Articles Images La voix du Pape Lecture, DVD Visiteurs Sites reliés Recherche St-Siège
Page d'accueil Articles

Articles


60 ans de sacerdoce Saint-Marin, 19 juin Avec les tsiganes, 11 juin Croatie, 4-5 juin 2011 A bord de la Navette spatiale 7-8 mai: Aquilée et Venise Béatification de JP II Voyages 2011

Mon ami le Pape

Re-publié à l'occasion de la visite du Saint-Père à Aquilée et Venise, le récit du vaticaniste du Gazzettino - un quotidien vénitien - récemment disparu à l'âge de 91 ans (12/5/2011)

La visite du Saint-Père dans le Nord-Est a été l'occasion de numéros spéciaux dans la presse locale, pendant, et après.
Voici des "unes" du lundi 9 mai (merci à Raffaella).

Précédent

Suivant



Arcangelo Paglialunga était le doyen des vaticanistes, il a raconté pendant plus de 50 ans sur Il Gazzettino les anecdotes et les actions de six papes. Il était un ami de Ratzinger, alors cardinal, et quand ce dernier fut élu Pape en 2005, il se trouva parmi les plus heureux à dresser un portrait du nouveau pontife.
Il y a quelques jours, Paglialunga, à 91 ans, s'en est allé (http://ilgazzettino.it/articolo.php?id=146517 ).
A sa famille, pour ses funérailles, Benoît XVI a voulu envoyer un message personnel, également publié dans L'Osservatore Romano, dans lequel il appelait Arcangelo «cher ami». A l'occasion de la visite de Benoît XVI en Vénétie, nous publions à nouveau l'article de 2005 où Paglialunga se souvenait comment son amitié avec le futur pape était née.
(introduction Il Gazettino)
---


Une promenade avec l'ami Joseph
Arcangelo Paglialunga

Dix années durant, très souvent, j'ai rencontré le cardinal Ratzinger sur la Place Saint-Pierre. Tout a commencé ainsi: le cardinal était venu à la Salle de presse du Vatican pour présenter un document papal, je posai une question, à laquelle il répondit: elle concernait le sacerdoce à l'époque moderne.

Le lendemain, à neuf heures, tandis que je me rendais comme chaque jour à la salle de presse, près de l'obélisque, je rencontrai le cardinal, qui se rendait lui-même à la congrégation. Il me fit un signe de salut, je m'approchai. Nous avons parlé de ce qu'il avait affirmé la veille. Je l'ai accompagné jusqu'à la porte du Saint-Office. Je le rencontrai à nouveau le lendemain.
J'ai réalisé qu'il était très ponctuel et toujours habillé en soutane noire, et portant un cartable. En hiver, il portait un béret noir, qu'il enlevait ponctuellement à chaque fois qu'il s'adressait à quelqu'un. Les rencontres matinales ont été nombreuses et sont restées dans ma mémoire. Je crois qu'il consacrait le matin à la prière et à la messe, les journaux, il les lisait plus tard. Et ainsi, je lui apprenais les nouvelles. Je lui annonçai, et il fit un geste de surprise, que Yasser Arafat allait en audience chez le pape.
Le 21 Mars 1991, je lui donnai l'information que la veille, l'évêque rebelle, Mgr Lefebvre était mort: il resta pensif. C'était l'époque où il travaillait à ramener l'évêque dans la discipline ecclésiastique.
J'appris qu'une fois arrivé à la Congrégation, plus d'un vint au devant de lui pour lui donner la nouvelle. «Je sais tout, je sais tout ...», dit-il.

Dans mon sac, il y avait un petit livret écrit par son prédécesseur au Saint-Office, le cardinal Sepe; il y avait là des détails sur ses rencontres avec Lefebvre. J'avais apporté avec moi le livre, un volume rare: je voulais m'en servir pour un article que j'allais écrire. Je vis que Ratzinger le feuilletait avec intérêt. Alors, je le lui offris.
Lorsqu'il vint à l'Institut Augustinianum pour présenter un de ses livres, je cueillis parmi les pages une idée qui me parut importante. Celle-ci: certaines affaires matrimoniales se présentent de façon tellement claire et évidente que sans les tracasseries administratives des tribunaux ecclésiastiques, l'évêque pourrait émettre une sentence de reconnaissance de nullité ou de réaffirmation du lien, en une seule journée. Je pris la parole, pour souligner l'affirmation contenue dans le livre, qui, avais-je pensé, ne serait pas du goût de la Rote romaine. Il sembla un peu contrarié que j'aie souligné ainsi publiquement ce passage du livre. C'était du moins mon impression. Le lendemain, le rencontrant sur la Place Saint-Pierre, il était cordial comme d'habitude.

Il n'aurait jamais quitté Rome: «Rome est une ville de l'âme», m'a t-il écrit dans une lettre. Je savais qu'il jouait du piano et qu'il était un admirateur de la musique de Mozart. Lorsque je lui dis que j'avais été pendant douze ans proche du grand maître Lorenzo Perosi, je m'aperçus qu'il connaissait la musique du grand musicien italien, directeur de la chapelle Sixtine, et je me souvins que Don Lorenzo avait étudié dans sa jeunesse à l'école de musique sacrée de Ratisbonne.
A Ratisbonne, son frère, Georg, prêtre et musicien, était maître de chapelle de la cathédrale. Parfois, le cardinal ouvrait son sac et me donnait un CD avec la musique sacrée composée par son frère. Et j'eus du maestro Georg sa dernière œuvre, écrite avant qu'il ne soit affecté d'une maladie des yeux: une messe polyphonique dont le titre en italien était "Messa dell'Anno Santo".
Dans une lettre, j'avais écrit au cardinal que je priais pour son avenir, laissant comprendre que je l'aurais volontiers vu pape. Il sourit et ne dit rien. Un jour, je lui racontai une histoire qui circulait au Vatican parmi les journalistes: "Si le nouveau pape est élu par le Saint-Esprit, ce sera Ratzinger, si ce sont les hommes qui choisissent, il y aura un débat de plusieurs jours pour décider d'élire un pape italien ou étranger. Il peut y avoir une troisième option: il pourrait être élu par le diable. Dans ce cas il y aurait deux noms ... mais on ne peut pas les dire".
Je le vis sourire .

Benoît XVI et Küng: deux caractères Le Cimetière de Prague