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Les catholiques "adultes" du gouvernement Monti

Examen d'entrée pour les ministres catholiques, dit Sandro Magister sur son blog personnel en italien "Settimo Cielo". Admis uniquement s'ils sont "adultes". Mais que signifie "catholiques adultes" (1) ? Petit rappel (1er/12/2011)


Cf. Le gouvernement Monti et l'Eglise.
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En France, on ne parle plus beaucoup du nouveau gouvernement italien (une info chasse l'autre...) , sauf pour dire que la situation économique de nos voisins transalpins s'enlise, et que les "marchés" continuent à les bouder.
Berlusconi parti, l'allure austère et distinguée de grand bourgeois aussi peu latin que possible du technocrate Mario Monti assèche tous les commentaires (je ne m'en plains pas): ce n'est pas un "bon client" pour les medias.
Tout juste a-t-on lu dans la presse que les catholiques avaient fait une entrée en force dans le gouvernement, et que l'Eglise, par le cardinal Bagnasco, avait joué un rôle dans sa formation. On a aussi parlé de l'esprit de Todi, du nom de ce congrès organisé en octobre dernier dans cette petite ville d'Ombrie, par le Forum italien des associations catholiques du monde du travail, auxquels plusieurs des futurs ministres "catholiques" avaient participé.

Oui, mais quels catholiques?.
Sandro Magister donne un début de réponse ici: magister.blogautore.espresso.repubblica.it/
Ma traduction.

Parmi les catholiques qui se sont réunis à Todi le 17 Octobre, l'appel du cardinal Angelo Bagnasco à ne pas exclure de l'engagement politique les principes fondateurs du «vivre ensemble» - début et fin de la vie humaine, la famille, la liberté religieuse et l'éducation - a glissé comme l'eau sur le marbre.

«Parfois, on entend affirmer que de ces valeurs, on ne devrait pas parler parce qu'elles "divisent"» avait averti le cardinal, ayant à l'esprit l'éditorial du "Corriere della Sera", qui intimait justement aux catholiques d'arrêter de défendre les principes non négociables.

Mais c'est comme s'il n'avait rien dit. A peine installé le nouveau gouvernement de Mario Monti, avec sa forte présence de catholiques, et parmi eux le plus patenté, le ministre de la Santé Renato Balduzzi, depuis six ans président national du MEIC, autrement dit des intellectuels catholiques, a immédiatement garanti, dans un entretien au "Corriere" du 22 Novembre, que, sur le début et la fin de vie "nous ferons en sorte que ces questions perdent le caractère de discorde qu'elles avaient jusqu'ici".

Trois jours avant, sur la Repubblica du 19 Novembre, le professeur Adriano Prosperi était revenu intimer aux ministres catholiques du gouvernement nouveau-né de témoigner au plus vite s'ils étaient des "catholiques adultes" ou non. Pour réussir l'examen, il fallait rejeter les principes "diviseurs.

"Catholiques adultes" oui, "principes diviseurs" non. Tels sont les deux mantras des catholiques dans le gouvernement actuel.
Etablis sur les chaires de la pensée laïque, qui portent le nom de "Repubblica" et "Il Corriere". Avec le silence, ou les paroles respectueuses de ces mêmes neo-ministres catholiques (ndt: le plus curieux, c'est que le blog de Magister est hébergé par La Repubblica... on est obligé de convenir que son prestige lui accorde une grande liberté de ton...).

On peut supposer que ce tournant pris par l'après Todi, le cardinal Bagnasco ne l'aime pas du tout.
Et en effet, le 23 Novembre, le journal de la CEI, "L'Avvenire", après des jours et des jours d'applaudissements au gouvernement nouveau-né, s'est réveillé et a frappé du poing sur la table, avec un éditorial en première page du Professeur Francesco D'Agostino.

D'Agostino s'en est pris à l'éditorial de Prosperi sur «la Repubblica». Et il a protesté en ces termes:

«Il est frappant qu'une expression, comme celle de« catholiques adultes », née dans un contexte très différent d'aujourd'hui, puisse de nouveau être utilisée de façon si simpliste. Il s'agit en effet d'une expression malheureuse. S'il y a des «catholiques adultes», il y a aussi, nécessairement des «catholiques enfants» . [...] Mais l'engagement à défendre les valeurs «non négociables» n'est pas un trait qui caractérise les prétendus «catholiques enfants», enfermé dans un cléricalisme obtus, et dont les «catholiques adultes» devraient se tenir à bonne distance . Les questions relatives au plein respect de la vie humaine, du début à la fin, à la défense et à la valorisation du mariage et de la famille, à la liberté de croire, de penser et d'éduquer et, par conséquent, sur cette base, à l'affirmation et à la protection des droits des personnes âgées, des jeunes, des travailleurs, des immigrés n'ont pas un caractère confessionnel. Lorsque le cardinal Bagnasco - à Todi et ailleurs - rappelle à ses auditeurs le devoir de défendre les valeurs non négociables, il ne fait rien d'autre que rappeler certains des engagements que tous les hommes, croyants et incroyants, doivent prendre pour défendre notre humanité commune. Le chrétien, et en particulier celui qui assume des charges politiques, n'oeuvre pas pour le bien des «siens», mais il oeuvre pour le bien de «tous».
On peut, bien sûr, avoir des différences d'opinion légitimes sur la façon de défendre en pratique les valeurs non négociables, mais pas sur le fait qu'elles doivent être défendues. Surtout, il n'est pas acceptable qu'on continue à répandre l'idée que l'engagement à défendre les valeurs sont des signes, en Italie, et ailleurs, d'un fossé entre catholiques et laïques, ou, pire encore, entre «catholiques adultes» et «catholiques enfants ».

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Note: les catholiques adultes

(1)
http://benoit-et-moi.fr/2009-II/...
L'annonce sensationnelle de l'identification des restes de l'Apôtre des gentils dans le sarcophage sous l'autel de la basilique Saint Paul hors les Murs a fait passer au second plan, dimanche soir, un autre passage important de l'homélie de Benoît XVI. Des mots dans lesquels on peut lire un message direct en particulier à ces politiciens catholiques qui pour revendiquer l'autonomie de leurs choix en matières éthiquement sensibles, même lorsque les soi-disant valeurs « non négociables » sont en jeu, en appellent à leur « foi adulte ».
Une telle expression, comme on s'en souvient, fut utilisée en 2005 par Romano Prodi, qui, pour motiver sa décision de voter au référendum sur la fécondation artificielle, en désaccord avec l'invitation à l'abstention lancée par les évêques italiens, déclara le faire en tant que « catholique adulte » (Andrea Tornielli, 29 juin 2009).

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Voici ce que disait le Saint-Père dans l'homélie des vêpres conclusives de l'année paulinienne, le 29 juin 2009:

Paul désire que les chrétiens aient une foi mûre, une « foi adulte ».
Le mot « foi adulte » dans les dernières décennies est devenu un slogan répandu. On l'entend souvent dans le sens de l'attitude de ceux qui ne prêtent plus écoute à l'Église et à ses Pasteurs, mais choisissent de façon autonome ce qu'ils veulent croire et ne pas croire - une foi « fai da te » (à la carte), donc.
Et on présente comme « courage » le fait de s'exprimer contre le Magistère de l'Église. En réalité, pourtant, il n'y a pas besoin de courage pour cela, parce qu'on peut toujours être sûr des applaudissements publics. Du courage, il en faut plutôt pour adhérer à la foi de l'Église, même si cela contredit le « schéma » du monde contemporain. C'est ce non-conformisme de la foi que Paul appelle une « foi adulte ».
Il qualifie au contraire d'enfantin le fait de courir derrière les vents et les courants du temps.
Ainsi cela fait partie de la foi adulte, par exemple, de s'engager pour l'inviolabilité de la vie humaine dés le début, s'opposant en cela radicalement au principe de la violence, justement aussi dans la défense des créatures humaines les plus sans défense.
Cela fait une partie de la foi adulte, de reconnaître le mariage entre un homme et une femme pour toute la vie comme système du Créateur, réaffirmé à nouveau par le Christ.
La foi adulte ne se laisse pas transporter ici et là par n'importe quel courant. Elle s'oppose aux vents de la mode. Elle sait que ces vents ne sont pas le souffle de l'Esprit Saint ; elle sait que l'Esprit de Dieu s'exprime et se manifeste dans la communion avec Jésus Christ. Toutefois, même ici Paul ne s'arrête pas à la négation, mais il nous mène au grand « oui ».

Réponse à un "anti-négationniste" Le Pape et la ceinture de sécurité