La BBC, le NYT... et l'Eglise

Jeu de chaises musicales au sommet de la médiacratie globale.
Tiens tiens... Un déplacement opéré dans la (relative) discrétion, et qui apporte un éclairage inédit sur les attaques contre l'Eglise dans les affaires de pédophilie, où le NYT avait pris le relais de la BBC (13/11/2012)

Photo: Mark Thompson passe de la BBC au New York Times

>>> Lire ici: Les écuries d'Augias de la télévision (sur l'affaire Jimmy Savile)

     

Lu ici.
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Le nouveau chef de la direction du New York Times, Mark Thompson, est entré en fonction lundi alors que le scandale impliquant son ancien employeur, la BBC, ne cesse de prendre de l’ampleur.
Lorsque le quotidien new-yorkais a embauché M. Thompson en août, ce dernier avait été présenté comme quelqu’un pouvant aider le journal à trouver d’autres sources de revenus à une époque où les lecteurs et les annonceurs désertent de plus en plus les publications imprimées.
Mais depuis quelques semaines, la nouvelle recrue fait face à plusieurs questions au sujet de la décision de l’émission «Newsnight» de la BBC de ne pas diffuser un reportage examinant les allégations d’agressions sexuelles sur des mineurs qui pèsent contre l’animateur Jimmy Savile, décédé l’an dernier.
Son successeur, George Entwistle, a démissionné samedi après qu’une émission d’actualités de la BBC eut affirmé à tort qu’un ancien politicien britannique avait agressé sexuellement des enfants.
À la suite du scandale provoqué par l’affaire Savile, le président du New York Times, Arthur Sulzberger fils, a envoyé une lettre aux employés du quotidien disant qu’il était convaincu que M. Thompson n’avait rien à voir avec la mise au rancart du reportage sur Jimmy Savile.
Dans une note de service transmise lundi au personnel, M. Sulzberger fils a souhaité la bienvenue au nouveau chef de la direction et affirmé que son expérience serait précieuse pour le journal. Il n’a fait aucune allusion au scandale à la BBC.

     

On se rappelle avec quelle férocité le NYT avait relayé la BBC pour prendre en tenailles le Pape et l'Eglise, lors de ce qui restera comme les affaires de pédophilie dans le clergé, en 2010 (cf. http://benoit-et-moi.fr/2010-I).
On perçoit un peu mieux qu'une grande main oeuvrait dans l'ombre, après que le directeur de la BBC (embourbée dans de sordides affaires de moeurs impliquant l'un de ses animateurs vedettes, Jimmy Saville), Mark Thomson, soit passé au NYT. Cela porte un joli nom, "jeu de chaises musicales" (au sommet), mais la réalité est nettement moins présentable!
Bien sûr, les affaires qui fâchent sont évoquées, parce qu'on ne peut pas faire autrement et que certains journalistes renâclent, malgré tout. Gageons qu'elles seront très vite "enterrées" pour reprendre le vocabulaire de rigueur lorsque ces vertueux medias traitaient de l'attitude de l'Eglise.

Article en anglais ici: www.catholicleague.org

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La BBC et l'Église catholique
6 novembre 2012

Cet article est le douzième et dernier en date que Bill Donohue (1) consacre au scandale des abus sexuels à la BBC et à ses conséquences pour le New York Times.
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Joe Nocera, éditorialiste de la page "Opinions" au New York Times a soulevé quelques questions difficiles sur la connaissance qu'avait Mark Thompson de l'affaire Jimmy Savile; Thompson, qui prendra la direction de Times Company lundi, était à la BBC quand un reportage impliquant le violeur d'enfant de la BBC Jimmy Savile fut déprogrammé, à la fin de l'année dernière. En ce qui concerne la question de savoir si Thompson avait déjà entendu parler des rumeurs de comportement prédateur de Savile, Nocera élude, en disant que «compte tenu de la nature de la bureaucratie byzantine de la BBC, ce sont des démentis plausibles».

La position de Nocera n'est pas sans mérite.
La seule raison pour laquelle j'en parle, c'est le double standard adopté par certains des critiques les plus virulents de l'Église catholique: ils disent que le pape Jean-Paul II devait avoir connaissance de prêtres prédateurs, et que le pape Benoît XVI (Cardinal Ratzinger sous Jean-Paul II), doit également en avoir connaissance. Oui, bien sûr, ils savaient qu'il y avait un problème, mais à quel point il était important, et qui exactement était impliqué est une tout autre affaire.
Thompson se défend, en partie en disant que la taille énorme de la BBC - 23.000 salariés, huit chaînes de télévision, 50 stations de radio - lui rendait impossible de connaître les détails qui étaient connus à d'autres.
Encore une fois, cette position n'est pas sans mérite. Mais la BBC est minuscule à côté de l'Église catholique.

Le Pape gouverne une institution avec plus de 1 milliard de membres résidant dans toutes les parties du globe. En plus de la Curie romaine et le collège des cardinaux, ceux qui travaillent pour le pape comprennent: plus de 5.000 évêques, 400.000 prêtres; près de 40.000 diacres permanents; 55.000 religieux masculins non-ordonnés; plus de 700.000 religieuses, et plus de 100.000 séminaristes. Ils travaillent dans plus de 3.000 diocèses desservant quelque 220.000 paroisses à travers le monde.

Si l'on doit lâcher quelque peu la pression sur Thompson, la justice n'exigerait-elle pour le pape un traitement au moins aussi généreux?

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(1) William Anthony Donohue born on July 18, 1947 is a sociologist, civil activist and current president of the Catholic League for Religious and Civil Rights in the United States, a position he has held since 1993.