Ambiances espagnoles en attendant le St-Père
Carlota a traduit deux articles concernant les prochaines JMJ de Madrid: un reportage sur une "manifestation athée" dégoulinante de haine qui s'est finalement déroulée à Madrid, et une magnifique réflexion pleine d'espoir d'un curé de la banlieue ouvrière, le Père Mejía qui fait chaud au coeur. Il suffit de comparer! (26/6/2011)
-> Le Père Alberto Royo Mejía a déjà rencontré dans ces pages: http://benoit-et-moi.fr/2010-I/.. .
-> La "procession athée" dont il est question ci-dessous a été évoquée ici: http://benoit-et-moi.fr/2011-I/...
1.
1.- On se rappelle qu’une « procession athée » avait été interdite in extremis durant la semaine pascale, cela sans doute aussi grâce à la signature d’une pétition par 60 000 personnes et malgré la déléguée (Dolores Carrión) du gouvernement espagnol auprès la communauté de Madrid, qui avait déclaré qu’il ne s’agissait que d’une manifestation de la liberté d’expression et au caractère festif.
La « procession athée » a finalement eu lieu un peu plus tard (13 mai).
L’association d’action citoyenne « Hazteoir » qui se bat en particulier contre les projets de loi contraires à la vie et à la liberté religieuse, d’enseignement, etc (enfin toutes les valeurs non négociables de l’Église catholique !) a tenu à être présente dans la manif, qu’elle a filmée. Son reportage édifiant vient d’être mis en ligne par le portail Religión en Libertad qui prévient ses lecteurs : « le visionnage de ces images peut blesser la sensibilité du spectateur par la haut agressivité et le caractère blasphématoire des slogans clamés en cœur, tout comme les gesticulations et les mises en scènes des participants à cette " procession athée" ».
Images au combien décourageantes, notamment pour nos frères chrétiens persécutés dans certains pays d’Afrique et d’Orient.
Des « idiots utiles » bien sûr que ces quelques malheureuses centaines de participants décervelés (même si parmi eux ou derrière il y en a qui sont vraiment intelligents et méchants): si on ne peut que défendre la liberté d’expression, on peut aussi espérer qu'à défaut de respecter la vérité, on essaie au moins de respecter les autres, et se respecter soi-même. Des notions, a priori, inconnues des manifestants. Bref, encore une triste illustration de la cathophobie ordinaire et actuelle en Espagne car bien évidemment il ne s’agit pas d’une « procession athée » déclinant ses slogans à l’encontre de toutes les religions et notamment une autre, très bien représentée en Espagne aussi !
Quelques slogans traduits:
- La Sainte Vierge aussi avorterait.
- Il faut brûler la Conférence Épiscopale (ndt l’on remarquera que les manifestants ne sont pas totalement étrangers à l’organisation de l’Église catholique !).
- Contre les sectes: action directe (ndt cela m’étonnerait que cela concerne la scientologie, voire même les zoroastriens pas vraiment bien vus aujourd’hui en Iran!).
- Quel dommage que la mère de Rouco n’a pas pu avorter (ndt il ne s’agit que de l’actuel cardinal-archevêque de Madrid…).
- Sous la soutane, il y a un violeur (ndt mais pas chez ceux qui n’en portent pas, bien sûr !)
- La religion provoque des guerres,
- Religion = fanatisme (ndt c’est vrai que ces manifestants sont un exemple de courtoisie et d’accueil de l’autre dans sa différence !).
- La religion hors de l’école.
- Les curés et les militaires, parasites de la société.
- Le Pape, parasite, profiteur, même Dieu n’est pas avec toi.
- Les chapelles hors de l’université.
- Plus de retraites, moins de sermons (ndt ils doivent s’adresser à M. Zapatero !).
- Être curé ou policier, j’aurais honte.
- Cette église, on va la brûler.
- Moins d’église et plus de logements.
- Cette église on va l’occuper…
- etc...
2.
Mais le Père Alberto Royo Mejía (ndt: Relire ici "La diplomatie de l'Evangile"), du diocèse de Getafe, rappelle aussi ceux à qui les médias ne donnent pas la parole, à quelques semaines des JMJ.
Getafe, se trouve à moins de vingt km au sud de Madrid. La localité qui existe depuis l’Antiquité, est passée de quelques 5000 habitants vers 1900 à 50.000 dans les années cinquante puis à plus du triple à la fin du XXème siècle. Elle était donc ce qu’on appelait autrefois la banlieue ouvrière madrilène (enfin pour ce qu’il reste d’industries non délocalisées en Espagne comme dans bien des pays européens). Pour répondre à l’évolution démographique, le diocèse de Getafe - qui se dit lui-même le plus jeune d’Europe - a été créé il y a une vingtaine d’années.
Article original ici: http://infocatolica.com/...
Traduction Carlota.
Les JMJ commencent déjà à donner des fruits
-------------
Le dicton « Des goûts et des couleurs, ça ne se discute pas » se vérifie tous les jours car les êtres humains sont tous différents, et à une occasion aussi importante que celle de la préparation des JMJ de cet été, on peut le vérifier une fois de plus. Et c’est ainsi que nous rencontrons tout type de réaction, y compris les plus hostiles, également dans le monde de l’Eglise, dans lequel il doit y avoir de tout (*), jusqu’aux plus favorables, en passant par le sommet du ridicule comme ce que nous avons lu il y a quelques jours dans la presse au sujet de quelques collectifs d’athées et de libres penseurs qui envisagent d’accueillir le Pape habillés en “Trolls, elfes (ndt: cela fait tout à fait partie des contes de fées espagnols! Cherchons l’influence culturelle de la chose) et évêques” (ndt: je ne comprends pas encore ce qu’ont à voir les évêques avec les autres créatures énumérées).
Mais la vérité est que le fait de nous fixer sur ce qui fait l’information au sujet des JMJ et leur préparation, - en tenant compte de ce qui est aujourd’hui considéré comme une nouvelle, c’est à dire plus le morbide que l’objectivement important, ou ce qui excite la curiosité ou apporte de l’audience, - peut faire que nous nous rendions pas compte de quelque chose qui est évident et que toute personne doit voir dans la préparation en cours de ce grand évènement. Le grand bien qu’il est en train de faire parmi les gens
Je fais référence aux gens simples et anonymes qui sont la majorité et qui sont ceux qui intéressent vraiment, les gens de tous les jours, ceux que dans mon cas, je vois et dont je m’occupe dans la paroisse que mon Évêque m’a confiée il y a des années. Nous préparons déjà depuis plusieurs mois les JMJ, à un niveau très simple comme celui d’une paroisse de quartier d’une ville de celles qu’on appelle banlieue dortoir de Madrid. La logistique pour l’accueil des pèlerins, la publicité dans le quartier, les inscriptions pour les jeunes, l’organisation des volontaires. Cela paraît des choses de rien du tout, mais cela prend du temps et surtout des personnes bien concrètes qui consacrent beaucoup d’heures de leur temps, de façon complètement désintéressée, à cette tâche.
Et c’est là qu’apparaît le premier fruit. Les gens qui se sont présentés pour collaborer. Ce sont surtout des gens âgés qui veulent aider pour que les jeunes puissent vivre tranquillement et en profondeur toutes les semaines qui vont culminer avec la Journée. Pour que les jeunes puissent en profiter, plein d’adultes sont disposés à sacrifier leurs vacances du mois d’août, le mois qu’ils prennent chaque année. La vérité est que cela émeut de voir les gens qui se sont présentés pour collaborer, de ceux qui sont déjà connus dans la paroisse et des nouvelles têtes, des gens à qui est arrivé le message et qui ont décidé de donner un coup de main.
Mais les jeunes eux-mêmes veulent collaborer dans l’accueil des pèlerins, leur souhaiter la bienvenue. Ils savent que ce seront des jeunes comme eux même s’ils ne savent pas de quelle partie du monde ils viennent et ils veulent leur faire penser qu’ils sont là comme chez eux, pour cela ils sont déjà en train de leur préparer quelque fête pour leur faire passer un bon moment. Ils savent que quels qu’ils soient, ils vont être des sœurs et des frères pour eux, disposer à entrer en contact facilement, car les JMJ eux-mêmes sont la meilleur des connexion.
Sans doute le meilleur fruit qui jusqu’à présent nous sommes en train d’expérimenté à notre niveau paroissial c’est que les gens commencent à savoir que le Pape vient et à poser des questions.
De la simple curiosité on passe à des choses plus profondes, des choses sur l’église qui souvent font arriver à des choses personnelles comme c’est logique, et arrivent dans certain cas à un authentique rapprochement vers Dieu à travers la confession ou le dialogue avec le prêtre. Ce fruit, qui va en augmentant au fur et à mesure que l’on se rapproche des JMJ est sans doute un de leurs principales finalités et qui commence à se manifester des mois avant l’évènement.
Et déjà en passant, il faut souligner la collaboration de beaucoup d’institutions avec l’organisation locale de l’évènement. La disponibilité des administrations, quelques unes de bon grè, d’autres par obligation des autorités supérieures, fait que dans des endroits comme la ville dans laquelle se trouve ma paroisse, la préparation s’est révélée plus facile que ce qui pouvait sembler tout d’abord. L’intérêt montré par certaines administrations, comme le rectorat de l’université que nous avons dans cette ville, est encourageant pour des futures collaborations avec l’Église. Ce sont des fruits qui ne se donnent pas d’une façon égale dans tous les endroits, mais dont, là où ils se donnent, il faut profiter, comme je vois ce qui est en train de se passer avec les prêtres chargés de la jeunesse et de la pastorale universitaire de mon diocèse. Les JMJ ouvrent un champ de possibilités qu’on ne peut pas laisser passer.
Et maintenant, alors qu’il reste moins de deux mois avant l'évènement, beaucoup s’interrogent, d’autres sont attirés, d'autres encore le repoussent et n’en ont rien à faire. Mais le bien que fera peu à peu les JMJ de Madrid, et qui sans doute ira en augmentant au fur et à mesure de l’approche de la date, pour ne pas parler de le flot de jeunes envahissant toute l’Espagne pour finir par arriver jusqu’à la capitale (ndt les jeunes venant de l’étranger sont accueillis dans les diocèses), ce bien, qui est celui que chaque personne a en elle, interpellée par une présence qui n’est pas habituelle dans nos vie, est un fruit pour lequel l’effort et les préparatifs valent la peine. Et pour que cette interpellation intérieure arrive à se concrétiser dans un rapprochement avec Dieu ou avec l’Église, des conversions, des vocations, etc., le Seigneur lui-même y pourvoira, sans aucun doute il le fera, moi je n’en doute absolument pas.
----------------------
Note de traduction
(*) L’auteur fait peut-être allusion à 120 curés espagnols qui auraient signé un papier pour protester contre les JMJ et leur coût. L’argent aurait pu être employé à soulager la misère au lieu de recevoir en grande pompe le Pape. En fait il semblerait s’agir d’un groupuscule. Les noms n’ont d’ailleurs pas été vraiment révélés. Encore des « idiots utiles » sauf le respect que je dois à leur état de prêtre. Les études ont bien montrées et évidemment, tout comme pour la visite du Pape à Barcelone en 2010, que l’afflux de visiteurs est synonyme de gains matériels sans parler des spirituels. D’ailleurs la question ne se pose pas pour d’autres manifestations qui ne représentent que des « associations » très minoritaires à l’échelle du pays.
