Articles La voix du Pape Livres, DVD Sites reliés Recherche Saint-Siège
Page d'accueil Articles

Articles


Noël Les collages de Gloria Bénin Blasphème au théâtre Indignés Assise Allemagne (suite) 2011: L'Année Benoît

J'aime mon Eglise

José Luis Restán dans son dernier article revient sur le Père Carl Lampert (1894-1944), vicaire général du diocèse d'Innsbruck, décapité par les nazis et béatifié récemment. Traduction de Carlota(18/11/2011)

Avant la prière d'Angelus du dimanche 13 novembbre, le Saint-Père a prononcé ces mots:

Je m'unis aux fidèles qui participent cet après midi à la béatification du prêtre martyr autrichien Carl Lampert à Dornbirn. A la sombre époque du national-socialisme, il a clairement entendu les paroles de saint Paul: "Nous n'appartenons ni à la nuit, ni aux ténèbres". Au cours d'un entretien qu'il avait donné à sa libération, il avait déclaré avec conviction: "J'aime mon Eglise. Je reste fidèle à mon Eglise et aussi au sacerdoce. Je suis du côté du Christ et j'aime son Eglise".

J’aime mon Église
Article original en espagnol: http://www.paginasdigital.es/
----------------



« Le Tyrol a été fait par les Anges » (ndt voir ici: Le Tyrol, ce sont les anges qui l'ont fait ) disait Benoît XVI il y a quelques jours. Mais il ajoutait ensuite que la beauté unique de cette terre n’était pas que le fruit de la création mais aussi la réponse que ses habitants lui avaient donné tout au long de l’histoire. Une semaine à peine après avoir dit ces paroles, était béatifié Carl Lampert, prêtre, un fils de cette région.

Et effectivement, la vie et la mort de ce prêtre assassiné par les nazis en 1944, chante mieux la beauté de la réalité que toutes les montagnes, les fleuves et les lacs. À la terrible époque où l’ombre de la terreur s’étendait sur l’Autriche, Lampert était vicaire général de l’administration apostolique d’Innsbruck-Feldkirch, et il n’a pas été de ceux qui se sont tus. Conscient de la violence que le nouveau pouvoir totalitaire exerçait sur toutes les sphères de la vie personnelle et sociale, Lampert a élevé sa voix retentissante et d’une façon répétée. Il savait que de cette façon-là il signait sa sentence de mort, mais en même temps il soutenait ses fidèles dans la vérité, il les aidait à se maintenir fermes dans la tourmente.

Dès 1939 il a été arrêté, et a subi l'’internement dans les camps de concentration de Dachau et de Stettin. Finalement en 1943 il a été de nouveau arrêté sous la grotesque accusation d’espionnage en faveur des ennemis du Reich, accusation qui l’a amené à être décapité. Durant ces presque cinq années, Carl Lampert a su qu’il était en train de parcourir son chemin de croix particulier. Et comme l’a rappelé le Pape dimanche dernier, il a eu des occasions d’acheter sa liberté. Cependant devant ses bourreaux il a dit avec une simplicité qui désarme : « J’aime mon Église, je reste fidèle à mon Église et également au sacerdoce, je suis du côté du Christ et j’aime son Église ».

Je me demande de quelle pâte était cet amour simple et inébranlable pour qu’un homme jeune et à l’avenir prometteur soit capable d’offrir toute sa vie. Parce que cet amour nous parle d’une histoire de foi, d’un réseau de témoins, d’une communauté qui a alimenté cette certitude, et de la liberté et de la raison d’un homme qui face à la vérité et à la beauté inimaginable du Christ a dit un “Oui” total et pour toujours.
Benoît XVI ressent cette histoire du très fond de lui-même, il sait qu’il est né de la même sève puissante que Carl Lampert, de cette histoire du christianisme heureux et créatif, de cette musique et de ces clochers baroques, de ces témoins incorruptibles. C'est pourquoi il touche vraiment à l’essentiel quand il évoque, pour commenter sa figure, ces paroles avec lesquelles l’apôtre Paul qualifie les chrétiens, les simples chrétiens qui cheminent : « Nous n’appartenons ni à la nuit ni aux ténèbres ».

Il est impossible de ne pas penser à ce que cette histoire nous dit aussi aujourd’hui, qu’elle dit aussi aux catholiques de cette très belle terre «que les anges ont faite ». Parce que s’il est sûr que les emblèmes de la terreur n’ondoient plus depuis les tours, une autre peur s’étend, comme une peste silencieuse. La peur de ne pas être en phase avec la mentalité que dicte le pouvoir de la culture qui nous entoure, la terreur de se voir isolé socialement, la vaine illusion de construire une église à la mesure de chacun, fruit d’analyses et de mécanismes sociaux, au lieu du don qui vient d’en Haut. Et quand certains avec les trompettes d’internet et du journal télévisé, prétendent réinventer le sacrement et lancent un défi aux apôtres comme signe de liberté (*), il faut rappeler le bienheureux Lampert qui aurait pu acheter une vie sûre et confortable : « J’aime mon Église, je reste fidèle à mon Église et également au sacerdoce, je suis du côté du Christ et j’aime son Église ». Le monde n’a pas besoin des jeux du pouvoir ni de nos fantaisies, il requiert des gens qui changent pour aller à la rencontre du Christ dans son Église, des gens qui n’appartiennent pas aux ténèbres mais à la lumière.

* * *

Note:
----------
(*) Référence bien sûr aux prêtres « frondeurs » autrichiens, auxquels l’on pourrait rajouter quelques prêtres du diocèse de Rouen (voir ici ) et d’ailleurs. Sans vouloir méconnaître la souffrance des personnes qui ne « se sentent pas bien dans leur peau », cela fait tellement dérisoire tout cela…Par contre je m’imagine très bien la grande silhouette du Père Carl Lampert répondant aux questions et aux insultes par un « Ave Maria » comme l’a fait à Toulouse récemment un vieux prêtre missionnaire de 87 ans (cf ici) pour protester contre le pouvoir de la « culture officielle ».

27 octobre: suivre Assise Le témoignage de Mère Veronica Berzosa