La lettre de Jeannine du 4 décembre
Les déplacements à l'étranger terminés pour cette année, l'actualité est un peu plus calme, même si l'agenda du Saint-Père est toujours très chargé.
Réflexions à brûle-pourpoint... et une perplexité autour d'un "courrier des lecteurs" de La Croix [*- mise à jour ultérieure] (5/12/2011)
Chère Béatrice,
Je n'ai pas suivi le concert (cf. Concert espagnol devant le Pape (suite)) car je n'étais pas disponible et ne pouvais pas l'enregistrer. Mes regrets ont été amoindris car je savais que vous en parleriez et que photovat donnerait des images.
J'aime cette musique légère, plus simple, qui peut toucher un public, dont je fais partie, à la culture musicale plus sommaire. Benoît XVI n'a pas voulu de requiem, synonyme de grande musique et de thème austère; il en entend beaucoup et je suppose que le répertoire présenté lui a offert la possibilité d'écouter un autre genre, ce qu'il a paru apprécier. Les photos le montrent très souriant, prenant un bain de foule, embrassant des enfants et répondant, avec patience, gentillesse, aux personnes présentes ravies de cette entrée en matière inespérée. De plus notre Pape garde un souvenir merveilleux des JMJ de Madrid et je pense que sa délicatesse naturelle l'a fait se tourner vers des œuvres lui parlant de ce pays, de sa chaleur, de sa joie, de son exubérance mais aussi de sa foi. Il ne faut pas oublier que notre Pape est originaire de la Bavière et que la foi de son enfance a été une foi joyeuse.
Le livre " Mon frère, le Pape " plonge une lectrice de La Croix dans un abîme de réflexions qui la mettent très mal à l'aise. Elle écrit en effet, le 26/11:
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La publication de l'ouvrage Mon frère, le pape (recommandé par La Croix, du reste) me met très mal à l'aise
Nicole F. (Paris)
(...). Utiliser un lien de parenté avec le chef de l'Eglise pour publier un livre? Si Mgr Ratzinger n'avait pas été élu pape, ce livre n'aurait jamais paru. Le Saint-Père a-t-il besoin de cet ouvrage, je crois que ce serait lui faire offense que de le penser, il assume ses fonctions et sa personnalité. Je pense à l'attitude de Jean XXIII à l'égard de sa famille, qui n'a jamais fait l'objet d'aucune notoriété. Certes, c' étaient de simples paysans. Suis-je la seule de cet avis? Ai-je des préjugés d'un autre âge? J' aimerais avoir l'avis des lecteurs de La Croix.
(ndlr: Le livre est édité chez Bayard, également éditeur du journal: inutie de chercher plus loin les raisons de la "recommandation" de La Croix).
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Avoir pu penser à une quelconque recherche de notoriété alors que les deux frères ont déjà la leur depuis bien avant le 19 avril 2005 m'a laissée sans voix. Je me représente mal Benoît XVI, au demeurant peu soucieux de son image médiatique, très attaché à la discrétion en ce qui concerne sa vie et celle de son frère lorsqu'il est l'hôte du Vatican, servir d'entremetteur pour soudoyer un journaliste-historien, fût-il allemand, pour qu'il aille interviewer son frère, afin que ce dernier puisse ainsi redorer son image souvent mise à mal par les médias. Une autre solution est envisageable : Mgr Georg Ratzinger a demandé au pape de lui trouver celui qui aurait le privilège de venir bavarder avec lui dans le but de lui permettre de participer à la réalisation d'un ouvrage. Ce que l'on peut connaître de ce monsieur âgé, voyant mal, à la personnalité très effacée et vivant fort simplement n'est pas compatible avec ce cas de figure.
La notoriété : les frères Ratzinger la possèdent dans des domaines différents. Pour l'aîné, attiré par la musique depuis l'enfance, elle l'accompagnera pendant toute sa période d'activité et la retraite ne l'en détournera pas. Pendant 30 ans il sera à la tête du prestigieux Regensburger Domspatzen qui se produira en Europe et dans le monde. Le cardinal Joseph Ratzinger n'est pas tombé dans la marmite de la littérature en devenant pape. Les livres et l'écriture sont des composantes non négociables de sa vie et ce depuis son très jeune âge; il excelle dans ce domaine avec une bibliographie imposante couronnée de succès.
J'ai lu ce livre dès sa sortie et avec un réel plaisir. Je pense que Mgr Georg Ratzinger a accepté tout simplement et avec beaucoup de gentillesse de parler de son frère et par conséquent d'eux deux, de donner des précisions sur la longue période troublée qu'ils ont traversée et de montrer leur mutuelle affection qui résiste aux contraintes imposées par le pontificat. Ses propos ont le mérite incontestable d'être sincères, sans exagération et d'échapper aux trop nombreuses platitudes énoncées sur Benoît XVI, aux critiques, calomnies, mensonges haineux dont Joseph Ratzinger devenu le Pape Benoît XVI a bénéficié depuis sa nomination au poste très en vue de Préfet de la CDF, situation qui perdure encore.
Je n'ai pas compris la comparaison avec Jean XXIII. Les deux pontifes sont très différents tant sur le plan de la personnalité que celui des origines. De plus le temps qui sépare leurs deux ministères est une éternité tant les mentalités ont changé en introduisant un besoin éperdu de tout connaître des autres et une réelle violence dans les propos tenus. Si l'on peut penser à la notion de faute, à un non-respect d'une certaine déontologie, je crois qu'il faut tourner aussi le regard vers ceux qui ont initié cet ouvrage et participé à sa réalisation : le journaliste et l'éditeur car le sujet est porteur et assuré du succès, mais là on tombe dans la mesquinerie. Le pape Benoît XVI, de par sa fonction, appartient à l'histoire de l'Eglise et qui mieux que son frère peut parler de lui?
Je ne sais pas s'il y a une ceinture de sécurité sur la papamobile (cf. Le Pape et la ceinture de sécurité); ce dont je suis certaine c'est que cet allemand si attaché en apparence à la sécurité du Saint-Père ne m'inspire pas confiance et utilise cette grosse ficelle pour faire passer un autre message. Plusieurs prises de position de Benoît XVI sont propices en ce moment au réveil de polémiques qui paraissent endormies; qui vivra verra!
Le Saint-Père attaque un mois chargé , ses discours sur des sujets variés font preuve d'une réelle détermination et d'une belle vigueur et je vais le suivre puisque je ne bougerai pas de chez moi.
Jeannine
Note de moi
[*] Le courrier des lecteurs de la Croix m'a beaucoup agacée, moi aussi. Quelle malveillance (mine de rien) de la part de l'auteur du billet. Jeannine a raison de souligner que chacun des deux frères avait sa propre notoriété, dans des domaines différents, bien avant 2005.
J'ajoute que l'histoire de cette magnifique famille qui a traversé la guerre et s'est retrouvée indemne, est un exemple lumineux pour tous les catholiques, un témoignage du caractère irremplaçable de la famille, comme cellule fondatrice de la société, et beaucoup se sont réjouis de la lire. Il n'y a place à aucun voyeurisme, et les souvenirs de ce vieil homme qui a vécu tant d'aventures, au-delà de leur fraîcheur, ont une valeur historique indéniable. On n'est pas obligés d'acheter le livre, et je n'ai pas vu de promotions à la mitrailleuse lourde comme nous en avons l'habitude avec le moindre fascicule commis par une célébrité.
Enfin, laisser supposer que la famille Ratzinger était une riche famille, par opposition à celle de Jean XXIII, de pauvres paysans, relève de l'ignorance, ou de la mesquinerie, ou des deux.
Mais le plus étonnant, c'est que la Croix ait publié ce médiocre commentaire. On pourra toujours m'opposer la pluralité des opinions, mais ayant un peu fréquenté, dans le passé, les forums de La Croix, je n'ai pas cru constater que ce vertueux principe y était toujours respecté. S'agit-il d'une façon de moduler la "recommandation" évoquée par la lectrice, au nom d'une solidarité éditoriale (le groupe Bayard)? Et doit-on supposer que l'hostilité sourde au Saint-Père, dans tous les domaines, est le fond de la ligne éditoriale du quotidien catholique "de référence"?
