le Pape à la veille de son voyage le plus attendu, parce qu’il manque un épiscopat plus resserré pour l’impulsion d’une nouvelle mission. Malgré tout, il existe un petit troupeau (j’utilise l’expression au sens biblique, non numérique) qui essaie de vivre sa foi avec fidélité, qui adhère avec simplicité au témoignage de Benoît XVI, qui vit déjà la liberté de celui qui ne défend pas un bout de terrain qu’on est en train de lui arracher, mais qui propose la nouveauté inimaginable du christianisme au milieu d’une société qui l’ignore. Le troupeau est fortement sous pression, oui, et c’est pour cela que son pasteur ne peut lui faire faux bond.

Quelques uns se sont empressés de miner le terrain (ndt l’auteur emploie le terme imagé d’un cordon de pétards) pour ce voyage. D’abord les 170 théologiens et leur manifeste aux relents d’habits d’un autre temps ; puis des députés de la CDU (L’Union Chrétienne Démocrate, avec à sa tête l’actuel chancelier, Mme Merkel, dont on connaît l'« amitié » très protestante pour le Pape), catholiques adultes, s’entend, qui réclament une exception germanique à la loi du célibat ; et bien sûr des hôtes comme le maire Klaus Wowereit (ndt bourgmestre-gouverneur de Berlin, parti social démocrate allemand), qui prétend reprocher publiquement au Pape son étroitesse d’esprit face à l’homosexualité ». Mais attendons le grand moment de l’intervention de l’évêque de Rome devant le Bundestag (ndt parlement fédéral allemand), un évènement pour l’histoire. Il y a aussi les frères protestants, par l’intermédiaire du président de l’Église Évangélique, Nikolaus Schneider, qui font connaître leur déplaisir parce qu’ils considèrent que dans la première ébauche du programme on leur prête peu d’attention. Naturellement, l’accent œcuménique sera aussi prioritaire, et le Pape a pris sa plume et du papier pour l’expliquer avec simplicité à Schneider. En tout cas il y a du bruit, beaucoup de bruit au cours de ces mois qui précèdent une visite qui commence à ressembler à un champ miné.

Oui mais, alors que les centres du pouvoir se méfient, une étude réalisée par l’institut de sondage Forsa (cf Le Pape est apprécié en Allemagne) a surpris tout le monde en montrant que 29% des Allemands faisaient une “grande confiance” à Benoît XVI, un chiffre très supérieur à ce que récoltent des entrepreneurs, des politiques et autorités religieuses elles-mêmes (évangéliques et catholiques) de ce pays. Par exemple, parmi les catholiques allemands, 50% considèrent « hautement crédible » le Pape Ratzinger, alors que seulement 21% expriment un jugement analogue sur l’institution ecclésiale (ndt là aussi il faudrait voir à quoi correspond ce terme catholique, si ce sont les pratiquants ou ceux qui se déclarent encore de « culture » catholique ; de même qu’est-ce que l’institution ecclésiale exactement ?). Ce sont des éléments qui pourraient faire réfléchir quelques « réformateurs », qui s’empressent toujours de représenter le peuple dans une supposée révolte contre Rome.

À côté du “petit troupeau” qui réclame à cor et à cri d’être confirmé dans la foi, le Pape pense aussi aux gens simples, ceux que ne représentent ni les intellectuels en vogue, ni les grands médias. Des gens dont la culture populaire a été impitoyablement érodée durant ces dernières décennies, mais qui n’ont pas perdu leur instinct pour reconnaître celui qui a une parole de vérité, celui qui allume une bougie dans la nuit. Et ces gens, s’ils en ont l’occasion, voudront voir et écouter Benoît XVI, à Erfurt, à Fribourg, et bien sûr à Berlin. C’est pourquoi le Pape veut courir le risque, parce qu’il sait qu’avec sa présence sur le terrain, la cause de la foi ne peut que gagner.
Lui, il veut se mouvoir au niveau du territoire du coeur, là où s’expriment les questions inextirpables de l’homme, ou affleure le pressentiment d’une vérité désirée, où la faim et la soif de l’Infini n’ont pu être liquidées par quarante ans d’acide idéologique à l’état pur.

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