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La chute de Berlusconi

Silvio Berlusconi

Photo dans La Bussola

Une autre lecture de la crise italienne, qui n'est pas qu'une crise de la dette, comme le répètent les medias moutonniers. Un article de Ricardo Cascioli dans La Bussola. Et l'utile rappel d'Eric Zemmour sur l'économie italienne, pas en si mauvaise santé que ça! (8/11/2011)

Capture d'écran Google

Qui gouverne?

Un titre de la presse, 8.11.2011

     



Ceux qui comme moi gardent un oeil sur l'actualité italienne voient en ce moment nos voisins transalpins humiliés et offensés, d'une manière cruelle et inimaginable, à travers le président du Conseil qu'ils ont malgré tout démocratiquement choisi, Silvio Berlusconi (1).
On ne ridiculise pas ainsi un homme - qui ne le mérite sans doute pas - et encore moins un peuple. Cela ne se fait pas.
Il s'agit ni plus ni moins d'un assassinat médiatique, et on se demande si le but de ses ennemis n'est pas de le livrer à la populace pour lui réserver une fin à la Khadafi (j'exagère certes, mais pas tant que cela: il n'est pas inutile de rappeler que le 19 décembre 2009, un "déséquilibré" avait fracassé une statuette sur le visage de Silvio Berlusconi, lui occasionnant de graves blessures au visage, juste une semaine avant qu'une autre "déséquilibrée" vêtue de rouge ne jette le saint-Père à terre lors de la messe de Noël ; cf. benoit-et-moi.fr/2009/).
La grosse presse italienne, non seulement s'est jointe à la meute assoiffée de sang, mais l'a même précédée, à tel point qu'il y a quelques semaines, commentant les titres de la Repubblica, Massimo Introvigne, parlant de trahison, a usé d'un terme espagnol très éloquent (et, je pense, à prendre au premier degré) vendepatria (2)

Quelle différence de traitement, de la part des medias internationaux, entre celui qui est réservé au Cavaliere, et celui que l'on accorde généreusement à Papandréou et à Zapatero! Il est vrai qu'eux sont de gauche!

Aujourd'hui, la chute du gouvernement Berlusconi, pris en otage par les mythiques et anonymes "agences de notation" est imminente - et sans doute souhaitable. Il serait pourtant illusoire de croire que cela va régler d'un coup de baguette magique les problèmes de l'Italie.
Dans son éditorial du matin sur RTL, "Z comme Zemmour", Eric Zemmour a rappelé hier quelques utiles vérités, que je transcris ici:

* * *
Depuis des mois, c'est la gauche italienne qui dénonce ses moeurs libertines, alors que ce sont les mêmes qui réclament depuis des décennies la libération sexuelle.
...
Nicolas Sarkozy ne devrait pas écraser de mépris son aîné,
l'Italie est mieux gérée que la France, elle présente un excédent budgétaire primaire, c'est-à-dire que le budget est en excédent avant qu'il ne paie les intérêts colossaux de la dette, ce qui n'est pas le cas de notre pays.
Le procès fait à Berlusconi est injuste, la dette italienne est un fardeau hérité de la mauvaise gestion des années 70 et 80 mais sur les 1900 milliards de dette, 1500 sont détenus par les épargnants italiens. Là aussi, l'Italie berlusconienne est moins dépendante que la France sarkozyenne des marchés étrangers. L'insdustrie italienne est redoutable, bien plus compétitive que sa rivale hexagonale grâce à son réseau de PME dynamiques. C'est l'euro qui a tué l'Italie et Berlusconi. En adoptant la monnaie unique, les italiens ont renoncé à leur modèle qui avait fait leur prospérité depuis l'après-guerre, et qui tournait autour des dévaluations compétitives et d'une économie informelle importante. Aujourd'hui, les italiens ne peuvent même plus emprunter à taux bas comme ils ont pu le faire pendanbt des années, ils ont désormais tous les inconvénients de l'euro, sans en avoir les avantages.
La mise sous tutelle de l'Italie par l'Europe est en train de transformer Berlusconi, même aux yeux de ses adversaires les plus farouches, en une victime de l'arrogance franco-allemande.

...
* * *

Voici un article de Riccardo Cascioli, pour La Bussola. Comme on n'entend dans les grands medias que la voix des journalistes de la Repubblica (pour la gauche caviar, et qui dans cette affaire est tout sauf neutre) et du Corriere della Sera (pour le faux centre), je crois utile de faire entendre celle d'un journaliste catholique dont les idées sont proches des miennes.
Original ici: www.labussolaquotidiana.it
Ma traduction.

Vite, aux urnes. Avec du bon sens
Riccardo Cascioli
08/11/2011
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Désormais, on peut dire que c'est une question de jours, voire d'heures. L'actuel gouvernement Berlusconi, après une lente et douloureuse agonie, est en train de s'éteindre. Malgré la tenace volonté de résistance du Président du Conseil, ce qui était déjà clair depuis plusieurs semaines est en train de se réaliser. A Berlusconi revient le démérite de ne pas avoir pourvu à temps à trouver une issue politique, au moins en essayant de sauver la majorité. Il a préféré, au contraire, un bras de fer qui - paralysant l'action du gouvernement - a contribué à alimenter les attaques financières sur notre pays, qui nous ont amené ces jours-ci à une sorte de mise sous tutelle par l'UE et le Fonds monétaire international.

Mais le problème de l'Italie n'est pas - et n'a jamais été - Berlusconi , et il n'y a pas de quoi se réjouir de sa sortie de scène.
Parce que ceux qui ont atteint le but de sa fin politique, se sont démontrés - au-delà des partis, des parquets et des idéologies qu'ils représentent - bien pire, n'hésitant pas à jeter le plus de boue possible sur l'Italie, afin de se débarrasser de l'ennemi haï.
Une classe politique - à quelques exceptions près - inepte et incapable de voir au delà de son intérêt immédiat. Le maximum qu'ils ont été en mesure de proposer durant ces mois est un ramassis de gouvernement qui, plus qu'un moyen de gérer la crise, sonne comme une tentative de dépecer ce qui reste, sans se soucier de la volonté exprimée par le peuple il y a trois ans, et du bien commun.

Et le ramassis, techniquement appelé gouvernement de coalition est encore une proposition sur la table, relancé ces derniers jours avec force par le Troisième Pôle (conglomérat de petites formations du centre, voici ce que j'ai trouvé en français: Le Figaro).
Nous disons encore une fois: ce n'est pas une proposition sérieuse, et c'est même inquiétant, parce que ce n'est pas une réponse à la crise, mais cela dure depuis longtemps, bien avant que la paralysie du gouvernement ne se profile à l'horizon, au point de soupçonner que c'est au moins une des raisons de la crise. Une proposition mise en avant tantôt par l'un, tantôt par l'autre, comme s'il y avait quelque "souffleur" extérieur, hors de la scène, ayant pour intérêt de mettre à la tête de l'Italie quelqu'un de plus malléable, de plus approuvé par des pouvoirs supranationaux indéterminés.

Dans ces circonstances, si on ne peut pas faire autrement, qu'on sauvegarde au moins la valeur de l'expression populaire - si elle a encore un sens - en se rendant immédiatement aux urnes et en remettant aux Italiens la décision de qui doit gouverner. Certes, étant donné le paysage politique actuel - qui reflète aussi en grande partie celui de notre société - nous ne nous faisons pas de grandes illusions, et en tout cas, notre espérance ne se fonde pas sur la politique. A la politique, nous demandons seulement de ne pas étouffer cette partie de l'Italie qui, malgré tout, ne perd pas son temps dans l'indignation stérile, mais est engagée à construire: dans l'économie, dans les œuvres de solidarité, dans le soutien aux familles et à la vie naissante, dans l'éducation.

Nos critères de jugement n'ont pas changé. La crise actuelle est une énième démonstration qu'il ne peut y avoir une action pour le bien commun qui ne soit fondée sur ces valeurs qui viennent avant tout programme économique et politique: vie, famille, éducation sont des droit inhérents à l'homme qui doivent avant tout être reconnus, respectés, et donc promus et garantis.

Note

(1) Ce site a consacré de nombreux articles à Silvio Berlusconi .

Il ne s'agit pas d'admiration béate, très très loin de là.
Mais je n'aime pas quand une meute s'acharne sur un homme (après tout, si l'on est catholique, Silvio Berlusconi serait-il l'un des rares à ne pas avoir le droit d'être racheté?)
Voir en particulier ces deux articles de mon site:

-> Berlusconi, l'homme à abattre
-> Enquête sur le "berlusconisme" (M. Introvigne)

* * *

(2) Dans son article (www.labussolaquotidiana.it) datant du 10 octobre dernier, M. Introvigne écrivait:

"Durant les derniers mois, la politique étrangère et celle économico-financière internationales ont vu de nombreux épisodes d'attaques contre l'Italie - depuis la façon dont a commencé la guerre en Libye, jusqu'à la vente soudaine de titres d'Etat italien de la part de banques agissant pour le compte de gouvernements étrangers, dans un mois où dans notre pays il est traditionnellement plus difficile d'organiser une réaction rapide, en août - dont les raisons sont variées et complexes. L'une d'elle - pas la seule - est l'aversion de pays qui sont pourtant nos alliés, contre la stratégie italienne de créer, par des relations privilégiées avec la Russie et la Libye, un pôle énergétique alternatif à celui dominé par les relations que les grandes compagnies pétrolières américaines et, en Europe, surtout la France, entretiennent avec d'autres pays arabes producteurs de pétrole.

Mais que dire de la gauche ou de la Repubblica ? Là, on s'est trouvé face à des personnages pour lesquels la langue espagnole a une épithète encore plus éloquent que "traître": "vendepatria" .Chaque fois que les attaques sont venues de l'étranger, la gauche et ses journaux de référence les ont relayées et amplifiées, quant ils ne les ont pas anticipés, invoqués et peut-être même organisés. Le prétexte ou l'excuse, c'est que ces attaques à l'Italie - même si elles risquent de ruiner des centaines de milliers d'entreprises et de familles - sont "bonnes" car elles permettent de se débarrasser de Berlusconi, l'homme du "bunga bunga" et des escort.

Même sans faire ici de remises à la vie privée discutable de Berlusconi - la seule vie privée, toutefois, qui, grâce à cent mille écoutes téléphoniques, est devenue entièrement publique, tandis que de celle de nombreux politiciens nationaux, on ne sait rien - la circonstance qui dément ce raisonnement est que
les attaques au premier ministre actuel ont commencé bien avant les scandales du «Bunga Bunga». Elles ont commencé en 1994, juste quand il a commencé à faire de la politique. Il suffit d'aller à une bibliothèque et consulter une collection de la Repubblica . Et il suffit de lire les attaques depuis 1994 jusqu'à aujourd'hui pour être convaincu que ce qui est reproché à l'Italie, c'est un «sous-développement» non seulement économique, mais culturel, dont les signaux qui dérangent le plus ne sont pas ceux de l'augmentation de la dette publique, mais ceux de la foi catholique qui, malgré tout, tient, et de la résistance populaire et même parlementaire et politique à l'euthanasie, au mariage homosexuel, à la liberté totale de la fécondation artificielle, à des lois contre «l'homophobie» qui en réalité frapperaient tous ceux qui oseraient contrer l'enseignement de l'Eglise, selon lequel le comportement homosexuel est objectivement désordonné.

Il s'agit alors de «moderniser» l'Italie par la force, si nécessaire en se faisant aider de l'étranger... Quiconque se met en travers - peu importe qu'il soit saint ou pécheur - et donc, l'arc est large, du pape à Berlusconi - doit être balayé".

Qui gouverne ? (suite) Humanae Vitae: l'écologie intégrale