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Ecologisme? L'opposé de la vision chrétienne

L'éditorial de la Bussola de ce samedi revient sur le passage du discours au Bundestag où Benoît XVI a fait allusion au "bénéfice" qu'aurait apporté dans les années 70, la naisssance du Parti des "verts". (1er/10/2011)

Ses propos ont été de façon prévisible récupérés par les medias en un sens erroné.
Fabio Spina oppose deux visions dimétralement opposées: le principe de précaution revendiqué par l'écologisme politique, et «la vertu millénaire de la prudence», qui est l'attitude prônée par la Loi Naturelle, et donc l'Eglise.

Ecologisme? L'opposé de la vision chrétienne

http://www.labussolaquotidiana.it/
Fabio Spina
10/01/2011
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Au cours du riche et profond discours fait par Benoît XVI au Bundestag à Berlin le 22 Septembre 2011, dans un passage, le Pape fait allusion aux bénéfices qu'a apporté dans les années 70 la naissance du «Parti des Verts» en Allemagne; au point que cela a suffi à de nombreux commentateurs pour dire qu'on était en présence d'un retournement vert / écologie de l'Eglise.
Les paroles de Benoît XVI à ce sujet ont été exactement cela:

«Je dirais que l’apparition du mouvement écologique dans la politique allemande à partir des années soixante-dix, bien que n’ayant peut-être pas ouvert tout grand les fenêtres, a toutefois été et demeure un cri qui aspire à l’air frais, un cri qui ne peut pas être ignoré ni être mis de côté, parce qu’on y entrevoit trop d’irrationalité. Des personnes jeunes s’étaient rendu compte qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans nos relations à la nature; que la matière n’est pas seulement un matériel pour notre faire, mais que la terre elle-même porte en elle sa propre dignité et que nous devons suivre ses indications. Il est clair que je ne fais pas ici de la propagande pour un parti politique déterminé – rien ne m’est plus étranger que cela. Quand, dans notre relation avec la réalité, il y a quelque chose qui ne va pas, alors nous devons tous réfléchir sérieusement sur l’ensemble et nous sommes tous renvoyés à la question des fondements de notre culture elle-même. Qu’il me soit permis de m’arrêter encore un moment sur ce point. L’importance de l’écologie est désormais indiscutée. Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec cohérence. Je voudrais cependant aborder avec force un point qui aujourd’hui comme hier est –me semble-t-il- largement négligé: il existe aussi une écologie de l’homme. L’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté».

Mais avant cet hypothétique tournant vert, qu'écrivait le Pape dans les années 70?
A l'occasion de l'inauguration de la fameuse et historique Conférence de Stockholm en 1972, qui a donné naissance au Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et en souvenir de laquelle, chaque année, le 5 Juin, est célébrée la «Journée internationale pour l'environnement», le Pape Paul VI a envoyé un message où il était écrit: «L'homme et son environnement sont plus que jamais indissociables. L'environnement est la condition fondamentale de la vie et du développement de l'homme. Celui-ci à son tour perfectionne et affine l'environnement par sa présence, son travail et sa contemplation. Toutefois, les capacités créatrices de l'homme ne porteront des fruits authentiques que lorsque l'homme respectera les lois qui gouvernent la vie et le pouvoir régénérateur de la nature. Ainsi l'homme et la nature sont liés les uns aux autres et contraints de partager un destin terrestre commun ».

Qu'est-ce qui a changé dans la «vision de l'environnement», en ces quarante années?
Jusqu'à il y a quelques décennies les choses étaient simples: on savait qu'il allait falloir aborder le problème de l'élimination des déchets, des pluies acides, du smog, de la dioxine, les sacs plastiques, du DDT, on n'était pas «consumériste», car il n'y avait pas abondance de biens à consommer, le mauvais temps ou la sécheresse pouvaient être causés au pire par des divinités, mais jamais par l'homme, dans les champs, on portait attention aux pelouses et aux couleurs des fleurs mais pas aux seringues. Mais aussi et surtout: les produits naturels ne polluaient pas. Et même, on était fermement convaincu que la panacée de tous les maux étaient les processus de production «biodégradable»; des processus capables de donner comme produits finaux uniquement des «déchets» naturels, qui pourraient être inséré sans dommages dans les cycles de l'écosystème (un exemple est une publicité pour la lessive avec un homme mis à tremper).
Aujourd'hui, au contraire, les vaches et les ruminants polluent car ils émettent du méthane en respirant; mais aussi les humains, les animaux et les plantes polluent en respirant parce qu'ils émettent du dioxyde de carbone. Pour les voitures, le problème ne semble plus être celui de l'élimination des batteries et des plastiques, mais il est presque toujours question, et on ne parle que, du dioxyde de carbone. Le méthane et le dioxyde de carbone qui jusqu'à récemment étaient considérés comme des composés naturels, parce qu'ils ont toujours été présents sur terre, sont les polluants auxquels nous faisons le plus attention et qui suscitent le plus d'angoisse.

C'est ainsi qu'est né un nouveau type de problème, à ne pas sous-estimer - dû à l'introduction dans l'environnement de matériaux naturels ou «biodégradable» - et qui est généralement indiqué par le mot «pollution» (créant ainsi la confusion dans certains cas). Les activités humaines ont toujours un impact sur le milieu environnant, un impact qui doit sans doute être limité mais qui ne peut pas être nul (comme cela serait indispensable pour les vrais polluants) car cela ne signifierait rien d'autre que la disparition de l'être humain de la Terre. Par ailleurs, il n'est pas dit que l'impact zéro soit un bien pour l'environnement lui-même: la culture paysanne savait que la nature sans l'homme dégrade: un bois abandonné devient malade avant de prendre feu, une vigne abandonnée ne produit plus, dans un jardin où on ne travaile pas, la mauvaise herbe prend le dessus, les conduites d'éculement qui ne sont pas nettoyées créent au fil du temps la malaria et le paludisme.

Un premier cas d'impact à grande échelle de l'activité humaines a été l'agriculture que, bien qu'elle ait changé de façon sensible la surface de la Terre - donc le bilan radiatif de l'atmosphère (ndt: Le bilan radiatif de la Terre dresse la quantité d'énergie reçue par le système climatique Terre-atmosphère et la quantité d'énergie réémise vers l'espace. Lorsque le bilan est nul, la température moyenne de la planète est stable) et faussé l'équilibre naturel en faveur de l'homme, personne n'autait jamais songé dans le passé à qualifier de pollution. Ce n'est qu'à ce second type de pollution, l'impact, que s'applique le principe «pollueur-payeur» sur lequel se fondent par exemple, le Protocole de Kyoto, les ECOPASS (péage écologique permettant de limiter l'accès des véhicules les plus polluants au coeur des villes), l'électrosmog (cf ici: http://benoit-et-moi.fr/ete2010/), etc., et pas à la pollution toxique dûe aux substances naturelles / artificielles véritablement polluantes telles que l'arsenic, le mercure, l'amiante, ou artificielles, telles que les dioxines.

Dans les années 70 le Parti vert naissait pour combattre le premier type de pollution, mais au fil des années c'est l'attention au second type qui est devenu dominante. Pour lutter contre ce dernier, l'action politique écologiste s'est basée sur deux principes cardinaux impensables pour la pollution de type «traditionnel»: le «Principe de précaution» (PdP) et celui du «pollueur-payeur».

«le pollueur payeur» est anti-pédagogique: si quelqu'un pollue vraiment, il doit s'arrêter et être sanctionné, cela n'a aucun sens qu'il puisse continuer en payant - sinon ce ne serait rien d'autre qu'une discrimination supplémentaire par la richesse. Souvent, ce principe se réduit simplement à faire les mêmes choses qu'avant en payant un impôt supplémentaire, plus acceptable que d'autres parce qu'on se dit qu'il aide la planète.

Le «principe de précaution" (Art.15 de la Déclaration de Rio de 1992 ) stipule que «Quand il y a risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour différer l'adoption de mesures, y compris à coûts non nuls, pour prévenir la dégradation de l'environnement». Peut-être vaudrait-il mieux prendre en compte le fait que toute action humaine comporte un risque, même en restant à la maison; et donc en appliquant bêtement le PdP, toute activité peut être bloquée au nom du bien et pour augmenter la sécurité. Appliquant le PdP en 1997, on a signé le Protocole de Kyoto, et pas sur la base d'évidences scientifiques.

Sans s'en rendre compte, et de façon latente, le PdP a remplacé la vertu millénaire de la prudence. Le PdP évalue seulement les risques du faire, alors que la prudence dans le choix des actions à entreprendre faisait comparer les risques du faire avec ceux du non-faire. En effet, en morale il existe la prudence / sagesse dans l'action, qui consiste à minimiser les risques et à y faire face en valuant les bénéfices. Les précautions, au contraire, ne sont rien de plus que des dispositifs pour réduire le risque pendant qu'on agit, comme par exemple les airbags de la voiture (ndt: ou les préservatifs!!).

Jean-Paul II rappelait lors de l'Audience générale du mercredi 25 Octobre 1978: «L'homme prudent, s'emploie à tout ce qui est vraiment bon, il s'efforce de mesurer chaque acte, chaque situation, et l'ensemble de ses actions selon le mètre du bien moral».
La prudence ne peut pas devenir une excuse pour ne pas faire ce qui est juste et possible; la raison doit être fermement orientée vers le bien véritable et elle doit avoir la capacité, l'attitude, pour choisir les moyens les plus appropriés (le «juste» milieu) et les plus conctètement disponibles dans la situation, pour atteindre sa fin. La prudence se manifeste dans le commandement de la raison pratique qui dit que cela est bon, cela doit être fait ici et maintenant (le sage ou le prudent est celui qui fait maintenant, qui ne se contente pas de juger). L'action doit être jugée spécifiqueement, le but et les risques liés doivent être évalués comme un tout et non seulement quand le risque est absent: la prudence me fait éviter les risques inutiles mais pas les risques en général (ce qui signifierait l'immobilité totale) . Les précautions réduisent le risque, même si on ne pourra jamais l'éliminer complètement, lorsque l'incertitude scientifique existe, elle doit être une impulsion pour de nouvelles recherches et non leur abandon, ou pire leur interdiction. La prudence ne correspond pas à l'absence ou à la suppression du courage, mais elle en est le fondement , afin qu'il ne se transforme pas en hasard.

Ainsi, la prudence est la clé pour la réalisation du devoir fondamental que chacun de nous a reçu de Dieu: la perfection de l'homme lui-même. Dieu a donné à chacun de nous son humanité. «L'Eglise catholique aborde le problème de la protection de l'environnement du point de vue de la personne humaine. C'est notre conviction, donc, que tout programme écologique doit respecter pleinement la dignité et la liberté de toute personne qui pourrait être l'objet de tels programmes. Les problèmes environnementaux doivent être considérés en relation avec les besoins concrets des hommes et des femmes, de leurs familles, de leurs valeurs, de leur inestimable patrimoine social et culturel. Parce que le but ultime des programmes environnementaux est d'élever la qualité de la vie humaine, de mettre de la meilleure façon possible la création au service de la famille humaine» prêchait le Bienheureux Jean-Paul II en 1985. C'est une vision chrétienne profondément enracinée, qui a peu ou rien à voir avec la majeure partie des idéologies «vertes» actuelles, qui ne proposent pas de «voir» le système Terre comme la Maison de l'homme; et même, ce dernier serait toujours et seulement un trouble à éliminer, surtout quand il met des enfants dans le monde, ou n'est pas productif.


Les verts: une tradition culturelle en Allemagne?


On a l'habitude de dire que le pape a une tendance "verte" parce qu'il est allemand. Les allemands seraient, selon certains, culturellement écologistes...

A ce sujet, la visite du pape en Allemagne a été pour La Vie l'occasion de sortir un numéro spécial sur l'Allemagne.
Parmi les articles, d'intérêt inégal, un portrait de "Winfried Kretschmann, vert et catho", présenté ainsi:
"Écolo pragmatique et catholique assumé, le nouveau ministre-président du Bade-Wurtemberg est un homme inclassable".
Un peu plus loin, on lit qu'il est "Catholique critique mais fidèle, engagé dans la puissante association de laïcs de son pays".
Dans l'interviewe, le pire côtoie le meilleur, comme on peut en juger par cet échantillon:

- Le fait que vous vous déclariez catholique vous pose-t-il un problème dans la vie publique en général et vis-à-vis des médias ?

R: En Allemagne, les hommes politiques ne cachent pas leurs convictions religieuses. Il est même assez courant qu’ils s’engagent. Je suis pour ma part membre du Comité central des catholiques allemands (Zentralkomitee der Deutschen Katholiken, ZDK). Je fais aussi partie de l’instance de représentation des laïcs dans le diocèse de Fribourg. (ce sont donc ceux que le Saint-Père a vigoureusement rappelé à l'ordre à l'ordre à Fribourg)

- Votre foi inspire-t-elle votre action politique ?

R: Je ne le dirais pas comme ça. Je ne suis pas un Vert parce que je suis catholique. J’ai acquis mes convictions à un moment où j’étais plutôt éloigné de l’église. En tant que jeune vert, je pensais évidemment que je devais sauver le monde. Mais je ne peux pas. Ce n’est pas l’affaire d’un individu. Si le monde est menacé, seul Dieu peut le sauver. La seule chose que nous pouvons faire, c’est nous engager. Ma foi me libère de cette pression : sauver le monde ! Elle me libère de l’angoisse d’échouer. L’échec en politique est une éventualité à laquelle il faut toujours se préparer. Mais cela ne signifie pas qu’on échoue devant Dieu et devant ses proches.

- Où vous situez-vous dans le paysage varié de l’Église catholique ?

R: Je suis un catholique libéral, si l’on peut dire. Je crois que l’Église doit se réconcilier avec les Lumières et accepter que nos contemporains pensent par eux-mêmes. D’en haut viennent encore trop de dogmatisme, de centralisme. Il faut plus d’autonomie pour les églises locales afin que la religion soit ancrée dans la culture. Je pense aussi que les prêtres devraient avoir la possibilité de se marier et les femmes, d’accéder au sacerdoce.

- Vous avez déclaré lors d’une interview que vous étiez « conservateur ». L’association de l’écologie et du conservatisme est surprenante. Qu’entendez-vous par là ?

R: La pensée verte est liée, dans un sens religieux, à l’idée de devoir préserver la Création. C’est de fait une pensée conservatrice : nous voulons sauvegarder la planète qui nous a été confiée. Je ne suis pas un conservateur au sens politique du terme. En revanche, j’adhère à des valeurs que j’estime conservatrices, comme le développement durable, qui visent à la préservation de la nature.

- Justement, vous avez été professeur de biologie, de chimie et d’éthique. Quelle est votre position sur la recherche sur l’embryon ?

R: Sur les questions bioéthiques, je suis conservateur. Je vois dans le diagnostic préimplantatoire le danger d’aboutir finalement à une sélection génétique. Nous les chrétiens affirmons que les hommes sont à l’image de Dieu. Ce qui signifie que chaque homme possède une dignité inaliénable, qu’il soit en bonne santé, malade ou handicapé, vieux ou jeune. Ce respect de la pluralité et de la diversité de la vie, ce devoir de l’accueillir telle quelle, sans la manipuler, font partie de mon socle philosophique.

- Est-ce une conviction chrétienne ou simplement humaniste ?

R: Le respect de l’être humain est l’un des fondements de la culture européenne. Celle-ci est profondément imprégnée par la pensée chrétienne qui refuse que l’homme soit mis à la disposition de la science. Sur ce point, nous avons la terrifiante expérience des idéologies du siècle dernier, le nazisme et le stalinisme. Qui se déclare maître au-dessus de l’homme ne peut qu’entraîner l’humanité dans le malheur. C’est pourquoi le respect des limites éthiques me paraît si fondamental et nécessite un débat public approfondi.

- Le diagnostic préimplantatoire est-il un thème d’actualité dans les débats en Allemagne ?

R: Le diagnostic préimplantatoire a entraîné un débat très vif. La loi l’autorisant a été finalement adoptée. Sur ces questions, il n’y a pas de consigne de vote car, au sein de chaque parti, il existe des positions très différentes (ndlr: que voilà un catholique tiède!). J’y vois l’héritage d’une grande tra­dition européenne de liberté de conscience. J’aimerais que nous ayons de tels débats dans tous les domaines, y compris économiques (ndlr: mais ce n'est pas du tout comparable). Il s’agit de définir les fondements éthiques de nos comportements. La globalisation des marchés financiers et du capitalisme nécessite justement une éthique globale. Il est primordial d’avoir également ce genre de débat dans la politique. Nous avons plusieurs outils à notre disposition : la pensée chrétienne, les Lumières, les grands philosophes.


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