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Sauver l'homme prime l'écologie

Une réflexion (de haut niveau!) du cardinal Scola, dans l'Avvenire, autour du thème choisi pour l'exposition universelle de 2015 à Milan: "Nourrir la planète. Énergie pour la vie" (18/5/2011)

L' Expo 2015 est une exposition universelle qui se tient à Milan, en Italie, du 31 mars 2015 au 23 novembre 2015.
Le thème proposé pour l'Expo est «Nourrir la planète, énergie pour la Vie », et veut inclure tout ce qui touche à l'alimentation, du problème des pénuries alimentaires dans certaines parties du monde, à celui de la nutrition, jusqu'à la thématique liée aux OGM.
J'ai traduit en entier, pour mon usage personnel l'article du Cardinal Scola paru dans l'Avvenire du 18 mai (et reproduit par Raffaella) - ne pouvant comprendre un tel texte sans le traduire en entier!

En substance: l'homme est un être en relation. Et c'est "ce qui devrait réglementer toutes les stratégies économiques et politiques, aussi et avant tout en ce qui concerne la question du vivre dans le monde".
Ci-dessous, de larges extraits:


Sauver l'homme, avant l'écologie
Angelo Scola
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Il y a quatre mots clés qui composent le thème de l'Expo 2015 "Nourrir la planète. Énergie pour la vie": la nourriture, l'énergie, la planète, la vie.
Chaque forme de vie - a-t-il été dit - a besoin d'énergie et l'énergie est fournie par la nourriture. À son tour, le lien vie-nourriture influe sur le développement de la planète, en même temps que l'interaction d'une multiplicité de facteurs naturels et anthropiques.
De cette circularité complexe émerge alors ce qui est défini comme étant le cinquième mot clé: la personne qui - lit-on dans le Memorandum - "avec les outils de sa vie et de son travail, contribue à transformer en positif ou en négatif la nature dans laquelle elle vit".

La centralité de la personne permet de penser à une utilisation de la planète responsable, et capable d'en prendre soin. Il est cependant intéressant de noter que cette référence anthropologique implique un changement décisif de paradigme dans les domaines économique et technologique. Et vice versa: une reformulation de l'organisation économico-technologique mondiale qui ne mette pas au centre, et pas seulement en paroles, la personne et ses liens sociaux, est impensable. C'est Benoît XVI lui-même qui nous a rappelé, lors du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire, l'aspect fondamentalement anthropologique de la question. Contrairement aux visions catastrophistes, qui servent souvent de prétexte pour justifier une inertie politique dangereuse, le Pape a clairement réaffirmé "l'absence d'une relation de cause à effet entre la croissance démographique et la faim", comme le démontre également "la déplorable destruction de denrées alimentaires à des fins de profits économiques "(§ 2).
Se référant directement au § 27 de Caritas in Veritate, le pape a ajouté de manière significative que "la faim ne dépend pas tant de la rareté de la matière, que d'un manque de ressources sociales, dont la plus importante est d'ordre institutionnel. C'est à dire qu'il manque un ensemble d'institutions économiques capables de garantir à la fois un accès à la nourriture et à l'eau régulier et adéquat ... et de répondre aux nécessités liés aux besoins essentiels et aux urgences de la crise alimentaire actuelle (§ 2). Il y a une «écologie humaine» à penser, avant une écologie de l'environnement, dès lors que la dégradation ou non de l'environnement est étroitement liée à «la culture qui façonne la cohabitation humaine» (§ 9).
Pour offrir un modèle alternatif à l'égoïsme, il est donc nécessaire de repenser la nature même du besoin.
Trop souvent interprété comme droit exclusif au bien-être, le besoin est au contraire avant tout signe de fragilité. Dans le cas contraire, le besoin se transforme en exigence et devient source de domination. Le besoin comme signe de fragilité, illustre au contraire la nécessité de réinterpréter la question cruciale de la satisfaction de l'homme. Le fait même que l'homme ne puisse pas répondre à ses besoins, sinon à travers une culture du besoin, une culture avant tout pratique, à savoir dans sa pratique de création et de travail, indique que le système des besoins humains doit être pensé comme un système ouvert au delà de soi-même.
(..)

La satisfaction humaine implique l'ouverture à une perspective de réalisation intégrale de l'existence, qui ne peut pas être abordée avec une mesure purement quantitative. Attitude qui, malheureusement, investit souvent la conception de l'économie et les objectifs de la politique (qui est souvent à la remorque du modèle utilitariste dominant dans l'économie). L'effet, en termes anthropologiques, a été bien souligné par le prix Nobel d'économie Amartya Sen et le philosophe Bernard Williams: les personnes finissent par ne pas compter "plus que les réservoirs de pétrole dans l'analyse de la consommation nationale de pétrole".
S'opposer à cette conception de "l'homme-réservoir" implique de "faire ses comptes" avec la mentalité aujourd'hui dominante, selon laquelle l'homme, pour établir sa propre identité, doit se concevoir dans un sens purement individuel, comme un homme sans relations.
(...) L'homme est à l'origine un être en relation, il est un moi-en-relation.

Il est donc nécessaire d'accomplir un pas crucial pour réaffirmer cette inclination naturelle à la confiance réciproque: nous devons passer d'un concept de raison réduite à un pur calcul à un concept de raison comme capacité d'identifier et de partager ce qui est bon pour l'homme en tant que tel. C'est cette dimension intrinséquement communicative de la raison humaine qui rend compte du fait que l'identité humaine possède intrinsèquement, et pas seulement de façon contingente, un caractère relationnel, social. Du reste, le mot communication, quand il n'est pas réduit à un simple transfert mécanique de l'information, suggère les enjeux: il contient munus, qui signifie à la fois «don» ou «tâche».

(...)
Cette vision anthropologico-relationnelle réclame de réactualiser la notion de reconnaissance, chère à Hegel: l'attente fondamentale du sujet humain est en fait de valoir quelque chose pour quelqu'un.(...)

Nous pouvons conclure en disant que la reconnaissance entre les hommes est un bien primaire. Le bien de la reconnaissance n'est pas un bien parmi les autres, un parmi les bons contenus qui peuvent faciliter l'épanouissement de l'existence humaine, mais au contraire, c'est ce bien humain qui est une condition de possibilité de tout autre bien humain.

Telle est la racine anthropologique qui devrait réglementer toutes les stratégies économiques et politiques, aussi et avant tout en ce qui concerne la question du vivre dans le monde.
L'habitabilité présente et future du monde dépend non seulement de la disponibilité des ressources, mais de l'horizon de reconnaissance mutuelle au sein de laquelle les ressources seront réparties.
On peut ainsi comprendre l'insistance du Pape Benoît XVI à dire qu'il ne peut y avoir aucune véritable coopération internationale sans solidarité et subsidiarité, parce qu'aucune aide humanitaire, aucune redistribution de la richesse n'est vraiment bonne si elle n'honore / accueille l'humain qui est commun à chacun de nous.
Il apparaît ici, dans la bonne lumière, la contribution que les religions peuvent aujourd'hui encore donner à la vie bonne, qui engendre des pratiques vertueuses, dans une société plurielle comme la nôtre.

Ceci montre l'insuffisance d'une conception et d'une pratique de la laïcité qui prétend neutraliser les religions.


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