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Bénin, deuxième jour

Page mise à jour au fur et à mesure (19/11/2011)

L'ehortation apostolique Africae Munus

Texte ici: http://www.vatican.va/...africae-munus_fr.html

C'est un document très riche, très long, à contre-courant, et qui n'est pas fait pour plaire à tout le monde.
Il serait inopportun de faire ici un copié-collé, et ce serait prétentieux de le commenter à chaud. Car il est trop facile d'extraire un pararaphe, et de faire un titre (*). Il faut le lire en entier.

(*) (Contre-) exemples - parmi beaucoup d'autres:

§ 72 (Sida):
Sur la vie humaine en Afrique pèsent de lourdes menaces. Il faut déplorer, comme ailleurs, les ravages de la drogue et les abus de l’alcool qui détruisent le potentiel humain du continent et affligent surtout les jeunes. Le paludisme, ainsi que la tuberculose et le sida, déciment les populations africaines et compromettent gravement leur vie socio-économique. Le problème du sida, en particulier, exige certes une réponse médicale et pharmaceutique. Celle-ci est cependant insuffisante car le problème est plus profond. Il est avant tout éthique. Le changement de comportement qu’il requiert – par exemple : l’abstinence sexuelle, le refus de la promiscuité sexuelle, la fidélité dans le mariage –, pose en dernière analyse la question du développement intégral qui demande une approche et une réponse globales de l’Église. Car pour être effective, la prévention du sida doit s’appuyer sur une éducation sexuelle elle-même fondée sur une anthropologie ancrée dans le droit naturel, et illuminée par la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Église.

§ 79, 80 (Environnement):
Dieu a donné à l’Afrique d’importantes ressources naturelles. Face à la pauvreté chronique de ses populations, victimes d’exploitation et de malversations locales et étrangères, l’opulence de certains groupes choque la conscience humaine. Edifiés pour la création de richesses dans leurs propres nations et souvent avec la complicité de ceux qui exercent le pouvoir en Afrique, ces groupes assurent trop souvent leur propre fonctionnement au détriment du bien-être des populations locales....
Des hommes et des femmes d’affaires, des gouvernements, des groupes économiques s’engagent dans des programmes d’exploitation, qui polluent l’environnement et causent une désertification sans précédent. De graves atteintes sont portées à la nature et aux forêts, à la flore et à la faune, et d’innombrables espèces risquent de disparaître à tout jamais. Tout cela menace l’écosystème tout entier et, par conséquence la survie de l’humanité. J’exhorte l’Église en Afrique à encourager les gouvernants à protéger les biens fondamentaux que sont la terre et l’eau, pour la vie humaine des générations présentes et futures et pour la paix entre les populations.

§ 84 (Immigration):
Des milliers de personnes ont essayé et essayent encore de traverser les déserts et les mers à la recherche d’oasis de paix et de prospérité, d’une meilleure formation et d’une plus grande liberté. Malheureusement, de nombreux réfugiés ou déplacés rencontrent toutes sortes de violence et d’exploitation, voire la prison ou trop souvent la mort. Certains États ont répondu à ce drame par une législation répressive. La situation de précarité de ces pauvres devrait susciter la compassion et la solidarité généreuse de tous; au contraire, elle fait naître souvent la peur et l’anxiété. Car beaucoup considèrent les migrants comme un fardeau, les regardent avec suspicion ne voyant en eux que danger, insécurité et menace. Cette perception provoque des réactions d’intolérance, de xénophobie et de racisme. Tandis que ces migrants eux-mêmes sont contraints, à cause de la précarité de leur situation, à effectuer des travaux mal rémunérés souvent illégaux, humiliants ou dégradants. La conscience humaine ne peut que s’indigner de ces situations. La migration à l’intérieur et à l’extérieur du continent devient ainsi un drame multidimensionnel, qui affecte sérieusement le capital humain de l’Afrique, provoquant la déstabilisation ou la destruction des familles

§ 94 (Islam):
Les Pères du Synode ont mis en évidence la complexité de la réalité musulmane sur le continent africain. Dans certains pays, une bonne entente règne entre chrétiens et musulmans ; en d’autres, les chrétiens locaux n’ont qu’une citoyenneté de second rang et des catholiques étrangers, religieux ou laïcs, ont du mal à obtenir visas et permis de séjour ; en d’autres, les éléments religieux et politiques ne sont pas suffisamment distingués, en d’autres enfin l’agressivité existe. J’exhorte l’Église, dans toute situation, à persévérer dans l’estime des « musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes ». Si nous tous, croyants en Dieu, désirons servir la réconciliation, la justice et la paix, nous devons œuvrer ensemble pour bannir toutes les formes de discrimination, d’intolérance et de fondamentalisme confessionnel. Dans son œuvre sociale, l’Église ne fait pas de distinction religieuse. Elle aide qui est dans le besoin, qu’il soit chrétien, musulman ou animiste. Elle témoigne ainsi de l’amour de Dieu, créateur de tous et encourage les adeptes d’autres religions à une attitude respectueuse et à une réciprocité dans l’estime. J’invite toute l’Église à chercher, par un patient dialogue avec les musulmans, la reconnaissance juridique et pratique de la liberté religieuse, de telle sorte qu’en Afrique chaque citoyen jouisse, non seulement du droit au choix libre de sa religion et à l’exercice du culte, mais aussi du droit à la liberté de conscience. La liberté religieuse est la voie de la paix

§ 143 (Medias):
Nous savons tous que les nouvelles technologies de l’information peuvent devenir de puissants instruments de cohésion et de paix ou bien des promoteurs efficaces de destruction et de division. Ils peuvent servir ou desservir sur le plan moral, propager le vrai comme le faux, proposer le laid comme le beau. La masse de nouvelles ou de contre-nouvelles, ainsi que celle d’images, peut être intéressante tout comme elle peut conduire à une forte manipulation. L’information peut très facilement devenir de la désinformation, et la formation de la déformation. Les médias peuvent promouvoir une humanisation authentique, mais ils peuvent tout autant entraîner une déshumanisation.

Le Pape et les enfants



Regardez!

Je sors un chapelet de ma poche...


Sandro Magister avait annoncé la rencontre du Saint-Père avec les enfants à la paroisse Sainte Rita, à Cotonou, comme l'un des temps forts du voyage. Il rappelait à ce sujet la rencontre devenue mythique, le 19 octobre 2005 avec les enfants de Rome (cf. http://beatriceweb.eu).

Le discours prononcé ici par le Saint-Père est une merveilleuse illustration de sa capacité à parler aux plus petits.


Chers enfants,

Je remercie Monseigneur René-Marie Ehuzu, Évêque de Porto Novo et responsable de la Pastorale Sociale de la Conférence Épiscopale du Bénin, pour ses paroles d’accueil. Je dis merci aussi à Monsieur le curé et à Aïcha pour ce qu’ils m’ont dit en votre nom à tous. Après ce beau moment d’adoration, c’est avec une grande joie que je vous salue. Merci d’être venus si nombreux !

Dieu notre Père nous a réunis autour de son Fils et notre Frère, Jésus Christ, présent dans l’hostie consacrée durant la messe. C’est un grand mystère devant lequel on adore et on croit. Jésus, qui nous aime tant, est vraiment présent dans les tabernacles de toutes les églises du monde, dans les tabernacles des églises de vos quartiers et de vos paroisses. Je vous invite à le visiter souvent pour lui dire votre amour.

Certains parmi vous ont déjà fait leur première communion, d’autres s’y préparent.
Le jour de ma première communion a été l’un des plus beaux jours de ma vie. Pour vous aussi, n’est-ce pas ? Et pourquoi cela ? Ce n’est pas seulement à cause des beaux vêtements ou des cadeaux ou même des repas de fête ! C’est surtout parce que, ce jour-là, nous recevons Jésus-Christ pour la première fois.
Quand je communie, Jésus vient habiter en moi. Je dois l’accueillir avec amour et l’écouter attentivement. Au fond de mon cœur, je peux lui dire par exemple : « Jésus, je sais que tu m’aimes. Donne-moi ton amour pour que je t’aime et que j’aime les autres avec ton amour. Je te confie mes joies, mes peines et mon avenir ». N’hésitez pas, chers enfants, à parler de Jésus aux autres. Il est un trésor qu’il faut savoir partager avec générosité. Dans l’histoire de l’Église, l’amour de Jésus a rempli de courage et de force tant de chrétiens et même des enfants comme vous ! Ainsi, saint Kizito, un garçon ougandais, a été mis à mort parce qu’il voulait vivre selon le baptême qu’il venait de recevoir. Kizito priait. Il avait compris que Dieu est non seulement important, mais qu’il est tout.

Et qu’est-ce que la prière ? C’est un cri d’amour poussé vers Dieu notre Père avec la volonté d’imiter Jésus notre Frère. Jésus partait à l’écart pour prier. Comme Jésus, je peux moi aussi trouver chaque jour un endroit calme où je me recueille devant une croix ou une image sacrée pour parler à Jésus et l’écouter. Je peux aussi utiliser l’Évangile. Je garde ensuite dans mon cœur un passage qui me touche et va me guider durant la journée. Rester ainsi un peu de temps avec Jésus, lui permet de me remplir de son amour, de sa lumière et de sa vie ! Cet amour que je reçois dans la prière, je suis appelé à le donner à mon tour à mes parents, à mes amis, à tous ceux avec qui je vis, même à ceux qui ne m’aiment pas, et aussi à ceux que je n’apprécie pas beaucoup. Chers enfants, Jésus vous aime ! Demandez aussi à vos parents de prier avec vous ! Parfois, il faut les pousser un peu. N’hésitez pas à le faire. Dieu est si important !

Que la Vierge Marie, sa Mère, vous apprenne à l’aimer toujours plus à travers la prière, le pardon et la charité. Je vous confie tous à Elle ainsi que vos familles et vos éducateurs.
Regardez ! Je sors un chapelet de ma poche. Le chapelet est comme un instrument qu’on peut utiliser pour prier. Il est simple de prier le chapelet. Peut-être le savez-vous déjà, sinon demandez à vos parents de vous apprendre. D’ailleurs, chacun de vous recevra un chapelet à la fin de notre rencontre. Lorsque vous l’aurez en main, vous pourrez prier pour le Pape, je vous demande de le faire, pour l’Église et pour toutes les intentions importantes.
Et maintenant, avant que je vous bénisse tous avec grande affection, prions ensemble un Je vous salue Marie pour les enfants du monde entier, spécialement pour ceux qui souffrent de la maladie, de la faim et de la guerre. Prions maintenant : Je vous salue Marie, etc.


Photos à Ouidah et Cotonou

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Rencontre avec les séminaristes



Discours au Séminaire de Ouidah


Messieurs les Cardinaux,
Monseigneur N’Koué, responsable de la formation sacerdotale,
chers frères dans l’épiscopat et le sacerdoce,
chers religieux et religieuses,
chers séminaristes et chers fidèles laïcs,

...
Notre rencontre de ce matin me donne l’occasion de vous exprimer directement ma gratitude pour votre engagement pastoral. Je rends grâce à Dieu pour votre zèle, malgré les conditions parfois difficiles dans lesquelles vous êtes appelés à témoigner de son amour. Je le remercie pour tant d’hommes et de femmes qui ont annoncé l’Évangile en terre béninoise, comme dans toute l’Afrique.

Tout à l’heure, je vais signer l’Exhortation apostolique post-synodale Africae munus. Il y sera question de paix, de justice et de réconciliation. Ces trois valeurs s’imposent comme un idéal évangélique fondamental à la vie baptismale et elles requièrent une saine acceptation de votre identité de prêtre, de personne consacrée et de fidèle laïc.

Chers prêtres, la responsabilité de la promotion de la paix, de la justice et de la réconciliation, vous incombe d’une manière toute particulière. À cause de l’Ordre sacré reçu et des Sacrements célébrés, vous êtes appelés en effet à être des hommes de communion. De même que le cristal ne retient pas la lumière, mais la réfléchit et la redonne, de même le prêtre doit laisser transparaître ce qu’il célèbre et ce qu’il reçoit. Je vous encourage donc à laisser transparaître le Christ dans votre vie par une vraie communion avec l’Évêque, par une réelle bonté pour vos confrères, par une profonde sollicitude pour chaque baptisé et par une grande attention pour toute personne. En vous laissant modeler par le Christ, vous ne substituerez jamais à la beauté de votre être sacerdotal des réalités éphémères parfois malsaines que la mentalité contemporaine tente d’imposer à toutes les cultures. Je vous exhorte, chers prêtres, à ne pas sous-estimer la grandeur insondable de la grâce divine déposée en vous et qui vous habilite à vivre au service de la paix, de la justice et de la réconciliation.

Chers religieux et religieuses, de vie active ou contemplative, la vie consacrée est une suite radicale de Jésus. Que votre choix inconditionnel du Christ vous conduise à un amour sans frontière pour le prochain! La pauvreté et la chasteté vous rendent vraiment libres pour obéir inconditionnellement au seul Amour qui, quand il vous saisit, vous porte à le répandre partout. Pauvreté, obéissance et chasteté creusent en vous la soif de Dieu et la faim de sa Parole, qui, en grandissant, se muent en faim et soif pour servir le prochain en mal de justice, de paix et de réconciliation. Fidèlement vécus, les conseils évangéliques vous transforment en frère universel ou en sœur de tous, et vous aident à marcher résolument sur la voie de la sainteté. Vous y arriverez si, convaincus que, pour vous, vivre, c’est le Christ (cf. Ph 1, 21), vous faites de vos communautés des reflets de la gloire de Dieu et des lieux où vous n’avez de dettes envers personne, sinon celle de l’amour mutuel (cf. Rm 13, 8). Par vos charismes propres vécus avec un esprit d’ouverture à la catholicité de l’Église, vous pourrez contribuer à une expression harmonieuse de l’immensité des dons divins au service de toute l’humanité !

M’adressant maintenant à vous, chers séminaristes, je vous encourage à vous mettre à l’école du Christ pour acquérir les vertus qui vous aideront à vivre le sacerdoce ministériel comme le lieu de votre sanctification. Sans la logique de la sainteté, le ministère n’est qu’une simple fonction sociale. La qualité de votre vie future dépend de la qualité de votre relation personnelle avec Dieu en Jésus-Christ, de vos sacrifices, de l’heureuse intégration des exigences de votre formation actuelle. Face aux défis de l’existence humaine, le prêtre d’aujourd’hui comme celui de demain - s’il veut être un témoin crédible au service de la paix, de la justice et de la réconciliation - doit être un homme humble et équilibré, sage et magnanime. Après 60 ans de vie sacerdotale, je peux vous confier, chers séminaristes, que vous ne regretterez pas d’avoir accumulé durant votre formation des trésors intellectuels, spirituels et pastoraux.

Quant à vous, chers fidèles laïcs qui, au cœur des réalités quotidiennes de la vie, êtes appelés à être le sel de la terre et la lumière du monde, je vous exhorte à renouveler vous aussi votre engagement pour la justice, la paix et la réconciliation. Cette mission requiert d’abord une foi en la famille bâtie selon le dessein de Dieu et une fidélité à l’essence même du mariage chrétien. Elle exige aussi que vos familles soient comme de véritables « églises domestiques ». Grâce à la force de la prière, « la vie personnelle et familiale se transforme et s’améliore, le dialogue s’enrichit, la foi se transmet aux enfants, la joie d’être ensemble s’amplifie, le foyer se rassemble et se consolide sans cesse » (Message pour la rencontre mondiale des familles à Mexico, le 17 janvier 2009, n. 3). En faisant régner dans vos familles l’amour et le pardon, vous contribuerez à l’édification d’une Église belle et forte, et à l’avènement de plus de justice et de paix dans la société entière. En ce sens, je vous encourage, chers parents, à avoir un respect profond pour la vie et à témoigner devant vos enfants de valeurs humaines et spirituelles. Et il me plaît de rappeler ici que, voici 10 ans, le Pape Jean-Paul II a fondé à Cotonou une section pour l’Afrique francophone de l’Institut qui porte son nom, afin de contribuer à la réflexion théologique et pastorale sur le mariage et la famille. Enfin, j’exhorte spécialement les catéchistes, ces vaillants missionnaires au cœur des réalités les plus humbles, à offrir toujours, avec une espérance et une détermination indéfectibles, leur aide singulière et absolument nécessaire à l’expansion de la foi dans la fidélité à l’enseignement de l’Église (cf. Ad gentes, n. 17).

Pour conclure mon entretien avec vous, je voudrais vous exhorter tous à une foi authentique et vivante, fondement inébranlable d’une vie chrétienne sainte et au service de l’édification d’un monde nouveau. L’amour pour le Dieu révélé et pour sa Parole, l’amour pour les sacrements et pour l’Église, sont un antidote efficace contre des syncrétismes qui égarent. Cet amour favorise une juste intégration des valeurs authentiques des cultures dans la foi chrétienne. Il libère de l’occultisme et vainc les esprits maléfiques, car il est mû par la puissance même de la Sainte Trinité. Vécu profondément, cet amour est aussi un ferment de communion qui brise toute barrière, favorisant ainsi l’édification d’une Église dans laquelle il n’y a pas de ségrégation entre les baptisés, car tous ne font qu’un dans le Christ Jésus (cf. Ga 3, 28). Avec grande confiance, je compte sur chacun de vous, prêtres, religieux et religieuses, séminaristes et fidèles laïcs, pour faire vivre une telle Église. En gage de ma proximité spirituelle et paternelle, et vous confiant à la Vierge Marie, j’invoque sur vous tous, sur vos familles, les jeunes et les malades, l’abondance des Bénédictions divines !

En langue fon :

AKLUN] NI K]N FeNU T]N Le DO MI JI
(Que le Seigneur vous comble de ses grâces !)

Sur la tombe du Cardinal Gantin



Discours aux autorités: l'Afrique de l'espérance


Au palais présidentiel de Cotonou, devant les autorités politiques, le Pape a prononcé un discours qui se voulait d'une portée universelle, avec pour fil conducteur l'espérance, dont il a rappelé qu'elle fut le thème de l'une de ses encycliques. Il s'est évidemment adressé aux africains, mais il a lancé aussi un avertissement aux dirigeants du monde entier:
"De cette tribune, je lance un appel à tous les responsables politiques et économiques des pays africains et du reste du monde. Ne privez pas vos peuples de l’espérance ! Ne les amputez pas de leur avenir en mutilant leur présent ! Ayez une approche éthique courageuse de vos responsabilités et, si vous êtes croyants, priez Dieu de vous accorder la sagesse !"

Et c'est sans doute en pensant aux "indignés" de toutes sortes, qu'il a dit:
"En ce moment, il y a trop de scandales et d’injustices, trop de corruption et d’avidité, trop de mépris et de mensonges, trop de violences qui conduisent à la misère et à la mort. Ces maux affligent certes votre continent, mais également le reste du monde. Chaque peuple veut comprendre les choix politiques et économiques qui sont faits en son nom. Il saisit la manipulation, et sa revanche est parfois violente. Il veut participer à la bonne gouvernance".

Le message pour le dialogue interreligieux est lui aussi universel.

Le discours a été prononcé en français. Texte sur Zenit.

* * *


DOO NUMI ! (salut solennel en fon)

Vous avez désiré, Monsieur le Président, m’offrir l’occasion de cette rencontre devant une assemblée prestigieuse de personnalités. C’est un privilège que je sais apprécier, et je vous remercie de grand cœur pour les aimables paroles que vous venez de m’adresser au nom de l’ensemble du peuple béninois. Je remercie également Monsieur le représentant des Corps Constitués pour ses mots de bienvenue. Je forme les vœux les meilleurs à l’intention de toutes les personnalités présentes qui sont des acteurs de premier ordre, et à différents niveaux, de la vie nationale béninoise.

Souvent, dans mes interventions antérieures, j’ai uni au mot Afrique celui d’espérance. Je l’ai fait à Luanda voici deux ans et déjà dans un contexte synodal. Le mot espérance figure d’ailleurs plusieurs fois dans l’Exhortation apostolique post-synodale Africae munus que je vais signer tout à l’heure. Lorsque je dis que l’Afrique est le continent de l’espérance, je ne fais pas de la rhétorique facile, mais j’exprime tout simplement une conviction personnelle, qui est également celle de l’Église. Trop souvent, notre esprit s’arrête à des préjugés ou à des images qui donnent de la réalité africaine une vision négative, issue d’une analyse chagrine. Il est toujours tentant de ne souligner que ce qui ne va pas ; mieux encore, il est facile de prendre le ton sentencieux du moralisateur ou de l’expert, qui impose ses conclusions et propose, en fin de compte, peu de solutions adaptées. Il est tout aussi tentant d’analyser les réalités africaines à la manière d’un ethnologue curieux ou comme celui qui ne voit en elles qu’un énorme réservoir énergétique, minéral, agricole et humain facilement exploitable pour des intérêts souvent peu nobles. Ce sont là des visions réductrices et irrespectueuses, qui aboutissent à une chosification peu convenable de l’Afrique et de ses habitants.

J’ai conscience que les mots n’ont pas partout le même sens. Mais, celui d’espérance varie peu selon les cultures. Il y a quelques années déjà, j’ai consacré une Lettre encyclique à l’espérance chrétienne. Parler de l’espérance, c’est parler de l’avenir, et donc de Dieu ! L’avenir s’enracine dans le passé et le présent. Le passé, nous le connaissons bien, regrettant ses échecs et saluant ses réalisations positives. Le présent, nous le vivons comme nous le pouvons. Au mieux j’espère, et avec l’aide de Dieu ! C’est sur ce terreau composé de multiples éléments contradictoires et complémentaires qu’il s’agit de construire avec l’aide de Dieu.

Chers amis, je voudrais lire, à la lumière de cette espérance qui doit nous animer, deux réalités africaines qui sont d’actualité. La première se réfère plutôt de manière générale à la vie sociopolitique et économique du continent, la seconde au dialogue interreligieux. Ces réalités nous intéressent tous, car notre siècle semble naître dans la douleur et avoir du mal à faire grandir l’espérance dans ces deux domaines particuliers.

Ces derniers mois, de nombreux peuples ont manifesté leur désir de liberté, leur besoin de sécurité matérielle, et leur volonté de vivre harmonieusement dans la différence des ethnies et des religions. Un nouvel État est même né sur votre continent. Nombreux ont été également les conflits engendrés par l’aveuglement de l’homme, par sa volonté de puissance et par des intérêts politico-économiques qui font fi de la dignité des personnes ou de celle de la nature. La personne humaine aspire à la liberté ; elle veut vivre dignement ; elle veut de bonnes écoles et de la nourriture pour les enfants, des hôpitaux dignes pour soigner les malades ; elle veut être respectée ; elle revendique une gouvernance limpide qui ne confonde pas l’intérêt privé avec l’intérêt général ; et plus que tout, elle veut la paix et la justice. En ce moment, il y a trop de scandales et d’injustices, trop de corruption et d’avidité, trop de mépris et de mensonges, trop de violences qui conduisent à la misère et à la mort. Ces maux affligent certes votre continent, mais également le reste du monde. Chaque peuple veut comprendre les choix politiques et économiques qui sont faits en son nom. Il saisit la manipulation, et sa revanche est parfois violente. Il veut participer à la bonne gouvernance. Nous savons qu’aucun régime politique humain n’est idéal, qu’aucun choix économique n’est neutre. Mais ils doivent toujours servir le bien commun. Nous nous trouvons donc en face d’une revendication légitime qui touche tous les pays, pour plus de dignité, et surtout pour plus d’humanité. L’homme veut que son humanité soit respectée et promue. Les responsables politiques et économiques des pays se trouvent placés devant des décisions déterminantes et des choix qu’ils ne peuvent plus éviter.

De cette tribune, je lance un appel à tous les responsables politiques et économiques des pays africains et du reste du monde. Ne privez pas vos peuples de l’espérance ! Ne les amputez pas de leur avenir en mutilant leur présent ! Ayez une approche éthique courageuse de vos responsabilités et, si vous êtes croyants, priez Dieu de vous accorder la sagesse ! Cette sagesse vous fera comprendre qu’étant les promoteurs de l’avenir de vos peuples, il faut devenir de vrais serviteurs de l’espérance. Il n’est pas facile de vivre la condition de serviteur, de rester intègre parmi les courants d’opinion et les intérêts puissants. Le pouvoir, quel qu’il soit, aveugle avec facilité, surtout lorsque sont en jeu des intérêts privés, familiaux, ethniques ou religieux. Dieu seul purifie les cœurs et les intentions.

L’Église n’apporte aucune solution technique et n’impose aucune solution politique. Elle répète : n’ayez pas peur ! L’humanité n’est pas seule face aux défis du monde. Dieu est présent. C’est là un message d’espérance, une espérance génératrice d’énergie, qui stimule l’intelligence et donne à la volonté tout son dynamisme. Un ancien archevêque de Toulouse, le Cardinal Saliège disait : « Espérer, ce n’est pas abandonner ; c’est redoubler d’activité ». L’Église accompagne l’État dans sa mission ; elle veut être comme l’âme de ce corps en lui indiquant inlassablement l’essentiel : Dieu et l’homme. Elle désire accomplir, ouvertement et sans crainte, cette tâche immense de celle qui éduque et soigne, et surtout de celle qui prie sans cesse (cf. Lc 18, 1), qui montre où est Dieu (cf. Mt 6, 21) et où est l’homme véritable (cf. Mt 20, 26 et Jn 19, 5). Le désespoir est individualiste. L’espérance est communion. N’est-ce pas là une voie splendide qui nous est proposée ? J’y invite tous les responsables politiques, économiques, ainsi que le monde universitaire et celui de la culture. Soyez, vous aussi, des semeurs d’espérance !

Je voudrais maintenant aborder le second point, celui du dialogue interreligieux. Il ne me semble pas nécessaire de rappeler les récents conflits nés au nom de Dieu, et les morts données au nom de Celui qui est la Vie. Toute personne de bon sens comprend qu’il faut toujours promouvoir la coopération sereine et respectueuse des diversités culturelles et religieuses. Le vrai dialogue interreligieux rejette la vérité humainement égocentrique, car la seule et unique vérité est en Dieu. Dieu est la Vérité. De ce fait, aucune religion, aucune culture ne peut justifier l’appel ou le recours à l’intolérance et à la violence. L’agressivité est une forme relationnelle assez archaïque qui fait appel à des instincts faciles et peu nobles. Utiliser les paroles révélées, les Écritures Saintes ou le nom de Dieu, pour justifier nos intérêts, nos politiques si facilement accommodantes, ou nos violences, est une faute très grave.

Je ne peux connaître l’autre que si je me connais moi-même. Je ne peux l’aimer, que si je m’aime moi-même (cf. Mt 22, 39). La connaissance, l’approfondissement et la pratique de sa propre religion sont donc essentielles au vrai dialogue interreligieux. Celui-ci ne peut que commencer par la prière personnelle sincère de celui qui désire dialoguer. Qu’il se retire dans le secret de sa chambre intérieure (cf. Mt 6, 6) pour demander à Dieu la purification du raisonnement et la bénédiction pour la rencontre désirée. Cette prière demande aussi à Dieu le don de voir dans l’autre un frère à aimer, et dans la tradition qu’il vit, un reflet de la vérité qui illumine tous les hommes (Nostra Aetate 2). Il convient donc que chacun se situe en vérité devant Dieu et devant l’autre. Cette vérité n’exclut pas, et elle n’est pas une confusion. Le dialogue interreligieux mal compris conduit à la confusion ou au syncrétisme. Ce n’est pas ce dialogue qui est recherché.

Malgré les efforts accomplis, nous savons aussi que, parfois, le dialogue interreligieux n’est pas facile, ou même qu’il est empêché pour diverses raisons. Cela ne signifie en rien un échec. Les formes du dialogue interreligieux sont multiples. La coopération dans le domaine social ou culturel peut aider les personnes à mieux se comprendre et à vivre ensemble sereinement. Il est aussi bon de savoir qu’on ne dialogue pas par faiblesse, mais qu’on dialogue parce que l’on croit en Dieu. Dialoguer est une manière supplémentaire d’aimer Dieu et le prochain (cf. Mt 22, 37) sans abdiquer ce que l’on est.

Avoir de l’espérance, ce n’est pas être ingénu, mais c’est poser un acte de foi en un avenir meilleur. L’Église catholique met ainsi en œuvre l’une des intuitions du Concile Vatican II, celle de favoriser les relations amicales entre elle et les membres de religions non-chrétiennes. Depuis des décennies, le Conseil Pontifical qui en a la gestion, tisse des liens, multiplie les rencontres, et publie régulièrement des documents pour favoriser un tel dialogue. L’Église tente de la sorte de réparer la confusion des langues et la dispersion des cœurs nées du péché de Babel (cf. Gn 11). Je salue tous les responsables religieux qui ont eu l’amabilité de venir ici me rencontrer. Je veux les assurer, ainsi que ceux des autres pays africains, que le dialogue offert par l’Église catholique vient du cœur. Je les encourage à promouvoir, surtout parmi les jeunes, une pédagogie du dialogue, afin qu’ils découvrent que la conscience de chacun est un sanctuaire à respecter, et que la dimension spirituelle construit la fraternité. La vraie foi conduit invariablement à l’amour. C’est dans cet esprit que je vous invite tous à l’espérance.
Ces considérations générales s’appliquent de façon particulière à l’Afrique. Sur votre continent, nombreuses sont les familles dont les membres professent des croyances différentes, et pourtant les familles restent unies. Cette unité n’est pas seulement voulue par la culture, mais c’est une unité cimentée par l’affection fraternelle. Il y a naturellement parfois des échecs, mais aussi beaucoup de réussites. Dans ce domaine particulier, l’Afrique peut fournir à tous matière à réflexion et être ainsi une source d’espérance.

Pour finir, je voudrais utiliser l’image de la main. Cinq doigts la composent, et ils sont bien différents. Chacun d’eux pourtant est essentiel, et leur unité forme la main. La bonne entente entre les cultures, la considération non condescendante des unes pour les autres, et le respect des droits de chacune sont un devoir vital. Il faut l’enseigner à tous les fidèles des diverses religions. La haine est un échec, l’indifférence une impasse, et le dialogue une ouverture ! N’est-ce pas là un beau terrain où seront semées des graines d’espérance ? Tendre la main signifie espérer pour arriver, dans un second temps, à aimer. Quoi de plus beau qu’une main tendue ? Elle a été voulue par Dieu pour offrir et recevoir. Dieu n’a pas voulu qu’elle tue (cf. Gn 4, 1ss) ou qu’elle fasse souffrir, mais qu’elle soigne et qu’elle aide à vivre. À côté du cœur et de l’intelligence, la main peut devenir, elle aussi, un instrument du dialogue. Elle peut faire fleurir l’espérance, surtout lorsque l’intelligence balbutie et que le cœur trébuche.

Selon les Saintes Écritures, trois symboles décrivent l’espérance pour le chrétien : le casque, car il protège du découragement (cf. 1 Th 5, 8), l’ancre sûre et solide qui fixe en Dieu (cf. Hb 6, 19), et la lampe qui permet d’attendre l’aurore d’un jour nouveau (cf. Lc 12, 35-36). Avoir peur, douter et craindre, s’installer dans le présent sans Dieu, ou encore n’avoir rien à attendre, sont autant d’attitudes étrangères à la foi chrétienne (cf. saint Jean Chrysostome, Homélie XIV sur l’Epitre aux Romains, n. 6, PG 45, 941C) et, je crois, à toute autre croyance en Dieu. La foi vit le présent, mais attend les biens futurs. Dieu est dans notre présent, mais il vient aussi de l’avenir, lieu de l’espérance. La dilatation du cœur est non seulement l’espérance en Dieu, mais aussi l’ouverture au souci des réalités corporelles et temporelles pour glorifier Dieu. À la suite de Pierre dont je suis le successeur, je souhaite que votre foi et votre espérance soient en Dieu (cf. 1 P 1, 21). C’est là le vœu que je formule pour l’Afrique tout entière, elle qui m’est si chère!
Aie confiance, Afrique, et lève toi ! Le Seigneur t’appelle.
Que Dieu vous bénisse ! Merci.


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