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Noël Les collages de Gloria Bénin Blasphème au théâtre Indignés Assise Allemagne (suite) 2011: L'Année Benoît

Montini vu par Ratzinger

Il y a une grande affinité spirituelle, intellectuelle, et sans doute affective entre ces deux Papes, et Benoît XVI l'a encore rappelé dans la Lettre Apostolique Porta Fidei, qui lance l'année de la foi. Un beau texte de JL Restàn, traduit par Carlota. (13/11/2011)

Nous n'oublions pas que c'est Paul VI qui, avec une intuition extrordinaire fit de lui l'archevêque de Münich, puis un cardinal, à l'âge de 50 ans! (relire ici la lettre de Paul VI à Joseph Ratzinger en 1977, traduite par Marie-Anne: benoit-et-moi.fr/2011-II/ )

-> Sur Porta Fidei, un autre article de JL Restàn: Benoît XVI et la porte de la foi

Dans la Lettre apostolique Porta Fidei, annonçant que 2012 serait une « année de la foi », Benoît XVI écrivait :

Ce n’est pas la première fois que l’Église est appelée à célébrer une Année de la foi. Mon vénéré Prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI en avait décidée une semblable en 1967, pour faire mémoire du martyre des Apôtres Pierre et Paul à l’occasion du dix-neuvième centenaire de leur témoignage suprême. Il la pensa comme un moment solennel pour que dans toute l’Église il y eût « une profession authentique et sincère de la même foi » ; en outre, il voulut que celle-ci soit confirmée de manière « individuelle et collective, libre et consciente, intérieure et extérieure, humble et franche ». Il pensait que de cette façon l’Église tout entière pourrait reprendre « une conscience plus nette de sa foi, pour la raviver, la purifier, la confirmer et la proclamer » . Les grands bouleversements qui se produiront en cette Année, ont rendu encore plus évidente la nécessité d’une telle célébration. Elle s’est conclue par la Profession de foi du Peuple de Dieu , pour attester combien les contenus essentiels qui depuis des siècles constituent le patrimoine de tous les croyants ont besoin d’être confirmés, compris et approfondis de manière toujours nouvelle afin de donner un témoignage cohérent dans des conditions historiques différentes du passé.
Pour certains aspects, mon Vénéré Prédécesseur a vu cette Année comme une « conséquence et une exigence de l’après-Concile » , bien conscient des graves difficultés du temps, surtout en ce qui concerne la profession de la vraie foi et sa juste interprétation.


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Montini selon Ratzinger par José Luis Restán

Texte en espagnol: http://www.paginasdigital.es
Traduction de Carlota
José Luis Restán
10/11/2011
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Les sobres mais éloquentes paroles que Benoît XVI a consacrées dans sa lettre apostolique Porta Fidei à l’initiative prise par Paul VI de convoquer une “Année de la Foi” m’ont amené à relire l’homélie que le Pape Montini avait prononcée le 30 juin 1968, avant de proclamer solennellement le Credo du Peuple de Dieu (texte en italien ici).

Benoît XVI dit que les grandes transformations qui ont lieu cette année-là ont fait que la nécessité de cette initiative est aujourd’hui encore plus évidente « conscient des graves difficultés de cette époque, surtout en ce qui concerne la profession de la vraie foi et à sa juste interprétation ».
Nous comprenons à quoi il fait référence, mais il faut relire les interventions de Paul VI en ces jours de plomb pour capter toute la dureté du moment. Une dureté qui a provoqué une amertume indescriptible chez cet homme sensible et délicat, qui a vécu et a souffert pour et par l’Église. Par rapport à ce souvenir, la confidence du cardinal Thiandoum (ndt Cardinal sénégalais né en 1921 et mort en 2004. Ordonné prêtre en 1949 par Mgr Marcel Lefebvre, évêque de Dakar. Evêque de Dakar à partir de 1962 et pendant 38 ans. Cardinal en 1976) qui après une audience a découvert Paul VI les larmes aux yeux : « Pierre a pleuré pour avoir trahi, mais il [Paul VI] pleurait pour la souffrance qu’on lui imposait pour ne pas trahir ».

En cet été en feu de 1968, Paul VI disait (www.vatican.va/holy_father/paul_vi/homilies/1968/ ):

« Nous sommes conscients de l'inquiétude qui agite certains milieux modernes relativement à la foi. Ils n'échappent pas à l'influence d'un monde en profonde transformation, dans lequel de nombreuses certitudes sont mises en cause ou en question. Nous voyons aussi des catholiques qui se laissent prendre par une sorte de passion pour le changement et la nouveauté ».

Il restait un peine à un mois avant que le Pape Montini publiât sa dernière encyclique, Humanae Vitae (texte ici) qui a constitué de sa part un geste de liberté et d’autorité très douloureux, qui lui a rapporté les critiques les plus injustes de tous les puissances de la terre, l’abandon de beaucoup d’amis et la froideur distante d’un nombre conséquent d’épiscopats. Il est clair que dans son esprit et dans son cœur tout cela pesait déjà comme une pierre.

Et cependant Paul VI n’est pas resté paralysé par la douleur, il ne s’est pas retranché dans une simple position défensive. Il voulait proclamer son inébranlable volonté de conserver intégralement le dépôt de la foi, mais il voulait aussi porter cette même foi dans le temps concret, dans l’heure et la minute dans lesquelles l’Église doit faire son pèlerinage en ce monde. C'est pourquoi il a ressenti à ce moment l’obligation de défendre (même au prix de la propre vie) la tradition apostolique, l’obligation de ne pas interrompre les efforts pour pénétrer de plus en plus profondément dans les mystères de Dieu, pour les proposer aux hommes des époques successives à chaque fois selon le mode le mieux adapté. C’était la double responsabilité qu’il ressentait, en étant encore « très inférieur dans les mérites », conscient de sa petitesse mais « avec l’immense force du courage » qu’il retirait du mandat qui lui avait été confié.

Ce n’est pas la première fois que Benoît XVI place ce moment dramatique du pontificat du serviteur de Dieu Jean Baptiste Montini, comme un miroir dans lequel nous nous regardons aujourd’hui.

Lors de son voyage à Brescia, la terre natale de son prédécesseur, le Pape Ratzinger a prononcé un véritable hommage sorti du cœur à Paul VI (ici: http://benoit-et-moi.fr/2009), mais il a fait quelque chose de plus: il l’a signalé comme exemple de la façon dont on doit conduire la barque de l’Église dans la tourmente. Face à des changements structuraux, des décisions révolutionnaires ou par des à-coups, lui a fait le pari de suivre « la ligne de la foi en Jésus-Christ que son Église intéresse plus que quiconque », il a choisi le chemin de l’attente vigilante dans la prière (1) et il a accompli le geste le plus simple réservé à un successeur des apôtres : « Comme en d’autres temps, à Césarée de Philippe (ndt c’est aux abords de cette ville près de l’une des sources du Jourdain que Simon Pierre reconnaît Jésus en tant que Messie et la transfiguration - Mat. 16:13), Simon Pierre, en dehors des opinions des hommes, a confessé vraiment, au nom des douze apôtres, Jésus, Fils du Dieu vivant, de la même façon aujourd’hui son humble Successeur et Pasteur de l’Église universelle, au nom de tout le peuple de Dieu, hausse la voix pour donner un témoignage très ferme de la Vérité divine, qui a été confiée à l’Église pour qu’elle l’annonce à tous les hommes »

Nous savons que, pour Benoît XVI, une théologie correcte de l’histoire est absolument nécessaire pour comprendre les espérances et tribulations du présent et pour entreprendre d’une manière sûre le chemin vers le futur. C’est pour cela que sa volonté de placer en frontispice de sa Lettre Porta fidei la mémoire de ce moment terrible n’est ni un détail sans importance, ni un simple ornement.

Il est impressionnant de voir comment il lit pour nous l’histoire et le présent, avec quelle certitude humble mais lumineuse et tranquille, il aborde le passage qui pour tant d’entre nous, nous fait simplement discuter et trembler.

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(1) Homélie à Brescia :
Et je voudrais aussi rappeler ce que Paul VI a dit aux élèves du séminaire de Lombardie, le 7 Décembre 1968, alors que les difficultés de l'après-concile s'ajoutaient à l'effervescence juvénile:
"Beaucoup - dit-il - attendent des gestes spectaculaires du pape, des mesures énergiques et décisives. Le Pape ne croit pas qu'il doive obligatoirement suivre une autre ligne que celle de la confiance en Jésus-Christ, à qui son Eglise tient à coeur plus qu'à quiconque. C'est lui qui calmera la tempête ... Il ne s'agit pas d'attente stérile ou inerte, mais d'une attente vigilante dans la prière. C'est la condition que Jésus a choisie pour nous, afin qu'il puisse agir pleinement. Le Pape aussi a besoin d'être aidé par la prière "(Insegnamenti VI, [1968], 1189).

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