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Réflexion d'un chômeur

Carlota a traduit un très beau texte rédigé par un chômeur d'une quarantaine d'années, publié sur le site religionenlibertad (31/5/2011)

Carlota:

Alors que le gouvernement Zapatero s’est déjà remis à l’ouvrage (!) après l’émotion du 22 mai dernier, pour prendre des mesures d’urgence qui s’imposent comme celle de convoquer une commission pour décider du sort de la Vallée des Morts « Valle de los Caídos » (voir ici: benoit-et-moi.fr/2010-III/... ), commission composée de 13 membres (dont une dizaine d’universitaires et d’historiens de gauche, sans oublier un ex-curé partisan de la théologie de la libération et un moine plus qu’impliqué dans le nationalisme militant catalan).

Ce même gouvernement vient aussi d’annoncer un avant-projet de loi pour ne plus subventionner (ou taxer quand il n’y a pas de subvention) les écoles et lycées qui ont des classes non-mixtes (il est évident que cela concerne essentiellement certains établissements de l’Enseignement Catholique qui pour des raisons pédagogiques ont préféré garder cette configuration), ce qui n’a pu que réjouir Mme Michelle Bachelet, ex-présidente socialiste du Chili et présidente de l’agence de l’ONU pour les femmes qui, actuellement en Espagne, a félicité l’Espagne pour son rôle de pionnière en ce qui concerne la promulgation de lois pour l’égalité du genre.

Pendant ce temps, entre des évacuations musclées par les forces de l’ordre « d’indignés » sur les places, et certains d’ailleurs qui demandent sur les réseaux sociaux de prévoir la même chose pour les JMJ, la terrible plaie du chômage continue à gangrener la société espagnole.
J’ai traduit ci-dessous, un très beau texte rédigé par un chômeur d’une quarantaine d’années, Agustin Conde. Il s’agit d’un cadre, mais je crois que sa lettre concerne tous les hommes, artisans, ouvriers, employés ou intellectuels se retrouvant sans emploi (Original ici www.religionenlibertad.com/.. ).

Réflexion d’un chômeur
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Cela fait juste un an que je suis au chômage.
Du fait de la crise économique, mon entreprise, une filiale d’une multinationale étrangère, a fermé ses comptes en Espagne, et nous nous sommes retrouvés 150 à la rue.
Je suis de ceux qui pensaient que cela n’arrivait qu’aux autres. En effet de par ma formation, mon expérience professionnelle et mes contacts, je n’avais jamais été au chômage auparavant et je pensais vraiment que j’en serais toujours épargné. Quand j’ai commencé à voir la situation critique que traversait mon entreprise, j’ai commencé à chercher une nouvelle orientation professionnelle et j’ai commencé à prier avec ferveur pour ne pas finir au chômage. Mais, le Seigneur, qui nous le savons, écrit droit avec des lignes courbes, a voulu me mettre moi aussi dans le lot. Je crois qu’il a pensé : « toi qui penses que le chômage ne va pas te toucher, eh bien prends, pour apprendre un peu l’humilité et ne pas croire que tu es meilleur ou supérieur aux autres ».

Quand on est au chômage on l’étonnante tendance à se sentir victime et être transformé en un rien du tout par cette situation.
D’abord, nous avons l’impression que les autres nous voient comme des inutiles ou des parasites de la société. Ce n’est pas du tout certain, mais nous ne pouvons nous empêcher de penser que c’est ce que ceux qui nous entourent pensent de nous. Tout le monde a son bureau, son portable de la dernière génération du travail, son Backberry de l’entreprise, et même la voiture de sa boite et bien sûr ses, je ne sais combien de points de sa carte de paiement Platine Ibéria Plus (et en plus de la paie, des primes, des bonus et des sur-bonus).
En plus, ils sont occupés, très occupés, il faut qu’ils s’occupent de plein de choses, ils sont toujours en réunions et/ou en voyage, et évidemment, comme c’est normal, quand ils ne travaillent pas ils parlent sans cesse d’anecdotes et de problèmes du travail. Celui qui est au chômage, il se sent justement à l’opposé : tu n’es pas occupé, tu n’as pas d’activités importantes, tu n’a rien à dire et il ne te reste qu’un misérable point sur ta carte de crédit Ibéria Plus (qui pour le plus grand des malheurs, dans ton cas, ne fut jamais une carte Platine, mais Argent, la basique en fait). Tout cela, bien que cela soit semble être une frivolité, te fait sentir un rien du tout.
Par ailleurs, cela suppose toujours un problème économique. Tes amis n’arrêtent pas de te proposer les mêmes projets qu’avant, avec la différence que la prestation que tu reçois pour ton chômage couvre à minima tes besoins de base. Personne, sauf ton épouse et toi-même, ne se rend compte que le niveau de vie auquel tu étais habitué t’est devenu très difficile voire impossible à atteindre désormais et que tu dois commencer à renoncer. De nouveau tu sens un rien du tout, qui en plus, ne peut rien faire.
En plus, le chômage t’occasionne de nombreux moments de solitude. Tout le monde est entouré de gens, on passe beaucoup de temps avec ses collègues de travail, avec des clients, des fournisseurs ou des concurrents, et toi durant tout ce temps, tu es seul, essayant de t’organiser. Tu cherches du travail tout seul, tu manges bien des jours tout seul, tu passes les matinées et les après-midi tout seul et tu désires qu’arrive le soir et la fin de la semaine pour te retrouver au même niveau d’occupation et de compagnie que ceux qui travaillent. Néanmoins tu te sens un rien du tout, qui ne faist rien du tout et en plus, le peu ou le beaucoup que tu fais, tu le fais tout seul.
Il n’y a que les vraiment très bons amis qui s’intéressent à ton état d’esprit. Les autres, ou ils sont incapables de se mettre un minimum à ta place, ou alors ils éprouvent beaucoup de mal et une étonnante honte à te le demander et préfèrent omettre toute référence à la question. Il y en a aussi qui, pour ne pas te le rappeler (comme si c’étaient eux qui te le rappelaient et toi qui n’aurais pas la chose parfaitement présente à l’esprit à tout moment), préfèrent ne pas aborder le sujet. Par conséquent, tu te sens un rien du tout qui ne fait rien du tout, qui le fait seul et dont personne ne se rend compte de la situation.
Et pour finir, tu as ce sentiment d’insécurité que te donne l’incertitude absolue sur ton avenir. Et tu recherches ce changement sans savoir ce que, bon sang, le fait de l’avoir va t’apporter dans la vie, c’est comme d’imaginer, une « tranquillité » sans précédents.
C’est vrai que personne ne sait ce qui l’attend dans le futur, mais un chômeur, en plus il ne sait pas quand il va trouver du travail, quel travail, ni même si ce sera dans la ville où il habite ou s’il faudra qu’il déménage dans un pays du Tiers Monde où l’on dit qu’il y a des occasions fascinantes. C’est plein de « charme » de ne pas savoir si, pour tout travail, tu vas devoir de faire vacciner contre le tétanos, ou seulement pour la malaria et le typhus. Évidemment tu ne peux pas faire de projets, même pas à moyen terme, parce que tu ne sais pas si tu seras déjà en train de travailler, si tu auras de l’argent pour les mener à bien ou si tu continueras à être comme tu es maintenant. Pour cela aussi, tu te sens un rien du tout, qui ne fait rien du tout, qui le fait seul, sans que tu importes à qui que ce soit et sans que tu aies la moindre idée que tu pourras faire quelque chose. En conclusion, jamais jusqu’alors tu ne t’étais senti un aussi méchant petit canard.

Néanmoins, et blagues à part, je crois qu’une personne de foi et plus encore un catholique convaincu, doit savoir tirer profit de cette situation. D’abord, il doit se convaincre que, bien qu’il ne le voulait pas, le chômage est une Croix que le Seigneur a mise dans sa vie et de laquelle il doit essayer de sortir de nombreuses grâces.
Le chômage, tout au contraire de ce dont je me suis moqué auparavant, doit nous servir pour nous apprendre à être plus humbles, pour savoir nous détacher du matériel, pour nous montrer que le bonheur n’est pas à l’extérieur mais dans le Christ, et que nous ne pouvons nous sentir seuls parce que le Christ est toujours avec nous ; pour être conscients de ce que, comme disait la Sainte d’Avila « seulement Dieu suffit » ; et enfin pour nous éloigner de ce que nous les hommes nous appelons sécurité et certitude. C’est difficile de se convaincre de cela mais, en demandant des forces au Seigneur, je suis sûr qu’Il nous aidera à « embrasser » la Croix (je le dis par expérience).


Deuxièmement, le chômeur doit très bien organiser son temps et essayer d’en profiter pour faire tout ce qu’il n’a jamais eu le temps de faire. Pour ceux d’entre nous qui ont toute leur vie étudié et ensuite travaillé, le fait de rompre avec cette routine et de devoir te chercher des occupations pour ne pas être à la maison à contempler le plafond, cela demande vraiment un effort d’imagination et d’organisation assez important. Celui qui recherche activement ne peut pas non plus se plonger dans des projets à très longs termes vu qu’il ne sait jamais quand il va revenir à la vie active, mais il doit, c’est sûr, planifier sa semaine pour pouvoir faire des choses auxquelles il n’avait pas accès auparavant. Mon conseil à moi c’est de prévoir de semaine en semaine: un jour est une période trop courte et qui exige de continuels changements de programme et plus d’une semaine est un délai difficile à organiser. Bien sûr durant ce temps, il est vital de faire du sport, qui en plus d’être très sain, permet d’évacuer beaucoup de la tension et de la frustration que les chômeurs accumulent.
Mais ce que nous devons, vraiment, tenter de faire c’est en profiter pour être plus près de Dieu. L’activité frénétique des jours de travail empêche très souvent une pitié intense. Avec plus de temps libre, nous devons en profit pour avoir une vie plus proche du Seigneur: aller à la messe, si posible, tous les jours, en profiter pour nous former à la foi et faire des oeuvres de charité qu’avant par manque de ce précieux temps nous ne pouvions pas faire. Si après des mois de chômage, ce que nous avons obtenu c’est d’augmenter notre relation avec le Seigneur, je crois que ce sera la période la mieux employée de notre vie, et ce que nous avions cru être un malheur du temps, se transformera en un temps plein de grâces spéciales.
Et enfin, bien sûr il faut continuer à se recommander avec ferveur pour trouver un travail et faire tout son possible pour en trouver. Comme disait ce Saint: il faut faire tout ce qui est humainement possible, comme si Dieu n’était pas là et laisser Dieu agir, comme si humainement il n’était pas possible de ne rien faire.
Merci beaucoup pour le temps que vous m’avez consacré et BEAUCOUP DE COURAGE à ceux qui sont au chômage.

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