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Comment gouverne Benoît XVI

Illustration avec les deux derniers documents émanant du Saint-Siège: l’instruction " Universae Ecclesiae" et la circulaire de la CDF sur les cas de pédophilie dans le clergé. Un article de José-Luis Restàn, traduit par Carlota. (20/5/2011)

Texte original ici:
http://www.paginasdigital.es/...
A savourer, comme d'habitude.

La manière de gouverner (*) de Benoît: Fermeté, équilibre et miséricorde
José Luis Restán

En quelques jours, le Saint Siège a publié deux documents qui concrétisent et spécifient l’application des normes établies par Benoît XVI pour affronter deux affaires très différentes, mais toutes deux très vivantes dans le coeur du Pape. D’abord l’instruction Universae Ecclesiae (voir ici) qui établit et éclaire la façon dont on doit interpréter et appliquer dans le monde entier la lettre Summorum Pontificum , par laquelle le Pape réglait la forme dans laquelle les fidèles peuvent célébrer la liturgie en suivant la forme extraordinaire du rite Roman, c’est à dire le Missel d’avant la réforme de Paul VI. En second lieu une Lettre Circulaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (L'Eglise contre la pédophilie des clercs) qui demande à toutes les Conférences Épiscopales de préparer des lignes directrices (conformes à l’orientation établie par le Pape) pour affronter les éventuels cas d’abus sexuel au sein de l’Église. Deux affaires chaudes où ont été détectées des résistances plus ou moins explicites de quelques instances ecclésiales à l’heure de reprendre en compte les dispositions du Pape. Mais il est clair que Benoît XVI n’est pas du même avis.

Nous pourrions dire que le style de gouvernement du Pape Ratzinger est fondamentalement « théologique », il part toujours du travail d’enseignement propre au Successeur de Pierre, et en outre il est toujours lié au témoignage et à la prière. En plus il apporte un soin spécial à la pédagogie de ses décisions, n’ayant pas peur de descendre dans l’arène en première ligne pour rendre des comptes et exprimer la raison de ses décisions. Rappelons-nous sa mémorable lettre aux évêques du monde entier pour expliquer la rémission des ex-communications des évêques ordonnés par Lefebvre, ou la lettre aux catholiques d’Irlande. Nous découvrons toujours le témoin qui s’expose, qui jamais ne reste caché derrière une structure ou un mécanisme de pouvoir. Toujours transparaissent sa raison modelée par la foi, sa délicatesse pour les situations concrètes, son goût pour la clarté et l’équilibre.

Les documents émanés maintenant, bien qu’ils ne portent pas la signature du Pape, répondent à une décision ferme du souverain pontife pour deux affaires qu’il considère comme cruciales pour le futur et pour lesquelles il sait que les machines grinçaient

Quant à la liturgie, l’on sait jusqu’à quel point Benoît considère que c’est la dimension essentielle de laquelle dépend la santé du corps de l’Église. Une bonne part de son œuvre théologique (peut-être celle qu’il chérit le plus) s’applique à montrer comment dans la liturgie c’est Dieu qui vient à notre rencontre à travers une forme que nous ne pouvons altérer selon des modes et des caprices, mais qui doit naître de l’ensemble de la foi de l’Église. Dans la liturgie le Pape a toujours expliqué, il y a croissance et développement, mais jamais rupture. C’est pour cela que la lettre Summorum Pontificum prétend corriger une anomalie, l’affaire mal entendue de ce que la réforme née du Concile suppose une rupture avec l’histoire ancienne. Il n’en est pas ainsi et la dite perception a eu des conséquences désolatrices que le Pape essaie de guérir. Pour cela il a déclaré qu’il existe deux formes d’un unique rite romain : l’ordinaire, régie par le Missel approuvé par Paul VI après le Concile, et l’extraordinaire qui suit le Missel que Jean XXIII réforme une dernière fois. Ces fidèles qui se sentent liés à la liturgie ancienne et qui souhaitent s’alimenter de ses richesses ne doivent pas voir entraver leur désir. En outre Benoît XVI a déjà expliqué que les deux formes se verront enrichies mutuellement. Cette disposition servira de plus pour la réconciliation à l’intérieur de l’Église. Trois années après la publication de cette lettre, l’Instruction vaticane prend en compte les difficultés apparues, avec les méfiances et les réticences enregistrées, et laisse bien claire la volonté du Pape qu’on doit accueillir jusque dans le dernier coin de l’Église, sans peur ni restrictions.

La seconde affaire comporte une évidente charge de honte et de douleur pour toute l’Église, une charge que Benoît XVI a pris sur ses épaules à la première personne. Face à des opinions abondamment répandues, le Pape considère que les cas d’abus sexuel ne doivent pas être minimisés, mais qu’ils invitent à une conversion profonde qui doit toucher toutes les dimensions de la vie ecclésiale. Son dernier discours à la Curie est une définition de son attitude et de sa décision face à cette tare, ses rencontres émouvantes avec les victimes, sa politique de transparence et l’ordre de visites aux séminaires, aux ordres religieux et aux diocèses entiers, constituent un tournant dans la prise de conscience et une invitation urgente à un changement de mentalité de l’Église au moment d’estimer et d’affronter ces cas. La circulaire envoyée maintenant à toutes les conférences épiscopales ne laisse pas de répit. Elle établit que avant un an toutes auront à rédiger des normes spécifiques pour affronter ces cas, en suivants les orientations claires du Pape, accueil et attention prioritaire des victimes, sélection et formation des candidats au sacerdoce, collaboration avec les autorités civiles, et mesures rapides et catégoriques, qui préservent le droit à la défense mais qui ne donnent lieux à des ambiguïtés ni à la confusion.

Dans ces deux affaires, comme dans tant d’autres, Benoît a démontré que non seulement il est un savant théologien ou un prodigieux catéchèse, mais un véritable homme de gouvernement avec trois traits distinctifs : fermeté, équilibre et miséricorde. La fermeté liée à la vérité et à la justice, l’équilibre qui reconnaît la dynamique humaine dans l’histoire, et également dans l’histoire de l’Église, et la miséricorde, car nous connaissons la faiblesse du cœur de l’homme qui a toujours besoin de pardon et est menacé par la division. Et en fin de compte ce sera Dieu qui jugera de manière définitive.

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(*) José Luis Restán a employé le mot anglo-américaine « governance » et non pas le terme espagnol équivalent qui existe aussi, et que le Dictionnaire de la Royale Académie Espagnole traduit par « art ou manière de gouverner ». Je n’ai pas employé le terme français « gouvernance » qui a une connotation trop mondialiste et non pas universelle !

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